Louis de France. par Élisabeth Vigée Le Brun en 1787(Louis Joseph Xavier François de Bourbon)Maison de BourbonDauphin de France(du 22 octobre 1781 au 04 juin 1789)
(7 ans, 7 mois et 13 jours)Fils de France
Dauphin de France Né le 22 octobre 1781 au château de Versailles, Yvelines
Baptisé le 22 octobre 1781 en la Chapelle du château, Versailles
L'acte de baptême du dauphin de France donne Par Louis René Édouard Cardinal de la Sainte Église Romaine, Évêque et Prince de Strasbourg, Landgrave d'Alsace, Prince d'État, d'Empire, grand Aumônier de France, commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit
Parrain: Sérénissime et très puissant Empereur Joseph
— représenté par Louis Stanislas Xavier de France Monsieur frère du roi
Marraine: Marie Adélaïde Clotilde Xavière de France (alias à revoir) princesse de Piedmont
— représentée par Élisabeth Philippine Marie Hélène de France Madame sœur du roi
Source: AD78, Versailles, Notre-Dame B (1781), 1112509 vue 115/146 Registre des baptêmes (1781) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines Décédé le 04 juin 1789 à Meudon, Hauts-de-Seine à l'âge de 7 ans
Inhumé le 13 juin 1789 dans la Basilique Royale de Saint Denis
Le dauphin Louis-Joseph en 1784.Portrait par Adolf Ulrik WertmüllerLouis de France par Élisabeth Vigée Le Brun en 1787Louis Joseph Xavier François de France (22 octobre 1781 - 04 juin 1789), fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette, deuxième enfant du couple royal, est le premier dauphin avant Louis XVII.
Enfant de santé fragile, il meurt à l'âge de sept ans et demi à Meudon, le 4 juin 1789, pendant les États généraux.
Né le 22 octobre 1781 au château de Versailles
en présence de la famille royale et de Charles-Thomas de Vermond, médecin accoucheur de la Reine
Le biographe du Roi, Bouvet de Cressé raconte:
"Marie-Antoinette était accouchée le 22 octobre 1781 au milieu de tous les témoins et avec les formalités d'usage, comme un silence profond régnait dans l'appartement, elle craignit de n'avoir mis au monde qu'une fille. Louis XVI s'approcha alors et lui dit":
"Madame, vous avez comblé mes vœux et ceux de tout M le royaume, vous êtes mère d'un Dauphin"La princesse Guéménée, gouvernante des enfants de France et Sa Majesté, en lui remettant l'enfant, lui adressa ces paroles:
"Madame, je n'ai pas besoin de vous recommander ce dépôt, qui intéresse le royaume, il ne saurait être en meilleures mains, mais, pour que vous puissiez vaquer plus librement aux soins qu'il exige, je compte partager avec vous l'éducation de ma fille"La naissance tardive du dauphin bouleversa la famille royale, ruinant les espoirs du comte de Provence qui perd ainsi sa qualité d'héritier présomptif du trône. Quant aux textes et chansons relatant l'événement, il y a, comme pour la naissance de Madame Royale, les deux extrêmes, mais, dans l'ensemble, le peuple se réjouit de cette naissance. Le cérémonial se déroule normalement et la maison du dauphin est constituée. Une multitude de cadeaux sont offerts aux époux: entre autres une pendule à musique et automates ainsi qu'un coffre à layette offerts par la ville de Paris.
Louis Joseph de France est baptisé le 22 octobre 1781, jour de sa naissance, dans la chapelle du château de Versailles par Louis René Édouard de Rohan, grand aumônier de France, en présence d'Honoré Nicolas Brocquevielle, curé de l'église Notre-Dame de Versailles: son parrain est l'empereur Joseph II d'Autriche, représenté par Louis Stanislas Xavier de France, futur Louis XVIII, et sa marraine est Marie Clotilde de France, princesse de Piémont, représentée par Madame Élisabeth, sœur du roi Louis XVI.
Le dauphin est élevé par plusieurs nourrices, dont la plus célèbre est sans doute Geneviève Poitrine, qu'on accuse de lui avoir transmis la tuberculose. Le roi Louis XVI choisit de nommer un gentilhomme du Dauphiné comme son premier valet de chambre : Pierre-Jean de Bourcet, ancien lieutenant de l'armée royale, qui lui sera dévoué jusqu'à sa mort.
Comme sa sœur, Marie-Thérèse, le dauphin est très proche de ses parents.
Louis XVI, qui surveille de très près son éducation, commande au géographe Mancelle un globe terrestre transformable, montrant ainsi les terres émergées et immergées, ainsi que tout ce qui pourrait parfaire ses connaissances, comme toute une série de peintures sur peaux de bison.
Le jeune prince est décrit par tous ses contemporains comme un enfant intelligent, qui étonne par ses reparties. Néanmoins Louis-Joseph est éduqué pour régner et montre également un certain goût pour le pouvoir et l'autorité.
Louis XVI et Marie-Antoinette sont des parents qui se préoccupent beaucoup de l'éducation de leurs enfants, mais ils sont trop optimistes en ce qui concerne la santé du jeune Louis-Joseph et la reine imagine déjà lui donner en mariage sa nièce Marie-Amélie de Sicile née en 1782.
Réjouissances données par la Ville de Paris aux Halles
Philibert Louis DEBUCOURT (1755 - 1832)
© RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La naissance de l'héritier de la CouronneNé en 1755, Philibert-Louis Debucourt est l'élève du peintre académique Joseph-Marie Vien (1716-1809) qui le forme dans plusieurs domaines artistiques, en particulier la peinture et la gravure.
Le 28 juillet 1781, il est agréé par l'Académie royale de peinture et de sculpture et quelques mois plus tard, il produit ce tableau dont le sujet revêt un caractère officiel.
L'artiste peint une scène de rue saisie sur le vif lors de festivités parisiennes organisées pour célébrer la naissance de Louis-Joseph de France le 22 octobre 1781.
Second enfant et premier fils du couple royal formé par Louis XVI et Marie-Antoinette, il hérite du titre de dauphin qui le désigne comme l'héritier du royaume, selon la tradition introduite par le traité de Romans du 30 mars 1349.
Cet heureux événement s'accompagne d'une importante campagne iconographique composée de gravures, sculptures, médailles ou peintures, comme ce tableau présenté pour la première fois au Salon de 1783, avant son achat par la ville de Paris en 1954 auprès du marchand d'art Leegenhoek.
Les grands épisodes de la vie de la famille royale sont aussi suivis de festivités à travers le royaume, avec une atmosphère de liesse bien restituée sur l'œuvre.
À partir du 21 janvier 1782 et durant trois jours, des cérémonies marquent la venue du couple royal dans la capitale: Te-Deum, banquets, bals et feux d'artifice se succèdent, en particulier dans le populaire quartier des halles.
Analyse des imagesFêtes et spectacles de rueDebucourt excelle dans la peinture de genre, avec des scènes champêtres ou du quotidien de la vie urbaine. Le point fort de sa toile tient à son dynamisme, avec une multitude de saynètes qui rappellent l'École flamande et les personnages joyeux des peintures des Brueghel Pieter l'Ancien (1525-1569) et Pieter le Jeune (1564-1636). L'artiste ajoute une observation méticuleuse de son Paris natal, à l'instar de ses contemporains qui font de la capitale un sujet de prédilection: Nicolas Raguenet (1715-1793), Pierre-Antoine Demachy (1723-1807), Hubert Robert (1733-1808), ou Alexandre-Jean Noël (1752-1834).
L'artiste restitue à merveille la vie animée de la Place des Halles prise depuis la rue Réale, le tout dans une ambiance crépusculaire. La mise en scène est en partie fantaisiste, comme le suggère la présence discrète et hautement improbable de la famille royale en bas à gauche de la toile, avec le roi, la reine, leur première fille Madame Royale (1778-1851) et Madame Élisabeth (1764-1794), sœur de Louis XVI. Debucourt décrit une atmosphère de jeux, de danses, d'ivresse, et de violence, avec des bagarres ou des vols. La fontaine édifiée au début du XVIIe siècle est placée au cœur de la composition, derrière un groupe de danseurs. Sur la gauche, le cadre métallique en forme d'échelle correspond au carcan utilisé pour l'exposition publique des condamnés. Sur la droite, la silhouette du pilori et son toit pointu surmonte une estrade où une distribution de vin engendre un mouvement de foule. Au dernier plan, on aperçoit les étals des marchands qui accueillent leur clientèle habituelle, avec sur la droite les bâtiments de la halle à la Marée et sur la gauche le marché aux poirées.
InterprétationLes grandes heures du royaumeDans l'histoire de la famille royale, la naissance du premier garçon constitue un événement majeur, car il lève l'incertitude de la succession, selon la règle de dévolution de la Couronne au premier garçon en ligne directe. L'accouchement intervient onze ans après le mariage royal, ce qui explique l'ampleur des réjouissances, en dépit de quelques textes satyriques qui rappellent les progrès de l'opinion publique. Le dauphin Louis-Joseph est baptisé le jour de sa naissance, avec pour prestigieux parrain l'empereur Joseph II d'Autriche et pour marraine la princesse de Piémont. Dans ses Mémoires, Henriette Campan (1752-1822), femme de chambre de la reine décrit le climat enthousiaste à l'annonce de l'accouchement:
« La naissance d'un dauphin sembla mettre le comble à tous les vœux; la joie fut universelle; le peuple, les grands, tout parut à cet égard ne faire qu'une même famille; on s'arrêtait dans les rues, on se parlait sans se connaître, on embrassait tous les gens que l'on connaissait »Dans les jours qui suivent l'heureux événement, différents présents sont adressés au couple royal par les hautes instances de l'État et les corps représentatifs.
Dans le même temps, l'administration de la maison du Dauphin se met en place.
De santé fragile et régulièrement malade, le jeune prince meurt au château de Meudon le 04 juin 1789, un mois après la procession inaugurale des députés des États généraux du royaume.
Le chagrin du couple royal décrit par les témoins révèle l'attachement à leurs enfants, sur le modèle d'éducation affective du philosophe Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) dans l'Émile ou De l'éducation publié en 1762.
Son frère Louis-Charles de France, duc de Normandie né le 27 mars 1785, lui succède dans la lignée dynastique, mais il meurt dix ans plus tard sans avoir régné, lors de son emprisonnement au Temple.
Naissance de M. le Dauphin, le 22 octobre 1781 et des festivités qui ont suivi.Cette naissance bouleverse la famille royale
Elle ruine les espoirs du comte de Provence qui perd ainsi sa qualité d'héritier présomptif du trône
Vers 9 heuresMarie Antoinette ayant senti quelques douleurs qui annonçaient qu’elle ne tarderait pas à accoucher, la princesse de Lamballe, surintendante de la Maison de la Reine, se rend auprès de son amie, qui avait ordonné qu’on alla l’avertir.
Dès que la princesse de Lamballe est arrivée, elle donne l’ordre qu’on aille avertir Monsieur, Madame, M. le comte d’Artois, Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie, qui se rendent aussitôt chez la Reine.
Louis XVI n’est pas averti, car il est déjà auprès de Marie Antoinette.
Mme la comtesse d’Artois étant indisposée, n’est pas avertie.
Les autres princes et princesses du sang sont avertis sur le champ.
Le Garde des Sceaux de France, et tous les secrétaires d’état, qui avaient également averti, se rendent aussi dans le Grand Cabinet de la Reine, dont l’appartement est à l’instant rempli de seigneurs et dames de la Cour.
Marie Antoinette, qui avait eu un travail d’environ 2 heures, accouche très heureusement à 13h23, d’un prince dont la force et la santé donnent les plus grandes espérances pour la conservation de ses jours.
Louis XVI, qui n’avait pas quitté son épouse pendant ses douleurs, et qui n’avait cessé de lui donner des preuves de sa tendresse, paraît, dans le moment de la naissance de M. le Dauphin, toucher de la joie la plus pure et la plus attendrissante; elle est peinte sur le visage du Roi, qui est témoin de celle de toute sa Cour, et des vœux qu’elle faisait pour son bonheur et pour celui de la Reine.
Après que l’on est donné, en présence du Roi, les premiers soins à M. le Dauphin, Louis XVI rentre chez son épouse, et lui annonce qu’elle est accouchée d’un prince.
Marie Antoinette ayant aussitôt demandé à le voir, il lui est apporté par la princesse de Guémenée, Gouvernante des Enfants de France, accompagné de trois sous-gouvernantes.
En sortant de chez la Reine, elle porte, M. le Dauphin, dans son appartement située au rez de chaussé de l’Aile du Midi donnant sur le parterre du Midi.
Le prince de Tingry, capitaine des gardes du corps du Roi en quartier, conduit, conformément aux ordres que Louis XVI lui avait donnés de quitter son service près de sa personne, M. le dauphin dans son appartement, accompagné de la Gouvernante des Enfants de France.
Dans cet appartement se trouvent, auprès de lui, un lieutenant et un sous-lieutenant des gardes du corps du Roi.
Une salle des gardes du corps y est établie, ainsi que toutes les personnes que Louis XVI avait précédemment pour le servir.
Dans l'ensemble, le peuple se réjouit de cette naissance
L'allégresse éclatait de toutes parts; la joie était à son comble et bientôt la capitale et les provinces allaient par des fêtes publiques consacrer l'heureux évènement qui faisait le bonheur de la France
Les poissardes, qu'il est d'usage de nommer les dames de la halle, harangèrent Louis XVI quelques jours après
Comme ce discours est bien pensé et bien écrit, nous le consigerons ici:
"Sire, si le ciel devait un fils à un Roi, qui regarde son peuple comme sa famille, nos prières et nos voeux le demandaient depuis longtemps
Ils sont enfin exaucés! Nous voilà sûres que nos enfants seront aussi heureux que nous, car cet enfant doit vous ressembler
Vous lui apprendrez, Sire, à être bon et juste comme vous
Nous nous chargeons d'apprendre aux nôtres comme il faut aimer et respecter son Roi"
Elles dirent à la Reine entre autres choses:
"Il y a si longtemps, Madame, que nous vous aimons sans oser vous le dire, que nous avons besoin de tout notre respect pour ne pas abuser de la permission de vous l'exprimer"
Arrivés dans l'appartement du Dauphin, ces mêmes dames s'exprimèrent en ces termes:
"Vous ne pouvez entendre encore les voeux que nous faisons autour de votre berceau
on vous les expliquera quelque jour; ils se réduisent tous à voir en vous l'image de ceux de qui vous tenez la vie"
Le cérémonial se déroule normalement, et la maison du Dauphin est constitué
De multiples cadeaux sont offerts aux époux: on peut noter cette pendule à musique et automates ainsi qu'un coffre à layette offerts par la ville de Paris
Baptisé le 22 octobre 1781 en la chapelle du château de Versailles.
Ce fut le roi en personne qui vint annoncer la nouvelle de la révélation du sexe de l'enfant en disant à sa femme :
“Madame, yous avez accompli nos souhaits et ceux de la France, vous êtes la mère d'un Dauphin.”fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette
deuxième enfant du couple royal, est le premier dauphin avant Louis XVII, né près de 3 ans après sa grande sœur Madame Royale.
Il devient par sa naissance en octobre 1781, l'héritier au trône de France
Description de cette image, également commentée ci-après
Louis de France.
par Élisabeth Vigée Le Brun en 1787
Ardemment attendu après 11 années de mariage, cet enfant, de santé fragile, ne vivra que 7 ans, 7 mois et 12 joursi pour s'éteindre le 4 juin 1789 à Meudon à l'aube de la Révolution française
Un décès qui passera presque inaperçu, tout comme sera oubliée dans les années suivantes la courte existence de ce jeune dauphin qui fit montre d'une grande maturité et d'un non moins, grand courage face à la maladie
Vers 15 heuresM. le Dauphin est baptisé par le prince cardinal Louis de Rohan, Grand Aumônier de France, en présence de M. Broquevielle, curé de la paroisse de Notre Dame, et tenu sur les fonts de baptême par Monsieur, au nom de l’Empereur d’Autriche, et par Mme Elisabeth, au nom de Mme la prince de Piémont.
Louis XVI est présent ainsi que les princes et princesses du sang, qui avaient eu le temps de se rendre assez tôt à la Cour.
M. le Dauphin est nommé Louis Joseph Xavier François.
Après le baptême, M. le Dauphin ayant été reconduit à son appartement, le comte de Vergennes, ministre et secrétaire d’état aux affaires étrangères, grand trésorier des Ordres du Roi, lui porte le cordon et la croix du Saint-Esprit, et le marquis de Ségur, ministre et secrétaire d’état à la guerre, la croix de Saint-Louis, conformément aux ordres que ces deux ministres avaient reçus du Roi.
Après le baptême, Louis XVI, ainsi que toute la Cour, assiste au Te Deum, qui est chanté à cette occasion dans la chapelle, par sa Musique.
Aussitôt que la Reine est accouchée, le comte de Croismare, lieutenant des gardes du corps, de la compagnie de Beauvau, de service auprès de celle-ci, va à Paris, par ordre du Roi, annonce l’heureuse nouvelle au corps de ville, qui s’était déjà assemblée, d’après les ordres que le Roi lui en avait envoyé peu de temps auparavant.
Le comte de Vergennes, ministre et secrétaire d’état aux affaires étrangères, s’étant rendu dans son appartement dans l’aile des Ministres, au rez de chaussée, donnant sur la rue de la Surintendance, dépêche des courriers extraordinaires aux ambassadeurs et aux ministres du Roi dans les Cours étrangères, pour leur faire part de cette heureuse nouvelle, et tous ces courriers partent à 16h30.
Le marquis de Castries, ministre et secrétaire d’état à la Marine, ainsi que les autres secrétaires d’état, a également fait par de cette nouvelle.
Louis XVI passe plusieurs fois dans la journée chez Marie Antoinette, et va voir M. le Dauphin.
Sur les 20h30On tire dans la place d’armes un très beau feu d’artifice, que le Roi voit du balcon de son appartement, ainsi que toute la Cour.
Ce feu est suivi d’une illumination générale dans la ville.
Les princes du sang et tous les seigneurs de la Cour ont l’honneur de faire leurs révérences à Louis XVI à l’occasion de l’accouchement de la Reine et de la naissance de M. le Dauphin.
23 octobre 1781 Au matin, les princesses du sang ont aussi l’honneur de faire leurs révérences au Roi à cette occasion, et les dames de la Cour l’après-midi.
Le corps des Ambassadeurs et ministres étrangers complimentent Louis XVI, sur le même sujet.
Le Premier Président du Parlement de Paris, et tous les chefs des différentes cours ont aussi l’honneur de complimenter le Roi à cette occasion.
Pendant les trois qui suivent cette naissance, les boutiques vont être fermées à Versailles, et la ville est illuminée. Le peuple, qui n’a cessé de remplir les cours du château, témoigne, par les cris réitérés de « vive le Roi, la Reine et M. le Dauphin », la joie inexprimable qu’il ressent de l’heureux accouchement de la Reine et de la naissance de M. le Dauphin.
26 octobre 1781 Louis XVI voulant rendre solennelles actions de grâces à Dieu de la naissance heureuse de M. le Dauphin, ayant précédemment indiqué, par une lettre à Mgr de Beaumont, archevêque de Paris, ce jour pour célébrer un Te Deum dans l’église métropolilitaine, et M. de Nantouillet, maître des Cérémonies, ayant invité les compagnies supérieurs de s’y trouver, et leur ayant remis les lettres de cachet à ce sujet, le Roi part, de Versailles à 15 heures, accompagné, dans son carrosse, de Monsieur, de M. le comte d’Artois, du duc d’Orléans, du duc de Chartres et du prince de Condé, précédé et suivi des Grands Officiers de sa Maison et des seigneurs de sa cour; il arrive à Paris vers 16 heures.
Une salve d’artillerie de la ville de Paris, établie à la place Louis XV, et de celle dans sa capitale. Le Roi ayant dispensé le corps de ville de se trouver à la barrière de la Conférence, à cause de la difficulté qu’aurait eue ce corps de se rendre à Notre Dame, trouve seulement un détachement des gardes de la ville. Louis XVI, qui avait pris son grand carrosse de cérémonie à la demi-lune du cours, entre dans Paris, accompagné des gardes du corps et de leurs officiers dans les places qui leur sont marquées, et précédé du guet des gendarmes et de celui des chevaux légers, de la fauconnerie et du vol du cabinet commandé par le marquis de Forget.
Les régiments des gardes françaises et suisses forment une haie depuis l’ancienne porte de la Conférence jusqu’à Notre Dame, et présentent les armes au Roi. Louis XVI, qui avait ordonné que les chevaux n’aillent qu’au pas pour donner à son peuple le temps de le voir, arrive sur les 17 heures à l’église métropolitaine. Il y trouve le Parlement, la Chambre des Comptes et la Cour des Aides. Le Garde des Sceaux de France y est, accompagné des conseillers d’état et des maîtres des requêtes.
A la porte de l’église, Louis XVI est reçue et complimenté par Mgr de Beaumont, archevêque de Paris, accompagné de tout son Clergé. Il entre dans l’église, au bruit des trompettes et des hautbois de la Chambre, étant précédé du maître et de l’aide des cérémonies, devant lesquels marchaient le Roi et les hérauts d’armes ; Louis XVI va se placer au milieu de l’église sur son prie-dieu, au-dessus duquel est un dais. Monsieur, M. le comte d’Artois, le duc d’Orléans, le duc de Chartres, le prince de Condé, le prince de Conti, le duc de Penthièvre, le cardinal de Rohan, les officiers de la Couronne, étant placés auprès du Roi, ainsi que le Clergé, les cours souveraines et le corps de ville, en robe de cérémonie ; on chante un Te deum en musique, au bruit d’une salve générale des canons de la Bastille, des Invalides, de l’Arsenal, et de la ville, et les régiments des gardes françaises et suisses y répondant par trois salves de leur mousqueterie. Après le Te deum, Louis XVI vient faire sa prière devant l’autel de la Vierge d’où il est reconduit à la porte de l’église avec les cérémonies qui avaient été observées à son arrivée. Louis XVI étant remonté en carrosse au bruit des acclamations publiques et des cris répétés de « vive le Roi ». il trouve dans sa route toutes les maisons illuminées, et fait jeter de l’argent au peuple, comme elle a fait à son arrivée.
27 octobre 1781 Les médecins de la Reine déclarent qu’il n’y aura plus de bulletin. L’état de la Reine, depuis son accouchement, n’a pas donné d’inquiétude, et l’on est également tranquille sur les jours précieux de M. le Dauphin.
28 octobre 1781 Au matin, le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aides, la Cour des Monnaie et le corps de ville de Paris, conduits par M. de Nantouillet, maître des Cérémonies, et par M. de Wattronville, aide des Cérémonies, et présentés par M. Amelot, secrétaire d’état à la Maison du Roi, sont admis à l’audience du Roi; les chefs des compagnies portent la parole, et complimentent le Roi sur la naissance de M. le Dauphin.
Toutes les compagnies ont, ensuite, l’honneur de complimenter M. le Dauphin, étant conduites et présentées de la même manière qu’elles l’avaient été à Louis XVI.
L’après-midi, le Grand Conseil, l’Université, l’Académie française, étant conduits et présentés à l’audience du Roi, de la même manière que les autres compagnies l’avaient été, ont aussi l’honneur de complimenter Louis XVI sur le même sujet; les chefs portant la parole.
Ces trois compagnies complimentent aussi M. le Dauphin, étant conduites et présentées comme elles l’avaient été au Roi.
29 octobre 1781 Louis XVI ayant permis au corps de sa Musique un Te Deum dans la chapelle, en action de grâces de l’heureux accouchement de la Reine et de la naissance de M. le Dauphin, elle chante un Te Deum de la composition de M. Mathieu, maître de la Musique du Roi en semestre. Mgr de Roquelaure, évêque de Senlis, premier aumônier du Roi, y officie pontificalement.
Louis XVI vient, à Notre Dame, faire chanter un Te deum, et les réjouissances sont répétées dans toute la capitale.
Début novembre 1781 Marie Antoinette continue à jouir de la meilleure santé, ainsi que M. le Dauphin. Elle a résolu de paraître, à Paris, dans la plus grande pompe ; sa robe sera du plus beau drap d’or, brodés en brillants et en perles fines. Qu’on ajoute à cela tous les diamants de la Couronne, l’art et le bon goût de l’ajustement, relevés par un corps enrichi de tous les dons de la nature, on pourra juger si les poètes et les peintres auront jamais eu un plus beau sujet pour exercer leurs talents. On assure que les fêtes de relevailles dureront trois jours et qu’elles s’exécuteront ainsi qu’il suit:
Leurs Majestés dîneront, le premier jour, chez les religieuses de Sainte-Geneviève. On prétend que la nourrice apportera M. le Dauphin, que la Reine présentera à l’autel de la Vierge dans l’église Notre Dame. M. de Beaumont, archevêque de Paris, à l’exemple de Siméon, recevra cet auguste enfant pour l’offrir à son tour à l’être tout puissant qui soutient et mise à son gré les spectres et les couronnes. La Cour soupera à l’Hôtel de Ville, orné d’une illumination dont le dessin représentera la façade de l’Hôtel de Ville à bâtir, et qui éclairera un festin public dont les tables seront dressées au milieu de la place sous les tentes, s’il fait mauvais temps. Leurs Majestés viendront coucher aux Tuileries, où l’on a porté les meubles de la Couronne.
Le deuxième jour, le peuple jouira de leur présence dans les jardins des Tuileries, et ensuite Leurs Majestés iront dîner au Luxembourg, où Monsieur les attendra ; de là, on croit qu’elles viendront au spectacle de la nouvelle comédie française, où l’on donnera pour la première fois « les noces de Figaro », pièce nouvelle de M. de Beaumarchais ; ensuite on se rendra à l’Hôtel de Ville, où l’on soupera publiquement comme la veille.
Le troisième jour, on ira passer la journée, au Temple, chez M. le comte d’Artois, qui donnera à dîner, et le soir, on se rendra à l’Opéra ; on viendra au Palais Royal, chez le duc de Chartres, qui cèdera au duc d’Orléans le droit de faire les honneurs. Après le souper, toute la Cour se rendra dans la salle de l’Hôtel de Ville, comme il est d’étiquette, pour jouir des plaisirs d’un bal paré.
Le quatrième jour, à la pointe du jour, la Famille Royale retournera à Versailles avec le moins de faste possible.
Tel est le plan des fêtes qu’on prépare ; mais il est possible que le Roi, à qui l’on doit le présenter, en supprime une partie, à cause des grandes dépenses qu’elles occasionnent.
2 novembre 1781 état de la reine continuant d’être de plus en plus satisfaisant, Marie Antoinette a vu, toutes les personnes qui ont les grandes entrées chez le Roi et chez elle.
4 novembre 1781 Le Chapitre de l’Eglise de Paris a l’honneur de complimenter, Louis XVI, à l’occasion de l’heureux accouchement de la Reine et de la naissance de M. le Dauphin; l’abbé de Montagu, doyen, porte la parole. Il a ensuite l’honneur de complimenter M. le Dauphin.
Les Consuls de Paris et les six corps des marchands de la même ville, ayant à leur tête M. Lenoir, Lieutenant général de police de Paris, et M. Moreau, procureur du Roi, sont admis à complimenter Louis XVI. Ils sont présentés, au Roi, par le duc de Brissac, gouverneur de Paris.
La compagnie royale de l’arquebuse de Paris, et les dames des halles, aussi présentées par le duc de Cossé, ont le même honneur, et sont reçus avec bonté par Louis XVI. Il accorde aux chevaliers un prix en l’honneur de la naissance de M. le Dauphin, et nomme pour y tirer en son nom, le duc de Cossé, colonel de la compagnie.
Les dames des halles, qui se sont rendues à Versailles, sont au nombre de 120; lorsqu’elles sont présentées à Louis XVI par le duc de Cossé, gouverneur, elles complimentent le Roi, puis elles sont présentées successivement à la Reine et à M. le Dauphin.
Le soir, il est chanté, dans toutes les églises de Versailles, un Te deum, qui est suivi d’une illumination générale. Il est fait, au peuple, une distribution de pain, de vin et de viande sur les différentes places de la ville, dans lesquelles il y a des danses. Le peuple, qui n’a pas suspendu les témoignages de sa joie depuis l’instant de la naissance de M. le Dauphin, ne fait alors qu’en manifester plus vivement les démonstrations.
9 novembre 1781 L’état de la Reine ne laissant plus rien à désirer, Marie Antoinette, qui avait vu toutes les personnes qui ont les entrées de la Chambre, tant chez le Roi que chez elle, admit de lui faire leur cour, le 18 novembre, tous les seigneurs et dames de la Cour.
18 novembre 1781 L’état de la Reine ne laissant plus rien à désirer, les seigneurs et dames de la Cour ont l’honneur de rendre leurs respects au Roi.
19 novembre 1781 Après avoir entendue la messe chez elle, Marie Antoinette se rend, à la chapelle, où elle est relevée par Mgr de Sabran, évêque-duc de Laon, son grand aumônier.
La santé de M. le Dauphin se fortifie de jour en jour.