La leçon est que tout dirigeant finit par payer au prix fort sa faiblesse et son irrésolution
Triple portrait de Charles Ier, par Antoine van DyckAmis lecteurs, rappelez-vous, tout a commencé il y a tout juste un an : fin janvier 2017, nous avons raconté l’exécution de Louis XVI, un 21 janvier, celui de 1793. Ce récit a initié un an d’éphéméride. Avec cet article, la boucle est bouclée puisque nous parlons de l’exécution d’un autre roi, survenue également fin janvier. C’était en 1649, à Londres. Le supplicié est Charles Ier Stuart. Il vient de perdre la guerre qui l’opposait aux troupes des puritains protestants menés par Cromwell. Après sa capitulation, il a été jugé, condamné à mort et rapidement exécuté. La date du 30 janvier est celle du calendrier julien alors en vigueur en Angleterre (voir notre chronique du 5 octobre). L’adoption d’un nouveau calendrier par la Royaume-Uni au XVIIIe siècle n’a pas conduit à sa révision tellement elle est symboliquement forte.
Cromwell proclame la République (Commonwealth en anglais)
Dans la foulée, Cromwell proclame la République (Commonwealth en anglais), s’arroge le pouvoir et dirige le pays d’une main de fer jusqu’à sa mort en 1658. Son fils, supposé poursuivre l’expérience de cette dictature théocratique, doit renoncer au pouvoir en 1660 et céder la place à Charles II, le fils de Charles Ier.
Le destin tragique de Charles Ier a suscité bien des commentaires. Parmi ceux-ci, l’un des plus célèbres est celui de Turgot. On le trouve dans une lettre qu’il rédige le 12 mai 1776. Cette lettre est sa lettre de démission du poste de contrôleur général des finances. Il occupe cette fonction depuis presque deux ans. Deux ans de tentative de réformes audacieuses, qui se sont heurtées à l’opposition systématique non seulement des nobles, mais encore de tout ce que la France compte de rentiers, de corporations et d’agents publics. Turgot, amer, se permet d’ultimes conseils au Roi qui a fait appel à lui en 1774, au point que certains réclameront que son insolence soit châtiée par un séjour à la Bastille. Il écrit en particulier : “N'oubliez jamais, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles Ier sur un billot”. Est-il utile de préciser que le roi qui reçoit cette missive est… Louis XVI ? Sinistre et tristement prémonitoire rappel historique fait par Turgot !
“N'oubliez jamais, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles Ier sur un billot”. Est-il utile de préciser que le roi qui reçoit cette missive est… Louis XVI ? Sinistre et tristement prémonitoire rappel historique fait par Turgot !”
En fait, plus encore que les causes profondes de la défaite de Charles Ier, aujourd’hui bien oubliées, ce que la postérité a retenu de l’exécution du 30 janvier, c’est que tout dirigeant finit par payer au prix fort sa faiblesse et son irrésolution.
Hélas, bien d’autres exemples en la matière existent ; nous en croiserons quelques-uns dans les chroniques à venir, puisque nous voilà repartis pour un tour, une nouvelle boucle de dates à la fois remarquables et instructives.
Par Jean-Marc Daniel
https://www.lenouveleconomiste.fr/30-janvier-1649-execution-de-charles-ier-dangleterre-62353/