Bathilde de Bourbon

Cher ami, à propos des princes du sang restés en France durant la Révolution, j'ai retrouvé la duchesse de Bourbon, séparée de son époux fils du prince de Condé et mère du malheureux duc d'Enghien. Mais elle était également soeur du duc d'Orléans. Elle devient la citoyenne Vérité, se prend d'enthousiasme pour la Révolution , se retrouve prisonnière à Marseille en 1793 et est exilée en 1797.
Elle a été propriétaire de l'Elysée sous Louis XVI puis de l'hôtel Matignon à la Restauration.
Elle est la cause du célèbre duel entre son époux et le comte d'Artois.

Il est certain que Louis XVI et Marie-Antoinette devaient avoir peu d'estime pour cette femme.

Ouiiii ! :idea: c'est d'elle dont je parlai comme une duchesse d'orléans qui était révolutionnaire !

Je voulais dire que Bathilde était restée, avec comme vous le dites, peu de chance qu'elle inspire confiance au Roi.

Je suppose que la duchesse d'orléans est elle aussi restée avec le duc.

merci de m'avoir rappeller cette erreur !

La princesse Bathilde se fit construire dans le parc de l'Elysée une fermette et vrai-faux petit village d'opérette , reproduction presque exacte du "hameau de Sylvie " édifié par Condé à Chantilly, bien avant que Marie-Antoinette n'ait le sien à Trianon .

Citation :

Ouiiii !  :idea:  c'est d'elle dont je parlai comme une duchesse d'orléans qui était révolutionnaire!

C'est ce qu'il m'avait semblé.

Citation :

Je suppose que la duchesse d'orléans est elle aussi restée avec le duc.

Ils se séparent officiellement le 25 juillet 1792. Donc elle ne l'aimait déjà plus avant l'exécution de Louis XVI. Mais en juin 1791 je ne sais plus quels étaient ses sentiments vis-à-vis de son époux. Néanmoins durant l'été 1789, elle soutient pleinement son mari. Puis elle se rend compte enfin peu après quelles étaient la véritable nature des relations entre son mari et Madame de Genlis qu'elle considérait comme sa meilleure amie.
En tout cas, elle s'est sentie plus que trahie par son mari : pour ses maîtresses dont elle semble n'avoir jamais soupçonné l'existence (!!! il faut être vraiment aveugle car le tout-Paris connaissait ses bonnes fortunes), pour l'éducation que reçurent leurs enfants à laquelle elle ne pouvait dire son mot, pour les idées politiques complètement en opposition avec leur rang, pour la carrière politique et militaire de leur fils aîné (inscrit au club des Jacobins), pour le sort terrible de sa belle-soeur qu'il aurait pu sauver et enfin pour son crime ultime, le vote de la mort de Louis XVI.

Je la trouve un peu cruche sur les bords car franchement elle a mis trop tant de temps à s'apercevoir qu'elle avait épousé un pauvre type, mais au final elle se rattrape. Je comprends qu'elle ait voulu dire flûte et zut à ses enfants trop éloignés d'elle de par leur éducation en épousant un homme du peuple. Que c'est cocasse pour des enfants qui revendiquaient leur éducation "démocratique". Mais l'appât du fabuleux héritage a été plus fort. Ces Orléans, toujours les mêmes...

Citation :

La princesse Bathilde se fit construire dans le parc de l'Elysée une fermette et vrai-faux petit village d'opérette , reproduction presque exacte du "hameau de Sylvie " édifié par Condé à Chantilly, bien avant que Marie-Antoinette n'ait le sien à Trianon .

En reste-t-il quelque chose ? Si Carla se met à jouer les fermières, j'imagine déjà les comparaisons douteuses...

Il y avait là des chaumières faussement rustiques à l'extérieur et tout à fait luxueuses en poussant la porte, laiterie, moulin dont la roue était actionnée par l'eau d'une cascade artificielle, puits à margelle, sièges en imitation troncs d'arbres, de petits ponts ... enfin, tout tout tout !

Oui mais aujourd'hui ?

Contrairement à ce que vous dites, le prince de Conti est resté en France ; du reste, il vivait séparé de Marie-Fortuné d’Este.
Car il est, aux premières heures, favorable à la Révolution. Il deviendra d’ailleurs commandant de la Garde Nationale de l’Isle-Adam.
C’est aussi un cousin germain de Philippe-Egalité.
Mais en 1793, Il est emprisonné avec les Orléans, à Marseille.
Seule la duchesse d’Orléans ne rejoint pas le groupe, mais reste sur ses terres pour « raisons de santé » ; plus tard, elle est enfermée au Palais du Luxembourg, transformé en prison.

A noter que la duchesse de Bourbon avait fait don de ses biens à la République
Hop ! Elle est tout de même emprisonnée, et tout lui est...confisqué !  

Je savais bien qu'il restait un Conti sur place !  

Qui se trompe, alors ?

Nous avons tout deux raison ; le prince part comme je l'ai dit en émigration avant de revenir en avril 1790. Il sera conduit en 1793 à Marseille en détention avec les autres Bourbons, hormis ceux détenus au Temple. Libéré en juin 1794, il est envoyé de force en Espagne en septembre 1797 où il meurt en 1814.

C’est exact. Autant pour moi.
Il fait même allégeance au nouveau régime, avant de se retirer sur ses terres.
C’est qu’il ne se sentait pas à son aise à la cour de Turin.

Je vous cite ici la lettre qu’il adresse au Garde des Sceaux pour lui demander permission de revenir.
Quelle idée ! N’est-ce pas...

Monsieur, ayant appris la déclaration authentique que le roi vient de faire à l’Assemblée Nationale, je signe le présent serment, suivant la feuille imprimée, et vous l’envoie, n’ayant jamais eu en vue, dans tout ce que j’ai dit et écrit, que ce que j’ai cru être le plus grand avantage de l’Etat et du Roi.
Mes intentions ont toujours été pures, et j’ai toujours eu pour principe de ne jamais me séparer de sa Majesté.
Oserais-je vous prier, Monsieur, de faire passer mon serment à l’Assemblée Nationale, si cela doit être, après l’avoir transmis au Roi de ma part ; car, étant à 180 lieues de Paris et ne pouvant savoir ce qu’il faut faire en pareil cas, je ne puis m’adresser qu’à vous pour m’aider en cette circonstance, que je saisis avec empressement, pour vous assurer des sentiments avec lesquels je suis...bla, bla.

Aussi mal inspiré que mal écrit...  

En fait depuis le début de la révolution jusqu'à sa mort il vivra dans la paperasserie, il sera libéré par une pétition, enverra de nombreuses demandes de lever des sequestres sur ses biens, puis pour des dédommagements ou des pensions contre ses biens perdus...

Es-tu frondeur !!!                      

Graaaaaave !!!

Au temps pour toi...

Nous nous souvenons que les tortionnaires et bourreaux de la princesse de Lamballe découvrent dans ses poches une lettre toute poissée de sang .
Elle est de la main de Bathilde  !

Bathilde, enthousiaste démocrate de la première heure en effet, finit par déchanter, puis s'affoler tout de bon quand la famille royale est incarcérée au Temple .  Elle écrit alors à Mme de Lamballe :

Je viens d'apprendre, ma Princesse,  tous les nouveaux malheurs arrivés à Paris . J'aurais désiré m'aller présenter devant le Roi et la Reine dans ces tristes circonstances, mais la crainte d'être enfermée dans Paris m'arrête . Soyez assez bonne, ma Princesse,  pour leur faire part du contenu de ma lettre  et pour me donner des nouvelles de toute la famille royale, ainsi que des vôtres .
Je n'ajouterai rien; les termes sont trop faibles pour exprimer tout ce que le coeur éprouve dans de telles circonstances .

C'est ce qu'a ressenti cette partie de l'aristocratie, à l'origine favorable à l'instauration d'un régime à l'anglaise qui lui donnerait accès de plus près encore aux affaires (ce qu'on appelle la réaction nobiliaire), qui découvre que le mouvement ne va pas s'arrêter là où elle est arrivée, mais que ce n'est qu'un début. D'où un grand nombre de revirements en cours de route.

A vrai dire, Bathilde est déjà emprisonnée au fort de Notre-Dame de la Garde à Marseille, et Orléans a été exécuté douze jours auparavant,  lorsqu'elle juge à propos d'offrir ses biens à la Révolution .  On n'avait pas attendu ce don : les sans-culottes avaient déjà fait main basse sur le tout ( dont l'Elysée ) .

A l'exemple de son frère duc d'Orléans devenu Egalité, l'ex ci-devant duchesse de Bourbon avait pris nom " la citoyenne Vérité ".  
Le ridicule tue moins sûrement que la guillotine, heureusement .
Bathilde croupit néanmoins dans l'antichambre de la mort . C'est le 9 thermidor qui la sauve in extremis .

[Ah ? Ce n’est pas ce que j’ai lu, mais ainsi donc, le fait demeure, elle perd l’Elysée !
Le fort dans lequel elle est transférée, en effet après celui de Notre-Dame, est celui de Saint-Jean. C’est là qu’elle apprend la mort du duc d’Orléans.
A noter qu’après de multiples périples in et out de France, au gré de la succession tumultueuse des régimes politiques de l’après-révolution, la duchesse de Bourbon se posera finalement...à l’hôtel de Matignon !

Décidément, la Citoyenne Vérité était dans les hauts-lieux représentatifs de notre République.

Elle le perd ...... et le récupère !
Quand elle échappe par miracle au Rasoir National, changement de régime ! s'instaure le Directoire .
Alors Bathilde fait des pieds et des mains, courrier sur courrier, jusqu'à ce qu'elle obtienne que lui soit rendu l'Elysée .
C'est en janvier 1797 qu'elle retrouve sa demeure sur le Roule,   mais en très piteux état !

Cette princesse a eu un destin assez particulier, il faut l'avouer. Je l'appréciais déjà pas mal pour être une rare (l'unique ? ) princesse à avoir vécu officiellement séparée de son mari. Comme des divorcés modernes. Je crois que la garde du duc d'Enghien fut assez difficile à trancher. C'est Louis XVI en partie qui a dû régler la question.
Bref une princesse sacrément en avance sur son temps.

Personnellement, même si ces idées nouvelles ont fait beaucoup de mal, si son frère les a utilisées pour se forger une popularité qui au final ne lui rapportera rien, je trouve sympathique que des princes du sang admettent que la société d'Ancien Régime n'avait plus de sens et qu'il fallait faire quelque chose. Dommage que les événements aient si mal tourné.

olivia a écrit:

Cette princesse a eu un destin assez particulier, il faut l'avouer. Je l'appréciais déjà pas mal pour être une rare (l'unique ? ) princesse à avoir vécu officiellement séparée de son mari.

Son frère et Marie-Adélaïde étaient divorcés ! C'est encore plus fort, pour l'époque .