Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-32%
Le deal à ne pas rater :
-32% Gigabyte G5 MF – PC portable 15,6″ – GeForce RTX™ 4050
749.99 € 1099.99 €
Voir le deal

 

 08 février 1786: Château de Trianon

Aller en bas 
AuteurMessage
yann sinclair

yann sinclair


Nombre de messages : 26316
Age : 66
Localisation : Versailles
Date d'inscription : 10/01/2016

08 février 1786: Château de Trianon Empty
MessageSujet: 08 février 1786: Château de Trianon   08 février 1786: Château de Trianon Icon_minitimeDim 10 Fév - 16:55

Château de Trianon

08 février 1786: Château de Trianon 143



Dans la matinée du 8 février 1786, Louis Joseph fait une extraordinaire découverte. Au pied du château de Trianon, en bas des escaliers qui conduisent au « jardin à la française », un magnifique cadeau l'attend: un carrosse !

C'est le premier que l'on voit ainsi fait, les panneaux et les peintures sur les côtés et devant sont remplacés par des glaces et ces glaces sont retenues par des encadrements de vermeil ornés de saphir, de rubis et autres pierres précieuses ; Louis Joseph écarquille les yeux, il est émerveillé. Sous l’œil amusé et attendri de Marie-Antoinette, il investit avec bonheur la splendide voiture dont il est désormais le propriétaire. Toutes les personnes présentes au château sont accourues, même les cuisiniers, quelques petits mitrons, des valets. Il y a même Valy-Bussard, le fermier de Trianon et Bréval, le jardinier et ses deux garçons Morel et Brunot, des pages, des femmes de chambres.... Tous admirent le carrosse du Dauphin, encore sans attelage. Madame d'Oberkirch qui assiste à la scène témoigne du plaisir que prend Marie-Antoinette à combler ses enfants : « La Reine a fait présent à Monsieur le Dauphin de cette voiture. Elle lui donne beaucoup et quand on lui en fait l'observation, elle répond en riant « Le Roi, à sa naissance, n'a-t-il pas augmenté ma cassette de deux cent mille Livres ? Ce n'est pas pour que je les garde ». Madame d'Oberkirch nous fait également ce portrait de Louis Joseph qu'elle n'avait pas revu depuis quelques temps : « Je trouvai le Dauphin grandi, mais un peu fort. C'est un joli enfant. Il s'occupait beaucoup du nouveau carrosse qu'il avait essayé le matin même et dont l'invention est charmante et commode ». Ce même soir, Madame d'Oberkirch note également quelques traits du second fils de Marie-Antoinette : « Monsieur le Duc de Normandie est un gros enfant, bien fort à dix mois. Ses yeux sont moins grands que ceux de Monsieur le Dauphin, pourtant il sera au moins aussi joli. Il était entre les mains de ses berceuses, quoi qu'il ne dormit pas. Sa nourrice nous assura qu'il se portait à merveille ».

Le 6 avril Louis Joseph, depuis plusieurs jours a la fièvre, sans qu'on y donne l'attention que cela mérite. Il est démontré que l'air que les enfants de France respirent sur la terrasse de leur appartement est infecté par le voisinage de la pièce d'eau des Suisses, et ces enfants n'ont presque pas d'autre promenade. Il y a deux ans, Louis Joseph , à pareille époque, a déjà été dans un état alarmant ; après avoir essayé tous les remèdes, on se détermina à le mener à la Muette. Dès qu'il y fut sa santé revint, l'exercice le fortifia et il repris sa belle carnation. « C'est en vain que les personnes intéressées plus particulièrement à la conservation de cet enfant rappellent ce qui se passa alors, et ce qui réussit aussi bien. Des convenances de société paraissent l'emporter sur toutes les représentations. C'est sans doute pour cela que la Reine disait il y a quelques jours « Si mon fils était celui d'un particulier il se porterait bien ». « Elle avait certainement raison ; mais ce qui est inconcevable, c'est que la Reine, qui a sur l'éducation de ses enfants, tant au physique qu'au moral, une autorité que n'eut jamais une Reine de France, qui joint à cet avantage une volonté très ferme sur ce qui l'intéresse, qui aime certainement avec une tendresse très vive et très franche ses enfants, ait par intervalle l'air de laisser aller au hasard ce qui les concerne » note dans son journal le Marquis de Bombelles.

A partir du 12 avril, l'état de santé de Louis Joseph commence à être connu dans Paris et exciter des murmures sur le peu d'attention qu'on y donne. Madame de Polignac a déclaré au Roi qu'elle était sûre que, depuis deux mois, le Dauphin n'avait pas eu une seule nuit sans que la fièvre ne l'ait agité. Consulté, le Docteur Brunier insiste pour qu'on le change d'air et, « si l'on tarde à prendre ce parti, il ne sera peut-être plus temps de le suivre ». Madame de Polignac, pour en presser la détermination dit à Louis XVI et à Marie-Antoinette que ce qu'elle leur proposait, elle l'avait essayé avec succès sur l'un de ses enfants qui dépérissait à Versailles comme Louis Joseph et qui reprenait visiblement force et santé depuis qu'elle l'avait envoyé dans sa maison de Paris, où quoiqu'il n'ait pour promenade qu'un jardin renfermé, il respirait cependant un meilleur air que celui de Versailles, et se portait nettement mieux depuis. A Louis XVI, on rappelle que vraisemblablement, il n'aurait jamais été roi si enfant, se trouvant dans un état semblable à son fils, on ne l'eût pas transféré à Meudon, où dit-on l'air n'ait point vicié comme à Versailles qui, il ne faut pas l'oublier a été construit sur des marécages, où il se rétablit aussitôt qu'il y fut arrivé. Autant la Princesse de Marsan qui avait été en charge de Louis XVI et ses frères et sœurs avait eu l'autorité pour « enlever » en quelque sorte les enfants royaux de Versailles, autant la Duchesse de Polignac n'est pas, malgré la faveur dont elle a les honneurs, en mesure de se conduire de même et de prendre autant sur elle. Madame de Marsan était soutenue par une considération que lui donnait son âge, la solidité et l'éclat de ses entours alors, et le public voyant en elle une gouvernante des enfants de France uniquement occupée de ses importantes fonctions, lui permettait de risquer ce qui ne réussissait pas de même à Madame de Polignac. D'un autre côté, l'habitude de société qu'à Marie-Antoinette chez cette favorite rend son éloignement de Versailles plus difficile... On trouve des raisons pour n'envoyer Louis Joseph, ni à Meudon, ni à Saint-Cloud. Meudon est dit-on pas en état de recevoir le Dauphin. Il est vrai qu'indépendamment du château neuf, il y a dix beaux logements de particuliers dont en pareille circonstance, on pourrait certainement disposer. Les maçons sont de toutes parts à Saint-Cloud, cela n'empêche pas qu'il y reste quatre fois plus de logements libres qu'il n'en faudrait pour établir bien suffisamment et bien convenablement le Dauphin. Le Marquis de Bombelles nous dit ceci en parlant de Louis-Joseph : « Celui-ci jouissait à l'âge de Monsieur le Duc de Normandie, d'une aussi belle santé que lui. Ce n'est qu'en grandissant que les enfants de la Reine deviennent difficiles à élever ». Le 20 juin, Louis XVI a quitté Versailles pour se rendre à Cherbourg, c'est là le seul voyage qu'il fera dans les provinces durant son règne, si on excepte, le voyage à Reims pour le sacre et celui qui se terminera en catastrophe à Varennes. Le Roi est parti tranquillisé, la santé de son fils aîné avec l'arrivée des beaux jours est nettement meilleure et les accès de fièvre dont était l'objet Louis-Joseph ont fini par disparaître. Dans l'histoire de Marie-Antoinette nous nous trouvons ici dans l'épilogue de l'affaire du collier qui a fait coulé tant d'encre et vu naître toutes sortes de calomnies contre la Reine. A la Cour, elle a feint d'ignorer les ragots de ces courtisans qui hier encore se seraient damnés pour un simple sourire de sa part ; à la ville, le peuple s'est franchement positionné en faveur du Cardinal de Rohan n'hésitant pas à croire tous ces pamphlets orduriers qui ont fleuri depuis que ce scandale a éclaté. Il lui a même fallu affronter, au sein de sa petite cour, l'insolence d'un Vaudreuil, l'amant de Madame de Polignac qui soutient le Cardinal ; quant à l'amie à qui elle a tout donné, elle tourne la tête préférant ne rien voir... Ces chers amis sont tous prêts à la fuite, ce qu'ils feront d'ailleurs dès que le vent tournera pour la remercier de toutes ses largesses. Seule Madame de Lamballe, l'amie sincère et fidèle, la soutient. La Reine se sent bien seule, peut-être ouvre-t-elle enfin les yeux sur ces amitiés intéressées.... Mercy dans une lettre à Joseph II aura ces mots : « La Reine n'aime plus Madame de Polignac ». Ses trois têtes blondes sont sa seule consolation. Le 29 juin, le Roi est de retour, il garde un merveilleux souvenir de son voyage en terre normande où il a été accueilli avec chaleur par un peuple en liesse mais lorsqu'il quitte la Normandie et qu'il approche de Versailles les acclamations diminuent; « Je m'aperçois que j'approche de Versailles » soupire-t-il. Marie-Antoinette et les trois enfants attendent le retour du Roi sur le balcon de l'appartement du Roi dès que les enfants voient leur père « ils crient « papa » avec une joie touchante » nous dit Monsieur de Bombelles. Marie-Antoinette se trouve maintenant dans un état de grossesse avancée, elle est très souvent sombre et nerveuse. Elle n'avait jamais été comme cela durant ses précédentes grossesses.

Le 9 juillet, la Reine est prise de douleurs qu'elle cache le plus longtemps possible pour accoucher presque en famille. Ce n'est qu'à sept heures et demie du soir qu'elle met au monde son enfant. Le Marquis de Bombelles raconte dans son journal les suites de cette naissance: « La nouvelle de la naissance d'un prince a été criée d'un balcon de son appartement à la multitude qui attendait l’événement sur la terrasse; mais un instant après on a su que c'était une princesse que la Reine venait de mettre au monde ». Louis XVI se montre ravi de cette naissance, et s'adressant à l'Ambassadeur d'Espagne dit avec un grand sourire « c'est une fille !», ce à quoi l'Ambassadeur a répondu sur le champ « Comme votre Majesté garde les princes en France, elle aura par ce moyen des présents à faire à l'Europe ». la fillette est prénommée Sophie, Hélène, Béatrice. D'après les témoins, elle est aussi fortement constituée qu'enfant peut l'être, certains diront même n'avoir jamais vu de nouveau-né si gros, « et l'on conçoit aisément qu'il ait dû coûter beaucoup de mal à Marie-Antoinette pour accoucher d'une aussi superbe créature ».


_________________
08 février 1786: Château de Trianon C_icgp11
👑    👑   👑
   ⚜king
Revenir en haut Aller en bas
http://louis-xvi.over-blog.net/
 
08 février 1786: Château de Trianon
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» 17 mai 1786: Trianon
» 16 septembre 1786: Trianon
» 11 mai 1786: Fête au Petit Trianon
» 20 février 1786
» 23 février 1786

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Boudoir de Marie-Antoinette :: Au fil des jours :: 1786 :: Février-
Sauter vers: