1er janvier 1772: "Il y a bien du monde aujourd'hui à Versailles"

Le 14 Mai 1770, a lieu le mariage du dauphin et de l’archiduchesse d’Autriche, Marie-Antoinette.

Celle-ci bien avant qu’elle vienne à Versailles avait été renseignée sur la Du Barry et lui avait méprisé depuis.

Elle ne ni comprenait et ni supportait comment une femme de basse-extraction peut venir à la cour.

S’obstinant à ne pas lui adresser la parole, elle faillit être disgraciée par le roi, puis finira par lui dire: «Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles», le 1er Janvier 1772.

Jamais phase si banal n'aura fait tant de bruits.

Marie Antoinette est maintenant installée à Versailles.

Et elle a apprit, par le dauphin, quels était exactement le rôle de madame du Barry à Versailles... Et sa surprise égale son écœurement. Comment peut on laisser se pavaner au palais du roi de France, une roturière, femme de mauvaise vie de surcroit, et connus par tous comme la maitresse officielle du roi de France ? Alors que dans son pays, sa mère n'hésite pas à faire fouetter en place publique celles qui font commerce de leurs charmes ?

Au début, bien chapitrer par sa mère et par Mercy, elle traite la du Barry correctement, se contentant d'essayer de l'éviter le plus possible. Mais sous l'influence de ses tantes, elle va modifier son comportement. Et une querelle de dames, découchant sur un mini drame touchant sa propre maison, va faire de madame du Barry, l'ennemie absolue de Marie Antoinette.

L'histoire commence au château de Choissy, dans la petite salle de théâtre. Des dames de la cour occupent les premiers rang lors d'une représentation, quand madame du Barry arrive très en retard, accompagnées par deux de ses amies. La favorite, de son son regard, essaye de faire comprendre qu'elle veut s'installer au premier rang, mais les dames, qui ne l'entendent pas de cette oreille, refusent de bouger. Des regards noirs s'échangent derrière les éventails, et bientôt, les mots se succèdent et l'une des suivante de la dauphine, madame de Grammont attaque violemment madame du Barry, qui, fort en colère, se voit contraint de s'installer au dernier rang. Or, madame de Grammont est la belle sœur de monsieur de Choiseul.

La réaction ne se fait pas attendre. Dés le lendemain, Mme de Grammont reçoit du roi une lettre de cachet l'exilant à 15 lieues de Paris et de la cour. Marie Antoinette essaye de faire revenir le roi sur sa décision, mais vainement.

Et ce n'est pas tout. Le 24 décembre 1770, Louis Xv renvoie le ministre Choiseul et l'exile loin de Versailles. Marie Antoinette, ulcérée, ne restera pas sans réagir. Et son arme sera le silence. Désormais, elle ne fait plus attention à madame du Barry, ne la remarque plus, ne lui adresse jamais la parole, et détourne ostensiblement le regard à son approche. Toute la cour, bientôt, s'en aperçoit set s'amuse de la lutte.

Car à Versailles, nul ne peu adresser la parole à un interlocuteur de rang supérieur en public si se dernier ne lui parle pas le premier. Et la dauphine se sert ostensiblement de cette arme, et madame du Barry, irrité, s'en plaint à Louis XV.

Le roi commence d'abord par s'en ouvrir à madame de Noailles, mais la dauphine ne cède pas. L'ambassadeur Mercy est un jour invité à un diner chez madame du Barry. et le lendemain, Marie Antoinette ne peut s'empêcher de lui glisser à l'oreille "Je vous fait compliment de la bonne compagnie où vous avez souper dimanche..." Le soir même, c'est le roi qui invite l'ambassadeur, toujours chez madame du Barrry, ; il lui fait comprendre que l'attitude de la dauphine à l'égard de sa maitresse lui déplait. Il veut que Marie Antoinette parle au moins une fois à madame du Barry !

Mercy, qui a comprit le message avertis l'impératrice qui, a son tour, exige de sa fille que cette dernière s'incline. C'est qu'a Vienne, pendant que les dames se querellent, se trame une affaire sordide. Sous la poussée de l'empereur Joseph II, l'Autriche, qui s'est allier pour ce coup avec la Prusse et la Russie, se prépare à démembrer la Pologne pour s'en partager les morceaux. Et l'affaire risque de faire long feu si la France s'oppose au projet. Donc, pour que le roi sois content et ne se mêle pas de cette histoire, Marie Antoinette doit céder.

C'est à cette occasion que l'ambassadeur de France à Vienne, le fameux cardinale de Rohan, envoie au duc d'Aiguillon sa lettre, qui sera lu chez madame du Barry au milieu des éclats de rire, et qui provoqura chez la future Reine sa haine contre Louis de Rohan :

" J'ai effectivement vu pleurer Marie-Thérèse sur les malheurs de la Pologne opprimée ; mais cette princesse, exercée dans l'art de ne point se laisser pénétrer, me parait avoir les larmes à son commandement ; d'une main elle a le mouchoir pour essuyer ses pleurs, et, de l'autre, elle saisie le glaive pour être la troisième partageante."

Ce texte qui frappe là où ça fait mal va provoquer la fureur de Marie Antoinette. Jamais elle ne pardonnera à Louis de Rohan d'avoir attaquer sa mère de cette façon. Et pendant huit ans, elle ne dira pas un seul mot à cet homme dont elle aura une sainte horreur.

Mais pour l'instant, elle n'est pas décidée non plus à parler à madame du barry. Pendant un an, elle va persister, mais, en juillet 1771, elle va céder. Une première tentative échoue grâce à madame Adelaïde qui intervient au dernier moment.
Et enfin, elle cède.

Le 1er janvier 1772, en faisant le tour des personnes assistants à son jeu, elle s'arrête devant madame du Barry et prononce ses mots qui seront vite connus de tout Versailles et de toute l'Europe : *
"Il y a bien du monde, aujourd'hui à Versailles !". Jamais phase si banal n'aura fait tant de bruits.






Le château de Choissy, où débuta l'affaire...