L’apothicairerie de l'hôtel national des Invalides – 7ème arrondissement
Savez-vous que les civils ont la possibilité de se faire soigner dans un hôpital militaire (Percy, Begin, le Val de Grâce...etc) aux Invalides, il y a 5000 consultations par an.
Allez passons à l'histoire. En 1670, Louis XIV décide de faire construire un bâtiment susceptible d'abriter ses soldats invalides ou trop âgés pour servir. Il confie son projet au Secrétaire d'Etat à la Guerre, Louvois et la lucarne, aux armes
parlantes
qui choisit l'architecte Libéral Bruant pour la construction de l'hôtel, dont le plan n'est pas sans rappeler l'Escorial de Philippe II (Espagne). Ce projet s'inscrit dans le courant charitable et social du XVIIe siècle et l'Hôtel des Invalides devient un exemple pour bien d'autres pays européens.
La construction de l'enceinte militaire est achevée en trois ans seulement et les premiers invalides s'y installent dès octobre 1674. La vie des 4 000 pensionnaires (fin XVIIe siècle) est soumise aux exigences d'une caserne et d'un monastère. Divisés en compagnies, les soldats travaillent dans des ateliers de confection d'uniformes, de cordonnerie, de tapisserie et d'enluminure, afin de combattre l'oisiveté.
Les grands blessés, au nombre d'une centaine, sont pris en charge dans l'Hôpital, installé au Sud-est. Celui-ci est toujours actif aujourd'hui. Alors que les chambres réservées aux vieux soldats (qui n'ayant pas de famille habitaient l'hôtel = pensionnés) autour de la cour est maintenant dévolue aux espaces du musée. Elles se situaient sous les toits, au-dessus des quatre grands réfectoires, longs de 47 mètres, les murs sont décorés par Joseph Parrocel (pour ceux qui sont allés à Versailles, il y a un tableau de ce peintre dans l'antichambre du grand couvert) et permettaient d'assurer deux fois par jour aux pensionnaires du Roy 3000 repas en deux services.
Maintenant passons à la visite. Les premières apothicaireries apparaissent dans les monastères, l'on soigne avec le minéral, le végétal et l'animal (fourmi - grenouille - scorpion - scolopendre - serpent (et plus particulièrement les vipères) etc.)). La formation se décompose ainsi :
5 ans d'apprentissage
5 ans de compagnonnage dans un jardin des plantes, si vous êtes fils ou fille d'apothicaire, vous êtes dispensés de cette étape.
L'apothicaire fait partie de la corporation des épiciers. ceux-ci vendent alors que l'apothicaire transforme (prépare) et vend les épices et plantes arrivant d'Orient dans des pots en faïence. En voici quelques exemples :
vase de monstre, le thériaque est composé de 95 plantes dont de l'opium pur
chevrette
pot canon, celui-ci était fermé par un parchemin tenu par un lacet
Ayant des balances d'une extrême précision, se sont les apothicaires qui vérifient toutes les balances de toutes les corporations.
Le lieu qui nous intéresse comporte des boiseries Louis XV
Derrière ces panneaux, des tiroirs
A côté, une petite apothicairerie (bien que ne faisant pas partie de la visite, l'on nous en a ouvert les portes) où le personnel y travaillant, a répondu à nos questions. Nous avons pu voir les noms des différents apothicaires
Maintenant, je vais vous parler d'Antoine-Augustin Parmentier
dont le laboratoire se trouve juste en face la petite apothicairerie
Mais avant, je tiens à tordre le cou à une idée reçue : la pomme de terre n'est pas apparue pendant le règne de Louis XVI, car elle était déjà en notre beau pays en 1596 (mais non, vous ne rêvez pas !) servant de nourriture aux cochons, il était donc impensable à l'époque que les hommes s'en nourrissent, alors que les disettes sont fréquentes.
Revenons à ce cher Parmentier. En 1771, il est nommé apothicaire-major de l'hôtel royal des Invalides, ce qui ne plaît pas aux soeurs grises qui jusqu'alors exerçaient cette fonction.
Pénétrons dans son laboratoire
l'évier
la paillasse
la réserve d'eau
En 1772, les membres de la Faculté de médecine de Paris planchent pendant de longues semaines sur le sujet et finissent par déclarer la pomme de terre bonne à consommer. Parmentier a gagné la partie pense-t-on, hé bien non ! Le terrain qu’il utilise aux Invalides pour étudier toutes sortes de légumes appartient à des religieuses. Ces dernières se plaignent au roi de sa présence et obtiennent le 31 décembre 1774 un arrêt du Conseil du roi qui supprime son poste, mais grâce à ses amis médecins, il pourra poursuivre ses recherches en d'autres lieux de l'Hôtel.
Il organisera en son laboratoire des dîners où seront conviés entre autre Benjamin Franklin ou Lavoisier. Ils y dégusteront, entre autre, des frites. Eh oui, le créateur est Parmentier et non Mc Cain ! Vous aimez les pommes duchesses, remerciez le ! !
En 1772, en compagnie de Cadet de Vaux (ancien pharmacien des Invalides), il va tenter d’améliorer la qualité du pain distribué dans les hôpitaux et les prisons en imaginant une nouvelle méthode de panification. Il sera du reste un des fondateurs d’une école de boulangerie. Il a aussi l’idée d’extraire le sucre d’autres végétaux que la cane à sucre (raisin et betterave). En 1793, il donne même les techniques à employer, c’est ainsi, que la première raffinerie de sucre de betterave sera mise en service par Delessert en 1801. Il travaille aussi sur la conservation des aliments par le froid et va notamment conseiller la réfrigération de la viande. Il travaille également sur l’amélioration de la technique des conserves alimentaires par ébullition découverte par Nicolas Appert en 1810.
Cordialement