le 5 mai 1789

Ce 5 mai est le jour de l'ouverture solennelle des Etats Généraux dans la salle des Menus-Plaisirs , très vaste, peinte en tons clairs blanc et vert,qui avait déjà servi à l'assemblée des notables.
Il s'agit de l'entrée dans l'Histoire de Marie-Antoinette, qui pour la première fois n'est plus la Reine de Trianon, ou celle de Sa Cour mais bel et bien la Reine de France : Elle est là sous le dais royal tendu de violet et semé de fleurs de lys d'or, face à 1139 députés venus de toute la France et de tous les milieux sociaux.
La Reine est "mise à merveille, un seul bandeau de diamants, avec une belle plume de héron, l'habit violet et la jupe blanche en pailleté d'argent". Elle doit ressembler dans cette vêture au portrait de Madame Vigée-Lebrun de 1788.
Elle se tient d'autant plus droite qu'Elle veut éviter toute défaillance et, comme la veille, tout effet de saisissement.
Lors de Son passage, en effet, des femmes du peuple crièrent : "Vive le Duc d'Orléans!" avec des accents si factieux que Marie-Antoinette pensa s'évanouir. On La soutint et ceux qui L'environnaient craignirent un moment qu'on fût obligé d'arrêter la marche de la procession.Il faut dire qu'Elle n'avait de pensées que pour son petit Louis-Joseph qui agonisait.
Or, entourée de Louis XVI, de Necker et des Princes du sang, Marie-Antoinette se retrouve pour la première fois mêlée à des personnages qui feront partie bientôt de Son histoire.
Ainsi parmi les 270 députés de la Noblesse, arborant des tenues colorées, des bas blancs, des chapeaux à plumes et une étole d'or, peut-on compter le terrible Prince rouge, le Duc d'Orléans, le héros des Amériques, La Fayette, le Baron de Batz, le Duc de Lauzun,...
A côté, 291 députés du Clergé : les cardinaux sont en rouge (parmi eux se trouve le cardinal de Rohan ), les archevêques en violet, et les autres membres du Clergé en noir.
Et enfin 578 députés du Tiers-Etat, dans leur habit tout noir et à peine égayé d'une cravate de mousseline (ils ont l'allure d'huissiers de justice ) parmi lesquels se trouvent Mirabeau, Robespierre et Barnave...
Ainsi, lors de Sa dernière présentation royale, Marie-Antoinette est-Elle mise en présence de Ses ennemis anciens, actuels et futurs, et de ses futurs alliés.
Ce 5 mai 1789 est donc une sorte de virage dans la carrière de Reine de Marie-Antoinette .

Bien à vous.

Bonne remarque encore une fois Majesté

J'ignorais que ce cher Baron de Batz faisait partie des députés de la noblesse lors de l'ouverture des états généraux.
Pour Marie-Antoinette, ce jour fût une horreur...une horreur politique car l'honneur de la royauté a été vraiment bafoué et leur personne n'a pas été respectée (comme déjà ce cri dès le début en faveur d'Orléans...un cri juste pour destabiliser la Reine et le Roi), mais aussi une horreur affective, car elle a dû quitter le chevet de Louis-Joseph, bien obligée; un Louis-Joseph en phase terminale de la tuberculose osseuse, qui avait demandé à voir passer ses parents par la fenêtre lors de leur départ aux états généraux...sitôt cette journée finie, elle s'est empressée de retourner vers son fils, mort le 4 Juin 1789 donc à peine un mois plus tard, dans l'indifférence générale...

Bonjour

«retourner vers son fils, mort le 4 Juin 1789 donc à peine un mois plus tard, dans l'indifférence générale...»

Comme son frère Louis-Charles d`ailleurs
Qu'il soit mort au Temple ou non c`est la même chose.
Fleurdelys

Oui...en effet...ainsi que Sophie aussi...en ces temps, personne ne s'est intéressé aux enfants du couple royale...

Voici une jolie illustration donnée par Majesté, sur ce 5 Mai 1789 :

Très belle description de cette cérémonie, Majesté ! Merci.