yann sinclair
Nombre de messages : 26592 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
| Sujet: 03 février 1793 (15 pluviôse an I): Martyr de la Révolution Lun 4 Fév - 15:19 | |
| Dimanche 03 février 1793(15 pluviôse an I) Sexagésime Ste Geneviève, martyre St Blaise Louis Nicolas de Paillot (Louis Nicolas de Paillot) (Louis Nicolas Paillot de Fralignes) Victime de la Révolution française chevalier seigneur de Fralignes, de Chemin et de La Vacherie Conseiller du roi Lieutenant général au bailliage et présidial de Troyes - Né le 22 novembre 1749 à Troyes
- Baptisé le 22 novembre 1749 en la paroisse Sainte-Madeleine (Troyes)
Parrain et marraine: - Louis Nicolas Berthelin, seigneur d'Allemant
- Elizabeth Paillot
- Guillotiné le 03 février 1794 (15 pluviôse an II) place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) à Paris à l'âge de 44 ans
Parents- Pierre Jean Paillot, seigneur de Fouchères 1716-1795
- Gabrielle Berthelin, dame d'Allemant 1730-1789
- Marié le 06 août 1775 en la paroisse Sainte-Madeleine à Troyes (Aube) avec Marie Catherine Harlan 1758-1828
- dont
- Pierre 1776-1856
- Esther Yvonette 1778-1842
- Antoine de Paillot 1783-1865
- Gabrielle
"Paillot" et non " de Paillot" dans les actes. Il fut clerc tonsuré. La Vacherie: fief situé sur la paroisse de Clérey, pour lequel il comparait le 26 mars 1789 aux assemblées de la noblesse tenues à Troyes (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57245073/f466.image.r=Paillot) Il fut aussi seigneur de Chemin, commune de Vaudes http://www.geneanet.org/archives/ouvrages/?action=detail&book_type=livre&livre_id=40860&page=233&name=Paillot+de+Fralignes&tk=3227a28e676c1e6d Les deux fiefs de Chemin et La Vacherie viennent de son beau-père. Dénonciation, procès et exécution: Dénoncé par Rousselin, Louis Nicolas Paillot est arrêté en octobre 1793 puis emprisonné à la Conciergerie. Le 14 pluviôse an 2, il est condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris et est guillotiné place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) le lendemain.
Acte d'accusation (conservé aux Archives nationales sous la cote "W 130, pièce 65") : Qu’examen fait des interrogatoires subis par lesdits Gillet Millard Paillot et Parent les vingt-cinq et vingt-six nivôse dernier, et des pièces adressées à l’accusateur public par le représentant du peuple et par les administrateurs du district de Troyes, il en résulte que lesdits Gillet, Millard, Paillot et Parent n’ont cessé depuis le commencement de la Révolution d’en être des ennemis déclarés, et de seconder de tous les moyens qui ont été en leur pouvoir tous les projets de contre-révolution que Capet faisait diriger par ses agents dans le département de l’Aube; Qu’en effet dès 1789, Gillet et Millard et Paillot, beau-frère de l’infâme Saint-Georges émigré, faisaient, de concert avec ce dernier et le nommé Gaulard aussi émigré, massacrer le peuple de la commune de Troyes par les dragons et les grenadiers de la garde nationale, parce que le peuple demandait du pain. C’était Millard qui distribuait les cartouches. Qu’ils n’ont cessé d’agiter, pendant toute la durée de la Révolution, le département de l’Aube en y excitant par leurs démarches et leurs écrits imprimés et autres, et par des discours incendiaires des mouvements séditieux pour y opérer la contre-révolution. [...] Que Gillet a été l’auteur, le rédacteur de l’une de ces adresses au tyran que les contre-révolutionnaires fabriquaient dans tous les départements sur la journée du 20 juin, qu’il l’a fait signer et qu’il l’a adressée aussi à Montmorin avec une lettre d’envoi ou il se déclare lui-même le chef du parti des ennemis de la révolution, qui étaient prêts au premier signal donné par le tyran à massacrer et exterminer les patriotes. [...] Que Gillet ainsi que Paillot ont encore servi le tyran en se rendant à Coblentz pour conférer, avec les chefs contre-révolutionnaires qui y résidaient, sur l’exécution des projets de l’exécution desquels on s’occupait. Que Paillot, ci-devant lieutenant général du ci-devant bailliage, dévoué au despotisme et à la tyrannie, faisait partie de l’association contre révolutionnaire dont Gillet était le chef, qu’il est constant qu’il a entretenu des correspondances avec les infâmes conspirateurs du dehors et que c’est […] qui l’a fait sortir du territoire français pour aller à Coblentz rejoindre son beau-frère Saint-Georges cet exécrable assassin du peuple de Troyes et les autres traîtres réunis avec lui, qu’enfin sa haine pour la révolution a été si prononcée qu’il a été regardé comme le fléau de la commune de Troyes et l’un des principaux instigateurs des maux qui l’ont désolée.
La condamnation: [...] Et Louis-Nicolas Paillot, âgé de quarante-quatre ans, ci-devant lieutenant-général au ci-devant bailliage de Troyes, tous convaincus d'avoir été complices d'une conspiration qui a existé de la part du tyran Capet et de ses agents contre la liberté et la sûreté du peuple français, ont été condamnés à la peine de mort. [Extrait du Moniteur du 18 pluviose an II]
La dernière lettre (document conservé aux Archives nationales sous la cote "W 134, pièce n° 35"): Rédigée la veille et terminée le matin de son exécution et adressée à son fils aîné (Au citoyen Paillot), sa dernière lettre, est forte en émotion, et témoigne de la grandeur d'âme de Louis Nicolas face à la mort: 02 février 1794, 2h du jour. Dans les dernières notes que j’ai données à ta mère, il est des choses que j’ai oubliées et que je dois te donner avant de mourir pour les lui communiquer. [...] Mon défenseur a très bien plaidé ma cause, aucuns témoins n’ont déposé contre moi. On a regardé la lettre de Gillet [voir supra l'acte d'accusation, qui cite un courrier de Gilet au comte de Montmorin, ancien ministre des affaires étrangères du roi Louis XVI] comme une conspiration, et nous tous comme ses associés. Nous supportons notre sort très tranquillement. Je ne te donnerai qu’un avis avant de mourir: porte à ta mère tout le respect possible, aime-la, elle le mérite: recommande de ma part la même chose à ta sœur et à ton petit frère, remercie ma sœur de ses soins, et si par la suite tu en trouves l’occasion, tu feras mes adieux à mon père. Tu diras aussi à ta mère que mon âme est dans l’état qu’elle peut désirer. Tu dois te rappeler ce que je t’ai dit l’avant-dernier soir que je t’ai vu. Je n’ai plus besoin que de ses prières. Surtout n’aies aucun sentiment de haine ni de rancune contre personne, puisque je te répète qu’aucun témoin ne m’a chargé, ni même ne m’a presque nommé. Quant aux sentiments de probité et d’honneur, j’emporte avec moi l’espérance que tu ne t’en écarteras jamais, et c’est mon motif de consolation. Adieu mon ami je te recommande ta mère. Mon plus grand chagrin est de ne pouvoir pas lui témoigner toute la reconnaissance que j’éprouve de ses procédés. Demande-lui pour moi une grâce et ce sera la dernière, c’est de conserver ses jours pour ses enfants qui ont encore besoin d’elle, surtout sa fille. Adieu mon cher ami puisses-tu être plus fortuné que moi. Ce 03 février matin [jour de l'exécution] [...] Nous avons un peu dormi et nous jouissons de la tranquillité que peuvent avoir des hommes. Si j’avais cru être condamné, je t’aurais écrit de plus grands détails. Mais je ne le croyais pas, aussi n’est-ce qu’à la hâte que j’ai jeté cela sur le papier. N’oublie jamais ce qui concerne ta mère, ne lui montre pas tout de suite ma lettre, cela l’affligerait. Parle-lui seulement du quatrième article de la seconde page, c’est le seul qui puisse la consoler. Dis bien des choses à mes sœurs, et aux personnes qui ont bien voulu s’intéresser à mon sort.
Des dates de naissances fantaisistes circulent dans plusieurs généalogies (en particulier Saint-Allais, La Chesnaye des Bois, etc.), et sur de nombreux sites internet et arbres en ligne qui les reprennent sans vérification. Consulté aux archives départementales de l’Aube, son acte de baptême (paroisse Sainte-Madeleine: 5 Mi 489) est pourtant parfaitement lisible: sa naissance et son baptême sont bel et bien le 22 novembre 1749. Note de D.Gaultier (Envoi de Maxime Chanoine)
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