Madame Adélaïde

Née en 1732, Adélaïde de France est la quatrième fille de Louis XV et Marie Lezczynska.Elevée à Versailles alors que ses soeurs sont envoyées ,enfants, à Fontevraud, elle est très aimée par son père qui la surnomme "Loque".On l'appelle parfois "l'Air" (sûrement à cause de la représentation allégorique de Nattier).
Cultivée et douée sur le plan artistique , elle apprend à tourner l'ivoire et à dessiner , étudie les langues, les sciences et la musique.Elève de Chédeville, Paisible et Guignon, elle joue de la guitare et du violon, ainsi que de l'orgue et de la guimarde. Beaumarchais lui donne des leçons de harpe.
Jeune, on lui trouvait une ressemblance avec Louis XV ( cette beauté ne durera pas...). Elle a été peinte par Nattier et sculptée par Lemoyne et Houdon.
On la dit d'un caractère brusque et sévère. Hostile aux favorites royales, elle tente de les contrer systèmatiquement sur le plan politique. Elle a beaucoup d'influence sur le Dauphin Louis-Auguste, qui s'est tourné vers elle après la mort de sa mère, Marie-Josèphe de Saxe.
Adversaire de Choiseul, elle n'estime guère les Autrichiens. C'est la plus actives de "Mesdames Tantes", celle qui donne le ton à ses soeurs Victoire et Sophie. Dans son salon , elle fait et défait les réputations, et dispose d'un pouvoir de nuisance, comme le découvre la jeune Dauphine. Marie-Antoinette tente pourtant de se mettre sous sa protection et épouse son mépris pour Madame Du Barry.La Dauphine se révèle très vite impossible à gouverner et , pire encore, représente un contre-pouvoir concurrent de celui de Mesdames tantes, qui contribuent à Son discrédit en La surnommant les premières l'"Autrichienne".C'est là qu'elle se montre, ainsi que l'écrit Jean Chalon, comme une "Carabosse"...
A la mort de Louis XV, qu'elle a soigné avec dévouement , Madame Adélaïde continue à s'intéresser aux affaires d'Etat, malgré sa mise en quarantaine pour cause de petite vérole ; c'est elle qui conseille la nomination de Maurepas (ennemi de la Marquise de Pompadour) .
Elle fait, avec ses soeurs, de longs séjours , dans leur domaine de Bellevue, cadeau de Louis XVI, où les réceptions ont un éclat digne de la Cour.
Elle aime la conversation, le cheval et les bons soupers.
Elle quitte la France en 1791, avec Madame Adélaïde, pour protester la Constitution civile du clergé et faire ses Pâques à Rome.Les deux Mesdames sont arrêtées brièvement en chemin à Arnay-le-Duc.Elles s'installent auprès du Cardinal de Bernis (autre adversaire de Madame de Pompadour) dans la ville papale.
A partir de 1796, les avancées des troupes républicaines les contraignent à reprendre la route. Entre Naples et Caserte, Foggia, Cerignola, Bari et Brindisi, elles errent misérables, sans feu ni lieu.
Elles meurent toutes deux à Trieste, avant l'aube du siècle nouveau .
Leurs corps furent ramenés à Saint-Denis sous le règne de leur neveu, Louis XVIII.

Bien à vous.

Superbe résumé merci!

Adélaïde a une réputation assez délicate à la cour de Versailles, surtout son côté intriguant, avec sa soeur Victoire.
Elle était très pieuse, très religieuse et par conséquent elle s'est montrée hostile à la présence à Versailles de la Marquise de Pompadour puis de Madame du Barry. En parallèle, elle était hostile à l'alliance franco-Autrichienne de 1756 comme tu l'as dit, et a donc perçu d'un mauvais oeil l'arrivée de la dauphine en 1770.
Mais elle y a vu très vite un intêret : l'utiliser pour la mettre à dos de Madame Du Barry, afin d'accélérer la chute et l'humiliation de la favorite.

Elle a toujours voulu rester en france avec son neveu Louis XVI, et ne jamais se marier...
Etant jeune Dauphine, Marie-Antoinette voyait très souvent sa tante, mais une fois Reine je ne sais pas vraiment...ses fréquentations avaient diminué c'est sûr, mais à quel point?

Déjà dauphine, elle se méfiait... Elle a pris ses distances. Mais elle ne les oubliera pas dans son "testament". "Je dis adieu à mes tantes et à tous mes frères et soeurs", dit-elle.

Oui...et elle parlait régulièrement de ses tantes dans sa correspondance...sans en rajouter, sans aggressivité ni trop d'avances...elle en parle comme on parlerait d'une tante en fait
C'est ce qui me fait dire qu'elle ne les voyait pas autant qu'avant, mais leur relations n'ont pas été ternes non plus...

Chou d'amour a écrit:

Elle a toujours voulu rester en france avec son neveu Louis XVI, et ne jamais se marier...

C'est surtout par orgueil qu'elle a refusé le mariage : elle demeurait ainsi Fille de France... Seul le titre de Reine aurait pu lui faire changer d'avis, ce me semble...

Bien à vous.

En effe! Les filles de Louis XV tenaient à leur rang à la cour, et c'est aussi pourquoi elles ont tant détesté Du Barry ou Pompadour, qui en prenant le titre de favorites, outrepassaient limite leur rang de Filles de France
L'orgueil...toujours l'orgueil...ainsi que les acquis...mais au moins elles se sont assumées comme elles étaient et elles ont respecté leurs idées
C'est si rare!

Tu l'as dit !

Pénélope a écrit:

merci tati Adélaïde !

Le sous-titre du film d'Etienne Châtilliez auquel vous faîtes référence, correspond aussi beaucoup à la Tante de Louis XVI :
"Elle ne vous connaît pas encore , mais elle vous déteste déjà ."
C'est ce dont on aurait pu prévenir Marie-Antoinette, à Son arrivée en France ...

Bien à vous.

Malheureusement ce fût le contraire...Marie-Thérèse lui ayant dans un premier temps recommandé ses tantes...

Il paraîtrait que ce serait Madame Adélaïde l'auteur de cette petite chanson critique envers Marie-Antoinette, que je pensais attribuée à quelqu'un d'autre : :s:

"Petite Reine de vingt ans
Vous qui traitez si mal les gens
Vous repasserez la barrière..."

Cela est-il vérifié ailleurs? ça ne me dit rien...

Comment ne pas songer à Tatie Adélaïde lorsque l'on entend cette chanson? :
http://fr.youtube.com/watch?v=H9d-Jl_PUFg

Bien à vous.

Attention, Tatie Danielle s'est mariée, elle

Tatie Adélaïde est restée mariée à la France afin de demeurer Fille de France

Bien à vous.

Et puis, Tatie Danièle a bien meilleur fond...

J'ai lu une lettre que Madame Adélaide avait écrite en exil et dans laquelle elle rendait hommage au courage de la Reine décédée, elle était aussitôt rentrer dans mon estime. Une très belle lettre vraiment, mais à qui ? je ne sais plus, je ne l'ai jamais retrouvée , si un de vous peut me renseigner, je suis preneur.Merci , bien à vous

Cette lettre ne me dit rien désolé :s:

Mais c'est crédible en effet...Madame Adelaïde une fois en exil ne pouvait que s'assouplir et oublier ses radotages qui ont fait tant de mal à Marie-Antoinette

Je n'ai pas trouvé de correspondance de Madame Adélaïde sur Gallica. Mais les mémoires d'Adélaïde et Victoire. On ne sait jamais... Voici toujours la table des matières :

http://visualiseur.bnf.fr/Document/ConsulterElementNum?O=NUMM-28668&Deb=1&Fin=1&E=TDM&ie=.html

Merci pour vos recherches Pim Si je me souviens bien , elle disait s'etre trompé sur la Reine et lui rendait hommage, et vraiment cette lettre était bouleversante , je la recherche depuis, mais bon. Merci à vous

Comte d'Artois a écrit:

J'ai lu une lettre que Madame Adélaïde avait écrite en exil et dans laquelle elle rendait hommage au courage de la Reine décédée, elle était aussitôt rentrer dans mon estime. Une très belle lettre vraiment, mais à qui ?

Je crois qu'il s'agit d'une lettre à Madame d'Osmond, d'après Mesdames de France de Bruno Cortequisse

Bien, à vous.

Vous l'avez Majesté par hasard ? bien à vous très cher

Cortequisse rapporte que Madame Adélaïde en apprenant le jugement et la mort de la Reine ne put s'empêcher ce cri :"Comme cette malheureuse Reine a parlé à tous ces gueux! Qu'Elle est grande dans Son malheur!"
A peine avertie de ce nouveau drame, Adélaïde écrivit à Madame d'Osmond (sa principale correspondante, d'où mes suppositions ) :
"Vous avez vu , Madame ,par ma dernière lettre , que je n'étais pas encore instruite du comble de l'exécration et de nos malheurs...Il nous reste encore à craindre pour trois victimes qui ne sont point encore sacrifiées."

Bien à vous.

Ces recherches me permettent de constater que Madame Adélaïde avait été décrite lors de son arrivée à Turin en 1791 comme au-dessus de la taille moyenne...et que sa sœur Victoire la surpasser en taille ...mais d'une stature peu élancée de par son embonpoint pour ne pas dire sa grosseur...
J'avais toujours vu Adélaïde plus grande que Victoire...

Bien à vous.

Merci pour ces extraits, moi aussi je pensais Adélaïde plus grande, mais bon. Le titre de l'ouvrage que vous donnez ,quant à la lettre d'Adélaïde ,me dit quelque chose en effet et de là je suppose que c'est la même missive. Merci encore , bien à vous.

Merci !  

Moi aussi, j'aurais parié qu'Adélaïde était la plus grande de toutes les soeurs.

Citation :

Cortequisse rapporte que Madame Adélaïde en apprenant le jugement et la mort de la Reine ne put s'empêcher ce cri :"Comme cette malheureuse Reine a parlé à tous ces gueux! Qu'Elle est grande dans Son malheur!"
A peine avertie de ce nouveau drame, Adélaïde écrivit à Madame d'Osmond (sa principale correspondante, d'où mes suppositions ) :
"Vous avez vu , Madame ,par ma dernière lettre , que je n'étais pas encore instruite du comble de l'exécration et de nos malheurs...Il nous reste encore à craindre pour trois victimes qui ne sont point encore sacrifiées."

Bien à vous.

Ce devait être terrifiant pour Mme Adélaïde de prendre toute la mesure des conséquences de la campagne de diffamation lancée contre Marie-Antoinette.  N'avait-elle pas été la première à la taxer d' "Autrichienne" !!!!    Elle a certainement passé de bien mauvaises nuits en pensant au plaisir qu'elle goûtait avec ses sœurs, à Bellevue, quand ce faux-jeton de Maurepas collectait les pamphlets, libelles et gravures obscènes pour les leur exhiber !    
J'espère bien que les remords l'ont torturée !