Le sieur Coislin, Pierre du Cambout, abbé de Saint-Victor, prête serment pour la charge de premier aumônier du Roi après la démission de son grand oncle, l'évêque de Meaux, Dominique Séguier
Pierre du Cambout de Coislin
(1637-1706)
petit-fils de Pierre Séguier.
Il disposait d'importants bénéfices : abbé de Jumièges, en 1641, de Saint-Victor, en 1643, chanoine de Paris, premier aumônier du roi en 1663. Évêque d'Orléans, grand aumônier de France. Il s'opposa avec urbanité aux dragonades dans son diocèse.
Dangeau rapporte : "Le cardinal de Coislin n'étoit à la cour que le moins qu'il pouvoit, et toujours en dispute avec le roi là-dessus, qui en était même piqué quelquefois ; tout le reste du temps en son diocèse, qu'il administroit avec une grande vigilance et par des gens bien choisis. Il y donnoit tout le revenu de l'évêché, et faisoit d'ailleurs de grandes aumônes, quoiqu'il vécût partout fort honorablement. On sut, depuis sa mort, qu'il étoit dans de grandes pratiques de pénitence depuis bien des années, et qu'il se relevoit seul toutes les nuits, à la dérobée de ses gens, pour prier, et c'est à quoi sa dernière maladie fut attribuée. Les missionnaires de la paroisse de Versailles s'emparèrent de lui à son extrémité et, avec une barbarie étrange, n'en voulurent plus laisser approcher son confesseur ; telle est la domination de ces gens. Le roi voulut que le curé de Versailles accompagnât le corps à Orléans , qui est un honneur qui n'avoit encore été rendu à personne, et dont sa vertu fut jugée digne. Tout le diocèse fut aux hauts cris, mais ces regrets ne furent que le commencement de ses douleurs."
Nommé par surprise cardinal, Saint-Simon[1] le décrit: "ce prélat était dans une vénération singulière. C'était un homme de moyenne taille, gros, court, entassé, le visage rouge et démêlé, un nez aquilin, de beaux yeux avec un air de candeur, de bégninité, de vertu qui captivait en le voyant, et qui touchait bien davantage en le connaissant [...] De son évêché qu'il eut fort jeune, il n'en toucha jamais rien et mit le revenu entier tous les ans en bonnes œuvres."
L'un de ses successeurs fit retirer l'épitaphe du cardinal de Coislin, "parce qu'on allait y prier Dieu, comme au tombeau d'un saint"[2].
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[*]↑ Saint-Simon, Mémoires (1701-1702), Tome II, Éditions de la Pléiade-Gallimard, 1983, p 679
[*]↑ Ibid. p 1503
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Micheline Cuénin, Un familier de Louis XIV. Le cardinal de Coislin, Grand aumônier de France, évêque d'Orléans, Orléans, 2007 (283 pages)