Comme cela a été prévu le 15 décembre, Louis XVI comparaît une ultime fois devant la Convention.
Il est accompagné de Lamoignon de Malesherbes, Tronchet, de Sèze, ses conseils, du maire de Paris et de Santerre, commandant la garde nationale.
Il est 9H46
Procès de Louis XVI Le président Defermon:
«Louis, la Convention nationale a ordonné que vous seriez entendu aujourd’hui; vous pouvez présenter vos défenses et vous asseoir». Louis XVI:
« Mon conseil va vous lire ma défense ».
Il s’agit de Raymond de Sèze
Très longue plaidoirie de Raymond de Sèze au procès de Louis XVI devant la Convention : il déclare notamment:
“Citoyens je vous parlerai avec la franchise d’un homme libre: je cherche parmi vous des juges, et je n’y vois que des accusateurs » !
Raymond de Sèze conclut sa plaidoirie au procès de Louis XVI par ses mots:
« citoyens, je n'achève pas... Je m'arrête devant l'histoire: songez qu'elle jugera votre jugement et que le sien sera celui des siècles »
Après la plaidoirie de Raymond de Sèze, Louis XVI prend une dernière fois la parole devant les membres de la Convention pour une courte déclaration.
Il répond ensuite à 2 questions du président Defermon avant de quitter la salle.
Il est 12H10.
Fin du procès de Louis XVI
« Louis sera-t-il donc le seul Français pour lequel on ne suive nulle loi, nulle forme ? Louis ne jouit ni du droit de citoyen, ni de la prérogative des rois: il ne jouira ni de son ancienne condition, ni de la nouvelle ! Quelle étrange exception »
Romain Desèze
(1748-1828)
(L'un des défenseurs officieux de Louis XVI)
Plaidoirie pour Louis XVI, 26 décembre 1792
- Citation :
- « Il a bien travaillé »
LOUIS XVI, après la très longue plaidoirie de son avocat Romain Desèze
Desèze s’est assis, épuisé après la plaidoirie.
En sueur, il demande une chemise.
« Donnez-la lui, car il a bien travaillé », dit le roi.
« Avec une familiarité touchante et un peu vulgaire », commente l’historien socialiste.
Dans son discours de réception à l’Académie française sous la Restauration (en 1828), le baron de Barante rendra cet hommage à Desèze: « Son éternel honneur sera d’avoir été associé à l’événement le plus tristement religieux de notre Révolution »
Ils étaient trois pour cette mission impossible, et périlleuse.
Desèze, arrêté peu après le procès, libéré à la chute de Robespierre, finira pair de France et premier président de la Cour de cassation sous la Restauration.
François Denis Tronchet se cachera sous la Terreur et se retrouvera au Sénat sous le Consulat.
Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes aura moins de chance: émigré au début de la Révolution, rentré en France pour défendre son roi, il sera exécuté sous la Terreur.
Le vote nominatif
Cela me rappelle le 26 décembre 1792, chère Emilie dernier jour de son procès de Louis XVI, devenu pour ses juges simplement Louis Capet. Son avocat, Raymond de Sèze prononce sa plaidoirie appelée à marquer. Cela fait deux semaines que le procès a commencé. Inutile de vous dire que les députés chargés de juger l’ancien roi ne sont pas vraiment bienveillants à son égard. Il est condamné d’avance. Il bénéficie tout de même d’avocats : Malesherbes, Tronchet et Target. Mais ce dernier se récuse. Il se trouve trop vieux et en mauvaise santé. Et il est vrai qu’il faut être en forme pour assurer cette sorte de défense ! Ce n’est pas sans risque. C’est donc Raymond de Séze qui le remplace.
Mais de quoi accuse-t-on Louis XVI ?
Oh vous avez l’embarras du choix. On a retenu pas moins de 42 chefs d’accusation ! Mais pour résumer, on l’accuse de trahison. Et les pièces du dossier ne manquent pas. Parmi elles, des documents trouvés dans une armoire de fer dissimulée dans les murs au palais des Tuileries. Plus de 600 documents. Des correspondances du roi avec des ennemis de la révolution, notamment. Les papiers n’ont pas le temps d’être lus en entier, mais ce n’est pas nécessaire : tout accuse ce roi bien encombrant. Dans la nuit, Raymond de Sèze rédige sa plaidoirie. Et ce 26 décembre 1792, voici les mots qui résonnent dans la salle du manège : "Citoyens je vous parlerai avec la franchise d’un homme libre : je cherche parmi vous des juges, et je n’y vois que des accusateurs ! […] Français, la révolution qui vous régénère a développé en vous de grandes vertus ; mais craignez, qu’elle n’ait affaibli dans vos âmes le sentiment de l’humanité, sans lequel il ne peut y en avoir que de fausses !".
Mais, comme on le sait, cette plaidoirie ne sera pas suffisante pour éviter au roi la guillotine…
Certes. A l’issue du procès, les députes se prononcent à 387 voix sur 721 pour la mort du roi. Le 21 janvier suivant, Louis XVI sera décapité.