Anne d'AutricheAna von Habsburg
Nom de naissance: Ana María Mauricia de Austria y Austria (Ana de Austria) (Ana María Mauritia von Habsburg)
Son nom espagnol complet est
Ana Ana María Mauricia de Austria y Austria (maison de Habsbourg).
Elle tient ses noms de son père Philippe III (de son nom de naissance,
Felipe de Austria y Austria) et de sa mère Marguerite d’Autriche-Styrie (à sa naissance,
Margarita de Austria-Estiria L’utilisation de la forme francisée «
Anne d’Autriche »
De la même manière, son nom complet serait en français
Anne Marie Mauricia d’Autriche.
Dynastie: Maison de Habsbourg
infante d’Espagne
infante du Portugal
archiduchesse d’Autriche
princesse de Bourgogne
princesse des Pays-Bas
Reine de France et reine consort de Navarreen tant qu’épouse de Louis XIII
21 novembre 1615 – 14 mai 1643
(27 ans, 5 mois et 23 jours)
puis
Régente du royaume de France
pendant la minorité de son fils
18 mai 1643 – 7 septembre 1651
(8 ans, 3 mois et 30 jours)
Née le 22 septembre 1601 à Valladolid en Espagne
Décédée le 20 janvier 1666 à Paris à l'âge de 64 ans d’un cancer du sein
Sépulture: Nécropole Royale de Saint-Denis
Père: Philippe III (1578-1621), roi d’Espagne (1598-1621) (et autres terres)
Mère: l’archiduchesse Marguerite d'Autriche-Styrie (1584-1611)
Conjoint: Louis XIII de France
Enfants Louis Dieudonné (futur Louis XIV, le « roi Soleil »)
Philippe, duc d’Orléans (Monsieur)
La régente Anne d'Autriche et ses deux fils par Champaigne
Portraits d'Anne d'Autriche et ses fils
Louis XIV au centre et Philippe duc d'Anjou à droite
par Justus van Egmont - Chateau de Balleroy, Normandie Résidences: Palais-Royal
Palais du Louvre
Palais des Tuileries
Château Neuf de Saint-Germain-en-Laye
Filleule: Anna de Gonzague, dame du Raincy 1616-1684
Filleule: Anne d'Albert 1624-1672
Filleule: Isabelle Anne de Vicq 1627-1638
Filleule: Anne de Melun 1631-1679
Filleule: Anne-Marie d'Orléans, duchesse de Montpensier 1627-1693
Filleule: Jeanne Baptiste de Beauvais 1637-1663
Filleul: Louis Ier, prince de Monaco 1642-1701
Filleul: Louis Victor de Rochechouart, duc de Mortemart 1636-1688
Filleul: Anne Louis Jules Malon de Bercy, chevalier 1643-1706
Filleule: Louise Anne de Béthune 1641-1666
Filleul: Louis François du Bouchet, marquis de Sourches 1645-1716
Filleul: Louis de La Porte 1646
Filleule: Anne de Souvré, marquise de Courtanvaux 1646-1715
Filleul: Louis Maresse, seigneur de Saint-Maurice 1650-1717
Filleul: Louis de Rohan-Chabot, duc de Rohan 1652-1727
Filleul: Philippe Le Jumel, baron de Lisores 1636
Filleul: Louis-Joseph de Bourbon, duc de Vendôme 1654-1712
Filleul: Louis Anne de Lenoncourt 1655-1665
Filleul: Luigi-Tommaso di Savoia-Carignano, comte de Soissons 1657-1702
Filleul: Anne Louis Jourdan de la Salle 1659
Filleule: Anne Louise Frotier de La Messelière 1659-1718
Filleul: Louis-Armand Ier de Bourbon-Conti, prince de Conti 1661-1685
Filleul: Louis Joseph de Comminges, marquis de Vervins 1664-1704
Filleul: Louis Boesset 1664
Filleul: Louis Charles de La Tour d'Auvergne, prince de Turenne 1664-1692
1624: Témoin au mariage de Jacques, seigneur de Broc 1597-1651 et de Marguerite de Bourdeilles 1607-1651/
1641: Témoin au mariage de Louis II de Bourbon-Condé, duc de Bourbon 1621-1686 et de Claire Clémence de Maillé, marquise de Brézé 1628-1694
1643: Témoin au mariage de Pierre de Bessac, seigneur de Varennes +1678 et de Anne Andrieux 1623-1655/
1645: Témoin au mariage de Louis de Saumaise, chevalier 1620 et de Françoise de La Vergne
1645: Témoin au mariage de Charles de Souvré, seigneur de La Chapelle +1646 et de Marguerite Barentin 1625-1704
1649: Témoin au mariage de Louis de Lorraine, duc de Joyeuse 1622-1654 et de Marie-Françoise, duchesse d'Angoulême 1631-1696
1654: Témoin au mariage de Ferdinand Maximilian, Margrave de Baden-Baden 1625-1669 et de Ludovica, princesse de Savoie Carignan 1627-1689
1654: Témoin au mariage de Armand de Bourbon-Conti, prince de Conti 1629-1666 et de Anne-Marie Martinozzi 1637-1672
1655: Témoin au mariage de Alfonso IV d'Este, duc de Modène 1634-1662 et de Laura Martinozzi, duchesse de Modène 1639-1687
1661: Témoin au mariage de Jean-Louis d'Arpajon 1632-1669 et de Charlotte de Vernou, dame de La Rivière 1638-1692
1663: Témoin au mariage de Jean-François de La Baume Le Blanc, marquis de La Vallière 1642-1676 et de Gabrielle Glé, marquise de La Vallière 1648-1707
EnfancePortrait d'Anne infante d'Espagne [i]par Juan Pantoja de la Cruz[/i]
Portrait d'Anne infante d'Espagne et de son frère Felipe IV par Juan Pantoja de la CruzAnne est l’aînée du couple royal espagnol
Contrairement à l’usage du temps qui prônait une séparation des enfants de leurs parents, Anne mène une vie calme et ordonnée, entourée de l’affection de sa famille (
Ruth Kleinman, Anne d'Autriche, Fayard, 1993, p. 26)
Elle grandit au palais royal de l’Alcázar à Madrid où ses parents, très pieux, lui donnent une forte éducation religieuse.
La jeune Anne visite des couvents et passe des journées entières penchée sur des reliques.
Elle s’attache à ses frères et sœurs et plus particulièrement à Philippe (futur Philippe IV d’Espagne) et à Marie-Anne.
Mais la famille royale espagnole subit un drame en 1611: la reine Marguerite meurt subitement à l’âge de 27 ans en mettant au monde son huitième enfant.
Malgré son chagrin, la jeune infante s’occupe de ses frères et sœurs, qui l’appellent « Maman »
Elle peut tout de même se reposer sur l’attention que lui porte le roi, son père.(
Philippe Alexandre et Béatrix de l’Aulnoit, Pour mon fils, Pour mon Roi)
Enfance
Anne est l’aînée du couple royal espagnol.
Contrairement à l’usage du temps qui prônait une séparation des enfants de leurs parents, Anne mène une vie calme et ordonnée, entourée de l’affection de sa famille
(Ruth Kleinman, Anne d'Autriche, Fayard, 1993, p. 26)Elle grandit au palais royal de l’Alcázar à Madrid où ses parents, très pieux, lui donnent une forte éducation religieuse.
La jeune Anne visite des couvents et passe des journées entières penchée sur des reliques.
Elle s’attache à ses frères et sœurs et plus particulièrement à Philippe (futur Philippe IV d’Espagne) et à Marie-Anne.
Mais la famille royale espagnole subit un drame en 1611: la reine Marguerite meurt subitement à l’âge de 27 ans en mettant au monde son huitième enfant.
Malgré son chagrin, la jeune infante s’occupe de ses frères et sœurs, qui l’appellent « Maman »
Elle peut tout de même se reposer sur l’attention que lui porte le roi, son père
( Philippe Alexandre et Béatrix de l’Aulnoit, Pour mon fils, Pour mon Roi)Un mariage politique
La Cour espagnole prend l'initiative de proposer le double mariage franco-espagnol
(François Tommy Perrens, Les mariages espagnols sous le règne de Henri IV et la régence de Maris de Médicis, 1869, p. 261-262)Henri IV, considérant les Habsbourg comme les ennemis héréditaires du royaume de France, tergiverse et songe plutôt à marier son héritier à Nicole de Lorraine, héritière des duchés de Lorraine et de Bar, ce qui donnerait naturellement pour frontières à la France le massif vosgien (sans parler de la riche production de sel)
Mais à sa mort, sa veuve, Marie de Médicis, soutenue par le parti dévot, assume un retournement de politique, faisant de l'alliance espagnole un gage de paix entre les deux grandes puissances catholiques.
De son côté Philippe III espère que la présence de sa fille à la Cour de France peut constituer un atout pour soutenir les intérêts de l'Espagne et donne à sa fille des instructions secrètes
(Simone Bertière, Les deux régentes, série Les Reines de France, Éditions du Fallois, p. 156)Fiancée à l'âge de dix ans, Anne épouse par procuration le 18 octobre 1615 à Burgos, Louis XIII, roi de France et de Navarre; lors de cette cérémonie, Louis XIII est représenté par le duc de Lerme.
Le même jour, à Bordeaux, Élisabeth, sœur de Louis XIII, épouse par procuration l'infant Philippe, représenté par le duc de Guise.
Les princesses ont ensuite été « échangées » sur l'île des Faisans, située sur la Bidassoa, près d'Hendaye.
Le véritable mariage en France d'Anne d'Autriche et Louis XIII est célébré à Bordeaux le 21 novembre suivant
(Aimé Bonnefin, La monarchie française : 987-1789, France-Empire, 1987, p. 301)Bien que les jeunes mariés n'aient que quatorze ans, Marie de Médicis, alors régente, ne veut pas qu'on puisse remettre en question cette union et s'ingénie à ce que ce mariage soit immédiatement consommé, pour des raisons politiques.
Cependant, du fait de l'inexpérience des mariés la nuit de noces semble s'être assez mal passée
(Certains historiens doutent de cette version qui ne leur semble avoir été montée que pour éviter d'ultérieures contestations sur la légitimité du mariage de la part des opposants en France (Prince de Condé, chefs huguenots))Le jeune roi, ayant vécu cette nuit comme une véritable humiliation, en garda longtemps rancune à sa mère, et n'entretint plus avec son épouse de rapports charnels pendant les quatre années suivantes (
Secrets d'histoire intitulée
Anne d’Autriche, la mystérieuse mère du Roi Soleil https://youtu.be/zI0gtdTAcB4, diffusée le 25 août 2010 sur France 2), lui rendant néanmoins visite matin et soir, comme le voulait la coutume de l'époque
(Jean-Christian Petitfils, Louis XIII, Perrin, p. 227)Anne d'Autriche en costume de sacre (portrait des années 1620)L'épouse espagnole
Installée dans les appartements du Louvre avec sa suite, Anne d'Autriche, délaissée reçoit cependant tous les égards dus à son rang.
D'une part, Marie de Médicis continue à porter avec hauteur le titre de reine de France, sans la moindre déférence à l'égard de sa belle-fille
D'autre part, Louis XIII continue de se désintéresser d'elle, bien qu'elle soit considérée comme une belle femme.
Le roi, de nature complexe, est timide, ce qui l'empêche de s'accorder avec elle.
Entourée par une petite cour peuplée d'une centaine de dames espagnoles, elle continue à vivre à la mode espagnole et son français est encore très hésitant.
Anne éprouve ainsi des difficultés à communiquer avec sa nouvelle famille.
Enfin, Anne d'Autriche partage avec son époux une timidité et une inexpérience qui n'arrangent pas la situation.
L'assassinat de Concini et le coup d'État de Louis XIII contre sa mère en 1617 font évoluer cette situation.
Conscient du problème diplomatique et dynastique que cause l'indifférence du roi à l'égard de la reine, le duc de Luynes, nouveau favori, tente d'y remédier.
Tout d'abord, il fait chasser la cour espagnole d'Anne d'Autriche et remplacer les dame d'atours espagnoles par des françaises.
La comtesse Inés de la Torre, Première dame d'honneur est remplacée par Marie de Rohan, la propre femme du duc de Luynes (la future duchesse de Chevreuse), surintendante de la Maison de la Reine.
On trouve également dans son entourage la princesse de Conti, Madame du Vernet
(une sœur de Luynes et Gabrielle-Angélique de Verneuil, la fille d'Henri IV et d'Henriette d'Entragues)Le duc organise des rendez-vous intimes entre Anne et le roi.
Sous l'influence de M
me de Luynes, la reine commence à s'habiller et à se comporter comme une française.
On lui fait porter des décolletés.
Elle ne portait jusque-là que des robes espagnoles ne laissant voir aucune partie du corps.
On considérait d'ailleurs Anne comme trop rigide et trop prude.
Au printemps 1619, Luynes finit par forcer le roi à coucher avec la reine
À partir de ce moment, les relations entre Anne et Louis XIII ne cessent de s'améliorer et Louis reste longuement à son chevet lors de sa grave maladie en janvier 1620.
Toutefois, Anne n'est pas admise au Conseil, alors que la reine mère y siège, la privant de tout rôle politique, contrariant les volontés de son père
Anne d'Autriche montant à cheval, par Jean de Saint-Igny, Versailles
La mésentente
Sous l'influence de la duchesse de Chevreuse
La lune de miel dure peu
La mésentente s'installe à nouveau entre les souverains.
Tout d'abord, Anne fait plusieurs fausses couches, mécontentant le roi.
Anne d'Autriche peinte par Rubens en 1622, musée du PradoLe 14 mars 1622, alors qu'elle joue avec ses dames d'atours dans les galeries du Louvre mal éclairées, Anne bute contre une estrade et fait une fausse couche.
Louis XIII est furieux contre elle, mais plus encore contre M
me de Luynes impardonnable à ses yeux d'avoir entraîné la reine enceinte dans une telle imprudence
À partir de cette époque, le roi supporte de plus en plus mal l'influence déplorable que M
me de Luynes exerce sur son épouse.
L'antipathie de la duchesse pour le roi est réciproque et lourde de conséquences pour le couple royal.
La situation se détériore d'autant plus que le duc de Luynes, responsable de l'entente conjugale, est mort l'année précédente et que le roi est accaparé par la guerre contre les protestants.
Le roi écarte pour un temps Marie de Rohan en lui retirant les fonctions de surintendante auprès de la reine.
Mais son remariage avec le duc de Chevreuse, un membre de la puissante Maison de Lorraine, la rend intouchable.
Anne continue de fréquenter la duchesse ou à correspondre avec elle lorsqu'elle en est réduite à l'exil.
La duchesse qui n'aime pas le roi exerce une influence pernicieuse sur Anne
Jeton dont l’avers est à l’effigie d’Anne d’Autriche et le revers à celle de Louis XIV, années 1643-1646
L'affaire Buckingham
En 1625, une alliance matrimoniale est conclue entre la France et l'Angleterre.
Le 11 mai Henriette, sœur de Louis XIII, épouse par procuration le nouveau roi d'Angleterre Charles I
erLe duc de Buckingham, favori du feu roi, est chargé d'escorter la princesse.
Selon l'usage, la Cour de France accompagne Henriette jusqu'à la frontière.
Anne d'Autriche est du voyage ainsi que la reine mère (Louis XIII est resté à Paris)
C'est au cours de ce voyage que Buckingham fait une cour pressante à Anne.
À l'étape d'Amiens le 14 juin 1625, l'amie de la reine la duchesse de Chevreuse s'arrange pour isoler dans le jardin de l'archevêché Anne et Buckingham du reste de la Cour.
Selon les
Mémoires de Pierre de la Porte, valet de chambre de la reine, le duc se montre entreprenant, Anne pousse un cri. Selon les
Historiettes de Tallemant des Réaux, le duc « culbuta la reine et lui écorcha les cuisses »
La suite royale accourt alors que Buckingham s'éclipse.
Finalement le 22 juin 1625, le duc de Buckingham embarque à Boulogne avec la jeune épouse du roi Charles
(Michel Duchein, Le duc de Buckingham, Fayard, 2001, p. 167)L'incident d'Amiens fait le tour des Cours européennes et touche fatalement l'amour-propre de Louis XIII, alors que les relations conjugales du couple sont déjà tendues. Buckingham se voit interdire le sol français.
Plus tard, La Rochefoucauld invente dans ses mémoires cette histoire de ferrets offerts au duc, laquelle sera reprise par Alexandre Dumas dans
Les Trois Mousquetaires L'adversaire de Richelieu
Des époux profondément brouillés
La mésentente perdure entre les souverains.
En effet, l'absence d'héritier direct après seize ans de mariage constitue la première des raisons de mésentente et fragilise la dynastie, car la reine mère Marie de Médicis ou le frère du roi Gaston de France, héritier présomptif, échafaudent des intrigues à l'intérieur ou à l'extérieur du royaume.
De plus, la présence, au plus près du roi, de son ministre Richelieu, acteur de la lutte contre la maison d'Autriche, constitue une autre raison.
Or si celle-ci n'a pas d'influence politique (elle ne participe pas au Grand Conseil), elle n'en reste pas moins proche de sa famille espagnole et ressent une hostilité vis-à-vis du ministre qu'elle partage avec le parti dévot et les Grands du royaume.
Toujours sous l'influence de la duchesse de Chevreuse, la reine se laisse entraîner dans l'opposition, défiant la politique absolutiste du cardinal de Richelieu, nouveau Premier ministre du roi à partir de 1624
La duchesse de Chevreuse la compromet dans plusieurs complots contre celui-ci.
Plusieurs rumeurs de trahison visent la reine, mais sans réel élément à charge, notamment concernant sa participation aux conspirations de Chalais, puis de Cinq-Mars
La Reine entre deux feux
En 1635, la France déclare la guerre à l'Espagne, plaçant Anne d'Autriche dans une position encore plus délicate.
En effet, la correspondance secrète qu'elle entretient avec le roi d'Espagne Philippe IV, son frère, va au-delà des nécessités de la simple affection fraternelle.
Portrait par Ferdinand Elle le Jeune en 1636 Deux ans plus tard, en août 1637, Anne est suspectée.
Sur l'ordre de Louis XIII, une enquête policière est menée sur les activités de la Reine.
On perquisitionne l'abbaye du Val-de-Grâce où Anne a l'habitude de se réfugier.
Comble de l'humiliation, Louis XIII l'oblige à signer des aveux concernant cette correspondance, et son courrier est désormais ouvert
Son entourage est épuré (la trop remuante duchesse de Chevreuse doit s'enfuir en Espagne) et ses sorties surveillées.
Une naissance tardive
Malgré ce climat de méfiance, la reine est enceinte peu après
(Le doute sur la paternité de Louis XIII intervient des années plus tard suite aux rumeurs et libelles sans fondement, alimentant les histoires romancées de Guy Breton. Les historiens modernes pensent que la profonde piété de la reine et la surveillance étroite dont elle fait alors l'objet n'accréditent pas cette thèse)Plusieurs mémorialistes attribuent ce rapprochement inespéré des deux époux à un orage providentiel qui, empêchant Louis XIII de rejoindre Saint-Maur, l'aurait forcé à passer la nuit chez la reine, au Louvre, mais la chronologie dément cette rumeur, puisqu'elle indique que le couple royal séjournait à Saint-Germain lors de la semaine du 23 au 30 novembre 1637 (semaine présumée de la conception de Louis XIV)
(Jean-Christian Petitfils, Louis XIV, Perrin, 1995, p. 24)D'autres attribuent cette naissance aux nombreux pèlerinages que la souveraine effectua à l'église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle dont elle avait elle-même posé la première pierre en avril 1628, sur l'emplacement d'une ancienne chapelle de l'Annonciation détruite par la Ligue en 1591.
Après deux (ou quatre) fausses couches, Louis Dieudonné naît le 5 septembre 1638, à Saint-Germain-en-Laye. Cependant, cette naissance, suivie de celle de son frère Philippe, ne suffit pas à rétablir la confiance entre les deux époux
La Régence
Les débuts
Richelieu meurt le 4 décembre 1642, suivi par Louis XIII le 14 mai 1643
Selon la tradition, Anne d'Autriche est nommée régente du royaume (le 18 mai 1643)
Anne d'Autriche en habits de veuve, par Charles de Steuben, Versailles
Portrait en pied d'Anne d'Autriche, reine de France (1610-1661) - représentée veuve et régente du royaume,
exerçant la charge de Grand-Maître, chef et Surintendant de la Navigation et du Commerce de France de 1646 à 1650, par Charles de Steuben
Pourtant, Louis XIII, qui n'avait aucune confiance en la reine et en son frère, a préalablement organisé auprès d'elle un Conseil de régence comprenant outre Monsieur Gaston de France et Henri de Condé en tant que premier prince de sang, assistés des ministres de Richelieu, Mazarin, Le Bouthiller, Chavigny et le chancelier Séguier.
Les décisions doivent être prises à la pluralité des votes.
Cinq jours après la mort de son mari, et avec l'aide du chancelier, Anne convoque le Parlement de Paris en lit de justice et fait casser le testament de Louis XIII, qui limitait ses prérogatives.
Les membres du Parlement en profitent pour stigmatiser l'absolutisme du règne précédent, augurant des révoltes futures de l'Institution.
La régente quitte alors les appartements incommodes du Louvre et s'installe au Palais-Cardinal, légué par Richelieu à Louis XIII, pour profiter du jardin où peuvent jouer le jeune Louis XIV et son frère.
Le Palais-Cardinal devient le Palais-Royal
À la stupéfaction générale, elle nomme le cardinal Mazarin, déjà présent dans le Conseil de régence, comme son principal ministre.
On la soupçonne d'ailleurs d'avoir ultérieurement contracté un mariage secret avec lui, sans qu'aucun élément probant ne soit jamais apporté
(Aucun document ne corrobore ce soupçon. En revanche les historiens se divisent sur la nature des relations entre le ministre et la reine: Claude Dulong croit à une relation charnelle, hypothèse que repoussent par exemple François Bluche ou Ruth Kleinmann. Philippe Delorme ajoute prudemment que l'on se trouve face à un océan d'incertitude)Anne écarte Le Bouthillier et son fils Chavigny, mais garde Séguier.
La faveur de Mazarin et la poursuite de la guerre contre l'Espagne engendrent des déceptions parmi les Grands du royaume.
Anne marque aussi une distance vis-à-vis de ses amies (la duchesse de Chevreuse, Marie de Hautefort) rentrées d'exil.
Une première cabale menée par le duc de Beaufort est matée par Mazarin.
Beaufort est envoyé en prison et ses comparses sont réduits à l'exil.
François de Bourbon-Vendôme, duc de Beaufort
Portrait anonyme, Paris, BnF, département des estampes, XVIIe siècleLa
Cabale des Importants, ou
conjuration des Importants, est le nom donné à un complot organisé dans les derniers jours d'août 1643
(Philippe Delorme, Anne d'Autriche, Pygmalion 1999, p.228) par François de Vendôme, duc de Beaufort, et Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, avec l’aide de nombreux « Grands » de l’époque.
(http://comteastarac.free.fr/fontrailles.html) Inexpérimentée, la Régente a l'intelligence de s'appuyer sur les avis de son ministre et de le soutenir.
Prenant conscience qu'elle se doit de laisser à son fils un royaume fort, elle adhère à la politique d'abaissement de la Maison d'Autriche que Mazarin poursuit sur les traces de Richelieu.
Mazarin prend également en charge l'éducation politique et militaire du jeune roi, Anne se réservant l'éducation religieuse et morale.
Les révoltes
Fronde (histoire)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fronde_(histoire)Face à la révolte du Parlement, Anne d'Autriche est tentée d'employer la force, mais Mazarin lui conseille la modération.
En janvier 1649, la reine mère et son fils quittent Paris pour Saint-Germain et laissent Condé investir la capitale.
L'apaisement obtenu par le traité de Saint-Germain est fragile et n'évite pas la révolte des princes, puis l'alliance des deux Frondes déclenchant une guerre civile perdurant jusqu'en 1652.
Durant ce long conflit, Anne d'Autriche accompagne son fils dans une vie itinérante, laissée aux hasards des campagnes.
Elle s'appuie sur Mazarin qu'elle soutient, y compris pendant les deux exils volontaires de ce dernier, et ceci malgré les humiliations et les pamphlets perfides qui l'atteignent personnellement.
Le 5 septembre 1651, Louis XIV atteint la majorité fixée à treize ans.
Deux jours plus tard devant le Parlement, Anne d'Autriche transmet officiellement les pouvoirs régaliens à son fils qui lui répond:
« Madame, je vous remercie du soin qu'il vous a plu de prendre de mon éducation et de l'administration de mon royaume. Je vous prie de continuer à me donner vos bons avis, et je désire qu'après moi vous soyez le chef de mon Conseil »Anne continue à siéger auprès du roi jusqu'à la mort de Mazarin en 1661
Dernier portrait d'Anne d'Autriche, par Nanteuil
Fin de vie
D'après Pierre Mignard, portrait d'Anne d'Autriche, vers 1660, musée Charles Friry, RemiremontMort d'Anne d'AutricheLa reine mère, atteinte d'un cancer du sein, s'éteint au Louvre à l'âge de 65 ans. Epouse de Louis XIII et sœur de Philippe III d'Espagne, Anne d'Autriche a assuré la régence aux côtés de Mazarin pendant la minorité de son fils Louis XIV. Lorsque ce dernier monte sur le trône de France, elle se retire vivre au Val-de-Grâce. Anne d'Autriche sera inhumée à la basilique Saint-Denis.
Au monastère du Val-de-Grâce ou de Notre-Dame-de-la-Crèche à Paris, décès d'Anne d'Autriche, reine douairière de France et de Navarre, née infante d'Espagne à Valladolid le 22 septembre 1601, la fille ainée du roi Philippe III d'Espagne et des Indes et de sa femme Marguerite d'Autriche-Styrie.
Mariée en 1614 au jeune roi Louis XIII de France et de Navarre, son ménage ne fût pas heureux. Elle se vit mélée aux principales intrigues de la Cour pendant le ministère de Richelieu.
En 1638, après presque 25 ans de mariage infructueux la reine accoucha d'un dauphin de France, le futur Louis XIV. Deux ans plus tard naquit Philippe de France, titré duc d'Anjou.
Elle devint régente du royaume en 1643 suivant la mort de Louis XIII et gouverna avec le cardinal Mazarin.
Entre 1648 et 1653 elle dût faire face à la Fronde se montrant courageuse et sagace.
En 1651, lors de la majorité du roi, elle laissa officiellement la régence mais continua de diriger son fils. En 1659, elle eut la satisfaction de rencontrer son frère le roi Philippe IV d'Espagne et des Indes lors de l'entrevue dans l'Île-des-Faisans sur le Bidasoa pour recevoir sa nièce Marie-Thérèse d'Autriche, qui allait épouser Louis XIV pour sceller la Paix des Pyrénées. Le roi prit les rênes du pouvoir lors de la mort de Mazarin en 1660. Depuis lors Anne d'Autriche s'effaça et finit par habiter à l'abbaye bénédictine de Val-de-Grâce, qu'elle avait fondé en 1645.
Elle mourut des suites d'un cancer du sein.
Fin de vieDernier portrait d'Anne d'Autriche, par Nanteuil.
D'après Pierre Mignard, portrait d'Anne d'Autriche, vers 1660, musée Charles Friry, Remiremont.
En 1661, après le décès de Mazarin, elle s'affirme comme le principal soutien de la Compagnie du Saint-Sacrement, et se retire régulièrement dans l'abbaye du Val-de-Grâce, bien que toujours tenue en vénération par son fils. D'ailleurs l'originalité de cette famille royale à cette époque réside dans l'adoration (excessive, pour des princes de cette époque) qu'ils se portent entre eux, renforcée par l'épreuve de la Fronde. En effet, Louis a conservé son trône grâce à sa mère et Mazarin, et il en est parfaitement conscient. Il leur voue donc une dévotion éternelle et un profond respect. De plus, Anne, contrairement à sa belle-mère envers Louis XIII, n'accapare pas le pouvoir. Lorsque son fils devient un homme, elle lui laisse l'entière responsabilité des affaires, avec l'aide de Mazarin. Elle n'avait plus le goût de la politique, et Louis XIV la remercie pour avoir su se retirer au bon moment.
Pourtant, elle continue à se préoccuper des mœurs de son fils aîné, et de la rapidité avec laquelle il délaisse son épouse. Il s'ensuit de grandes querelles entre Anne et Louis. Parfois, de moins en moins consultée, elle souffre également d'être peu écoutée par le roi. Cet éloignement est plus du fait d'un « fossé des générations », que d'un manque d'affection. Louis XIV dans la force de sa jeunesse, en dehors des affaires, ne pense qu'aux fêtes et aux plaisirs de toutes sortes, charnels, danse, théâtre… Tandis qu'Anne sentant sa fin arriver devient très pieuse. Elle aime aussi s'amuser, écouter la musique, apprécie la comédie (quand celle-ci n'entre pas en conflit avec la religion) et protège les arts. Malgré les brouilles, les liens entre Anne et ses deux fils sont toujours solides.
Anne, qui a toujours joui d'une bonne santé, est atteinte d'un cancer du sein à 64 ans et s'éteint le 20 janvier 1666. Le roi, qui attendait dans l'antichambre pendant l'agonie de sa mère, s'évanouit en l'apprenant.
Alors qu'un conseiller tente de réconforter Louis XIV en lui disant « Ce fut une grande Reine ! », Louis répond solennellement:
« Non monsieur, plus qu'une grande Reine, elle fut un grand Roi »21.
Les contemporains expriment également leur admiration, comme Mlle de Scudéry, auteur des vers suivants:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_de_Scud%C3%A9ry
Madeleine de ScudéryElle sut mépriser les caprices du sort,
Regarder sans horreur les horreurs de la mort,
Affermir un grand trône et le quitter sans peine
Et pour tout dire enfin, vivre et mourir en reine.(
Bibliothèque poétique [archive], vol. 2, Paris, Briasson, 1745, p. 483)
Dernier portrait d'Anne d'Autriche, par NanteuilPeu avant de mourir, elle demande expressément à ne se faire retirer que le cœur, qui est porté à la chapelle Sainte-Anne (nommée la « chapelle des cœurs » renfermant les cœurs embaumés de 45 rois et reines de France) de l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce.
En 1793, lors de la profanation de cette chapelle, l'architecte Louis-François Petit-Radel s'empare de l'urne reliquaire en vermeil contenant notamment le cœur d'Anne d'Autriche, le vend ou l'échange contre des tableaux à des peintres qui recherchaient la substance issue de l'embaumement ou « mummie » — très rare et hors de prix — alors réputée, une fois mêlée à de l'huile, pour donner un glacis incomparable aux tableaux.(
André Castelot, L'Histoire insolite, Paris, Perrin, 1982, 427 p. (ISBN 2-262-00248-7), p. 171)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_d%27Autriche_(1601-1666)
Alors qu'un conseiller tentait de réconforter Louis XIV de sa perte en lui disant
« Ce fut une grande Reine ! », Louis répondit solennellement:
« Non monsieur, plus qu'une grande Reine, elle fut un grand Roi »En 1661, après le décès de Mazarin, elle s'affirme comme le principal soutien de la Compagnie du Saint-Sacrement, et se retire régulièrement dans l'abbaye du Val-de-Grâce, bien que toujours tenue en vénération par son fils.
D'ailleurs l'originalité de cette famille royale à cette époque réside dans l'adoration
(excessive, pour des princes de cette époque) qu'ils se portent entre eux, renforcée par l'épreuve de la Fronde.
En effet, Louis a conservé son trône grâce à sa mère et Mazarin, et il en est parfaitement conscient.
Il leur voue donc une dévotion éternelle et un profond respect.
De plus, Anne, contrairement à sa belle-mère envers Louis XIII, n'accapare pas le pouvoir.
Lorsque son fils devient un homme, elle lui laisse l'entière responsabilité des affaires, avec l'aide de Mazarin.
Elle n'avait plus le goût de la politique, et Louis XIV la remercie pour avoir su se retirer au bon moment
Pourtant, elle continue à se préoccuper des mœurs de son fils aîné, et de la rapidité avec laquelle il délaisse son épouse.
Il s'ensuit de grandes querelles entre Anne et Louis.
Parfois, de moins en moins consultée, elle souffre également d'être peu écoutée par le roi.
Cet éloignement est plus du fait d'un « fossé des générations », que d'un manque d'affection.
Louis XIV dans la force de sa jeunesse, en dehors des affaires, ne pense qu'aux fêtes et aux plaisirs de toutes sortes, charnels, danse, théâtre…
Tandis qu'Anne sentant sa fin arriver devient très pieuse.
Elle aime aussi s'amuser, écouter la musique, apprécie la comédie (quand celle-ci n'entre pas en conflit avec la religion) et protège les arts.
Malgré les brouilles, les liens entre Anne et ses deux fils sont toujours solides.
Anne, qui a toujours joui d'une bonne santé, est atteinte d'un cancer du sein à 64 ans et s'éteint le 20 janvier 1666.
Le roi, qui attendait dans l'antichambre pendant l'agonie de sa mère, s'évanouit en l'apprenant.
Alors qu'un conseiller tente de réconforter Louis XIV en lui disant
« Ce fut une grande Reine ! », Louis répond solennellement:
« Non monsieur, plus qu'une grande Reine, elle fut un grand Roi » (Claude Dulong, Anne d'Autriche, Hachette, 1980, rééd. 2000 (ISBN 2-262-01601-1))Les contemporains expriment également leur admiration, comme M
lle de Scudéry, auteur des vers suivants:
Elle sut mépriser les caprices du sort,
Regarder sans horreur les horreurs de la mort,
Affermir un grand trône et le quitter sans peine
Et pour tout dire enfin, vivre et mourir en reine
(Bibliothèque poétique [https://books.google.fr/books?id=428_AAAAcAAJ&pg=PA483&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false], vol. 2, Paris, Briasson, 1745, p. 483)
Peu avant de mourir, elle demande expressément à ne se faire retirer que le cœur, qui est porté à la chapelle Sainte-Anne
(nommée la « chapelle des cœurs » renfermant les cœurs embaumés de 45 rois et reines de France) de l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce.
En 1793, lors de la profanation de cette chapelle, l'architecte Louis-François Petit-Radel s'empare de l'urne reliquaire en vermeil contenant notamment le cœur d'Anne d'Autriche, le vend ou l'échange contre des tableaux à des peintres qui recherchaient la substance issue de l'embaumement ou « mummie » — très rare et hors de prix — alors réputée, une fois mêlée à de l'huile, pour donner un glacis incomparable aux tableaux
(André Castelot, L'Histoire insolite, Paris, Perrin, 1982, 427 p. (ISBN 2-262-00248-7), p. 171)
http://le-bibliomane.blogspot.fr/2009/10/les-amours-danne-dautriche-epouse-de.html
Gravures par Nanteuil l'une vers 1660 et l'autre vers 1666