La période 1786-1789 : le début des problèmes sérieux

La fin de l'affaire du collier, une fin assez tragique pour Marie-Antoinette, sonne le fin des années heureuses pour cette dernière : à partor de cet instant, il ne va lui arriver presque que des déconvenus et des échecs : de l'acquittement de Rohan jusqu'à l'ouverture des Etats généraux le 4 Mai 1789 et la mort de Louis-Joseph le mois suivant, en passant par la mort de la petite Sophie en 1787.
D'après Weber, après 1787, la Reine avait un visage plus fermé, plus triste et moins enchanteur.
Son portrait de 1787 qui la représente avec ses enfants, par Vigée-Lebrun, la montre en effet plutôt sérieuse.

Voici une anecdote amusante à ce propos, relatée par weber justement. Elle se passe en 1788 :
"Un jour, elle [la Reine] rencontra au bois de Boulogne le vieux maréchal Biron, colonel des gardes-françaises, qui relevait d'une longue maladie, et qui s'exerçait à monter à cheval afin de passer en revue devant le roi, quelques jours après, avec son régiment. La reine l'aborda et lui dit qu'elle serait fort aise de le voir à la revue. Le vieux guerrier, ne se doutant pas qu'il parlait à sa souveraine, lui répondit avec l'affabilité chevaleresque qu'il avait avec toutes les femmes, et lui promit de la faire bien placer. Pour mieux tenir sa parole, il lui demanda son nom, afin de l'inscrire sur ses tablettes, et de la recommander à l'officier qui serait chargé ce jour-là de la police de la revue. On peut juger de la surprise du vénérable maréchal, lorsqu'il apprit, de la bouche de la dame à laquelle il venait d'offrir l'assurance de ses soins, qu'il parlait à Marie-Antoinette."

Weber se sert de cette anecdote, entre autres, pour montrer que l'aspect physique de Marie-Antoinette avait beaucoup évolué en ces temps difficiles, ce maréchal ayant gardé souvenir de la Dauphine
Maintenant...personnellement je trouve que la reine n'a en rien perdu de son charisme d'après ses portraits, même pendant la révolution.

Cela dit cette anecdote m'amuse, car une Reine orgueilleuse se serait fâchée de ne pas être reconnue comme cela, et d'être traitée comme une femme normale. Marie-Antoinette, elle, non...pas de stress J'adore!

En effet, Chou, on peut dater en gros de l'époque du collier les débuts des difficultés qui ont harassé Marie Antoinette. C'est la santé de son fils aîné qui se dégrade... et la sienne aussi, d'ailleurs. Son souffle se fait court, elle souffre d'étouffements et de troubles divers.

Elle a trente ans, cet âge à partir duquel elle ne comprenait pas qu'on paraisse à la cour, au temps insouciant de sa jeunesse. Cet âge auquel elle estime qu'il faut renoncer à porter du rose. Un âge charnière, pour elle, apparemment. Ironiquement, les événements sont venus confirmer ce parti pris que Marie Antoinette avait étant jeune.

C'est personnellement ce que j'appelle : la période des "années noires", qui précèdent les "années tragiques" (oui, j'aime bien donner des titres ).

Effectivement, alors que jusqu'à présent elle était plutôt heureuse, là tout va lui tomber dessus d'un coup : le camouflet de l'Affaire du collier, son impopularité croissante, la mort de sa petite Sophie, la maladie du Dauphin, l'échec de Calonne à l'Assemblée des Notables, le scandale de l'annonce du déficit, l'impopularité du gouvernement, l'impossibilité de Loménie de Brienne (qu'elle a contribué à faire appeler au ministère) à relever la barre, la rébellion des parlements, la convocation des Etats-Généraux, Loménie qu'on est obligé de renvoyer, l'agitation populaire et les manoeuvres malintentionnées du Palais-Royal, etc...

C'est pas humain ! Et encore, le plus dur était devant !

Oui, c'est pas humain, parce qu'elle est touchée de toutes parts, politiquement et personnellement, dans sa vie publique et dans sa vie familiale.

Elle enchainait les défaites politiques, les pamphlets injurieux, les restes de l'affaire du collier, et le problème de santé de deux de ses enfants...ça fait beaucoup pour une personne...je pense que Weber a en grande partie raison quand il dit que sa manière d'être en public avait changé, qu'elle était plus sérieuse et plus crispée...
Et si on regarde bien...depuis 1786 jusque vers sa mort, donc pendant 7 ans, elle n'a presqu'eu aucune bonne nouvelle ni événement heureux...

Oui, en effet... que pourrait-on citer d'agréable ?

Ben...j'ai eu beau chercher mais...j'ai pas trouvé

7 ans...c'est affreux...

Attention ! Madame de Polignac était là , prête à adoucir Ses peines en égayant Son coeur !

Bien à vous.

C'est vrai ...mais...il y a eu son exil le 17 Juillet 1789, et celui là a fait très mal à la Reine...

Mais là, c'est après cette période de sept ans dont vous parliez

Bien à vous.

Ben non c'est en 1789!

Bon je chipote c'est vrai Mais tu as raison Marie-Antoinette avait encore ses amis, fort heureusement...

Oui, mais je pense que, même avec Madame de Polignac, ce n'était pas une période rose... Gabrielle est partie en Angleterre. Pour négocier avec Lamotte ? Parce qu'elle ne s'entendait plus avec la reine ? Les biographes sont partagés.

J'attends d'en arriver là dans ma lecture de La Faye. Son livre est remarquable de précision. Madame de Polignac est présente tout le temps, en effet, elle adoucit tous les chagrins, celui du départ de Joseph, celui de l'affaire de Bavière...

Mais je n'en suis encore que là !

J'en suis à peu près au même point avec Lescure

Je pense clairement que Polignac a permis à Marie-Antoinette de tenir un minimum, mais en effet ce n'est pas à elle seule qu'elle lui rendait la vie toute belle...

Elle l'épaulait merveilleusement. Mais, quand tu vis une chose aussi horrible que perdre deux enfants, qui peut encore quelque chose pour toi ?

Personne...et encore plus quand ses deux enfants meurent dans l'indifférence générale...non elle a tout pris sur elle, enfin presque, et elle a su malgré tout rester Reine et mère....

Il y a eu quand même un petit rayon de soleil : la belle saison passée à Saint-Cloud en 1790. Les témoins affirment que là-bas ils ont réentendu rire la Reine, comme du temps où tout allait bien.

Avant de vivre en Touraine, j'habitais à Saint-Cloud, c'est la ville de mon enfance. Le fameux parc du château était à deux pas de chez nous, et j'y allais jouer avec mes amis de l'école. Ca me fait quelque chose, de penser que deux siècles plus tôt, dans ce parc où j'ai joué toutes les semaines étant petit garçon, Marie-Antoinette emmenait jouer ses propres enfants... Vous me direz, c'est comme aller visiter Versailles, mais ce parc faisait partie de mon quotidien...

J'ose espérer que la reine trouva en son époux le soutien dont sa douleur de mère avait tant besoin.

Citation :

Vous me direz, c'est comme aller visiter Versailles, mais ce parc faisait partie de mon quotidien...

Vous avez bien de la chance Petit Normand.

Ah vous avez raison Petit Normand, j'ai aussi déjà lu cela il me semble!

En effet Magic, Louis XVI a certainement réconforté Marie-Antoinette en ce qui concerne la mort de leurs enfants, car lui aussi était très affligé par leur décès...si Marie-Antoinette était une très bonne mère, Louis XVI était un très bon père...et leur couple n'a jamais été aussi soudé que pendant les mauvais moments

Citation :

Avant de vivre en Touraine, j'habitais à Saint-Cloud, c'est la ville de mon enfance. Le fameux parc du château était à deux pas de chez nous, et j'y allais jouer avec mes amis de l'école. Ca me fait quelque chose, de penser que deux siècles plus tôt, dans ce parc où j'ai joué toutes les semaines étant petit garçon, Marie-Antoinette emmenait jouer ses propres enfants... Vous me direz, c'est comme aller visiter Versailles, mais ce parc faisait partie de mon quotidien...

Je comprends ce sentiment que vous décrivez, Petit Normand. Non, ce n'est pas comme aller en visite à Versailles... Par la fréquentation assidue, ces lieux vous appartenaient un petit peu... ou vous leur apparteniez...

Quel est ce livre de "La Faye" Pim?

C'est "amitiés de reine", un livre ancien que je me suis procurée sur le net. Je compte en faire un petit commentaire dès que je l'aurai terminé. J'en suis à la moitié et, à moins d'une mauvaise surprise, j'en suis ravie !

Je crois qu'une phrase prononcée en 1790 ou 1791 par le petit dauphin est criante de vérité. Il avait entendu un jour dans une conversation quelqu'un dire "heureuse comme une reine". L'enfant a alors répondu :"moi, j'en connais une qui n'arrête pas de pleurer !"

Oui, c'est un adorable mot d'enfant.

pimprenelle a écrit:

Oui, c'est un adorable mot d'enfant.

Quand on sait de quel façon le malheureux va finir sa vie. Certains des révolutionnaires étaient vraiment des monstres !