Samedi 02 février 1793(14 pluviôse an I)
Purif. de la Sainte Vierge
Chandeleur
Jean-Louis Balleydier
juge à Gex
Victime de la Révolution française
Avocat à Bourg en Bresse, juge au tribunal de Gex
Administrateur du Directoire du département de l'Ain
- Né le 15 décembre 1762 à Gex (Ain)
- Guillotiné sous la Terreur pour cause de royalisme le 14 février 1793 à Lyon à l'âge de 30 ans
Parents
- Joseph Marie Balleydier 1727-1794
- Pernette Agathe de Lavière
Le récit de sa mort a fait l'objet d'un émouvant article d'Alfred Françon vers 1960, repris dans le livre d'Alain Aussedat
"Des familles de tradition - Aussedat et Balleydier" Voir aussi le récit écrit par l'historien Alphonse Balleydier dans
"Histoire du Peuple de Lyon sous la Révolution" Balleydier Jean Louis, homme de loi, né à Gex, Ain, résidant à Bourg, Ain, 30 ans, condamné par la Commission révolutionnaire de Lyon et guillotiné le 14 février 1794. Motif accusation:
"A pris et fait prendre des arrêtés fédéralistes, et est allé dans le département du Jura en qualité de commissaire" L'exécution du juge Jean-Louis Balleydier
LE 14 FÉVRIER 1793, UN HUISSIER DE BELLEGARDE FIT GUILLOTINER UN JUGE DU TRIBUNAL DE GEX
(extraits d'un article de Alfred Françon, vers 1960)
C'est un bien douloureux anniversaire, et un bien triste épisode de la Révolution, ou plutôt de la Terreur, que l'exécution de Jean-Louis Balleydier, 30 ans, juge au tribunal de Gex, le 14 février 1793, sur une place publique de Lyon.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets, dit-on.
Et cela semble vrai si l'on compare le comportement des Français lors de la Révolution de 1789 avec celui de beaucoup d'entre aux au lendemain de la Libération.
Commissions gouvernementales et régionales, Comités de discipline et d'épuration, Comités d'administration et Tribunaux d'exception s'arrogeant tous les pouvoirs, jugements sommaires, exécutions rapides, en un mot, toutes les passions déchaînées, ainsi qu'on va le voir plus loin dans la brève esquisse historique relative à la Révolution dans l'Ain, et tout particulièrement dans le Pays de Gex.
Les Girondins venaient de céder la place aux Jacobins et, Robespierre régnant, la Convention envoya en province ses administrateurs départementaux avec les pouvoirs les plus étendus.
Mais chacun en prit à son aise et, selon son tempérament et ses passions, ordonna les mesures répressives qui lui plaisaient.(…)
Quatre homme envoyés par la Convention se juxtaposèrent aux affaires: Claude Javogues, né à Bellegarde, où il exerça quelque temps la profession d'huissier (…)
Arriviste forcené, complice de Collot d'Herbois dans les mitraillades de Lyon, considéré comme un sectaire et un ivrogne par ceux-là mêmes qui l'avaient mis en place, et notamment par Robespierre lui-même qui le désavoua (…). Passant sur le dos de Delisle, maire de Bourg imposé par Robespierre également (…)
Et Gouly, troisième envoyé comme Commissaire du Peuple dans le pays de Gex (…).
C'est alors que furent traduits devant le tribunal révolutionnaire siégeant à Bourg, c'est à dire arrêtés et emprisonnés immédiatement, 18 personnes de conditions diverses.
Dans cette liste, on y trouve, outre Louis Balleydier, homme de loi à Gex et administrateur au Directoire de Bourg, un imprimeur de Saint-Trivier, un receveur des Domaines, un archevêque, un prêtre, des nobles, et le Président du tribunal de Bourg.
Le jugement dit qu' "ils seront condamnés à mort et toutes les propriétés des sus-nommés seront confisquées au profit de la Nation".
Le même jour, soit le 26 Pluviôse, ou le 14 février, à midi, on rédigeait le jugement et l'on coupait les cheveux aux condamnés.
Puis, après leur avoir fait passer une nuit dans les caves de l'Hôtel de Ville, on les transféra à Lyon dans la "mauvaise cave" d'où ils furent immédiatement ressortis.
Et ce fut le drame.
On réunit les condamnés, on les plaça au bas du perron entourés de soldats, les juges sortirent de la grande porte, et le Président Parein lut la sentence.
Les deux plus jeunes condamnés, Legrand, 28 ans, imprimeur à Saint-Trivier, et Louis Balleydier, crièrent aux juges qu'il étaient des assassins et qu'ils répondraient un jour du sang versé par eux.
Puis, après avoir vu le couperet tomber douze fois, ce fut leur tour.
Mais au moment où on allait procéder à l'exécution de Louis Balleydier, une jeune fille traversa la foule.
C'était sa fiancée, venue de Bourg.
Elle avait demandé sa grâce à Albitte, autre créature de Robespierre, et lui aussi Commissaire du Peuple dans l'Ain, car elle ne voulait rien demander à Javogues qui était presque continuellement ivre.
Mais Albitte lui avait répondu: "C'est un royaliste".
Alors elle fit annoncer au condamné qu'elle viendrait lui jurer fidélité devant l'échafaud.
Au moment où le bourreau mettait la main sur lui, elle l'écarta et, se jetant au cou de Louis Balleydier, l'embrassa et lui dit:
" Au revoir, ami, et à bientôt. Je te rejoindrai là-haut, et les méchants ne nous sépareront plus".
Inutile de dire que cette scène avait fortement impressionné la foule, composée en majeure partie de femmes qui commençaient à murmurer.
Aussi les juges durent-ils faire appel aux soldats pour les disperser.
On a gardé dans le Pays de Gex, non seulement le souvenir de ce triste épisode, mais surtout le souvenir de la famille Balleydier, très connue et très estimée, dont il n'y a plus que de lointains survivants, et qui possèdent encore des propriétés à Sauverny.
Lithographie (sans doute du second Empire- voir le costume du cavalier), illustrant l’épisode de la rencontre entre Jean-Louis Balleydier (1762-1793), juge à Gex, et sa fiancée venant lui dire adieu juste avant son exécution à Lyon.
http://web.archive.org/web/20110720221234/http://alain.aussedat.free.fr/sommaire.htm