Constantin-François Chasseboeuf, Comte Volney

J'ouvre un sujet sur un de mes personnages préférés de cette époque. J'avais même pensé à lui comme "identité" à mon arrivée sur le Boudoir, avant de choisir CALONNE, plus en rapport avec MARIE ANTOINETTE.
Un sacré personnage, assez étonnant :
Constantin françois CHASSEBOEUF de la GIRAUDAIS est né en 1757 à CRAON, dans l'ANJOU. Issu d'une bonne famille, il perd trés tôt sa mère et il est envoyé loin de son père pour ses études. A 19 ans, il reçoit une coquette rente (la succession de sa mère) et monte à PARIS. Et là, il prend son envol : il étudie la médecine (il est d'une santé délicate), mais également l'hébreu, l'arabe et d'autres langues orientales. Intelligent, curieux, ouvert d'esprit, il se lie trés vite avec les plus grands : CABANIS, BENJAMIN FRANKLIN, CONDORCET, DIDEROT, HOLBACH... Il témoigne déjà d'un athéïsme qui ne fera que s'accentuer avec les années. Il prends le nom de VOLNEY, contraction de VOLTAIRE et FERNEY. C'est alors qu'il part visiter, à pieds, l'Egypte et la Syrie. Pendant un an, il se retire à la campagne, fait de la marche, des exercices physiques, pour préparer son corps en vue de ce voyage. En Syrie, il s'enferme prés d'un an dans un monastère copte pour y perfectionner son arabe et sympathise avec les tribus bédouines qui lui proposent de rester parmi elles. A son retour après quatre ans d'absence, il publie un récit de son voyage qui obtient un immense succès. Il reçoit même les félicitations de Catherine II. Il faut bien l'admettre, pour parler familièrement, il prît alors "la grosse tête" et perdît beaucoup d'amis, s'enfermant dans une solitude de plus en plus grande. Il fît un tour en Corse, chargé par le gouvernement français de chercher à améliorer l'agriculture de l'île. Il s'apprêtait à y acheter un domaine, mais la Révolution survînt.
Acquis aux idées nouvelles, il est élu député du Tiers-Etat. Il professe son athéïsme, s'investit dans l'éducation et des domaines qui ne prêtent pas trop aux turbulences politiques. En 1792, il juge prudent d'aller respirer l'air du maquis corse et il rencontre BONAPARTE. De retour à PARIS, il s'insurge contre la TERREUR et est emprisonné, sauvé de la guillotine par la chute de ROBESPIERRE. Promu à la chaire d'histoire de l'Ecole Normale, il décide après la fermeture de cette dernière de partir visiter l'Amérique. Il y est reçu avec les honneurs, visite le pays de long en large et songe à s'y établir. Mais il subît la méfiance de JOHN ADAMS et doit finalement rentrer en 1798, après la mort de son père. Il achète un domaine et s'établit à la campagne, prés de PARIS. Il y invita BONAPARTE et se lia d'amitié avec ce dernier, surtout depuis son retour d'Egypte où le corse s'était inspiré des écrits de VOLNEY sur ce pays pour son expédition. VOLNEY soutînt activement le coup d'état du 18 brumaire et BONAPARTE lui proposa le poste de troisième consul, puis de ministre de l'intérieur. VOLNEY refusa, se contentant du poste de sénateur et d'être un familier de la MALMAISON et des TUILERIES. Mais il refusa le Concordat et le retour du catholicisme, de même que l'avènement de l'Empire. Tout en restant un familier de l'entourage impérial, il prît ses distances. Pourtant, malgré son opposition, NAPOLEON le fît comte et membre de la Légion d'Honneur. Il démissionne de son poste de sénateur et entre à l'Académie Française en 1803. Il soutînt l'abdiquation de l'empereur et fût élevé à la Pairie par LOUIS XVIII. Il mourût à 63 ans, en 1820. Ses obsèques furent célébrées à SAINT SULPICE, même s'il avait refusé l'extrême-onction. Il repose au Père-Lachaise.

Merci CALONNE pour cette petite biographie!

J'avoue que je ne le connaissais pas Il semble très intéressant

Quelle vie, n'est-ce pas ? Ces voyages en Égypte, en Syrie, en Amérique... S'enfermer un an dans un monastère copte, sympathiser avec les bédouins et les indiens d'Amérique...
Ce qui est étonnant, c'est l'affection constante de NAPOLÉON : alors que VOLNEY le critique ouvertement et s'oppose à lui, l'empereur le fait néanmoins comte d'empire, membre de la Légion d'Honneur. A la MALMAISON, VOLNEY fut même un temps son médecin. Il semble qu'il ait lié également une amitié sincère avec l'impératrice, en tout bien tout honneur. D'après ce que j'ai pu glaner, il semble qu'il fût un puissant soutien lorsque BONAPARTE fût au plus bas, touchant le fond et parlant d'aller "se mettre au service des turcs". C'est de là que viendrait ce fort soutien de l'empereur, malgré l'opposition (prudente, il est vrai) de VOLNEY.
Ce qui est ironique, c'est qu'il fut emprisonné comme royaliste en 1794, alors qu'il était républicain et qu'il eût des funérailles religieuses à SAINT SULPICE alors qu'il était athée et avait refusé l'extrême onction...

Une vie bien remplie sans doute, comme on les aime !

Je ne connaissais pas ce personnage. Quelle vie ! Merci cher CALONNE

Plus je lis sur Napoléon , plus je réalise que ce fut un homme capable de faire son propre idée des autres, et de respecter même ceux qui ne furent pas en accord avec lui. Il ne s'est jamais prononcé contre Louis XVI et Marie Antoinette, appelant même Louis XVI "un prince malheureux".

Effectivement ce M. Volney me paraît un homme fascinant, très représentatif de l'esprit du XVIIIème. Au vu de son parcours son amitié avec l'Empereur n'est pas une surprise, ce dernier ayant été fasciné par tout ce qui touche à l'Égypte.

CALONNE a écrit:

Il prend le nom de VOLNEY, contraction de VOLTAIRE et FERNEY.

Voilà une superbe inspiration !