Moneuse

Je suis comme toi Majesté je n'ai pas vu ce film et n'ai guère l'envie de le voir. en revanche j'aime bien la façon de réunir ses "amis" par ce jeu de carte. L'idée est plaisante.

Majesté a écrit:

Princesse,

Votre laxisme m'époustoufle
Je n'ai pas vu ce film, mais c'est un choix...et j'en ai vu les extraits les plus marquants qu'on nous a rabâchés toute l'année...
Trop peu pour moi...

Bien à vous.

Mon laxisme ? J'avoue ne pas comprendre. Quand le film est sorti au cinéma , je ne me suis pas précipitée dans les salles de cinéma car je me méfie des effets de mode.
C'est maintenant que je l'ai vu pour la première fois hier soir . Ceci dit, je ne me précipiterais pas pour autant à Bergues mais ce que j'ai vu du film m'a donné envie d'en savoir plus sur la culture cht'i. En quoi suis-je laxiste ?
Maintenant ceci dit si Dany Boon se plante sur son autre film , je serais critique. Je ne suis pas dythirambique à distribuer des louanges non plus .
Mais quand cela me plaît , je le dis . En toute simplicité .

Bon, revenons un peu au sujet de ce fil. Je vous avais promis pour aujourd'hui de vous raconter le drame de la Houlette , méfait perpétré par Moneuse et sa bande.
Comme j'ai des difficultés avec ma souris et ma barre d'outils pour faire des copier /coller à partir d'un fichier word, je vais poster en plusieurs fois ( désolée ! ).

Je laisse la parole aux autorités de Roisin : " L'an IV de la République Française, le 2 du mois de frimaire, nous, agent national et officiers de la municipalité de Roisin, étant instruits par la rumeur publique qu'il s'était commis un assassinat chez le citoyen Jean-Philippe Couez, à l'endroit dit la Houlette, juridiction du dit Roisin, nous y étant transportés avons reconnu l'assassinat et avons requis deux chirurgiens demeurant à Sebourg et à Wargnies le Petit de se trouver au dit lieu pour visiter les cadavres ; lesquels chirurgiens ont prêté en nos mains les serments de procéder en leurs âmes et consciences à la dite visite et de déclarer la vérité.

I-Nous nous sommes transportés en la maison où étant enré, nous avons aperçu , dans la cuisine, trois cadavres baignant dans leur sang, dans lesquels nous y avons reconnus :
1° Le citoyen Hubert Moreaux médecin , entièrement vêtu , auprès duquel se trouvait un bonnet de coton coupé à plusieurs places , à sa droite, le bout d'un sabre d'environ un pied de longueur, aussi les poches de sa culotte ouverte sur laquelle était une bourse de soie verte vide, près de laquelle était deux cases à lunettes et un almanach à sa gauche ;
2° Jeanne -Joséphine Boulvin , épouse du dit Jean-Philippe Couez , vêtue d'un petit capotin et d'une jupe de serge ligné, aussi assassiné ;
3°Une de ses filles , nommée aussi Joséphine, vêtue seulement de sa chemise."

Je m'adresse aux spécialistes du costume sur ce Boudoir. Qu'est-ce qu'un capotin ?

Voici la suite : " II-Entrant dans une seconde pièce , à droite , nous y trouvons le dit Jean-Philippe Couez , en entrant à gauche, près de la porte, assassiné et baignant dans son sang , vêtu d'un habit de drap et culotte de velours , près de sa tête se trouve la crosse d'un fusil de chasse sans avoir pu retrouver le restant du dit fusil.

III-Passant dans une autre place où se trouvait une boutique remplie de plusieurs sortes de marchandises, nouys y trouvâmes deux chandelles qui avaient été allumées et mises dans une boîte ronde dans laquelle on y mettait de la pierre bleue, et deux autres chandelles qui avaient été aussi allumées, l'une se trouvant sur une montre ( comptoir ) et une sur l'autre montre , lesquelles avaient été consommées environ deux pouces ; nous avons aussi remarqué que toutes les portes de communication de la dite maison étaient ouvertes de toutes parts ; dans la dite boutique, nous avons trouvé où l'on mettait l'argent que l'on recevait journalièrement, qui était en dessous de la montre ( comptoir ) et sans un sol."

Madame de Chimay a écrit:

Je m'adresse aux spécialistes du costume sur ce Boudoir. Qu'est-ce qu'un capotin ?

Le capotain était un couvre-chef rigide, comportant une haute couronne conique, mais dans mes livres on le rencontre plutôt au XVIème siècle

Bien à vous.

Merci Majesté de m'avoir renseigné.

"IV-Traversant la dite boutique, entrant dans un cabinet y joignant, nous y trouvâmes sur un lit à gauche, en entrant , deux cadavres baignant dans leur sang dont l'un était Marie-Josèphe , l'aînée des filles au dit Couez , vêtue d'une jupe de serge , tenant dans ses bras sa petie soeur emmaillotée , nommée Sylvie ; Dans la même place , sur notre gauche, nouys en voyâmes un troisième cadavre, terrassé sur le pavé et baignant dans son sang , nommé Renelde, vêtu d'une veste sur sa chemise ; dans la même place , nous y trouvâmes un coffre qui avait été forcé et ouvert , trois autres armoires aussi ouvertes , et un ferme ( coffre ) à deux serrures , marqués de sang qu'on avait remarqué, qu'on avait tenté d'ouvrir".

V-DE là, parvenu dans la cour, nous aperçûmes une porte aussi ouverte, près de laquelle un autre cadavre baignait dans son sang, au bas d'un escalier, sur lequel il avait ses deux jambes ; ce fut l'aîné des fils du dit Couez , nommé Jean-Philippe, entièrement vêtu ; montant le dit escalier communiquant à un cabinet au deuxième étage , où se trouve un lit dans lequel nous trouvâmes le neuvième cadavre baignant dans son sang, vêtu de sa chemise , nommé Désiré , fils du dit Couez ; remarquant dans la dite chambre une armoire forcée et ouverte , dans laquelle il y avait du linge et jeté sur la chambre ; ayant achevé la perquisition, nous avons requis les chirurgiens d'en faire la visite à l'instant, à quoi procédassent comme on le voit par leur procès-verbal y joint ; après lesquelles visites nous avons ordonné la sépulture des dits cadavres.

Fait et arrêté ce jour, mois et an que dessus et avons signé.

Signatures P.J. Wattiaux, agt nat.
Marlier, maire.
J.B. Duronsoy, officier.
P.J.Despinoy, officier."

Je suis désolée pour tous ces détails quelque peu macabres. Ce n'est plus un assassinat mais un véritable massacre !
C'est même et je ne fais que reprendre les termes de Jottrand , "un véritable acharnement sur des êres sans défense dont des enfants. Le petit bébé fut frappé avec une telle brutalité que les entrailles jaillirent de son ventre minuscule. Bref, au total , 53 coups de pointes , poignards, sabres, haches. Presque toutes les victimes furent blessées aux bras et aux mains ; elles tâchaient les malheureuses , mais en vain , de se protéger du mieux qu'elles pouvaient contre leurs implacables agresseurs. "

Comme le dit Jottrand : " Quel fut le mobile du crime ? Le vol assurément quoique l'historien Lenôtre est d'un avis contraire.
En tout cas, les constatations faites par les officiers municipaux sont pertinentes à ce sujet . Les poches du docteur Moreaux ont été retournées, les coffres ont été ouverts, forcés. Idem pour les armoires. Toutes les armoires ont été enfoncées , le linge répandu sur le sol. rien n'a échappé aux yeux vigilants des voleurs qui ont dû emporter un imposant butin, une fois leur macabre besogne achevée. Dans leur précipitation à piller et détrousser les cadavres encore chauds, les brigands sont cependant passés à côté du gros magot. "

La suite sera pour demain !

Portrait de Moneuse

Toutes ces illustrations sont tirées du livre d'Albert Jottrand dont j'avais en son temps donné les références. S'ensuit les illustrations d'un deuxième livre que j'ai sur Moneuse.