Louis XV. Détail du portrait de Quentin de La Tour (Musée du Louvre)
Pour la nuit de noces de sa maîtresse, Pauline-Félicité, le souverain prend la place du marié.
27 septembre 1739 au soir.
Pauline-Félicité de Mailly-Nesle, âgée de 27 ans, vient d’épouser le marquis de Vintimille, 19 ans.
Le jeune couple s’apprête à passer sa nuit de noces au château de Madrid, situé dans le bois de Boulogne.
Du moins c’est ce que tout le monde croit ou plutôt est censé croire.
«La nuit qui s’ensuit a le ton du marivaudage et le grotesque d’un vaudeville», souligne en effet Cécile Berly dans le livre «Les femmes de Louis XV» récemment paru aux éditions Perrin*
Et d’expliquer que, vers minuit, le roi de France qui soupait dans son château voisin de La Muette, monte en voiture, direction le lieu où la nouvelle marquise de Vintimille et son époux sont en train de rejoindre la chambre nuptiale.
«Louis XV remet de façon cérémonieuse la chemise au marié, honneur insigne qu’il a tenu à lui rendre et qu’il accomplit pour la première fois. Rideaux tirés, l’homme et la femme se retrouvent seuls dans un lit», poursuit l’auteur.
On aurait pu penser que le monarque s’en retourne à son propre château.
Sauf qu’il n’en est rien. «En toute discrétion, il y aurait eu substitution: Louis XV se serait glissé dans le lit conjugal et le jeune marquis de Vintimille, empruntant l’apparence du souverain, aurait filé à toute allure jusqu’à
La Muette pour y dormir à sa place», raconte l’historienne spécialiste du XVIIIe siècle.
Louis XV est amoureux de Pauline-Félicité comme il ne l’a jamais été
Il paraît, à première vue, curieux que le jeune marié ne se soit pas opposé à un tel subterfuge et se soit prêté au jeu.
En fait, tout aurait été prévu d’avance car il s’agit d’un mariage blanc.
A cette époque, Pauline-Félicité de Mailly-Nesle n’est autre que la favorite officielle de Louis XV, de deux ans son aîné.
«Elle a rendu amoureux le roi comme jamais il ne l’avait été jusque là», souligne Cécile Berly qui précise que celui-ci a octroyé à sa maîtresse des «gratifications extraordinaires, qui en font une des femmes les plus riches et puissantes de la Cour».
Logée dans le corps central du château de Versailles, elle bénéficie d’une pension de 6 000 livres mensuelles et d’une place de dame du palais dans la Maison de la future dauphine.
Mais, pour sauver les apparences, la jeune femme se devait d’être mariée.
D’où cette union de complaisance, pour laquelle le souverain a pris soin de lui offrir en dot la coquette somme de 200 000 livres.
* «Les femmes de Louis XV» par Cécile Berly, éditions Perrin, mai 2018, 240 pages.
En vente au tarif de 18 euros.