On sait que beaucoup de pamphlets lancés contre la Reine Marie-Antoinette étaient imprimés en Angleterre. Il est intéressant de se rappeler que l'Angleterre institua très tôt la pratique des fausses nouvelles.
Cela dit, ce n’est pas tant l’invention de l’imprimerie que l’élargissement du public grâce à la banalisation de l’apprentissage de la lecture qui provoque une première explosion des fausses nouvelles. Au XVIIIe siècle, Londres compte ainsi dix quotidiens, huit trihebdomadaires et neuf hebdomadaires. Au sein de leurs rédactions, les paragraph men se spécialisent dans les nouvelles d’un paragraphe, d’où leur nom : des contenus lapidaires, particulièrement utiles pour boucher in extremis les trous de composition dans le numéro du jour. Que leurs « sources » se résument le plus souvent à des ragots de tavernes et deux journaux n’empêchent pas deux de ces ancêtres des tabloïds de s’illustrer, le Morning Herald, du révérend Henry Bate et le Morning Post du révérend William Jackson, respectivement surnommés Révérend Cogneur et Docteur Vipère en raison de la méchanceté de leurs articles.
C’est au premier que revient le triste privilège d’avoir lancé en 1772 la première rumeur sur l’infidélité de Marie-Antoinette, accusée d’avoir eu une aventure avec un gigolo anglais. Entièrement inventée, la rumeur franchit la Manche et circule en France. Censure royale oblige, c’est le règne du système D : on laisse traîner dans les cafés ou sur les bancs des sortes de gazettes manuscrites, recopiées de proche en proche, comme le Gazetier cuirassé ou la Chronique scandaleuse.
https://blog.francetvinfo.fr/deja-vu/2019/01/15/fakes-news-et-vieilles-techniques.html
Il est effectivement essentiel de recadrer la situation de l'époque et de garder à l'esprit que beaucoup de calomnies lancées contre la Reine Marie-Antoinette venaient d'Outre-Manche, afin de ne pas les prendre pour argent comptant, telle celle qui prétendait que le Dauphin Louis-Charles était le fruit des oeuvres du Comte de Fersen.
Bien à vous
madame antoine
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Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)