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| Vers une nouvelle révolution industrielle ? | |
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globule Administrateur
Nombre de messages : 2243 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Vers une nouvelle révolution industrielle ? Mer 9 Jan - 8:06 | |
| Déjà qu'on n'est pas trop sûr de quand a commencé la première ! Mais enfin cet article est bien torché.
- LA NOUVELLE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
Lors des deux dernières décennies d’innovation, on a cherché de nouvelles manières de créer, d’inventer et de travailler ensemble sur le web. Mais pour Chris Anderson, c’est dans les 10 prochaines années que l’on appliquera ces leçons au monde réel.
Pour l’heure, la révolution numérique se limite aux écrans, car nous vivons dans des maisons, conduisons des automobiles, travaillons dans des bureaux, autant de biens matériels qui sont les produits de notre économie industrielle, transformée à bien des égards sauf un : « à la différence du web, elle (l’économie industrielle), ne s’est pas ouverte à tous. Étant donné les compétences, le matériel et l’argent nécessaires pour produire en grande quantité, l’industrie manufacturière appartient surtout aux grandes entreprises et aux spécialistes bien formés », précise Chris Anderson.
Mais voilà, cela est en passe de changer : la fabrication des choses n’est plus l’apanage des industriels, les dessins circulent en ligne sous forme de fichiers. La nature profonde de cette transformation résidera moins dans la manière de faire les choses que dans l’identité de ceux qui les feront. « Aujourd’hui, quiconque détient une invention ou un bon modèle peut télécharger un fichier vers un service qui fabriquera son produit, en petite ou grande quantité, ou le fabriquer lui-même avec des outils de fabrication numérique peu encombrants et toujours plus puissants comme les imprimantes 3D », précise l’auteur.
L’HISTOIRE DU FUTUR « Qu’est ce au juste qu’une « révolution industrielle », les historiens en débattent depuis la fin du XVIIIe siècle, c’est-à-dire depuis la première fois où ils ont constaté une évolution stupéfiante des taux de croissance ». Les grands bouleversements de l’industrialisation ont rarement rencontré un accueil bienveillant. Dans la Grande-Bretagne du début du XVIIIe siècle, l’innovation avait mauvaise réputation et à l’instar de l’auteur William Blake, on parlait encore des « sombres usines sataniques, empoisonneuses des ouvriers et de la terre ».
C’était sans compter l’amélioration de la qualité de vie, l’accès aux soins et le confort des habitats citadins, véritables découvertes pour les exilés ruraux de l’époque. L’expression « deuxième révolution industrielle » serait apparue pour la première fois dans la lettre d’un diplomate français, Louis-Guillaume Otto, qui décrivait un phénomène alors en cours en France. Mais c’est avec l’essor de l’industrie chimique, du raffinage pétrolier, du moteur à combustion interne, que l’on peut parler de nouvelle phase de la révolution industrielle. Et c’est dans l’ère de l’information et de la communication que va naître la troisième révolution industrielle, multiplicateur de forces pour la fourniture de services mais aussi pour l’automatisation de la production.
La mise en réseau des ordinateurs et enfin l’avènement d’Internet, va véritablement transformer notre culture. Pour Chris Anderson, l’économie immatérielle est « celle où s’échangent les informations, services et propriétés intellectuelles incorporelles plutôt que des biens physiques. L’économie immatérielle comprend tout ce qui ne vous fait pas mal en vous tombant sur le pied ».
Cependant, l’économie des bits ne représente qu’une tout petite fraction de l’économie manufacturière. Cette révolution est enfin celle des circuits, car au lieu de vendre à des usines qui contrôlent l’accès au marché, les nouvelles industries artisanales façon maker vendent directement aux consommateurs du monde entier, sur Etsy ou eBay, tout en créant un nouvel modèle économique « elles inventent leurs propres modèles et peuvent demander plus cher à des consommateurs exigeants qui évitent délibérément les biens produits en masse ».
NOUS SOMMES TOUS DES CRÉATEURS À PRÉSENT Les imprimantes 3D en sont aujourd’hui là où le Macintosh et la LaserWriter de Jobs en étaient il y a 25 ans ; nous ne pouvons pas prédire son utilisation future, mais nous pouvons anticiper le fait qu’elle deviendra meilleure et moins chère que les premières imprimantes laser ou les précédentes technologies électroniques de base. « Bientôt ces premiers outils seront aussi omniprésents et aussi faciles à utiliser que les imprimantes à jets d’encre. Et s’il faut en juger d’après le passé, ils changeront le monde encore plus vite que le microprocesseur ne l’a fait il y a une génération ».
RÉINVENTER LES PLUS GRANDES DE TOUTES LES USINES « En fin de compte, le mouvement Maker sera jugé non seulement sur sa capacité à transformer les catégories de produits et les fortunes des créateurs d’entreprise mais aussi sur la manière dont il fera avancer l’économie tout entière »,rappelle Chris Anderson.
En l’intervalle de quelques générations, les moyens de production fondamentaux se transforment : vapeur, électricité, standardisation, chaîne de montage, fabrication Lean et aujourd’hui, la robotique. Mais les changements les plus importants et les mutations les plus profondes viennent toujours des outils. « Or, il n’est pas d’outil plus puissant que l’ordinateur lui-même : il ne se contente plus de piloter l’usine moderne : il en devient le modèle même ».
La véritable révolution ne réside pas seulement dans l’essor d’une technologie avancée, mais aussi dans sa démocratisation. Et si le mouvement des makers annonçait l’avènement d’un nouveau mouvement ? Un avenir dans lequel les pays occidentaux retrouveraient leur puissance industrielle perdue, mais en lieu et place d’un petit nombre de géants de l’industrie, ils verraient éclore une multitude de petites entreprises, investissant autant de niches.
Un modèle qu’évoque le chercheur et journaliste canadien Cory Doctorow « l’époque des entreprises appelées « GE », « General Mills » ou « General Motors » est terminée. Les occasions à saisir sont comme le krill : un milliard de petites opportunités d’entreprendre, que des gens intelligents et créatifs pourront découvrir et exploiter ».
Par Farid Gueham. Un article de Trop Libre https://www.contrepoints.org/
_________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6906 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Vers une nouvelle révolution industrielle ? Ven 15 Nov - 6:41 | |
| Bien cher Globule, les avis des spécialistes divergent et à l'heure où un nombre croissant de voix s'élèvent pour réclamer une décroissance, il n'est pas inefficient de s'interroger sur la notion même d'industrie. L'industrie, une vision du mondePar Pierre Musso, philosophe, professeur en sciences de l’information et de la communication à l'Université Rennes II. Pierre Musso est notamment l'auteur de La Religion industrielle, éditions Fayard, 2017. L’industrie désigne l’ensemble des activités conceptrices et productrices de la société, une conception du monde élaborée en Europe depuis le haut Moyen Age. Une tribune du philosophe Pierre Musso qui participera mardi 26 novembre au Forum «L'usine et le territoire», en région Occitanie.
Avant d’être un phénomène historique qui a bouleversé l’histoire de l’humanité il y a deux siècles, l’industrie est une conception du monde, celle de l’Europe et de l’Occident. Cette vision, que j’appelle l’industriation pour la distinguer de l’industrialisation, a été élaborée en Europe depuis le haut Moyen Âge, avant d’être formulée à la fin du siècle des Lumières et de s’accomplir dans la grande industrie. Elle a mijoté dans les monastères, les manufactures, les usines puis les entreprises. Plusieurs fois remaniée, cette vision s’est réalisée à l’occasion de diverses «révolutions industrielles». La première eut lieu au XIIIe siècle avec l’hydraulique, une autre à la Renaissance avec la science moderne et depuis le XIXe siècle, une série de mutations se déroule avec la mécanisation, l’électrification et l’informatisation.
Que veut dire industrie ? Étymologiquement cela signifie projeter à l’extérieur ce que l’on a conçu, soit extérioriser le génie intérieur pour construire. Le terme a pris au cours de l’histoire, divers sens pour dire l’habileté, le métier, un secteur d’activité et une entreprise industrielle. L’industrie n’est pas simplement un secteur d’activité distinct des services et de l’agriculture. Sauf à être réduite à la mécanique, elle n’est pas en voie de marginalisation. Au contraire, l’industrie devient une hyperindustrie numérique et transversale. Elle définit l’ensemble des activités conceptrices et productrices de la société.
La vision industrialiste a été forgée en Europe avec la réforme grégorienne du XIIe siècle. Une première formulation en est donnée par le philosophe chancelier d’Angleterre Francis Bacon, pour qui il faut «triompher de la nature par l’industrie» et par Descartes qui invite à devenir «comme maîtres et possesseurs de la nature». Ce n’est qu’au XIXe siècle que la science, les techniques et l’industrie se ficellent en un mélange explosif. Pour y parvenir il fallait concevoir que la technique «applique» la science et l’industrie au nom du «Progrès». Cette vision associée à la naissance de l’économie politique, peut être résumée par l’affrontement vers 1750 entre quelques géants : d’un côté, les Lumières écossaises conduites par David Hume et Adam Smith qui plaident pour l’industrialisation et de l’autre, le solitaire Rousseau qui critique le Progrès, réserve la science aux savants et considère que la technique est un mal remède. Après la Révolution française, l’industrialisme est l’objet d’une véritable foi partagée par les socialistes et par les libéraux. Dominer la nature par la science et par le travail au nom du Progrès, pour transformer le monde et l’Histoire, tel est le credo de cette religion industrielle.
Aujourd’hui cette vision vacille car sa clef de voûte, le mythe du progrès, est en question. La puissance techno industrielle s’accompagne d’une perte de sens. Or l’histoire enseigne que toute métamorphose industrielle ne va pas sans un nouvel imaginaire et sans une pensée neuve. Ce chantier s’ouvre.https://www.liberation.fr/ Bien à vous madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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