Nombre de messages : 26303 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: 09 janvier 1709: Météo Mer 9 Jan - 16:10
Le grand hiver de 1709 Le froid est excessif, à ne pas sortir
le vin gèle à Versailles
Se chauffer à Versailles, mission impossible ?
Sous l’Ancien Régime, de quels systèmes de chauffage disposait-on pour chauffer le château de Versailles ?
Cet hiver où le vin gelait dans les verres
A Versailles, les cheminées, mal conçues, ne parviennent pas à réchauffer les appartements royaux.
Des domestiques indiquent dans leurs mémoires que « le vin du roi gelait dans les carafes » et que « celui-ci l’exposait à la chaleur des flammes pour en boire »
Louis XIV renonce un temps à ses sorties quotidiennes et demeure cloîtré dans l’intimité de ses logements.
Pour le monarque qui adore la vie au grand air, le supplice est affreux. Son petit-fils, le duc de Berry, n’a pas la sagesse de l’imiter.
Malgré les rigueurs de l’hiver, il part chasser dans la forêt de Versailles.
L’un de ses valets, porteur des fusils royaux, revient au palais les doigts en si mauvais état qu’il faut l’amputer d’urgence...
voir l'article complet ci dessous posté par le marquis de Meuse
Les populations les plus humbles sont les grandes victimes de la catastrophe.
Chaque matin, dans les rues de la capitale, des dizaines de corps sans vie sont retrouvées, pris par le gel.
Dans les chaumières de campagne, souvent mal protégées, les températures ne dépassent pas -10°c.
A ce régime, les plus faibles ne survivent pas une semaine.
Au mois de Mai, il gèlait encore ...
Artiche tiré de www.lenouvelliste.ch - 24 février 2009 - PASCAL FLEURY
Il y a trois cents ans, l'hiver le plus glacial de ces cinq derniers siècles a fait plus d'un million de morts.
Aujourd'hui, malgré le réchauffement, un nouveau Grand hiver ne peut être exclu.
«L'hiver avait été terrible... les élixirs les plus forts, et les liqueurs les plus spiritueuses cassèrent leurs bouteilles dans les armoires de chambres à feu, dans plusieurs appartements du château de Versailles; et soupant chez le duc de Villeroy, dans sa petite chambre à coucher, les glaçons tombaient dans nos verres», raconte le duc de Saint-Simon.
Le froid était tel qu'«on ne pouvait couper le pain à manger avec le couteau, mais seulement à coup de poignard ou à coup de hache», renchérit le curé des Esseintes, en Bordelais.
C'était le Grand hiver, en 1709.
La pire saison de ces 500 dernières années en Europe, et la plus glaciale du millénaire après 1364.
Alors que nous subissons une saison hivernale plutôt rigoureuse, après plusieurs hivers agréablement cléments, un regard vers le passé nous amène à relativiser.
En fait, l'hiver 1708-1709 avait été des plus dramatiques.
Balayé par sept vagues de gel consécutives entre octobre et mars, il s'était montré particulièrement violent en janvier.
« Pendant dix-huit jours consécutifs, le thermomètre est resté au-dessous de -10 degrés, à quelques dizièmes de degré près», souligne l'historien Marcel Lachiver, dans «Les années de misère»
Lac et rivières gelés
La vague de froid polaire se propagea dès le 6 janvier 1709 à travers toute l'Europe, touchant en particulier la France, mal préparée à pareille froidure
« La vague venait directement du nord, peut-être aussi de l'est. Elle avançait à 40 km/h, dans l'axe de la vallée du Rhône », raconte le professeur Christian Pfister de l'Université de Berne, auteur de plusieurs études 2 sur les variations climatiques à travers l'histoire, et qui se penche actuellement sur les secrets de la période encore peu connue de 1000 à 1500.
En deux ou trois jours, la plupart des lacs et des rivières ont gelé.
A Paris
La Seine est prise par les glaces et il faut aménager un chenal pour que les bateaux puissent à nouveau circuler à travers la ville.
Le Rhin et le Rhône gèlent en partie, de même que les côtes de l'Atlantique.
En Suisse, des «voitures chargées» traversent le lac de Zurich.
A Marseille
Le Père Laval note que la mer «s'est gelée dans toute l'étendue du port, le thermomètre étant à 51 pouces 5 lignes», soit -4,2 degrés.
Il descendra jusqu'à -11°
La mer se fige aussi sur les côtes de Gênes.
Les arbres se fendent, les oiseaux tombent d'épuisement, les loups rôdent près des villages.
En ce mois de Décembre de 1708, des températures particulièrement clémentes adoucissent quelque peu l’existence bien difficile des Français.
A Paris
Le thermomètre indique 10°c.
Pour la saison, cette situation est inhabituelle, presque troublante….
L’hiver aurait-il décidé de laisser le royaume épuisé en paix ?
La catastrophe, que personne n’a su prévoir (La météorologie moderne n’est pas encore née à l’époque), se produit dans la nuit du 5 au 6 Janvier 1709.
Une terrible vague de froid, inconnue jusqu’alors de mémoire d’homme, recouvre le pays.
A Paris
Les températures s’effondrent en quelques heures: on relève sous abri -30°c.
A Montpellier
Il fait -17°c
à Bordeaux
-20°c
La Seine est rapidement prise par la glace, toute la navigation fluviale est interrompue jusqu’à Rouen.
Sur le littoral, par endroit, la mer se pétrifie.
Dans les campagnes, le désastre est complet.
Les sols gèlent sur plusieurs dizaines de centimètres en profondeur.
Les semailles de l’automne sont perdues, il n’y aura pas de récolte pour l’année.
Les arbres fruitiers, les pieds de vigne pourrissent sur place.
En forêt, le froid est tel que l’écorce des chênes les plus puissants éclate dans des craquements lugubres.
Des témoignages rapportent que « les corbeaux gelaient en plein vol », que « les troncs se fendaient en deux comme sous la hache du bûcheron »
La population est prise au dépourvu.
Du plus riche au plus misérable, le froid n’épargne personne.
Les populations les plus humbles sont les grandes victimes de la catastrophe.
Chaque matin, dans les rues de la capitale, des dizaines de corps sans vie sont retrouvées, pris par le gel.
Dans les chaumières de campagne, souvent mal protégées, les températures ne dépassent pas -10°c.
A ce régime, les plus faibles ne survivent pas une semaine.
Au mois de Mai, il gèle encore.
Même les plus anciens n’avaient vécu pareil évènement.
Avec la venue de l’été, le climat se radoucit.
Mais ceux qui ont survécu à l’hiver ne sont pourtant pas au bout de leurs souffrances.
Le réchauffement brutal de la saison provoque les pires inondations du siècle. La Seine entre en crue.
Ses flots impétueux emportent dans leur course de nombreuses embarcations qui se fracassent violemment contre les piliers des ponts.
La situation des paysans est désespérée: le froid a anéanti toutes les récoltes.
Les prix du pain grimpent en flèche, une atroce famine gagne les provinces du royaume.
Des témoins rapportent que les plus démunis en sont réduits à consommer de l’herbe, des racines ou des plantes.
Comme souvent en ces moments là, la maladie s’attaque aux organismes affaiblis et mal en point.
Des épidémies de fièvre, de typhus, de paludisme, de variole emportent des milliers de personnes.
Les vieillards et les enfants payent un lourd tribut aux infections.
Un peu partout des troubles se produisent.
Des bandes de paysans affamés s’attaquent aux convois de blé, aux boulangeries où ils espèrent trouver du pain.
Louis XIV s’inquiète de la situation : les désordres menacent de s’étendre à l’ensemble du royaume si rien n’est fait.
A Paris
Il fait distribuer gratuitement des vivres.
En province, il ordonne que les prix du pain soient bloqués afin que chacun puisse s’en procurer.
Il demande même à ce que sa vaisselle en or soit fondue au profit des plus malheureux.
Quelques courtisans imitent son geste.
Les conséquences du grand hiver de 1709 sont incalculables.
En certaines régions, dix années entières sont nécessaires pour remplacer les vignes et les arbres fruitiers qui n’ont pas survécu à la catastrophe.
Il faut reconstituer des forêts emportées par le gel.
L’action meurtrière du froid, de la famine et des épidémies est responsable de la mort de près d’un million de personnes, en majorité de jeunes enfants.
Messages initialement postés par M de Noisy et Marquis de Meuse en 2009
Allez plus loin sur ce sujet: Lire cet article Incidences climatiques sous l'ancien régime Lire l'article sur la famine de 1709
Vue nos températures actuelles en ce mois de février 2012, c'est une histoire qui recommence vers un grand hiver 2012 ...
Le secours du potage, à Paris, pendant la famine de 1709. Dessin de Sellier, d’après une estampe du dix-huitième siècle