Neveu à la mode de Bretagne, par sa mère Marie Le Bouyer de Fontenelle épousée par Alexandre-François Richer, conseiller au parlement de Normandie, de Bernard Le Bouyer de Fontenelle, qui le produisit chez le duc d’Orléans régent, qui lui donna une charge de conseiller-maitre des requêtes au parlement de Rouen. II fut ensuite nommé en 1721 intendant de la généralité de Caen où il fut insulté dans une émeute occasionnée par la cherté du pain. Il était dans son carrosse qui fut brisé et lui-même n’échappa qu’avec peine à la fureur de la populace. II passa ensuite à l’intendance de Soissons en 1722, où il ne réussit guère mieux qu’à Caen. II se retira alors à Paris y fixa sa demeure avec son bienfaiteur et son parent.
Il a publié un traité développé de droit naturel intitulé
Essai sur les principes du droit et de la morale, Paris, B. Brunet 1743, in-4°, dont la seconde partie contient le droit des gens naturel. » Une traduction allemande en a paru en 1750 à Francfort. Von Ompteda (de) juge cet ouvrage « assez bon et complet », mais Réal déclare « que ses raisonnements ne sont pas toujours justes, et que ses principes sont presque tous faux », et après avoir cité divers passages à l’appui de cette appréciation, il termine par cette sentence sommaire: « Ce livre, pour le dire en un mot, est plein d’erreurs, de fausses idées, de mauvais raisonnements. » Dreux du Radier en dit, quant à lui, dans son
Discours préliminaire, « qu’il n’était ni assez savant ni assez profond pour un pareil ouvrage »
Richer s’était acquis une certaine célébrité par son ardeur pour la discussion, et quoique homme d’esprit et savant jurisconsulte, il aurait été tout à fait oublié sans ces vers de Rulhière, qui l’a mis en scène, dans son poème sur les
Disputes, ainsi:
Auriez-vous, par hasard, connu feu monsieur d’Aube,
Qu’une ardeur de dispute éveillait avant l’aube ?
Odolant-Desnos l’a décrit, dans ses
Mémoires, comme ayant « de l’esprit et des connaissances ; mais c’était un tour d’esprit tout différent de celui de son oncle, à qui il ressemblait encore moins par le caractère. II était haut, dur, colère, contrariant et pédant ; bon homme néanmoins, officieux même et généreux »
Cent cinquante ans plus tard Pierre Larousse donnera une appréciation beaucoup plus positive de Richer et de son Essai : "C'est dans les douze premières années du séjour de Fontenelle [chez lui que Richer d'Aube] composa son Essai sur les Principes du Droit et de la Morale. Quoique écrit d'une manière qui contraste aussi avec le style toujours agréable et fin de Fontenelle, le livre de Richer d'Aube, est par d'autres côtés très remarquable. Il présente un fonds d'idées philosophiques alors très neuves et qu'on retrouve dans la plupart des écrits des économistes de la seconde moitié du XVIIIe siècle, précurseurs de la Révolution française."
(Grand Dictionnaire universel, volume XIII, page 1191).