Naissance de M. le comte de ProvenceSur les trois heures du matin, Mme la Dauphine sent des douleurs. On va chercher, le duc de Gesvres, premier gentilhomme de la chambre du Roi, de quartier.
Il descend, chez Madame la Dauphine, sans passer chez le Roi.
A son arrivée dans la chambre de Mme la Dauphine, il trouve celle-ci sur son lit de travail, et le Roi.
Le duc de Gesvres envoie un page avertir l’Hôtel de Ville, à Paris, pour annoncer que Mme la Dauphine est en plein travail.
A bout d’une heure, Mme la Dauphine accouche d’un prince que Louis XV nomme « comte de Provence ».
A 5 heures, le cardinal de Soubise, Grand Aumônier de France, fait la cérémonie de l’ondoiement, en présence du curé de la paroisse du château.
Il est baptisé le 08 octobre 1761 dans la chapelle du château de Versailles, filleul de Stanislas Leszczynski ancien roi de Pologne et duc de Lorraine et de Madame Victoire.
Le parrain étant absent il est représenté par Louis-François de Bourbon prince de Conti
Le duc de Gesvres, sans avoir vu le nouveau-né, reçoit, l’ordre de Louis XV, de transmettre, cette agréable nouvelle, à Paris. M. de Fiennes, officiers des gardes du corps, est envoyé pour porter la nouvelle.
M. Rouillé, ministre et secrétaire d’état, Grand Trésorier de l’Ordre du Saint-Esprit, apporte le cordon de cet Ordre, et a l’honneur de le passer au cou du prince. M. le comte de Provence est, ensuite, remis, entre les mains de la comtesse e Marsan, Gouvernante des Enfants de France. Elle l’emmène à l’appartement, au rez de chaussée de l’aile des princes, donnant sur le parterre du midi, qui lui était destiné. Il y est conduit, suivant l’usage, par le capitaine des gardes du corps.
Entre 12 heures et 13 heures, le Roi et la Reine, accompagné de la Famille Royale, ainsi que des princes et des princesses du sang, des grands officiers de la Couronne, des ministres, des seigneurs et dames de la Cour, se rendent à la Chapelle. Ils y entendent la messe, pendant laquelle M. Colin de Blamont, surintendant de la musique de la chambre, y fait exécuter un Te Deum, en musique, de sa composition.
L’après-midiLe Roi, la Reine, M. le Dauphin, M. le duc de Bourgogne, M. le duc de Berry, M. le comte de Provence, Madame, Mme Victoire, Mme Sophie et Mme Louise, reçoivent, dans leurs appartements respectifs, les révérences des dames de la Cour, à l’occasion des couches de Mme la Dauphine et de la naissance du prince.
Le soir, à 20 heures
Sur l’ordre du duc de Gesvres, premier gentilhomme de la chambre, et sous la direction de M. Fontpertuis, intendant des Menus Plaisirs, font tirer, dans la place d’armes, vis-à-vis de l’appartement du Roi, un très beau bouquet d’artifice.
Le duc de Gesvres est allé chercher la Reine, dans son appartement, pour l’amener dans celui du Roi.
Louis XV voit le feu depuis sa chambre de parade.
Le duc de Gesvres avait fait éteindre les bougies.
Depuis le balcon de sa chambre, Louis XV allume par le moyen d’une fusée courante le bouquet.
La Reine, M. le Dauphin, et Mesdames sont dans la chambre de parade. M. le duc de Bourgogne est dans la salle du conseil.
Toutes les dames et les seigneurs de la Cour voient le feu de l’appartement du Roi.
Le même jour et plus tôt dans la journée
Louis XV fait partir M. Binet, gentilhomme ordinaire du Roi et premier valet de chambre de M. le Dauphin, à Lunéville, pour porter cette nouvelle, au Roi Stanislas, duc de Lorraine et de Bar.
Né à Versailles le 17 novembre 1755
Décédé à Paris le 16 septembre 1824
Louis Stanislas Xavier de France, comte de Provence, est le petit-fils de Louis XV, fils du dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe, et frère de Louis XVI et du comte d’Artois, futur Charles X.
M. le comte de Provence, avec quelque défectuosité dans les hanches, qui sans le faire boiter, donne à sa démarche un air contraint, paraît aussi destiné à devenir très gros, et d’une taille un peu au-dessus de celle de son frère aîné Louis Auguste, Dauphin de France.
Beaucoup d’esprit, un grand amour de l’étude, et des connaissances prématurées lui avaient, de très bonne heure, formé une réputation, que peut-être les personnes attachées à son éducation avaient eu l’imprudence d’exagérer, en le mettant toujours en parallèle avantageux avec son frère aîné.
Vaincu par sa gourmandise, il va devenir très vite obèse.
En 1771 il épouse Marie-Joséphine de Savoie, leur union ne donnera aucun enfant.
Louis XVIII est un homme intelligent, subtil et intriguant.
Il ne va pas cesser de s’opposer à son frère Louis XVI en espérant jouer un rôle politique.
Pendant l’assemblée des notables de 1787, il prend le parti de Loménie de Brienne contre Calonne, dont les projets de réforme fiscale inquiètent le peuple et suscitent une vive opposition de la part de l’aristocratie.
Il va aller beaucoup plus loin en se prononçant pour le doublement de la représentation du tiers aux États Généraux au début de la Révolution.
Lors de la fuite du roi à Varennes (21 juin 1791), le comte de Provence (futur Louis XVIII) doit quitter la France.
Il semblerait qu’il soit compromis avec le marquis de Favras dans un complot ayant pour but la discréditation de son frère Louis XVI.
Condamné à mort par le Parlement, Favras sera pendu avant d’avoir pu parler.
Il va donc gagner Bruxelles puis Coblence.
Il se proclame Lieutenant général du royaume, puis, après l’exécution de Louis XVI (21 janvier 1793), prend le titre de régent.
Opposé à la Révolution, il exhorte son frère Charles X à la résistance et proclame son neveu Louis XVII roi de France.
A la mort de ce dernier, le comte de Provence devient, aux yeux des royalistes, le nouveau roi de France, sous le nom de Louis XVIII.
Résidant alors à Vérone, l’irruption des Français en Italie l’oblige à se réfugier en Allemagne puis dans les États du tsar, à Varsovie et à Mittau (Courlande), enfin, en Angleterre, au château de Hartwell (1807). Il se fait appeler alors le comte de Lille. Après le 18-Brumaire, il écrit à Bonaparte pour lui demander de restaurer tout bonnement la monarchie légitime. Bonaparte ne lui répondra que le 7 septembre: « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France; il vous faudrait marcher sur 100 000 cadavres »
Seule la chute de Napoléon permet la restauration de la monarchie bourbonienne.
Soutenu par la Grande-Bretagne et agréé par le gouvernement provisoire présidé par Talleyrand, Louis XVIII entre dans Paris le 03 mai 1814, accueilli avec soulagement par une grande part de la nation comme garant d’un retour à la paix avec l’Europe et de la fin de la dictature militaire.
Louis XVIII fait promulguer la Charte (4 juin) qui définit un régime de monarchie censitaire.
Composée de 79 articles, cinq grands principes sont définis:
la liberté de la presse
liberté de religion (la religion catholique reste cependant religion d’État)
indépendance de la justice
création de deux Chambres (celles des pairs nommés par le roi, celles des députés élus) ayant le droit de discuter et présenter les projets de lois
création d’un corps électoral censitaire chargé d’élire la Chambre des députés et qui ne permet qu’aux notables d’être électeurs (du fait d’une exigence de revenus très élevés)
Sous couvert de régime constitutionnel et démocratique, Louis XVIII va appuyer son pouvoir sur les royalistes et la bourgeoisie.
Mais très vite la Chartre ne lui convient plus, le drapeau tricolore est abandonné au profit du drapeau blanc: c’est le retour à l’Ancien Régime.
Sa politique est un échec complet.
C’est cet échec qui permet à Napoléon de reprendre la France en vingt jours sans tirer un coup de feu !
Le 20 mars 1815, Napoléon entre dans Paris par la barrière d’Italie pendant que Louis XVIII s’enfuit par la barrière de Clichy.
Ce dernier va s’exiler à Gand pendant la période que l’histoire appellera les Cents-Jours.
Le 18 juin 1815, les rêves de Napoléon s’effondrent: c’est la défaite de Waterloo.
Le 22 juin il est contraint d’abdiquer et est exilé à Saint Hélène.
Le 8 juillet 1815, Louis XVIII est de nouveau à Paris.
Tirant des conclusions de ses échecs précédents il va essayer de mener un politique modérée.
Il empêche les royalistes menés par son frère le comte d’Artois de pratiquer des représailles contre les Bonapartistes.
Il tente de jouer la réconciliation nationale en nommant des ministres modérés.
Malheureusement, l’assassinat de son neveu le duc de Berry le 13 février 1820 remet tout en question.
C’est la chute de son favori le ministre Decazes.
Devenu infirme, mené adroitement par sa favorite Mme de Cayla, Louis XVIII va laisser peu à peu son frère et futur roi Charles X prendre le pouvoir.
Le nouveau ministère composé d’ultra-royalistes menés par le comte de Villèle gardera le pouvoir jusqu’en 1827.
Le libéralisme est terminé, la France interviendra même en Espagne pour y écraser le régime libéral.