Demande de grâce de Madame de Bellegarde à la Reine Marie-AntoinetteLa reine Marie-Antoinette annonçant à Mme de Bellegarde la liberté de son mari Gravure de Antoine-Jean Duclos (1742-1795) d’après Charles-Henri Des FossésL’événement relaté :
L'événement dépeint concerne Antoine-Denis Dubois de Bellegarde (1734-1825), un officier des garde du corps du roi, reconnu coupable d’avoir vendu frauduleusement des armes destinées a la réforme en 1767 et condamné par un conseil de guerre en 1770.
Grâce l’intervention de la reine qui fit réviser son procès, il fut gracié en 1777 après que l'avocat Linguet eut pris son cas en main.
C’est l’annonce de cette grâce à son épouse, venue à Versailles en mai 1777, que retranscrit cette gravure.
M. de Bellegarde obtiendra par la suite le poste de capitaine des chasses du comte d’Artois dans l’Angoumois.
Au demeurant, ce militaire ne se montrera guère reconnaissant puisqu’acquit aux idéaux révolutionnaires et devenu député de la Charente, il votera la mort de Louis XVI.
L’iconographie:Cette gravure fut réalisée en 1779 par Antoine-Jean Duclos d’après un pastel (non localisé) de Charles-Henri Des Fossés ou Desfossés réalisé après 1777. Ce pastel originel fit partie des collections du cabinet du roi.
Si il n’est plus localisé, peut-être la version colorisée du Louvre en garde-t-elle la polychromie:
Paris, musée du Louvre, collection RothschildLa scène se passe dans la galerie des glaces - rare représentation de cet espace au 18e siècle – près de l’entrée du Salon de la paix alors annexé comme salon des jeux au grand appartement de la reine.
On devine la porte et son châssis qui fermait l’enfilade de ce côté-ci. Visiblement une portière de soierie à ramage complète le décor - détail un peu surprenant d’ailleurs car si portière il y avait, elle serait plus logiquement de l’autre côté dans le salon de la Paix.
Pour le reste cette gravure n’apporte rien d’identifiable sur l’ameublement de la galerie à cette époque.
Grâce à la publicité qu’en fit l’éditeur Pierre-François Basan, l’on connait la majeure partie des personnes représentées sur cette gravure.
Au centre, le reine Marie-Antoinette qui relève Mme de Bellegarde accompagné de son fils également à genoux.
A sa droite, la reine est accompagnée de son frère Joseph II alors en visite incognito en France sous le pseudonyme de comte de Falkenstein (http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/premiere-visite-joseph-ii-autriche).
Derrière la reine, suivent le comte et la comtesse de Provence puis le comte et la comtesse d’Artois et enfin à l’arrière plan, trois dames de la cour attachées au service de la reine, Madame de Chimay, sa dame d’honneur, Madame de Mailly, sa dame d’atours, et Madame de Gramont, une de ses dame du palais – parfois faussement identifiées avec Mesdames Adélaïde, Victoire et Louise.
Elles sont toutes trois coiffées d’un bonnet « à la Gabrielle de Vergy », titre d’une tragédie de 1770.
La reine et ses belles-sœurs ont elle des coiffures piquées de plume et sont en robe à la polonaise, tenue adoptée à Versailles à la fin de ces années 1770 en dehors des cérémonies.
L’habit à la française de l’empereur Joseph II, au centre, est bien plus modeste que ceux des comtes de Provence et d’Artois, ceints du cordon de l’ordre du Saint-Esprit.
On remarquera à l’extrême gauche, deux valets portant la livrée du roi, d’un modèle fort semblable à celle offerte à Versailles par notre forum et actuellement exposée aux « Visiteurs de Versailles » …
A l’opposé, parmi les officiers du corps royal d’artillerie présents, sont citées Mrs de la Garde, d’Agoult et de Monlezon.