| | Talleyrand | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Talleyrand Mer 6 Jan - 11:50 | |
| Petit aperçu : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord est né en 1754, le 2 février, à Paris, rejeton d'une très ancienne et noble lignée, mais malheureusement affublé d'une malformation du pied ( ce que l'on appelle un pied bot ) . Cette disgrâce le fait opter pour l'état ecclésiastique . Il devient évêque d'Autun, en 1780, nom sous lequel il est le plus généralement connu, si l'on excepte le sobriquet de Diable boiteux que lui vaut son pied défectueux . Le clergé l'envoie siéger aux Etats Généraux de 89 . Première trahison : celle de son ordre ! C'est lui qui propose, en octobre de la même année, la nationalisation des biens du clergé. Il célèbre la messe de la grande fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, sur le Champ de Mars . Se tournant vers l'abbé Louis, il lui aurait chuchoté : Surtout, ne me faites pas rire . ..... sacrilège qui s'accompagna de trombes de pluie traduisant peut-être la colère divine ! Démis de la charge de son évêché d'Autun en 91 , il s'embarque pour Londres et une mission diplomatique plaidant la cause révolutionnaire auprès de cabinet britannique . Il regagne Paris après le 10 août, retourne à Londres avec une nouvelle mission . Mais, le 5 décembre est lue à l'Assemblée une lettre par laquelle il offre ses services à Louis XVI ( lui aussi ! comme Mirabeau avant lui, puis la Fayette, Dumouriez ............. ) Il est décrété d'accusation et inscrit comme émigré . Il met l'Atlantique entre lui et ses anciens amis révolutionnaires et coule une vie paisible, brassant moult affaires industrielles et financières, aux Etats-Unis . Grâce à l'intercession de son amie Germaine de Staël, il peut rentrer à Paris en septembre 96. Barras lui offre le porte-feuilles des Relations extérieures en 97 . Talleyrand gagne l'amitié de Bonaparte en défendant le projet de l'expédition d'Egypte . Il suit aussi les affaires de Suisse et les négociations avec la jeune Amérique ... Collectionnant les ennemis ( surtout neo-Jacobins ), il est contraint de démissionner le 20 juillet 99. Mais il donne une fête splendide pour glorifier le retour de Bonaparte d'Afrique . Il participe aux intrigues de Brumaire et récupère ainsi son lucratif ministère des Relations extérieures . Napoléon le comble d'honneurs : il est prince de Bénévent en 1806, Grand Chambellan de l'Empereur ..... Mais il trahit Napoléon pour Louis XVIII dont il devient le ministre des Affaires étrangères et qu'il va représenter au congrès de Vienne . Sous la seconde Restauration, le tandem Talleyrand / Fouché ( oui, oui, le sinistre Fouché que nous avions vu intriguer avec Tallien ...... ) est évincé par la chambre des Ultras. Talleyrand se réjouit, en 1830, de la chute des Bourbons. Louis-Philippe lui offre l'ambassade de Londres . La signature du traité franco-anglais de 1834 est son dernier acte diplomatique .......... Il meurt, le 17 mai 1838, en odeur de sainteté grâce à Dupanloup . Ultime pirouette ? |
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| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 13:04 | |
| J'aime beaucoup ce personnage ou du moins son esprit. Fin, vif, toujours le bon mot la ou il faut.
Il est enterré à Valençay. (Indre) |
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| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 15:11 | |
| Le profil de Talleyrand, tout à fait réjoui, semble t-il ! |
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| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 15:13 | |
| ...... plus sérieux, maintenant : |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 15:59 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 19:00 | |
| Le culot n'est pas le moindre de ses qualités. S'il n'en avait pas eu autant la France eut été dépecé après l'Empire. C'est grâce à lui et au Duc de Richelieu n°6 qu'ils minimisèrent les pénalités.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Talleyrand Mer 6 Jan - 19:45 | |
| J'adhère totalement à votre point de vue, s'il a 'souvent' retourné sa veste.....pardon sa redingote, il a servi la France avant tout, car il avait une certaine idée de son pays. En route pour une petite visite Hôtel de Talleyrand-Périgord Construit en 1767 par Chalgrin sur les plans de Gabriel, cet hôtel eut pour premier propriétaire Louis Phélippeaux, duc de la Vrillière , comte de Saint Florentin, ministre de Louis XV (situé à l’angle des rues de Rivoli et St Florentin). Après sa mort, en 1777, il appartint au duc de Fitz-James, descendant du roi d’Angleterre Jacques II, puis à la princesse de Salm-Salm avant de devenir pour un an, en 1792, l’ambassade de la République de Venise. Transformé en manufacture de salpêtre sous la Révolution, le bâtiment fut acquis par le marquis d’Hervas, qui le céda en 1812 à Talleyrand. A la chute de l’Empire, en avril 1814, le diplomate y hébergea le tsar Alexandre 1er. Il y vécut de 1812 au 17 mai 1838, date à laquelle, il décéda. En 1838, l’hôtel devint la possession de la famille de Rothschild, qui le vendit en 1950 aux Etats-Unis d’Amérique. Cordialement |
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| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 20:04 | |
| Ah ! Ce personnage est intéressant ! - Citation :
- Cette disgrâce le fait opter pour l'état ecclésiastique .
Sa famille l'oblige à... Ce n'était pas du tout son souhait. - Citation :
- Le clergé l'envoie siéger aux Etats Généraux de 89.
Bien avant cela, dès 1780, il est un personnage très important : agent général du clergé, il représente l'Eglise de France auprès du Roi. Une sorte de ministre en somme... - Citation :
- Première trahison : celle de son ordre ! C'est lui qui propose, en octobre de la même année, la nationalisation des biens du clergé.
Il s'en défendra comme ceci : il a toujours tenté de sauver les richesses du clergé (plus riche que le trésor royal). Avant 1789, il avait proposé à ses pairs d'octroyer au roi un don exceptionnel pour l'aider à se sortir des problèmes financiers (il savait que les conseils du roi poussaient en ce sens et que l'opinion générale n'en pensait pas moins). Ce n'était pas par pure générosité : il assurait qu'il valait mieux donner un peu, que de se faire prendre bien davantage (par la confiscation pure et simple de tout ou partie des biens de l'Eglise. C'est ce qu'avait fait l'Autriche et Joseph II quelques années plus tôt !). C'est la même logique "du moindre pire" qu'il soutiendra en 1789 : nationaliser, avec contrepartie, plutôt que de tout perdre. - Citation :
- Il célèbre la messe de la grande fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, sur le Champ de Mars . Se tournant vers l'abbé Louis, il lui aurait chuchoté : Surtout, ne me faites pas rire . .....
J'ai lu aussi que cette phrase fut adressée à La Fayette. Va savoir ? - Citation :
- Talleyrand gagne l'amitié de Bonaparte en défendant le projet de l'expédition d'Egypte .
Mais il donne une fête splendide pour glorifier le retour de Bonaparte d'Afrique . Il participe aux intrigues de Brumaire et récupère ainsi son lucratif ministère des Relations extérieures. Malin ! Entre autres mots magnifiques, Chateaubriand disait de lui : Quand Mr de Talleyrand ne conspire pas, il trafique ! On dit que Talleyrand était de mèche avec les Anglais pour favoriser le retour de Bonaparte : qu'ils laissent passer sa frégate ! Là aussi, il avait compris qu'il fallait être avec lui, ou disparaître. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 20:30 | |
| J'en suis dingue amoureuse depuis l'âge de 14 ans , surtout de l'homme du XVIII, celui de la douceur de vivre .Je n'achète plus les livres qui paraissent . Mais je ne suis pas aveugle sur ses défauts Un homme qui ne s'est jamais fâchée avec ses ex |
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| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 21:58 | |
| - Marquise de Chissay a écrit:
- J'adhère totalement à votre point de vue, s'il a 'souvent' retourné sa veste.....pardon sa redingote, il a servi la France avant tout, car il avait une certaine idée de son pays.
En route pour une petite visite Merci pour cette petite visite, chère Marquise ! |
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| | | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 23:22 | |
| - clioxviii a écrit:
- J'en suis dingue amoureuse depuis l'âge de 14 ans , surtout de l'homme du XVIII, celui de la douceur de vivre .Je n'achète plus les livres qui paraissent .
Mais je ne suis pas aveugle sur ses défauts Le personnage est en effet tout à fait passionnant, sans être pour autant attachant (enfin, à mes yeux). Il louvoie un peu et beaucoup dans ses Mémoires, mais ils restent intéressants à lire. Je poste ici cette référence, éditée récemment chez Bouquins (elle n'est pas très chère) : Présentation : Débauche, corruption, sacrilège, parjure et autres traîtrises, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord traîne derrière lui un cortège d'accusations où rien ne manque, pas même le crime. Et pourtant, sous l'orage, ce prince « sans grimace, ni sourire » ne tremble ni ne recule, même lorsqu'il croise des Indiens prêts à le scalper au fin fond d'une forêt américaine.
Né sous Louis XV, mort sous Louis-Philippe, l'homme des trois sacres et des treize serments, le virtuose du congrès de Vienne se révèle soucieux de la grandeur de l'État, comme de sa propre grandeur, face à la postérité. Talleyrand n'écrit pas pour raconter sa vie ou pour rendre fidèlement compte des événements extraordinaires de son temps. De 1812 à 1838, le « Diable boiteux » va écrire et réécrire ses Mémoires au regard des circonstances politiques dans lesquelles il s'est trouvé ; il va les écrire pour le présent, en cherchant à s'ouvrir durablement la route du pouvoir, et pour les générations futures, en donnant la mesure exacte d'un homme d'État qui, décidément, aurait de « l'avenir dans l'esprit ». D'une certaine manière, on pourrait dire qu'avec lui, pendant les affaires, les affaires continuent.
On aura compris que le Talleyrand des Mémoires n'est pas tout Talleyrand. Voici pourquoi il nous a paru judicieux de publier également une remarquable correspondance inédite du prince avec l'une de ses amies les plus chères, Marie-Antoinette de Bauffremont. On découvre un autre Talleyrand, l'homme du cœur, de la fidélité, la « vieille machine aimante », comme il l'écrit lui-même, bien éloigné de « l'image scintillante du mal » que l'on a voulu trop rapidement faire de lui. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Mer 6 Jan - 23:26 | |
| - Citation :
- Grand merci pour toutes vos précisions ou petits rectificatifs !!!
Ce n'est rien du tout, je vous en prie. Il y aurait encore beaucoup à dire ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 12:01 | |
| Absolument !!!! Et, par exemple, vous souvenez-vous que Talleyrand était présent au chevet de Mirabeau la veille de la mort du tribun ? Les deux anciens amis étaient pourtant en froid depuis la publication par Mirabeau de son Histoire secrète de la Cour de Berlin, correspondance d'un voyageur françois ... Quand Talleyrand se présenta chez Mirabeau, dans l'après-midi du 1er avril 1791, deux prêtres faisaient antichambre . L'un était envoyé par la vieille marquise de Mirabeau soucieuse du salut de l'âme bien pêcheresse de son fils, l'autre était le curé de la paroisse venu de sa propre initiative ...... Talleyrand fut introduit dans l'instant auprès du mourant . On entendit murmurer : Voilà un confesseur bien digne du pénitent !A son collègue à l'Assemblée et complice de la nationalisation des biens du Clergé, Mirabeau demanda comme une dernière grâce de vouloir bien lire à la tribune le discours qu'il avait composé pour obtenir que le partage égal des biens fut inscrit dans la nouvelle loi successorale, ultime revanche ( et même revanche posthume ) de cet aîné de famille dépouillé par son propre père ( l'Ami des hommes, je vous demande un peu !!!!! ) au profit de son frère cadet ( Mirabeau Tonneau ) . Il serait plaisant, dit Mirabeau à Talleyrand, d'entendre plaider contre les testaments par un homme qui n'est plus et qui vient de faire le sien !Ils devisèrent ainsi pendant plus d'une heure et demie, de politique, et notamment d'alliance franco-anglaise ... Un pied dans la tombe, l'avenir de la France était encore la préoccupation de Mirabeau !!! A la fin de l'après-midi, Talleyrand sortit de la chambre, tenant à la main les feuillets du discours; s'il était ému, il sut bien le cacher . Aux importuns qui l'interrogèrent, il lança seulement ce mot méprisant : " Il a dramatisé sa mort ."( duc de Castries ) Mirabeau, plus aimable, constata : On dit que la conversation est nuisible aux malades; ce n'est pas celle-ci; on vivrait comme cela délicieusement environné de ses amis et même on y meurt agréablement .Comme on aurait pu douter du sérieux de sa mort un premier avril, il rendit le dernier soupir le lendemain . |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 12:42 | |
| Le chien et le chat sous le guéridon |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 14:02 | |
| Le petit chien semble déjà hurler à la mort ! Qu'est-ce qu'on se bouscule autour du lit du pauvre Honoré ...... en voilà un tintouin !!!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 16:02 | |
| On avait répandu de la paille sur la chaussée devant son habitation pour atténuer le bruit de la rue. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 16:20 | |
| Tiens ! Je ne connaissais pas ce détail !!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 17:36 | |
| A Mme de Rémusat qui lui disait : " ---- Eh ! Bon Dieu, comment se peut-il que vous puissiez consentir à vivre et à faire sans recevoir aucune émotion de ce qui se passe, ni de vos actions ??? " " ---- Ah ! que vous êtes femme et que vous êtes jeune ! ", répondit-il .
Et il commençait à se moquer de moi, comme de tout le reste, commente t-elle, résignée. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 17:55 | |
| Témoignage de Napo, lui-même: Le visage de Talleyrand était tellement impassible que l'on ne savait jamais rien y lire . Voici le couple terrible : |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 17:58 | |
| Nous n'aurions garde d'oublier son satellite, Fouché, ministre de la police : |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 18:59 | |
| - Citation :
- Aux importuns qui l'interrogèrent, il lança seulement ce mot méprisant : " Il a dramatisé sa mort."[/i]
Puis-je continuer la phrase : et il est mort le plus à propos du monde ; cet homme déifié aurait été pendu deux mois plus tard, à moins d'une seconde révolution. Il avait un million de liste civile chez un notaire dont il avait touché le premier quart, cette abondance avait été un piège pour lui. - Citation :
- Mirabeau rendit le dernier soupir le lendemain.
On en parle beaucoup en ce moment avec Camus, alors, pour rappel : c'est à l'initiative du duc de La Rochefoucauld, que l'on transforme l'église Sainte Geneviève en Panthéon, afin de l'accueillir comme le premier des g rands hommes envers qui la patrie est reconnaissante. Il n'y restera pas longtemps : après la découverte de l'armoire de fer en 1792, et sur proposition d'André Chénier, les députés décident de le retirer du Panthéon. Hop ! A la fausse commune ! On dit que la moitié de Paris s'était pressée à ses funérailles. Beaucoup ont craint (ou regretté) que Louis XVI n'ait pas pris alors la tête du cortège : il aurait, peut-être, pu retourner en sa faveur l'opinion publique. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 20:03 | |
| Eh bien, pour illustrer votre très intéressant propos, les voici ces funérailles grandioses de Mirabeau ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Talleyrand Ven 8 Jan - 22:02 | |
| Merci pour cette illustration ! Hum...tirer des coups de feu dans une église ! |
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| Sujet: Re: Talleyrand | |
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