Le Roi René D'Anjou

Je ne peux résister au plaisir d'ouvrir ce topic sur le grand ancêtre de Marie-Antoinette.
Ce qui est curieux, c'est cette étiquette extrêmement positive que véhicule l'image du Roi René. C'est l'image du Bon Roi tout comme celle d'Henri IV . Curieux , non ?

Moins connu, Le Roi René a laissé des écrits dont celui-ci :

Le Mortifiement de Vaine Plaisance de
René D'Anjou
Presses Universitaires de France - PUF , 2009, 280 p : 27 euros

Résumé Amazone :

"Le Mortifiement de Vaine Plaisance, « la mortification du plaisir vain » : titre austère, qui s'accorde mal avec l'idée qu'on se fait du « bon roi René » (1409-1480). Une vie où les épreuves nont pas manqué et une dévotion profonde expliquent pourtant quil ait composé en 1455 cet âpre et saisissant traité de spiritualité entre le Livre des tournois et le Livre du Coeur d'Amour épris. Mais plus encore qu'un écrivain, René est un protecteur passionné des arts, au goût éclairé et sûr. Il veille avec soin à la réalisation des manuscrits somptueux qui conservent ses ouvrages et confie leur illustration aux peintres les plus doués et les plus novateurs de son temps. Le plus remarquable, le génial « Maître du Coeur », identifié aujourdhui à Brathélémy d'Eyck, a inspiré les miniatures de plusieurs copies du Mortifiement, en particulier celles de l'admirable manuscrit de la collection Bodmer, qui ont sans doute été exécutées par Jean Colombe. "

"Les Maisons d’Anjou se suivent. Issue d’un comte carolingien du nom d’Ingelger, la première , qui appartient à la plus ancienne féodalité, se prolonge au XIIe siècle sous les Plantagênets et au temps du roi René mais elle a pris quelque distance avec son origine angevine.
La Maison d’Anjou , c’est à partir du XIIIe siècle et par deux fois , une branche de la descendance d’Hugues Capet.

Elle est donc comme la Maison d’Alençon et constitue donc un apanage , c'est-à-dire à défaut d’héritier mâle, la région revient à la Couronne !

Louis VIII donne à son petit dernier Charles les comtés d’Anjou et du Maine.
Ces deux provinces sont les bases politiques de la puissance des Plantagenêts.
De plus, Charles d’Anjou fait un brillant mariage et épouse la sœur aînée de la reine Marguerite de Provence, à savoir Bérengère de Provence et héritière du Comte Raymond –Bérenger.

Dernier prince de la lignée aragonaise de Provence, le Comte Raymond-Bérenger V a hérité en 1220 l’essentiel du Comté de Forcalquier et il a soumis en 1239 le comté de Nice. Or, en 1257 , sa veuve donne à son gendre Charles d’Anjou Forcalquier. ET voici notre prince comte d’une Provence presque entière. Formant un vaste triangle entre le delta du Rhône, la mer et les Alpes , le Comté n’en a pas moins ses centres d’activité au sud-ouest , autour d’Aix , d’Arles et de Marseille. La Maison capétienne d’Anjou se trouve assise sur le Rhône et partie sur la Loire. Cela peut faire une fortune . Cela ne fait pas , on le dira, un état. "[/i]

Je comprends maintenant comment les Anjou se sont retrouvés comtes de Provence. Merci!

Là aussi, je résume . Le livre fait 742 p...
Après Fabre d'Eglantine , je pense que j'alternerais avec ces 4 livres. Cela me rendra Hébert plus supportable...
Décidément, je ne sors plus d'Alençon ...

"Mais voici que s’offre à Charles d’Anjou l’occasion de pouvoir mettre la main sur le royaume de Sicile. Ce royaume avait été fondé au XIe siècle par une famille de petite noblesse allemande . Ce royaume recouvrait une vaste surface géographique et comprenait la Calabre, les Pouilles, les Abruzzes, Naples, la Campanie..

En 1186, Constance , l’héritière de ce royaume fondé par le roi normand Roger II, épouse le fils de l’empereur germanique Frédéric Barberousse , à savoir Henri VI. Dès lors, le royaume de Sicile semble étroitement lié à l’empire germanique. Leur fils , Frédéric II règne sur la Sicile dès 1197. En 1212 , il devient empereur. Mais c’est très vite la querelle entre le pape et l’empereur( querelle des guelfes et des gibelins ). En 1227, Frédéric II est excommunié. . IL meurt en 1250. ET le pape Innocent IV tient la couronne de Sicile pour vacante. Reste à trouver un roi . D’abord pressenti, Richard de Cornouailles refuse. Dès lors, le pape se tourne et ce dès 1253 vers un capétien. Enfin , après de longues années de tergiversations, Charles d’Anjou finit par accepter. Charles est couronné à Rome en 1265 et dès 1266, il écrase l’armée des Hohenstaufen à Bénévent. Et il fait décapiter en 1268 le dernier Hohenstaufen.


L’angevin devient donc un acteur politique de premier plan sur la scène italienne. Il est élu sénateur par les Romains, il est vicaire impérial en Toscane, Florence en fait son podestat.
Devant tant de pouvoir , Charles est grisé et rêve du Hainaut , de Namur. Heureusement que St Louis est là et lui remet vite les pieds sur terre pour l’empêcher de faire des bêtises.
En 1271 , Charles se fait reconnaître comme roi d’Albanie. Durazzo est alors une fameuse tête de pont pour une future croisade. L’objectif étant pour Charles de se faire reconnaître Roi de Jérusalem. Et il y arrive à ses fins en se proclamant comme tel. Mais c’est la fin de l’Orient latin.


Charles d’Anjou redistribue ses cartes géopolitiques et manifeste un appétit évident pour avoir un empire angevin autour de la Méditerranée orientale. Il poursuit donc ses entreprises en Grèce et occupe de fait la principauté des Villehardouin en Morée.
Pendant ce temps , la succession des Hohenstaufen essaie de s’organiser. Si les hommes ont été exterminés, les femmes ne l’ont pas été. Constance , la petite fille bâtarde de Frédéric II épouse le fils du roi d’Aragon , Jacques Ier , le futur Pierre III. Ce dernier profite de l’animosité des barons normands de Sicile contre Charles d’Anjou pour fomenter une insurrection contre lui. Pierre débarque avec une petite armée. Ce sera les vêpres siciliennes ( 30-31 mars 1282 ) mais il ne parvient pas à s’implanter car Charles d’Anjou tient bon.
Même s’il s’accroche à son titre de roi de Sicile et de Jérusalem, le capétien , de fait , n’est plus que le roi de Naples.


Le fils de Charles d’Anjou règne de 1285 à 1309. Il épouse l’héritière et la fille du royaume de Hongrie et leur fils aîné , Charles Martel devient en 1309 roi de Hongrie.
Ainsi donc c’est un petit neveu de St Louis qui devient Roi de Hongrie. Les Angevins vont régner sur le royaume de St Etienne jusqu’à ce qu’en 1387 , l’héritière de la Maison d’Anjou épouse Sigismond de Luxembourg. Quant au frère cadet de Charles Martel , Robert d’Anjou, il est de 1309 à 1343 un roi de Naples qui fait en Europe figure de sage et qui s’impose même comme arbitre.

Les malheurs de la Maison d’Anjou viennent avec le fille de Robert qui est tout le contraire . Elle est connue dans l’histoire pour être une reine débauchée, collectionnant les amants. A cause d’elle, les deux branches cadettes de la famille angevine de Naples s’affrontent. Bref, l’objectif de la reine est de se trouver un défenseur et voilà, elle fait porter son choix sur un lointain cousin qu’elle adopte en 1380. "

Et bien, ce n'est pas simple ces histoires de territoires , de bagarres pour le pouvoir. Je ne savais pas qu'un frère de St louis avait été roi d'Albanie ni que des petits neveux de St louis avaient régné sur la Hongrie...
Pour le moment, nous sommes loin du Roi René mais il nous faut passer par ces préliminaires pour comprendre la position et situation du Roi René.

Ma source pour le Roi René est le livre écrit par Jean Favier aux éditions Fayard.

C'est passionnant ! Merci!

Un superbe portrait de René d'Anjou à cette adresse

http://lang-litt-liv.over-blog.com/article-rene-d-anjou-ecrivain-fran-ais-de-langue-fran-aise-moyen-fran-ais-46027041.html

Un Etat en Provence : Les officiers locaux du comte de Provence au XIVe siècle (1309-1382) de
Jean-Luc Bonnaud
PU Rennes , 2007, 20 euros

Pour en savoir plus sur les demeures du roi René d'Anjou , un ouvrage est paru il y a un an :

http://www.revue303.com/documents/argumentaire_roi_ren__.pdf

Vous pouvez le commander auprès de la revue 303 , consacrée aux arts dans la région Pays-de-la-Loire :

http://www.revue303.com/

Merci , Madame Sophie.

Statue du Roi René devant le Château d'Angers

Le Roi René, BNF, Paris



Jeanne de Laval, Triptyque du Buisson Ardent, Nicolas Froment,1476, Aix-en-Provence,'Photo SAEP, A. Thiébaut.

René 1er le Bon, par Nicolas Froment, détail, Tryptique du Buisson Ardent, 'Photo SAEP, A. Thiébaut




Francesco Laurana, Médaille du Roi René et de la Reine Jeanne, 1463,

Le Bon Roi René n'avait pas un physique de jeune premier.

Certes mais je trouve un petit air de ressemblance avec notre reine . Il y a un je ne sais quoi...

Je ne trouve pas.

Ah ?

Madame de Chimay a écrit:

Certes mais je trouve un petit air de ressemblance avec notre reine . Il y a un je ne sais quoi...

: la machoire inférieure en avant certes , mais de là à évoquer une ressemblance

J'ai juste parlé d'un petit air...

Les années lorraines du roi René d’Anjou, duc de Bar et de Lorraine,
et les souvenirs attachés à ses séjours dans les duchés

http://www.academie-stanislas.org/pdf04-05/Collin.pdf -