Au château de Chambord
Le roi Louis XIV, qui y réside alors, et sa Cour découvrent la nouvelle pièce de Molière.
Le célèbre dramaturge crée devant eux, ce jour-là, «Monsieur de Pourceaugnac»
Cette comédie-ballet en trois actes reprend certains thèmes qui lui sont chers.
Il y est question de mariage, d’argent, de médecins…
Il s’agit de sa septième collaboration avec le Florentin Jean-Baptiste Lully (Giovanni Battista Lulli en italien), alors surintendant de la musique royale du roi Soleil.
Mais la représentation théâtrale n’amuse nullement le souverain.
Quant à la Cour, elle espère que celle-ci sera un échec pour Molière, souligne Jean des Cars dans son livre «Les châteaux de la Loire» qui vient d’être réédité en poche.
Tout semble donc bien mal parti.
C’est alors que Lully, qui est sur scène, improvise. Le compositeur, par ailleurs danseur, saute tout à coup à pieds joints sur le clavecin et passe à travers.
Citant un témoin de cette bouffonnerie, l’historien raconte qu’il le brise alors en «mille pièces, au risque de se casser les jambes»
Le roi Soleil éclate de rire et applaudit de toutes ses forces
L’effet escompté est obtenu. Le contemporain poursuit ainsi sa narration: «l’instrument vole en éclat et fait en ce moment plus de bruit qu’il n’en avait jamais fait.
Lulli disparaît dans l’abîme, sa chute est un triomphe.
Accroupi sur les décombres harmonieux, le malin bouffon a vu le roi partir d’un bruyant éclat de rire et applaudir de toutes ses forces…»
Et Jean des Cars de conclure: «Les courtisans ne pouvaient plus que rire, contraints d’apprécier, à leur manière caustique, l’intermède imprévu… et comique»
Le livre de Jean des Cars, «Les châteaux de la Loire», aux éditions Plon, a été réédité en poche aux éditions Perrin (collection tempus) en mars 2018. 268 pages. En vente au tarif de 8 euros.