Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Toucher du doigt les trois corps du roi

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Airin

Airin


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MessageSujet: Toucher du doigt les trois corps du roi   Toucher du doigt les trois corps du roi Icon_minitimeDim 1 Juil - 16:02

Beau sujet de réflexion, qui peut s'articuler autour de deux ouvrages :


  • Le Corps du roi. Incarner l’Etat, de Philippe Auguste à Louis-Philippe, de Stanis Perez, Perrin, 480 p., 25 €.

  • Faire le roi. L’autre corps de Louis XIII, de Marie-Claude Canova-Green, Fayard, 362 p., 23 €.


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Stanis Perez et Marie-Claude Canova-Green prolongent, chacun, les travaux classiques sur le corps naturel, politique et glorieux du roi de France.

Commentant l’enterrement de François Ier, l’historiographe Pierre Matthieu (1563-1621) écrit : « L’effigie était posée à côté du cercueil pour émouvoir le peuple à honorer le corps qui était dedans, et pour montrer que le Roi ne meurt point, et que l’administration de la Justice, le premier et principal office du Roi, ne cesse point, la Cour de Parlement l’a toujours environné. » Ce mannequin de cire couché ayant les traits du défunt roi de France est un accessoire dont le rôle est à la fois spectaculaire – il émeut le peuple en donnant à imaginer le corps mort du roi – et substitutif – il prend la place du corps qu’il masque et remplace, signifiant symboliquement que le roi remplit un office qui ne meurt pas, contrairement à l’être de chair et de sang qu’il demeure malgré tout.

D’où la phrase rituelle de la monarchie française : « Le roi est mort ! Vive le roi ! » – dont une variante, courante aux XVIe et XVIIe siècles, était « Le mort saisit le vif » –, expression même de la continuité royale, selon les travaux fameux d’Ernst Kantorowicz (1895-1963), auteur des Deux Corps du roi (1957 ; Gallimard, 1989), et de Ralph Giesey (1923-2011), sur le cérémonial funèbre des rois valois puis bourbons.

Les deux historiens ont montré comment la mort du corps réel du monarque entraînait l’apparition de son effigie symbolique, son second corps, qui figurait le roi disparu lors de rites où le mannequin était honoré, entouré, servi, « nourri », placé au centre de cérémonies religieuses et profanes, jusqu’à l’intronisation de son successeur par la puissance initiatrice...

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