Il est roué vif, étranglé et brûlé sur la place Saint-Georges le lendemain...
Le 9 mars 1762, Jean Calas est injustement condamné à mort par le Parlement de Toulouse.
Le
«philosophe» Voltaire va se saisir de ce fait divers tragique pour mettre à nu les malfaçons de la justice française.
Le fait divers et la rumeur
Cinq mois plus tôt, le 13 octobre 1761, ce riche négociant toulousain, de religion protestante, avait découvert à son domicile son fils Marc-Antoine, 29 ans, mort étranglé.
Pensant que le malheureux s'était tué, il avait maladroitement tenté de dissimuler le suicide afin de préserver l'honneur familial.
Mais la rumeur publique l'accuse de l'avoir assassiné Marc-Antoine parce qu'il voulait se convertir au catholicisme!
Jean Calas et son épouse, ainsi que son fils Pierre, sa servante et un ami sont jetés en prison.
À leur procès, l'écrivain Laurent Angliviel de La Beaumelle prend courageusement leur défense en dépit de tous les faux témoignages qui s'accumulent.
Le Parlement de Toulouse condamne Jean Calas, par huit voix contre cinq, à subir la question ordinaire et extraordinaire, à être rompu vif et jeté dans un bûcher.
Le malheureux est exécuté le lendemain, le 10 mars 1762.
Ses co-accusés sont acquittés ou bannis.
La Beaumelle lui-même est banni de Toulouse pour «
mauvaise conduite».
Cela ne l'empêche pas de rédiger plusieurs mémoires pour la cassation du jugement et la libération des filles de la veuve Calas.
Voltaire et l'affaire Calas
Dans sa retraite de Ferney, près de Genève, Voltaire est informé de l'affaire par un marchand marseillais.
Dans un premier temps, il prend fait et cause pour les juges et écrit au conseiller Le Bault:
«Nous ne valons pas grand chose, mais les huguenots sont pires que nous et de plus ils déclament contre la comédie» (22 mars 1762)
Toutefois, ce persiflage ne dure pas car, dès la fin de ce même mois de mars, l'un des jeunes fils du supplicié rencontre Voltaire et le convainc de l'erreur judiciaire.
L'écrivain à succès recueille la veuve et deux de ses filles.
Surtout, il organise un groupe de pression avec ses amis, y compris les souverains Frédéric II de Prusse et Catherine II de Russie
(si la langue anglaise avait été à la mode, il l'aurait sans doute baptisé... Amnesty International)Le 9 mars 1765, le Parlement de Paris réhabilite Jean Calas et restitue ses biens à sa famille.