Par un « coup de majesté », le roi de France fait assassiner le duc Henri de Guise
( Yves-Marie Bercé, « Les Coups de majesté des rois de France, 1588, 1617, 1661 », dans Complots et conjurations dans l’Europe moderne. Actes du colloque international organisé à Rome, 30 septembre-2 octobre 1993, Rome, École Française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome » (no 220), 1996, 786 p. (ISBN 2-7283-0362-2, http://www.persee.fr/issue/efr_0223-5099_1996_act_220_1?sectionId=efr_0223-5099_1996_act_220_1_5000), p. 491-505)
Henri de Guise est assassiné sur l'ordre d'Henri III qui l'avait convoqué dans son « cabinet vieux », voisin de la salle du Conseil du château de Blois, sous prétexte d'un prochain déplacement.
Guise pense que le roi va enfin le nommer connétable
7.
Alors que le duc passe dans la chambre du roi pour se rendre à ce cabinet, il tombe dans un guet-apens: huit membres des « Quarante-cinq », la garde personnelle du roi, se ruent sur lui pour l'exécuter.
Le duc parvient à riposter et blesser quatre adversaires avant de s'effondrer, percé d'une trentaine de coups d'épée et de dagues, le sieur de Loignac l'achevant en lui enfonçant son épée dans les reins.
Son frère Louis, entendant ses appels de détresse, se précipite dans les appartements du roi, mais il est aussitôt arrêté
8.
On retrouve sur le duc ce billet portant son écriture:
- Citation :
- « Pour entretenir la guerre en France, il faut sept cens mille écus, tous les mois »
Son corps est confié à Richelieu, grand prévôt de France, qui par commandement du roi, le fait dépecer par le bourreau puis brûler à la chaux vive avant que ses cendres ne soient dispersées dans la Loire
9. Le même jour sont arrêtés sa mère Anne, son fils Charles. Son frère Louis est exécuté puis brûlé, les cendres jetées à la rivière le lendemain. Quoique apocryphe
10, un célèbre mot historique est continuellement prêté à Henri III. Voyant étendu à ses pieds le corps de son ennemi qui mesurait presque deux mètres
10, le roi se serait exclamé:
« Il est plus grand mort que vivant ! »Le martyre des princes lorrains est à l'origine d'une véritable construction hagiographique et politique à travers des libelles catholiques publiés par les imprimeurs parisiens. Cet épisode illustre ainsi la capacité naissante de l'imprimé à mobiliser les foules contre un pouvoir jugé inique
7. Cet assassinat a inspiré plusieurs artistes, que ce soit dans la peinture ou le cinéma : voir L'Assassinat du duc de Guise. Le monument funéraire d'Henri de Lorraine, duc de Guise, est dans la Chapelle du collège des jésuites d'Eu, en face de celui de son épouse, Catherine de Clèves, qui fonda cette chapelle au début du XVII
e siècle. Ce monument représente deux fois Henri de Lorraine. L'une des sculptures le montre allongé sur le côté droit, le visage appuyé sur sa main droite, l'autre le montre priant.
Henri Ier de Guise, musée Carnavalet
Le changement de la donne politique pousse les souverains de France et de Navarre à se réconcilier.
Les deux rois se retrouvent au château de Plessis-lèz-Tours et signent un traité le 30 avril 1589.
Henri de Lorraine, 3e duc de Guise, dit « le Balafré »
(31 décembre 1550, Joinville - assassiné le 23 décembre 1588, au château de Blois)
prince issu d'une branche cadette de la maison de Lorraine.
Duc de Guise, prince de Joinville
et baron de Lambesc
24 février 1563 – 23 décembre 1588
(25 ans, 9 mois et 29 jours)
Grand maître de France
24 février 1563 – 23 décembre 1588
(25 ans, 9 mois et 29 jours)
À la tête d'un puissant clan aristocratique, il devint populaire pendant les guerres de religion en se posant comme le défenseur de la foi catholique.
Après avoir participé au massacre de la Saint-Barthélemy (1572), il s'illustra à plusieurs reprises sur le champ de bataille en combattant les protestants.
D'abord prince de Joinville, puis duc de Guise (1563), il tint en tant que grand maître et pair de France, une place d'importance à la cour.
Chef de la Sainte Union (1584), il aspirait à gouverner la France.
Son but avoué était de réduire l'influence politique du parti protestant en France, en vertu du principe de catholicité de la couronne, mais on ne peut exclure une ambition personnelle appuyée sur une logique de clan et une rivalité entre diverses factions proches du pouvoir et de la famille royale.
Il devint le maître de Paris après la journée des Barricades (12 mai 1588) mais fut assassiné sur l'ordre d'Henri III lors des états généraux de Blois.
Sa mort provoqua indirectement l'assassinat du roi.
Henri IIIRoi de France
30 mai 1574 – 2 août 1589
(15 ans, 2 mois et 3 jours)