Petit supplément
Le Cirque en France au XVIIIe siècle
- Cette naissance du Cirque en France au XVIIIème siècle débute sous le règne de Louis XV pour se terminer avec l’arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte.
Jacob Bates en France –
le Cirque en France au XVIIIe siècleLe piqueur angloisLe piqueur anglois Jacob Bates présente pour la première fois à Rouen son spectacle en juin1767. Cet évènement est commenté avec un petit historique de l’art de la voltige, de ses cavaliers, et des différentes formes de manifestations équestres, notamment les carrousels qui préfigurèrent, d’une certaine façon, le spectacle du cirque moderne.
Apparaît ensuite, au château de Fontainebleau, en 1772, Philip Astley, un personnage exceptionnel, le père fondateur du Cirque.
Nous assistons deux ans plus tard, à la venue du héros anglois John Hyam dans sa parodie du tailleur londonien se dirigeant sur Paris pour y découvrir la mode. En septembre 1779, le Sieur Balp, le premier voltigeur et jongleur à cheval français, est invité également par le Roi pour divertir la Cour, puis se produit à Lyon, Beaucaire et Marseille.
L’Amphithéâtre AnglaisEn 1782, Philip Astley et son fils John, s’installent dans un manège à Paris, rue Faubourg-du-Temple, pour six semaines. L’année suivante, ils font ériger, sur le même emplacement, l’Amphithéâtre Anglais, le premier établissement du genre construit en France.
Les Parisiens y découvrent, entre autres, un nouveau personnage, le Paillasse, interprété par Billy Saunders, qui popularisa la réplique devenue légendaire
Vôlez-vous jouer avec môa ?Ainsi Philip Astley venait de transformer le concept du spectacle équestre de ses prédécesseurs en celui du cirque moderne regroupant, dans le manège, différentes disciplines acrobatiques.
Le combat et la mort de MalboroughInspiré par le succès des écuyers anglais et de Balp, Antonio Franconi, une autre personnalité de grande envergure, qui fut danseur de corde, maître de combat et palefrenier, présente en 1784, dans son manège aux Brotteaux, à Lyon, un spectacle Le combat et la mort de Malborough. Avec cette pantomime, le spectacle de cirque, pour la première fois en France, vient de se théâtraliser.
À Rouen, Philip Astley dédouble sa troupe, la première, au manège Cauchoise, et la deuxième dans la salle ordinaire de la Comédie. Cette seconde unité, sans chevaux, anime un spectacle précurseur du concept du cirque variétés, dont le général Jocko est la nouvelle étoile. À cette occasion, sont évoquées, les célébrités animales qui brillèrent précédemment dans les théâtres de la Foire.
portrait d’Antonio Franconi –
le Cirque en France au XVIIIe siècleAu château de FontainebleauLes Astley, père et fils, se produisent ensuite au château de Fontainebleau devant le Roi Louis XVI, la Reine Marie-Antoinette, leurs enfants et six cent invités de marque, dans un amphithéâtre spécialement aménagée pour la circonstance. Après un séjour à Londres, ils s’installent à Bordeaux, à l’hôtel des Fiacres, puis laissent la place à Antonio Franconi.
À la réouverture de son amphithéâtre parisien, Philip Astley a la mauvaise surprise de voir ses représentations interrompues par la police après une plainte de son principal concurrent Nicolet l’accusant de porter ombrage à son privilège de spectacle acrobatique. Il a alors l’idée de faire travailler ses acrobates sur un plancher soutenus par huit chevaux, contournant ainsi la législation et mettant les rieurs de son côté.
Astley part ensuite avec sa troupe à Amiens, à Bruxelles et Londres. Pendant ce temps, Antonio Franconi s’impose à Rouen, au Cirque de la rue Duguay Trouin, avec dans sa troupe Benoist Guerre, tandis que d’autres artistes équestres comme les frères Colman sillonnent les routes de France.
Lors de la rentrée parisienne fin septembre 1788, Philip Astley laisse la direction à son fils John qui engage la troupe d’Antonio Franconi.
Le temps d’une RévolutionSuite aux nombreux évènements révolutionnaires de 1789, les Astley, père et fils, restent prudemment en Angleterre. À Paris, de nombreuses entreprises de spectacle ferment leurs portes, ce qui n’empêche pas Antonio Franconi de donner des représentations à Rouen, à Nantes en septembre, et à Bordeaux, en novembre et décembre 1790. Il s’installe, à nouveau, au Théâtre de Nantes, tandis que Philip Astley loue son amphithéâtre au magicien Palatini à la tête de son Académie de chevaux russes et anglais.
L’année suivante, Franconi donne, à nouveau, des représentations dans l’amphithéâtre parisien d’Astley, ensuite à Amiens, puis de retour dans la capitale, il met à l’affiche une nouvelle pantomime, intitulée Nicodème dans la lune avec son cheval, et quelques jours plus tard, Don Quichotte, faisant ainsi entrer la littérature de plein pied dans le manège…
Nonobstant la terreur des révolutionnaires, Franconi investit à nouveau l’amphithéâtre d’Astley en 1793 qu’il dénomme Amphithéâtre National. La Révolution n’en finit pas, et l’année suivante, il en est réduit à louer ses chevaux pour l’Opéra Comique ou pour les fêtes citoyennes. En 1895, Benoît Guerre occupe le manège Laquerrière à Bordeaux, avec dans sa troupe Anselme-Pierre Loyal et le comique Fourreau.
Rognolet et Passe-CarreauPour la rentrée parisienne d’automne, l’amphithéâtre parisien d’Astley s’intitule
Amphithéâtre d’exercices d’équitation et de voltiges de Franconi, cette nouvelle dénomination ne signifiant pas pour autant un changement de propriétaire. Enfin, une nouvelle scène comique
Rognolet et Passe-Carreau est ajoutée au répertoire et obtient un énorme succès.
Malgré l’avènement du Directoire, les établissements de spectacles ont beaucoup de mal à subsister, ce qui n’empêche pas Jean-Baptiste Chemin de faire construire, rue Dugay-Trouin, le premier véritable cirque rouennais, tandis que des troupes comme celles de Roussi présentent, dans les foires, des spectacles de cirque variétés. Dans les grandes villes, des jardins d’agréments s’implantent, comme à Paris, le Tivoli, avec de nombreux artistes comme le danseur sur fil d’Archal Lazzari, la Malaga, ou le funambule Cabanel.
Au parc Monceau, un autre parc attractif de la capitale, André-Jacques Garnerin fait sensation en effectuant pour la première fois un saut en parachute. Ainsi, ce téméraire casse-cou s’impose comme le pionnier d’une nouvelle discipline qui sera inscrite aux programmes de certains cirques et hippodromes.
À cheval en ballonNous retrouvons Antonio Franconi et ses fils Laurent et Henri, à Rouen, pendant l’été 1798, tandis que Pierre Testu Brissy, s’envole à bord d’un ballon en chevauchant sa monture. Ce dernier vient de créer une nouvelle discipline du cirque, le cheval aéronaute. En décembre, Henri Franconi participe à la pantomime en trois actes intitulée
La fille hussard, au Théâtre de la Cité.
L’année suivante, la famille Franconi anime dans ce même théâtre de nombreuses pantomimes équestres conçues par Cuvelier de Trye, puis retournent à Rouen pour la saison d’été.
L’ascension de Pierre Testu Brissy –
le Cirque en France au XVIIIe siècleEn cette fin de siècle, après le coup d’état de Napoléon, les Franconi sont engagés, à nouveau, au Théâtre de la Cité dans de nombreux spectacles, tels Les chevaux savans (sic) avec, en vedette, le cheval Tigre au milieu de fumées et de feux d’artifices. La famille Franconi est prête maintenant à donner ses lettres de noblesse au Cirque pour le nouveau siècle qui s’annonce…
Sources Le Cirque en France au XVIIIe siècle – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes.
Merci à Dominique Denis
http://www.circus-parade.com/