L'art à la cour de Marie-Thérèse

Je continue ici mon livre sur Marie-Thérèse. Il s'agit de la dernière partie, concernant Marie-Thérèse et l'art.


Au début de son règne, Marie-Thérèse dut monopoliser toutes ses forces pour défendre son héritage, une tâche qui engloutissait beaucoup d'argent alors que les finances n'étaient pas spécialement brillantes. Il lui restait peu de temps et d'argent pour se consacrer à l'art, ce que son esprit pratique n'aurait d'ailleurs considéré que comme un gaspillage d'argent et de temps de travail. Pourtant Marie-Thérèse comprenait la mission importante que l'architecture, l'art et l'artisanat avaient à remplir dans le cadre de la représentation de la cour.
En Europe, presque toute l'architecture de château se trouvait sous l'influence française. Le goût extrêmement raffiné qui dominait à la cour de Louis XIV était luxueux et dispendieux, mais constituait la référence et le modèle pour la représentation princière. En dépit de cette dépendance fondamentale au modèle français, la cour de Vienne était l'opposé de la cour de Versailles qui, aux yeux de l'austère et très catholique Marie-Thérèse, était dilapidatrice et frivole. En comparaison avec les résidences françaises, celles des Habsbourg étaient modestes. Ceux-ci ne projetaient pas sans cesse de nouvelles constructions, mais transformaient, agrandissaient et modernisaient d'anciens bâtiments, comme la Hofburg de Vienne.


"Prospect der Haupt Facciade von der Kays. Burg" (vue de la façade principale du château impérial. Gravure sur cuivre de salomon Kleiner. 1733


Personnellement, Marie-Thérèse -tout comme beaucoup d'autres princes- s'intéressait à l'architecture. Elle suivit avec grand intérêt le plus grand projet de construction, la transformation du château de Schönbrunn en un château résidentiel, commencée en 1743 - de même que les aménagements intérieurs. Lors des travaux de construction et de transformation, Nicolas Pacassi fit preuve de grand talent et devint par la suite l'architecte préféré de l'impératrice. Pratiquement toute l'architecture thérésienne porte sa signature, il savait tenir compte des désirs concrets et pratiques de sa commanditaire et combiner les formes architecturales du nouveau classicisme avec la luxuriante décoration rococo. C'est aussi à Pacassi que l'on doit la modernisation des autres résidences à Presbourg, Budapest, Prague et Innsbruck.


Le château de Schönbrunn, façade du côté de la cour d'honneur

La grande galerie du château de Schönbrunn
Quand je l'ai visitée, elle était en restauration.

Même vers la fin de son règne, Marie-Thérèse n'entreprit aucune nouvelle construction pour ses besoins personnels. Elle achetait des châteaux existants et les faisait adapter, entre autres le merveilleux complexe du château du Belvédère à Vienne, acheté aux héritiers du Prince Eugène, ainsi que le château de Hof sur la March, à 40 km de Vienne, connu dans toute l'Europe pour ses jardins baroques.

Pour l'aménagement de ses intérieurs, Marie-Thérèse privilégiait les décorations exotiques, aussi appelées "indiennes", parmi lesquelles on compte les miniatures indopersanes, la porcelaine chinoise et les travaux de laque. Marie-Thérèse exprima à ce propos : "Il n'y a rien au monde qui m'emballe vraiment, sauf ce qui vient d'Inde, les travaux de laque et tapisseries me font particulièrement plaisir."
Comme je la comprends!


Cabinet chinois circulaire du château de Schönbrunn

Merci à vous

les tableaux constituaient un des éléments importants de la décoration intérieure des châteaux et dans ce domaine, la préférence de Marie-Thérèse allait aux portraits et représentations destinées à documenter les nombreuses cérémonies et fêtes de famille. Le peintre favori de Marie-Thérèse pour ce genre de peinture était le peintre attitré de la cour, Martin van Meytens, qui, avec son grand atelier, s'était spécialisé non seulement dans les portraits mais aussi dans la représentation d'événements, généralement en grand format. Ses oeuvres se caractérisent par une combinaison d'observation et de souci du détail, associée à une virtuosité particulière dans le traitement des surfaces. Ses tableaux de groupes, le cycle du mariage de Joseph II avec Isabelle de Parme par exemple ou le couronnement à Francfort sont construits par addition et uniquement documentaires, sans aucune héroïsation ou mise en avant d'un personnage principal.

L'artiste favori de Marie-Thérèse était le peintre genevois Jean-Etienne Liotard, avec lequel elle entretint durant des dizaines d'années une relation amicale. Liotard, spécialisé dans les pastels, fit halte à Vienne en 1743, alors qu'il se trouvait sur le voyage de retour d'un séjour de plusieurs années à Istanbul. Avec ses vêtements turcs et sa longue barbe, il ne manqua pas d'attirer l'attention publique. Son aspect extravagant lui valut aussi son entrée à la cour. Durant ses séjours répétés à Vienne, il a réalisé de nombreux portraits de Marie-Thérèse, de son époux et de leurs enfants. L'impératrice aimait particulièrement les peintures au pastel et chaque fois que Liotard venait à Vienne, elle lui acheta avec enthousiasme un grand nombre d'oeuvres qu'il avait emmenées.


Mlle Suzanne Curchod, future Mme Necker, épouse du ministre des finances français. Pastel de Jean-Etienne Liotard. Vers 1760

Marie-Thérèse avait madame Necker en portrait!


Dès son enfance, Marie-Thérèse participa à des représentations théâtrales données dans le cadre de fêtes de la famille impériale, non seulement en tant que spectatrice, mais aussi en tant que chanteuse et danseuse. Depuis le XVIIème siècle, la musique était particulièrement cultivée à la cour de Vienne et de nombreux talents se révélèrent dans ce domaine au sein de la famille impériale. L'empereur Léopold Ier par exemple composa des morceaux qui dépassent de loin la qualité habituelle d'un dilettantisme princier. La musique connut également une apogée à l'époque thérésienne et acquit une renommée mondiale qui perdure jusqu'à ce jour. Parmi ses grands noms, citons Wolfgang Amadeus Mozart, qui donna une représentation à Schönbrunn à l'âge de six ans, Joseph Haydn et Christoph Willibald Gluck.


Le salon du million du château de Schönbrunn


Fillette à la poupée. Pastel de Jean-Etienne Liotard. Vers 1760



Voilà c'est fini! Cette petite bio de Marie-Thérèse a été pour moi très instructive. J'espère qu'elle le fut aussi pour vous!

Ce salon du Million !!!

Merci, chère Olivia , pour cet intéressant exposé !
Je suis, comme toi, sidérée : l'Augusta avait un portrait de l'institutrice ( comme Mme d'Oberkirch appelle Mme Necker ) ???

En effet, le salon du million!
Mais quand j'y étais, il y avait une foule de Chinois, j'ai eu du mal à profiter de la beauté du lieu.

Je trouve très étonnante la deuxième photo, prise devant la Cour d'Honneur .
Elle survole le palais pour embrasser jusqu'à la Gloriette sur la colline derrière !!!

Prise d'un hélicoptère peut-être ?

Oui, peut-être bien !

Je suis sidérée : Marie-Thérèse avait Mme Necker chez elle en portrait ! C'est sidérant !
Je trouve qu'il faudrait fouiller plus encore la bio de Marie-Thérèse, lire peut-être la bio parue chez Fayard.
Et puis lire l'histoire de la famille Habsbourg depuis les origines.
De mon côté, je vais essayer de me procurer l'histoire des ducs de Lorraine depuis les origines...

Madame de Chimay a écrit:

Je trouve qu'il faudrait fouiller plus encore la bio de Marie-Thérèse, lire peut-être la bio parue chez Fayard.

Je l'ai lue. C'était intéressant mais m'a beaucoup moins enthousiasmée que celle que je vous ai présentée.

Madame de Chimay a écrit:

Je suis sidérée : Marie-Thérèse avait Mme Necker chez elle en portrait ! C'est sidérant !
Je trouve qu'il faudrait fouiller plus encore la bio de Marie-Thérèse, lire peut-être la bio parue chez Fayard.
Et puis lire l'histoire de la famille Habsbourg depuis les origines.
De mon côté, je vais essayer de me procurer l'histoire des ducs de Lorraine depuis les origines...

En ce moment, je suis à fond dans les Habsbourg!

Et moi, je suis à fond dans mes Lorraine mais dès le mois prochain, je vais essayer de me procurer certains livres ( au moins trois ).

olivia a écrit:

Marie-Thérèse avait madame Necker en portrait!

Non mais... votre bouquin me rend dingue Olivia !

Est-il écrit que l'impératrice fait l'acquisition de ce portrait ?
Parce que tout le monde se moque bien de la jeune et inexistante Mlle Curchod !
Le hasard est tout à fait hallucinant : l'impératrice se voit offrir (ou achète) le portrait d'une inconnue, qui deviendra la mère Necker ?
Ou alors en fait-elle l'acquisition depuis qu'elle est devenue Mme Necker ?
En savez-vous un peu plus ?

Bah non pas plus!
Elle me semble jeune et le portrait est bien intitulé Mlle Curchod. Puis c'est précisé, future Mme Necker.

Marie-Thérèse aimait Liotard, achetait ses tableaux quand il se rendait à Vienne. Je pense que c'est un pur hasard. Mais c'est vrai, assez incroyable.

Mon pauvre La Nuit La Neige!

Ce livre contient plein d'inédit

C'aurait été dommage de ne pas vous le faire partager!

En effet

Absolument.
Encore merci.

En tout cas tu as l'air d'avoir acheté des livres de qualité à Vienne .

Une amis passionné d'Art Nouveau me disait qu'on trouvait en Autriche des livres d'art très solides , un peu comme au Royaume-Uni et chez nous L'avantage c'est qu'on y trouve de nombreuses références en français

Je souhaitais vraiment y trouver des livres intéressants et je suis comblée!

Ah, c'est sûr , vous avez été exaucée. Votre livre est super génial et je vous remercie beaucoup de nous l'avoir fait partager.

Il y a maintenant mon énorme pavé sur Schönbrunn, du même auteur. Mais je ne suis pas chez moi en ce moment et il est resté à Figeac.
Je ne le recopierai pas mais je vous le résumerai. Vous allez être encore gâtés!

Merci de tous ces cadeaux , chère Olivia.