Nombre de messages : 26590 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: 05 mai 1789 Lun 6 Mai - 9:40
Mardi 05 mai 1789
A Versailles Ouverture des États généraux à Versailles dans une salle de l'Hôtel des Menus Plaisirs
Par une séance solennelle organisée par le grand maître des cérémonies de France, Henri-Évrard, marquis de Dreux-Brézé, dans une salle provisoire à colonnes qui avait été érigée, dans l'urgence, par l'architecte Pierre-Adrien Pâris, derrière l'hôtel des Menus-Plaisirs de l'avenue de Paris
Les Cent Suisses, précédés de leurs officiers, et un détachement considérable de gardes du corps du Roi marchent à droite et à gauche des députés et de la Cour.
Les régiments des gardes françaises et suisses bordent les rues où la procession passe
A ces entrées retentissent des applaudissements et des acclamations provenant de l’assemblée.
Au matin
Louis XVI avait convoqué le duc d’Orléans afin qu’il reprenne sa place de premier prince du sang de cette séance d’ouverture, contrairement à ce qu’il a fait la veille en intégrant les députés de l’Ordre de la Noblesse
Le Roi rejoint son Trône où il reste debout pendant quelques instants afin de permettre à la Cour de prendre place. Marie Antoinette prend place sur un grand fauteuil à sa gauche.
Puis, le Roi s’assoit, se couvre, les trois ordres en font de même, et prononce un discours qui existe dans tous les cœurs l’émotion le plus vive.
Il est interrompu à plusieurs reprises par des témoignages de l’amour et de la reconnaissance
Ouverture des États généraux à Versailles
Départ à 11 heures 3/4
Ouverture des États
Salut
visite à Meudon après le salut
Convocation des états généraux de 1789
La formation ou convocation des états généraux, est l'ensemble des actions requises pour assurer le succès des États généraux.
Elle dura globalement une année, de la mi-juin1788 avec les premières initiatives royales à l'ouverture solennelle le 5 mai 1789.
Cette durée fut consacrée au recueil d'informations sur les états de 1614, à la publication des directives à partir de janvier 1789, puis à leur mise en application sur tout le territoire, puisqu'il était entendu que l'habitant le plus éloigné de toutes les provinces aurait la possibilité de faire entendre sa voix.
Consensus graduel autour de la convocation
Au cours du XVIIIe siècle, la difficulté puis l'impossibilité de remédier en particulier à l'état désastreux des finances avait suggéré à certains que le remède ne pouvait venir que de la réunion d'États provinciaux et d'États généraux.
Les écrits de Malesherbes sont à cet égard très instructifs en particulier les « Remontrances de la Cour des Aides de 1775 »
Le mot « révolution » était également employé sans ajouter aux troubles des esprits ou des populations.
Il faut cependant veiller à l'interpréter en évitant l'anachronisme.
Même les ordres privilégiés, par principe hostiles à toute innovation mais confiant en leur suprématie, ne voyaient pas dans cette opération une si grande menace mais au contraire comme l'occasion de conforter durablement les principes essentiels de la société, principes soumis à un travail de sape toujours croissant.
Cependant le roi, encore et toujours contrarié par les parlements, prit bien soin d'interdire aux conseillers toute intervention judiciaire dans la mise-en-œuvre de la convocation. (Article 51 — Résultat du Conseil du 27 décembre 1788)
En 1787, l'idée d'états généraux est déjà évoquée dans quelques édits ou arrêts du Conseil, mais restant sans suite, on en venait à penser à une tactique de diversion.
Cette idée prend de la consistance tout au long de l'année suivante et c'est à la date de l'arrêt du Conseil du 5 juillet qu'Armand Brette assigne le déclenchement de la convocation considérée comme un long processus.
Cet arrêt permet d'apprécier les intentions royales et la lucidité du roi sur les difficultés à ne pas négliger pour que ces intentions se concrétisent.
Ces difficultés provenaient principalement du défaut de connaissance unifiée des rouages politiques, c'est-à-dire sur la diversité autant que le flou des statuts des provinces (par exemple celles conquises depuis 1614) et aussi sur les agents aptes localement à garantir la légitimité des opérations, en particulier des élections des députés.
Ce n'est donc aucunement les états qui embarrassent le roi, mais la convocation proprement dite.
Le 5 juillet 1788, il fait appel aux lumières du pays et ordonne des recherches dans les archives:
« Sa Majesté cherchera toujours à se rapprocher des formes anciennement usitées; mais lorsqu'elles ne pourront être constatées, Elle ne veut suppléer au silence des anciens monuments qu'en demandant, avant toute détermination, le vœu de ses sujets, afin que leur confiance soit plus entière dans une assemblée vraiment nationale, par sa composition comme par ses effets»
Concrètement les Archives nationales conservent un grand nombre de mémoires adressés au roi pour satisfaire son vœu d'une « assemblée aussi nationale et aussi régulière qu'elle doit l'être » et en même temps « l'assemblée d'une grande famille ayant pour chef le père commun »
Ces mémoires devaient s'appuyer sur les archives des greffes des villes et des juridictions, puis être validés par les états provinciaux.
Dès le 8 août et sans attendre ces informations, le roi fixe l'ouverture au 1er mai 1789 en soulignant qu'il « jouit d'avance du consolant espoir de voir les jours sereins et tranquilles succéder à des jours d'orage et d'inquiétude »
Pour se prémunir encore de difficultés imprévues, le roi convoque l'Assemblée des notables le 3 novembre. Théorie de la convocation
Si le projet fait l'unanimité — au moins tant que ses conditions restent imprécises — et si le principe en est connu, l'administration royale est dépourvue de toute expérience de mise en œuvre.
Quelle est la situation à l'issue de la phase de recours à la mémoire-même du pays en vue des plus grandes garanties du succès ?
Constitutionnellement, la convocation est un « acte royal » ; cela importera par la suite lors de l'opération d'enregistrement des lettres royales de janvier 1789.
C'est de surcroît un acte relevant de l'administration judiciaire, au sens où, en absence de séparation des pouvoirs et en dépit de l'interdiction faite aux parlements, la structure judiciaire est seule apte et compétente pour son exécution.
Sans que cela soit explicité par le roi, c'est assurément faute de tout autre voie possible qu'il doit confier le succès de l'entreprise à la toute première cause d'embarras dans son royaume, de plus pour entendre les doléances essentielles de ses sujets.
Dans sa lettre du 8 août 1788 relativement brève, il consacre un paragraphe à la question de l'éloignement des justiciables et des juges.
Sur l'intérêt de réunir les représentants du pays, on ne peut prendre en défaut Louis XVI ou les textes de ses ministres, il n'y a pas l'ombre d'une duplicité, d'un compromis indispensable, d'un atermoiement judicieux.
Cette pureté d'intention se retrouvera en filigrane des multiples difficultés ultérieures, par exemple, les députés décédés avant l'ouverture des États ou pendant leur tenue devront être remplacés et cela uniquement par de nouvelles élections.
Les États généraux de 1789 seront donc les seuls où la représentativité des députés assurée par la « liberté des suffrages » sera posé comme un impératif incontestable.
Ainsi, il n'y aura malgré les sollicitations aucun membre de droit, le roi renonçant contre la tradition à son « droit d'exclusion » des députés qu'il jugerait indigne.
Cet impératif sera confirmé et explicité dans le Règlement royal du 24 janvier 1789 et les décisions qui suivront jusqu'à l'ouverture des états; nombreux étant ceux qui chercheront dans les faiblesses des textes plutôt que de leur esprit à dévoyer les instructions royales.
Règlements de la convocation
Le 19 décembre 1788, il est fait état de « la nécessité urgente de faire expédier les lettres de convocation »
Le 27 décembre 1788, un important rapport de Necker accompagne et motive les cinq brefs articles du « Résultat du conseil d'État du Roi, tenu à Versailles » à cette date.
Bref, mais au combien déterminants, ces articles ordonnent que:
les états réuniront au moins mille députés ces députés seront en proportion de la « population et des contributions de chaque bailliage » «… le nombre des députés du tiers état sera égal à celui des deux autres ordres réunis et que cette proportion sera établie par les lettres de convocation »
Les mémoires provinciaux reçus et intégrés, l'étape essentielle est atteinte le 24 janvier de la nouvelle et prometteuse année.
Commençant par le moins complexe, le roi mobilise comme avant-garde les gouverneurs des dix-neuf généralités dites d'élections: Alençon, Amiens, Auch, Bordeaux, Bourges, Caen, Châlons, Limoges, Lyon, Montauban, Moulins, Orléans, Paris, Poitiers, Riom, La Rochelle, Rouen, Soissons, Tours.
Le roi rappelle l'objectif assigné aux futurs états:
« Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour Nous aider à surmonter toutes les difficultés où Nous Nous trouvons, relativement à l'état de nos finances, et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de notre royaume » et plus loin le roi invite à travailler à « l'établissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l'administration »
Lettre du Roi pour la convocation des états généraux à Versailles le 27 avril 1789, préambule des 51 articles du Règlement général du 24 janvier 1789.
Ce règlement fixe les dispositions essentielles réglant les élections et rédactions successives de cahiers de doléances jusqu'à leur présentation à Versailles.
Divers compléments et correctifs mineurs seront nécessaires pour que le désir du roi soit réellement satisfait face à l'opposition de nombre de détenteurs de privilèges.
Le règlement du 24 janvier 1789 destiné d'abord aux généralités citées est adapté aux situations particulières rencontrées dans le reste du territoire ; les points essentiels sont les suivants :
Les bailliages et sénéchaussées sont les circonscriptions électorales du plus haut niveau, donc avant Versailles leurs assemblées devront se tenir avant le 16 mars
Des bailliages sont dits « secondaires » quand ils sont de moindre importance ou de moindre ancienneté; ils forment un niveau intermédiaire d'élection
Les ordres tiennent des assemblées distinctes, en principe
Les paroisses et communautés de campagne « ayant un rôle séparé d'impositions » sont invitées à rédiger un « cahier de leurs plaintes et doléances »
Participent aux élections de leurs représentants (« député ») les hommes âgés de plus de 25 ans et « compris au rôle des impositions »
Les élections sont organisées dans les villes par corporation « arts et métiers » ou « arts libéraux »; la ville a un nombre de député fixé par une annexe au règlement
Hors corporations, le nombre de représentants (« député ») est de un ou deux pour cent électeurs présents (ce n'est qu'un ordre de grandeur)
La proportion est analogue dans les paroisses rurales mais en proportion des « feux » (foyers) et non des électeurs individuels
À la dernière étape au chef-lieu du bailliage ou équivalent, les divers représentants élisent leurs députés pour Versailles : la condition de base est d'avoir une voix au-dessus de la moitié des suffrages, sinon une autre procédure doit être suivie autant de fois que nécessaire.
On remarque que le terme « député » s'appliquent indistinctement aux élus d'une paroisse et aux députés chargés des doléances ultimes ; que le terme « députation » intervient également pour désigner un groupe de quatre députés (deux pour les Ordres privilégiés et deux pour le Tiers état) ; que le terme « feux » est d'une ambiguïté rare...
Le roi et ses agents de confiance ne veulent pas masquer l'imperfection de cette exceptionnelle convocation :
« Cependant le respect pour les anciens usages et la nécessité de les concilier avec les circonstances présentes, sans blesser les principes de la justice, ont rendu l'ensemble de l'organisation des prochains États généraux, et toutes les dispositions préalables, très difficiles et souvent imparfaites. »
Mais le roi est si ferme dans son optimisme qu'il confie par avance à l'assemblée prévue en mai « le soin de remédier aux inégalités qu'on n'a pu éviter, et de préparer pour l'avenir un système plus parfait. » puisqu'il n'y accueillera nécessairement que « les hommes d'un esprit sage » auxquels chacun de ses sujet aura donné la préférence.
Bibliographie
Brette Armand, Recueil de documents relatifs à la convocation des états généraux de 1789, 1894. Trois volumes.
Voir aussi
Liste des députés des États généraux de 1789, par ordre, bailliage et sénéchaussée Réunion des Etats Généraux en France
Le mardi 5 mai 1789
Séance d'ouverture des États-Généraux, en présence du Roi Louis XVI
Ouverture des États généraux à Versailles dans une salle de l'Hôtel des Menus Plaisirs. https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4tel_des_Menus_Plaisirs Les députés du Tiers demandent qu'on les laisse entrer dans l'hôtel des Menus Plaisirs, Lucien-Étienne Mélingue « États Généraux », gazette publiée le 2 mai 1789 par Mirabeau c'est le dernier grand faste de la monarchie avant qu'elle ne fut presque anéantie par la Révolution.
Les trois ordres se sont rendus à la salle des trois ordres
Les députés n'y sont entrés qu'à fur & mesure que l'on appelloit les bailliages, ce qui donna beaucoup d'embarras à M. le grand maître, qui dans la salle plaçoit les députés
Ceux-ci ne voulant pas se placer & protestèrent contre l'appel de leur bailliage , attendu que leur tour avoït été avancé ou reculé.
L'on appelle le bailliage de Villers Cotrerets, le député est un curé à portion congrue, le député de la noblesse est M. le duc d'Orléans.
Le curé voulut faire entrer dans la salle M. le duc d'Orléans avant lui, celui-ci refusa à peine parut-il dans la salle qu'elle retentit d'applaudissements & de cris, vive M, le duc d'Orléans.
Le roi, avec toute sa cour, s'est rendu à l'assemblée, le clergé étoit à droite, la noblesse à gauche, & le tiers-état en face le roi monta sur son trône environné des princes du sang & la reine étant à sa gauche placée sur un fauteuil au bas du gradin les princes & pairs qui n'étoient pas députés, formoient à droite SC à gauche le cortège.
Le roi fit appeler M. le duc d'Orléans, à qui il fit des reproches d'avoir préféré son rang de député, à celui de s'être rendu auprès de sa personne.
Le prince lui répondit qu'il avoit toujours le droit par sa naissance de se rendre auprès de sa majesté mais qu'il devoit remplir les fonctions importantes dont la confiance de toute une province l'avoit honoré, & qu'il avoit dû se placer au rang de son bailliage.
Ces reproches, à ce que l'on prétend , avoient été fufeités par les autres princes qui avoient été mortifiés de n'être pas députés.
Ouverture des Etats-Généraux du 5 mai 1789
salle des Menus-Plaisir.
Pour la premier fois depuis 1614 le roi de France va s'adresser publiquement et solennellement aux représentants de la nation.
Cet événement a soulevé un espoir immense dans toutes les villes et campagnes. Mais ce n'est pas tout : Les cinq mois de préparation des Etats généraux et de rédaction des cahiers de doléances ont laissé le temps à tous les Français de s'exprimer.
Et l'espoir s'est peu à peu transformé en exigence.
Assez des impôts injustes, assez de l'arbitraire, assez de l'inique régime féodal, que vivent les libertés locales!
Partout aujourd'hui, on attends que les choses changent.
Et partout on espère que le roi accepte loyalement de prendre en compte les vœux du tiers état, qui se sent investi des espoirs et des revendications de ses vingt-sept millions de sujets.
Un geste, une parole de sa part suffirait.
Les badauds étaient massés depuis le lever du jour le long de la rue des Chantiers pour voir passer les députés de Etats.
Convoqués pour huit heures, ceux-ci sont arrivés par petits groupes devant l'hôtel des Menus-Plaisirs.
Le marquis de Dreux-Brézé et les deux autres maîtres des cérémonies les ont alors fait entrer dans des vestibule.
Et l'appel nominatif des 1 200 députés a commencé.
La salle a été soigneusement aménagée pour y accueillir plus de trois mille personnes.
Plusieurs mois de travaux ont été nécessaires pour transformer ce qui n'était à l'origine qu'un entrepôt destiné à conserver des décors d'opéra du roi.
Il en coûtera au trésor du royaume la respectable somme de 200 000 livres, ce qui représente, il est vrai, une goutte d'eau dans l'océan du déficit budgétaire de 56 millions si on en croit Necker.
La lente entrée des députés a permis au public de les dévisager tout à son aise.
Les représentants étaient conduits à leur places respectives, les membre du clergé à la droite du trône, les nobles à sa gauche et le Tiers au fond de la salle.
Les députés bretons se sont taillé un franc succès.
On a surtout remarqué, parmi eux, un certain Michel Gérard?
Unique paysan de l'Assemblée, il est aussi le seul à ne pas porter de perruque et à n'avoir pas adopté le costume prévu par le protocole.
Louis XVI a quitté le château peu avant midi, alors que les députés finissaient de s'installer. Il était alors midi.
Soudain, les huissiers se sont agenouillés.
A l'entrée du roi, une immense ovation s'est élevée, puis le silence est retombé.
Revêtu du grand manteau royal et coiffé d'un chapeau à plumes, le souverain a salué et s'est assis.
Le roi s'est alors exprimé d'une voix forte et puissante.
Appelant les représentants de la nation à la concorde, il a émis le souhait que la sagesse l'emporte.
A aucun moment, louis XVI n'a fait preuve d'une quelconque volonté de renoncer à une parcelle de souveraineté.
Les rangs du Tiers, déjà tendus, se sont quelque peu agités à l'évocation du "désir exagéré d'innovation"
Mais l'enthousiasme général l'a emporté, comme l'ont prouvé les applaudissements effrénés qui ont interrompu à plusieurs reprise les discours royal.
Celui-ci terminé, Louis a de nouveau salué et s'est recouvert.
Voici les premiers députés de Carcassonne à l'Assemblée nationale de 1789...
Les États généraux se réunissent le 05 mai 1789 à Versailles, dans la salle de l'hôtel des menus plaisirs.
Une fois la cérémonie terminée, le Roi et toute la Cour retournent au château en carrosse et avec le même cortège qu’à son arrivée.
Il est environ 16 heures.
Cette journée coûte 21 000 livres
---------- A quelques semaines des nouvelles élections législatives qui désigneront deux représentants pour notre ville, retour sur les premiers députés de la sénéchaussée de Carcassonne aux États généraux de Versailles en mai 1789.
Carcassonne vers 1780. Carte de Cassini
Ouverture des États généraux à Versailles, 5 mai 1789, Auguste Couder, 1839, musée de l'Histoire de France (Versailles)
Les états généraux de 1789 sont les états généraux du royaume de France qui furent convoqués par le roi de France et de Navarre, Louis XVI, le 24 janvier 17891.
Ils se composèrent de près de 1 200 députés2 élus, dans les pays d'élections, selon le règlement général du 24 janvier 17893 et les deux tableaux y annexés4, et, dans les pays d'états, selon des règlements particuliers5.
À la suite du doublement du tiers état, décidé le 27 décembre 17886, et du refus de la noblesse de Bretagne de s'y rendre7, les députés du tiers état y étaient majoritaires.
Ils s'ouvrirent, à Versailles, le 5 mai 1789, par une séance solennelle organisée par le grand maître des cérémonies de France, Henri-Évrard, marquis de Dreux-Brézé, dans une salle provisoire à colonnes qui avait été érigée, dans l'urgence, par l'architecte Pierre-Adrien Pâris, derrière l'hôtel des Menus-Plaisirs de l'avenue de Paris8,9,10.
La veille, le 4 mai, les députés déjà présents à Versailles avaient participé à une procession dite du Saint-Sacrement, qui partit de l'église Notre-Dame et les conduisit à l'église Saint-Louis11.
Du 6 mai au 27 juin, les états généraux siégèrent, par ordre: les députés du clergé dans la chambre du clergé, ceux de la noblesse dans la chambre de la noblesse et ceux du tiers état dans une troisième chambre qui prit le nom de Communes.
Le 27 juin, après l'échec de la séance royale du 23 juin, Louis XVI enjoignit aux chambres des députés des deux premiers ordres — le clergé et la noblesse — de rejoindre celle du tiers état.
Depuis le 17 juin, celle-ci s'était constituée en Assemblée nationale.
Les députés du tiers état avaient été rejoints, le 22 juin par 149 députés du clergé, le surlendemain, par deux autres députés du clergé, le 25 juin, par neuf autres et quarante-neuf députés de la noblesse et, le lendemain, par trois députés du clergé.
À la suite du serment du Jeu de paume du 20 juin, l'Assemblée nationale devint constituante, fonction qu'elle exerça à compter du 9 juillet et que Louis XVI lui reconnut, le 5 octobre, en acceptant tant la Déclaration des droits et l'homme et du citoyen que les Articles de constitution qu'elle avait décrétés.
Les états généraux de 1789 sont les premiers états généraux du royaume depuis ceux de 1614. Ce sont aussi les derniers de l'Ancien Régime.
Cette assemblée des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) est convoquée par le roi pour débattre des problèmes du pays.
L'aristocratie conservatrice, mais qui souhaite en finir avec la monarchie absolue imposée par Louis XIV et incarnée par Louis XVI, et reprendre ainsi ses pouvoirs d'autrefois. Le haut-clergé sous nette influence aristocratique et qui profite du système fiscal en place, désire majoritairement le maintien du statu quo.
Aux états généraux, la noblesse est représentée par 270 députés.
Le clergé est représenté par 291 députés.
Le tiers état, enfin, est représenté par 578 députés.
Le vote devant avoir lieu par ordre, le clergé et la noblesse sont majoritaires avec 2 voix contre 1, et toute décision a des chances de leur être favorable.
Mais il existe déjà dans ces deux « états », d'ardents réformateurs qui ne sauraient tarder à devenir encore beaucoup plus engagés (cependant, à cette époque personne ne parle encore de révolution).
Le clergé et la noblesse ne forment pas des ordres totalement homogènes; il faut noter la présence du bas-clergé, traditionnellement favorable au monde paysan, ainsi que l'existence d'une petite noblesse rurale, dont les perspectives sont bien différentes de celles de la Cour. Histoire et événements5 mai 1789 Ouverture 17 juin Proclamation de l'Assemblée nationale 20 juin Fermeture de l'hôtel des Menus Plaisirs puis serment d'écrire une Constitution dans la salle du Jeu de paume 23 juin Échec de la séance et ordre de dispersion refusé par Mirabeau 27 juin Louis XVI ordonne à la noblesse de rejoindre le tiers état et le clergé ; Le vote se fera par tête et non par ordre 9 juillet Proclamation de l'Assemblée constituante
Les députés des trois ordres se rendent à la salle des États, dès 8 heures. Ils patientent dans l’un des deux salles voisines destinées aux délibérations particulières du Clergé et de la Noblesse. Le marquis de Dreux-Brézé, Grand Maître des Cérémonies, et deux maîtres des Cérémonies commencent à placer les députés, dès 9 heures.
Chaque bailliage est appelé selon son rang, et placé dans la grande salle, où déjà trois mille personnes occupent les galeries et les bas côtés. Chaque députation est conduite à sa place par l’un des officiers des Cérémonies. La députation la plus applaudie, à son entrée, est celle du Dauphiné. Celle de Crépy en Valois, appelée à son tour, fait applaudir le duc d’Orléans, avec autant d’unanimité qu’il l’avait été la veille. Les bons fermiers bas bretons sont encore distingués. Lorsque ce fut le tour de la viguerie d’Aix, à cet appel, ceux qui ne connaissaient pas le comte de Mirabeau, se lèvent pour le voir.
Cet appel, assez ennuyeux pour le plus grand nombre des spectateurs, dure jusqu’à midi. Alors on voit arriver le Roi.
Les ministres, sauf M. Necker, avaient précédé la Cour en arrivant vers 11 heures. M. Necker, en arrivant dans la salle à 9h30, a été reçu avec les transports les plus vifs. Les conseillers d’état, les gouverneurs et lieutenants généraux des provinces prennent aussi leurs places.
Après avoir entendu la messe dans la chapelle du château, Louis XVI se rend dans la salle préparée pour cette cérémonie. Sa voiture est entourée, devant et derrière, de détachements des gardes du corps du Roi et du vol du cabinet, commandé par le chevalier de Forget.
Monsieur, M. le comte d’Artois, Mgr le duc d’Angoulême, Mgr le duc de Berry et le duc de Chartres accompagnent le Roi dans sa voiture.
Ne pouvant prendre place avec le Roi, le prince de Condé, le duc de Bourbon, le duc d’Enghein et le prince de Conti se sont rendus, à l’avance, à la salle des Menus Plaisirs où doit se dérouler la cérémonie. Le cortège de la voiture du Roi se compose de plusieurs voitures composées d’officiers du Roi, de la Famille Royale, des princes et des princesses du sang. Celle précédant la voiture du Roi comprend les Grands Officiers, dans laquelle se trouve le prince de Vaudémont, Grand Ecuyer en survivance ; le duc de Fronsac, premier gentilhomme de la chambre en survivance ; le duc d’Ayen, capitaine des gardes du corps et le marquis de Chauvelin, maître de la garde robe du Roi. Marie Antoinette se rend, de son côté et peu après le Roi, à la salle où doit se dérouler la cérémonie. Sa voiture est précédée et suivie d’un détachement des gardes du corps du Roi. Elle est accompagnée, dans sa voiture, de Madame, de Mme Elisabeth, de Mesdames Adélaïde et Victoire, et de la princesse de Chimay, sa dame d’honneur. Chacune dans leurs voitures, la duchesse d’Orléans, la duchesse de Bourbon, la princesse de Conti et la princesse de Lamballe se sont rendues à la salle des Menus Plaisirs. Elles prennent place dans les tribunes qui leur sont destinées. Les dames du palais de la Reine et les principaux officiers des princes et princesses prennent place dans les tribunes qui leur sont attribuées. Précédé par des princes, suivis par les Grands Officiers de la Couronne, Louis XVI entre dans la salle où toute l’assemblée se lève à son entrée. Ensuite, Marie Antoinette, accompagnée de sa dame d’honneur et suivie des princesses de la Famille Royale, entre à son tour dans la salle. A ces entrées retentissent des applaudissements et des acclamations provenant de l’assemblée. Le Roi rejoint son Trône où il reste debout pendant quelques instants afin de permettre à la Cour de prendre place. Marie Antoinette prend place sur un grand fauteuil à sa gauche. Les princes et les princesses forment un demi-cercle sur l’estrade. Les dames de la Cour occupent, en grande parure, les galeries de la salle du côté de l’estrade. Puis, le Roi s’assoit, se couvre, les trois ordres en font de même, et prononce un discours qui existe dans tous les cœurs l’émotion le plus vive. Il est interrompu à plusieurs reprises par des témoignages de l’amour et de la reconnaissance: "Messieurs, ce jour que mon cœur attendait depuis longtemps est enfin arrivé, et je me vois entouré des représentants de la nation à laquelle je me fais gloire de commander.
Un long intervalle s’était écoulé depuis les dernières tenues des États Généraux, et quoique la convocation des ces assemblées parût être tomber en désuétude, je n’ai pas balancé à rétablir un usage dont le royaume peut tirer une nouvelle force, et qui peut ouvrir à la nation une nouvelle source de bonheur.
La dette de l’Etat, déjà immense à mon avènement au trône, s’est encore accrue sous mon règne, une guerre dispendieuse mais honorable en a été la cause ; l’augmentation des impôts en a été la suite nécessaire, et a rendu plus sensible leur inégale répartition.
Une inquiétude générale, un désir exagéré d’innovations se sont emparés des esprits et finiraient par égarer totalement les opinions, si on se hâtait de les fixer par une réunion d’avis sages et modérés. C’est dans cette confiance, Messieurs, que je vous ai rassemblés, et je vois avec sensibilité qu’elle a déjà été justifiée par les dispositions que les deux premiers ordres ont montrées à renoncer à leurs privilèges pécuniaires. L’espérance que j’ai conçue de voir tous les ordres, réunis de sentiments, concourir avec moi au bien général de l’État ne sera point trompée.
J’ai déjà ordonné dans les dépenses des retranchements considérables. Vous me présenterez encore à cet égard des idées que je recevrai avec empressement ; mais malgré la ressource que peut offrir l’économie la plus sévère, je crains, Messieurs, de ne pouvoir soulager mes sujets aussi promptement que je le désirerais. Je ferai mettre sous vos yeux la situation exacte des finances, et quand vous l’aurez examinée, je suis assuré d’avance que vous me proposerez les moyens les plus efficaces pour y établir un ordre permanent, et affermir le crédit public. Ce grand et salutaire ouvrage, qui assurera le bonheur du royaume au-dedans et sa considération au-dehors, vous occupera essentiellement.
Les esprits sont dans l’agitation ; mais une Assemblée des représentants de la nation n’écoutera sans doute que les conseils de la sagesse et de la prudence. Vous aurez jugé vous-mêmes, Messieurs, qu’on s’en est écarté dans plusieurs occasions récentes ; mais l’esprit dominant de vos délibérations répondra aux sentiments d’une nation généreuse, et donc l’amour pour ses rois a toujours fait le caractère distinctif; j’éloignerai tout autre souvenir. Je connais l’autorité et la puissance d’un roi juste au milieu d’un peuple fidèle et attaché de tout temps aux principes de la monarchie : ils ont fait la gloire et l’éclat de la France; je dois en être le soutien et je le serai constamment.
Mais tout ce qu’on peut attendre du plus tendre intérêt au bonheur public, tout ce qu’on peut demander à un souverain, le premier ami de ses peuples, vous pouvez, vous devez l’espérer de mes sentiments.
Puisse, Messieurs, un heureux accord régner dans cette Assemblée, et cette époque devenir à jamais mémorable pour que le bonheur et la prospérité du royaume § c’est le souhait de mon cœur, c’est le plus ardent de mes vœux, c’est enfin le prix que j’attends de la droiture de mes intentions et de mon amour pour mes peuples. Mon garde des Sceaux va vous expliquer plus amplement mes intentions, et j’ai ordonné au directeur général des finances de vous en exposer l’état."
Après, le Garde des Sceaux de France prend, par ordre et au nom du Roi, à son tour la parole.
Puis, le directeur général des Finances, par ordre du Roi, parle ensuite pendant un quart d’heure.
Sa voix s’affaiblissant, M. Necker charge, de lire la suite de son discours, M. Broussonet, secrétaire de la société royale d’agriculture de Paris, qui a une voix plus forte pour être entendue.
C’est ce discours qui clôt cette auguste et mémorable cérémonie.
Louis XVI sort de la salle au bruit des mêmes applaudissements et des mêmes acclamations qui se sont fait entendre à son arrivée. La Reine partage aussi ces hommages.
Au milieu du parquet, le roi d’armes et quatre hérauts revêtus de leurs cottes d’armes se sont tenus debout durant toute la cérémonie
. Ouverture des États généraux dans l’hôtel des Menus Plaisirs de Versailles dans la salle des États
Louis XVI arrive vers 13H00 et prononce le discours d’ouverture
Suivent les discours de Barentin, garde des sceaux et de Necker, directeur général des finances
Le roi Louis XVI et Jacques Necker ouvrent solennellement les états généraux
Louis XVI n'a plus d'argent en caisse et a besoin de l'accord des représentants des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) pour lever de nouveaux impôts et réformer ceux existants
Ouverture des états généraux
Alors que les caisses du royaume sont vides, Louis XVI se résout à convoquer les états généraux à Versailles. Selon le contrôleur général des Finances, Loménie de Brienne, seule une assemblée des délégués de tout le pays peut imposer des réformes (modifier l'assiette de l'impôt) aux privilégiés et au Parlement.
A la différence des précédents états généraux de 1614, le nombre de représentants du tiers état est doublé. Les députés formeront une "Assemblée nationale" et commenceront à remettre en cause les institutions monarchiques.
Parvenu à l’église Saint-Louis, les députés des trois ordres entendent la messe et le sermon.
La messe est chantée par la Musique du Roi, et célébrée par Mgr de Juigné, archevêque de Paris.
Le sermon est prononcé par Mgr de la Fare, évêque de Nancy, dure 7 quart d’heure, et est fort écouté avec intérêt par l’assistance
Dernière édition par yann sinclair le Ven 5 Mai - 12:51, édité 4 fois
yann sinclair
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Sujet: La Salle du Congrès à Versailles Lun 4 Mai - 9:01
La Salle du Congrès à Versailles Voici la salle du Congrès au château de Versailles.
En 1871, la Commune de Paris bat son plein.
Les députés, qui s’étaient repliés à Bordeaux pour fuir l’avancée prussienne, cherchent à revenir près de la capitale.
Paris est trop agitée: c’est Versailles qui sera choisie.
Un temps réunis en Assemblée dans l’Opéra royal, les députés sont logés dans la galerie des Glaces, spécialement aménagée en dortoir.
En 1875, les architectes Questel et Joly tombent d’accord: l‘Aile du Midi du château de Versailles accueillera une grande salle des séances.
La Salle du Congrès est construite en seulement 8 mois.
Dotées d’une capacité de 1 500 places, la Salle permet les réunions de députés en séances plénières, mais sert également à l’élection des présidents de la République.
Jusqu’en 1953, seize scrutins y sont organisés. En 1958, la nouvelle Constitition supprime l’élection présidentielle par les parlementaires.
La Salle du Congrès n’est pas pour autant abandonnée.
Seul hémicycle pouvant accueillir les deux chambres, elle reste en effet utilisée lors des adresses du Président de la République.
Trônant sur l’hémicycle, “L’ouverture des États-Généraux à Versailles, le 5 mai 1789”, copie de l’œuvre d’Auguste Couder, également à Versailles, dans la salle des États-Généraux.
L’histoire de France continue de s’écrire entre les pages de Versailles.
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Sujet: Re: 05 mai 1789 Dim 16 Avr - 9:53
MARDI 05 MAI 1789
Départ à 11 heures 3/4 Ouverture des États Salut visite à Meudon après le salut
Convocation des états généraux de 1789 La formation ou convocation des états généraux, est l'ensemble des actions requises pour assurer le succès des États généraux.
Elle dura globalement une année, de la mi-juin1788 avec les premières initiatives royales à l'ouverture solennelle le 05 mai 1789.
Cette durée fut consacrée au recueil d'informations sur les états de 1614, à la publication des directives à partir de janvier 1789, puis à leur mise en application sur tout le territoire, puisqu'il était entendu que l'habitant le plus éloigné de toutes les provinces aurait la possibilité de faire entendre sa voix.
Consensus graduel autour de la convocation
Au cours du XVIIIe siècle, la difficulté puis l'impossibilité de remédier en particulier à l'état désastreux des finances avait suggéré à certains que le remède ne pouvait venir que de la réunion d'États provinciaux et d'États généraux. Les écrits de Malesherbes sont à cet égard très instructifs en particulier les « Remontrances de la Cour des Aides de 1775 » Le mot « révolution » était également employé sans ajouter aux troubles des esprits ou des populations. Il faut cependant veiller à l'interpréter en évitant l'anachronisme. Même les ordres privilégiés, par principe hostiles à toute innovation mais confiant en leur suprématie, ne voyaient pas dans cette opération une si grande menace mais au contraire comme l'occasion de conforter durablement les principes essentiels de la société, principes soumis à un travail de sape toujours croissant. Cependant le roi, encore et toujours contrarié par les parlements, prit bien soin d'interdire aux conseillers toute intervention judiciaire dans la mise-en-œuvre de la convocation. (Article 51 — Résultat du Conseil du 27 décembre 1788) En 1787, l'idée d'états généraux est déjà évoquée dans quelques édits ou arrêts du Conseil, mais restant sans suite, on en venait à penser à une tactique de diversion. Cette idée prend de la consistance tout au long de l'année suivante et c'est à la date de l'arrêt du Conseil du 5 juillet qu'Armand Brette assigne le déclenchement de la convocation considérée comme un long processus. Cet arrêt permet d'apprécier les intentions royales et la lucidité du roi sur les difficultés à ne pas négliger pour que ces intentions se concrétisent. Ces difficultés provenaient principalement du défaut de connaissance unifiée des rouages politiques, c'est-à-dire sur la diversité autant que le flou des statuts des provinces (par exemple celles conquises depuis 1614) et aussi sur les agents aptes localement à garantir la légitimité des opérations, en particulier des élections des députés. Ce n'est donc aucunement les états qui embarrassent le roi, mais la convocation proprement dite. Le 5 juillet 1788, il fait appel aux lumières du pays et ordonne des recherches dans les archives : « Sa Majesté cherchera toujours à se rapprocher des formes anciennement usitées ; mais lorsqu'elles ne pourront être constatées, Elle ne veut suppléer au silence des anciens monuments qu'en demandant, avant toute détermination, le vœu de ses sujets, afin que leur confiance soit plus entière dans une assemblée vraiment nationale, par sa composition comme par ses effets» Concrètement les Archives nationales conservent un grand nombre de mémoires adressés au roi pour satisfaire son vœu d'une « assemblée aussi nationale et aussi régulière qu'elle doit l'être » et en même temps « l'assemblée d'une grande famille ayant pour chef le père commun. » Ces mémoires devaient s'appuyer sur les archives des greffes des villes et des juridictions, puis être validés par les états provinciaux. Dès le 8 août et sans attendre ces informations, le roi fixe l'ouverture au 1er mai 1789 en soulignant qu'il « jouit d'avance du consolant espoir de voir les jours sereins et tranquilles succéder à des jours d'orage et d'inquiétude. » Pour se prémunir encore de difficultés imprévues, le roi convoque l'Assemblée des notables le 3 novembre.
Théorie de la convocation
Si le projet fait l'unanimité — au moins tant que ses conditions restent imprécises — et si le principe en est connu, l'administration royale est dépourvue de toute expérience de mise en œuvre. Quelle est la situation à l'issue de la phase de recours à la mémoire-même du pays en vue des plus grandes garanties du succès ? Constitutionnellement, la convocation est un « acte royal » ; cela importera par la suite lors de l'opération d'enregistrement des lettres royales de janvier 1789. C'est de surcroît un acte relevant de l'administration judiciaire, au sens où, en absence de séparation des pouvoirs et en dépit de l'interdiction faite aux parlements, la structure judiciaire est seule apte et compétente pour son exécution. Sans que cela soit explicité par le roi, c'est assurément faute de tout autre voie possible qu'il doit confier le succès de l'entreprise à la toute première cause d'embarras dans son royaume, de plus pour entendre les doléances essentielles de ses sujets. Dans sa lettre du 8 août 1788 relativement brève, il consacre un paragraphe à la question de l'éloignement des justiciables et des juges. Sur l'intérêt de réunir les représentants du pays, on ne peut prendre en défaut Louis XVI ou les textes de ses ministres, il n'y a pas l'ombre d'une duplicité, d'un compromis indispensable, d'un atermoiement judicieux. Cette pureté d'intention se retrouvera en filigrane des multiples difficultés ultérieures, par exemple, les députés décédés avant l'ouverture des États ou pendant leur tenue devront être remplacés et cela uniquement par de nouvelles élections. Les États généraux de 1789 seront donc les seuls où la représentativité des députés assurée par la « liberté des suffrages » sera posé comme un impératif incontestable. Ainsi, il n'y aura malgré les sollicitations aucun membre de droit, le roi renonçant contre la tradition à son « droit d'exclusion » des députés qu'il jugerait indigne. Cet impératif sera confirmé et explicité dans le Règlement royal du 24 janvier 1789 et les décisions qui suivront jusqu'à l'ouverture des états ; nombreux étant ceux qui chercheront dans les faiblesses des textes plutôt que de leur esprit à dévoyer les instructions royales.
Règlements de la convocation
Le 19 décembre 1788, il est fait état de « la nécessité urgente de faire expédier les lettres de convocation » Le 27 décembre 1788, un important rapport de Necker accompagne et motive les cinq brefs articles du « Résultat du conseil d'État du Roi, tenu à Versailles » à cette date. Bref, mais au combien déterminants, ces articles ordonnent que :
les états réuniront au moins mille députés ;
ces députés seront en proportion de la « population et des contributions de chaque bailliage »
«… le nombre des députés du tiers état sera égal à celui des deux autres ordres réunis et que cette proportion sera établie par les lettres de convocation. »
Les mémoires provinciaux reçus et intégrés, l'étape essentielle est atteinte le 24 janvier de la nouvelle et prometteuse année. Commençant par le moins complexe, le roi mobilise comme avant-garde les gouverneurs des dix-neuf généralités dites d'élections : Alençon, Amiens, Auch, Bordeaux, Bourges, Caen, Châlons, Limoges, Lyon, Montauban, Moulins, Orléans, Paris, Poitiers, Riom, La Rochelle, Rouen, Soissons, Tours. Le roi rappelle l'objectif assigné aux futurs états : « Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour Nous aider à surmonter toutes les difficultés où Nous Nous trouvons, relativement à l'état de nos finances, et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de notre royaume » et plus loin le roi invite à travailler à « l'établissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l'administration. »Lettre du Roi pour la convocation des états généraux à Versailles le 27 avril 1789, préambule des 51 articles du Règlement général du 24 janvier 1789. Ce règlement fixe les dispositions essentielles règlant les élections et rédactions successives de cahiers de doléances jusqu'à leur présentation à Versailles. Divers compléments et correctifs mineurs seront nécessaires pour que le désir du roi soit réellement satisfait face à l'opposition de nombre de détenteurs de privilèges. Le règlement du 24 janvier 1789 destiné d'abord aux généralités citées est adapté aux situations particulières rencontrées dans le reste du territoire ; les points essentiels sont les suivants : [list="text-align: center;"][*]Les bailliages et sénéchaussées sont les circonscriptions électorales du plus haut niveau, donc avant Versailles ; leurs assemblées devront se tenir avant le 16 mars [*]Des bailliages sont dits « secondaires » quand ils sont de moindre importance ou de moindre ancienneté ; ils forment un niveau intermédiaire d'élection [*]Les ordres tiennent des assemblées distinctes, en principe ; [*]Les paroisses et communautés de campagne « ayant un rôle séparé d'impositions » sont invitées à rédiger un « cahier de leurs plaintes et doléances » [*]Participent aux élections de leurs représentants (« député ») les hommes âgés de plus de 25 ans et « compris au rôle des impositions » ; [*]Les élections sont organisées dans les villes par corporation « arts et métiers » ou « arts libéraux » ; la ville a un nombre de député fixé par une annexe au règlement [*]Hors corporations, le nombre de représentants (« député ») est de un ou deux pour cent électeurs présents (ce n'est qu'un ordre de grandeur) ; [*]La proportion est analogue dans les paroisses rurales mais en proportion des « feux » (foyers) et non des électeurs individuels ; [*]À la dernière étape au chef-lieu du bailliage ou équivalent, les divers représentants élisent leurs députés pour Versailles : la condition de base est d'avoir une voix au-dessus de la moitié des suffrages, sinon une autre procédure doit être suivie autant de fois que nécessaire.
[/list] On remarque que le terme « député » s'appliquent indistinctement aux élus d'une paroisse et aux députés chargés des doléances ultimes ; que le terme « députation » intervient également pour désigner un groupe de quatre députés (deux pour les Ordres privilégiés et deux pour le Tiers état) ; que le terme « feux » est d'une ambiguïté rare... Le roi et ses agents de confiance ne veulent pas masquer l'imperfection de cette exceptionnelle convocation : « Cependant le respect pour les anciens usages et la nécessité de les concilier avec les circonstances présentes, sans blesser les principes de la justice, ont rendu l'ensemble de l'organisation des prochains États généraux, et toutes les dispositions préalables, très difficiles et souvent imparfaites. » Mais le roi est si ferme dans son optimisme qu'il confie par avance à l'assemblée prévue en mai « le soin de remédier aux inégalités qu'on n'a pu éviter, et de préparer pour l'avenir un système plus parfait. » puisqu'il n'y accueillera nécessairement que « les hommes d'un esprit sage » auxquels chacun de ses sujet aura donné la préférence.
Bibliographie
Brette Armand, Recueil de documents relatifs à la convocation des états généraux de 1789, 1894. Trois volumes.
Voir aussi
Liste des députés des États généraux de 1789, par ordre, bailliage et sénéchaussée
Réunion des Etats Généraux en France
Après la séance d’ouverture des États Généraux et le Salut, Louis XVI se rend à au château de Meudon
Il raconte à son fils l’ouverture des États Généraux
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yann sinclair
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Sujet: 05 mai 1789: La Gazette Nationale ou le Moniteur Universel Dim 16 Avr - 9:58
Cliquez ÉTATS-GÉNÉRAUX. PREMIÈRE SÉANCE. Du 5 ma» I789 (I). https://books.google.fr/books?id=WZgFAAAAQAAJ&pg=PA1&dq=le+moniteur&hl=fr&sa=X&ei=RqmjT9TzKcbX8QP6q72vCQ#v=onepage&q=le%20moniteur&f=false Conformément à la proclamation du roi, les députés (2) se sont rendus en costume à la salle des États(3), vers neuf heures du matin.
Ils ne purent néanmoins y entrer qu'à mesure qu'ils étaient appelés par les hérauts d'armes ; et le maître des cérémonies indiquait à chacun la place qu'il devait occuper, suivant l'ordre auquel il appartenait, et le rang de son bailliage, d'après le réglement de I6I4. Pendant le temps que dura cet appel, une partie des députés resta pressée dans un corridor étroit et obscur, ce qui contribuaà augmenter la confusion de cette formalité fatigante. Plusieurs députés protestaient contre l'appel de leur bailliage, attendu que leur tour avait élé avancé ou reculé, et refusaient de se placer. Ces réclamations prolongèrent la durée de ces préliminaires fastidieux. L'on appelle le bailliage de Villers-Cottercts; le député du clergé est un curé à portion congrue; le député de la noblesse est Mgr. le duc d'Orleans. Le curé voulut faire entrer Mgr. le duc d'Orléans avant lui. Celui-ci refusa; à peine parut-il dans la salle qu'elle retentit d'applaudissements et des cris vive Mgr.leduc d'Orléans.' fi La publication de le Gazette nationale ou le Moniteurunionsel ne dale pas, ainsi qu'on pourrait le croire, du a mai i.(o; a celle époque, aucune reaitle publique ne pouvait paraitre qu'autant qu'eile y avait été autorisée par une permission expresse du roi et II n'y avait guère que le Journat de Paris et lo Mercure de France qui eussent ce privilège. Le Moniteur ne parut pour le premicro fols que le si novembre suivant. Sa forme fut toujours le même; mais lesc(bats des trois ordres aux Ëtats Géneraux et do l'Assemblée nationale y furent negliges pendant ies trois premiers mois de cetle publication; on s'y était borne a les donner au public en forme de uotice très resuinco et souvent Imparfaile; ce ne fut que le s février iroo que les séances «ie le Constituante prirent, par le réunion au Moniteurau Bulletin de VAssembtée nationale, la forme dramatique et lo développement «ju'on leur a longlemps co. serves. Plus tard [en i'an IV de le république', on fit romouter l'impression du Moniteur au jour de l'ouverture des Etals.Generaux, et a cet éffet on publ,a 71 nouveaux numéros où les séances se trouvent reproduiles à peu près comme el'es l'avalent élè dans le Buttetin; on y ajouta un resumo des principaux événements qui marquèrent le commencement de la Révolution. On remarquera que ces 71 numéros complementaires du Moniteur ne sont pas affectés chacun à un soul Jour, à une seulo séance; presque tous embrassent 4 ou u Jours et autant de séances; plusieurs eo contiennent même davantage, en sorle que cas 71 numéros représenlent l'équivalent de 299 Monileurs quotidiens. C'est que le Bulletin de l'Assemblée nationale lui-même no conlenait d'abord «lu 'un résumé très succinct de ce qui avait pu se dire dans les trois ordres et ensuile dans l'Assemblée, et II fut Impossible de suppléer à ce laconisme par le défaut de procès-verbaux, puisque rien ne se rédigeait et ne se constatait par écrit. Nous avons tout lieu do croire que c'est dans les Lettres de Mirabeau à ses conimettants quo les rédacteurs de ces Monileurs complementaires ont puisé les discours remarquables, ri principalement ceux de Mirabeau lui-même, qui se trouvent dans ces 71 numéros. Quant aux acles du tiere-élet et de l'Assembièe nationale, on les a fort heureusement retrouvés dans les mémoires de Bailly, très veridlque procès-verbal des premiers mois do celte memorable session. ],. i, (t) Il résulle des memoires de Ballly que, lors do l'ouvertu.e t'es Etals Géneraux, les élections d'an grand nombre de bailliages, et entre autres celles de le Tille de Paris, n'eleieiil point lerminees; i'assemblue des élecleurs de Parts n'avait pas même commencé ses opérations do scrutin; ce fut le 11 mal seulemeut que le nom de Balily sortit le premier de l'urne; le s», celui de l'abbe Sièyes forma lo complement des vingt députes du tiers de le ville de Paris aux Etais Géneraux. fs Pour le description de le salle des Elels-Generaux, vojei le fin de Ttulroduclion auMoniteur, ou l'on est eutro dans lous les d(leils techniques propres a donner une IJee de cetle sa'lo. Mirabeau dit dans •on journal que tout le luxe royal y avait élé déployé pour éblouir les dépules, et que l'ensemble offrait un coup-d'œll magnifique. I" Série, — Tome I. Tous les députés n'ont élé placés que vers les mit!'; moins un quart. On leur avait préparé des banquettes disposées dans une forme semi-elliptique, dont l'estrade sur laquelle s'élevait le trône faisait le diamètre. Les députés du clergé occupèrent la droite des banquettes situées le plus près du trône, ceux de la noblesse la gauche; ceux des communes étaient placés a la suite de ces deux premièrs ordres. Vers les une heure, les hérauts d'armes annoncèrent l'arrivée du roi. Aussitôt, tous les députés se lèvent, et des cris de joie retentissent de toutes parts. Bientôt le roi parait; les applaudissements les plus vifs se font entendre, accompagnés des cris de viveleroi: Sa Majesté monte sur son trône. On remarque que ses regards se promènent avec un air de satisfaction sur la réunion imposante des députés du royaume. La reine se place à côté de lui, hors du dais, sur un fauteuil inférieur au trône. La famille royale entoure le roi; les princes, les ministres, les pairs du royaume sont placés un peu plus bas, et le surplus du cortège du monarque couvre les degrés de l'estrade. M. le grand-maître des cérémonies annonce du geste que le roi va parler. Le silence le plus profond succède aux acclamations qui se faisaient entendre. Sa Majesté s'exprime en ces termes: « Messieurs, ce jour que mon cœur attendait depuis longtemps est enlin arrivé, et je me vois entouré des représentants de la nation à laquelle je me fais gloire de commander. « Un long intervalle s'était écoulé depuis les dernières tenues des Etats-Généraux, et quoique la convocation de ces assemblées parût être tombée en désuétude, je n'ai pas balancé à rétablir un usage dont le royaume peut tirer une nouvelle force, et qui peut ouvrir à la nation une nouvelle source de bonheur. «La dette de l'Etat, déjà immense à mon avénement au trône, s'est encore accrue sous mon règne; une guerre dispendieuse maishonorableenaétélacausc; l'augmentation des impôts en a élé la suite nécessaire, et a rendu plus sensible leur inégale répartition. « Une inquiétude générale, un désir exagéré d'innovations se sont emparés des esprits et finiraient par égarer totalement les opinions, si on ne se hâtait de les fixer par une réunion d'avis sages et modérés. « C'est dans cette conliance, messieurs, que je vous ai rassembles, et je vois avec sensibilité qu'elle a déjà été justilice par les dispositions que les deux premiers ordres ont montrées à renoncer a leurs privilèges pécuniaires. L'espérance que j'ai conçue de voir tou* les ordres, réunis de sentiments, concourir avec moi au bien général de l'Etat, ne sera point trompée. « J'ai déjà ordonné dans les dépenses des retranchements considérables. Vous me présenterez encore à cet égard des idées que je recevrai avec empressement ; mais malgré la ressource que peut offrir l'économie la plussévère, je crains, messieurs, de ne pouvoir pas soulager mes sujets aussi promptement que je le désirerais. Je ferai mettre sous vos yeux la situation exacte des finances, et quand vous l'aurez examinée, je suis assuré d'avance que vous me proposerez les moyens les plus eflicaces pour y établir un ordrepermanent.etaffcrmir le crédit public. Ce grand U salutaire ouvrage, qui assurera le bonheur du royaume au-dedans et sa considération au dehors, vous occupera essentiellement. « Les esprits sont dans l'agitation; mais une as
l
semblée des représentants de la nation n'écoutera sans doute que les conseils de la sagesse et de la prudence. Vous aurez jugé vous-mêmes, messieurs, qu'on s'en est écarté dans plusieurs occasions récentes ; mais l'esprit dominant de vos délibérations répondra aux sentiments d'une nation généreuse, et dont l'amour ■pour ses rois a toujours fait le caractère dislinctif; j'éloignerai tout autre souvenir. • Je connais l'autorité et la puissanced'un roi juste au milieu d'un peuple lidèle et attaché de tout temps aux principes delà monarchie : ils ont fait la gloire et l'éclat de la France ; je dois en être le soutien et je Je serai constamment. « Mais tout ce qu'on peut attendre du plus tendre intérêt au bonheur public, tout ce qu'on peut deman • der à un souverain, le premier ami de ses peuples, vous pouvez, vous devez l'espérer de mes sentiments. « Puisse, messieurs, un heureux accord régner dans cette assemblée, et cette époque devenir à jamais mémorable pour le bonheur et la prospérité du royaume! c'est le souhait de mon cœur, c'est le plus ardent de mes vœux, c'est entin le prix que j'attends de la droiture de mes intentions et de mon amour pour mes peuples. « Mon garde-des-sceaux va vous expliquer plus amplement mes intentions, et j'ai ordonné au directeur général des finances de vous en exposer l'état. • De nombreux applaudissements suivent la prononciation du discours du roi, et se prolongent pendant plusieurs instants. M. le garde-des-sceatix porte ensuite la parole: » Messieurs, il est enfin arrivé ce beau jour si longtemps attendu, qui met un terme heureux à l'impatience au roi et de toute la France! Ce jour tant désiré va resserrer encore les nœuds de l'union entre le monarque et ses sujets; c'est dans ce jour solennel que Sa Majesté veut établir la félicité générale sur cette base sacrée, la liberté publique. « L'ambition ou plutôt le tourment des rois op {iresscurs est de régner sans entraves, de franchir les >oines de toute puissance légitime, de sacrifier les douceurs dugouvernement paternel aux fausses jouissances d'une domination illimitée, d'ériger en loi les caprices effrénés du pouvoir arbitraire : tels ont été ces despotes dont la tyrannie fournira toujours à l'histoire des contrastes happants avec la bonté de Louis XII, la clémence de Henri IV, et la bienfaisance de Louis XVI. ■ Vous le savez, messieurs, le premier besoin de Sa Majesté est de répandre des bienfaits ; mais pour être une vertu royale, cette passion de faire des heureux doit prendre un caractère public et embrasser l'universalité de ses sujets. Des grâces versées sur un petit nombre de courtisans et de favoris, quoique méritées, ne satisferaient pas la grande unie du roi. « Depuis l'époque heureuse où le ciel vous l'a donné pour maître, quen'a-t-il point entrepris, que n'a-t-il point exécuté pour la gloire et la prospérité de cet empire dont le bonheur reposera toujours sur la vertu de ses souverains ! C'est la ressource des nations dans les temps les plus difficiles, et celte ressource ne peut manquer a la France sous le monarque citoyen qui la gouverne. • N'en doutez pas, messieurs, il consommera le grand ouvrage de la félicité publique. Depuis longtemps ce projet était formé dans son cœur paternel; il en poursuivra l'exécution avec cette constance qui, trop souvent, n'est réservée qu'aux princes insatiables de pouvoir et de la vaine gloire des conquêtes. « Qu'on se retrace tout ce qu'a fait le roi depuis son avènement au trône, et l'on trouvera dans cet espace assez court une longue suite d'actions mémorables. La liberté des mers et celle de l'Amérique assurées oar le triomphe des armes que l'humanité ré clamait; la question préparatoire proscrite et abolie, pareeque les forces nhvsiques d'un accusé ne peuvent être une mesure infaillible de l'innocence ou du crime; les restes d'un ancien esclavage détruits, toutes les traces de la servitude effacées et l'homme rendu à ce droit sacré de la nature que la loi n'avait pu lui ravir, de succéder à son père et de jouir en paix du fruit de son travail ; le commerce et les manufactures protégés, la marine régénérée, le port de Cherbourg créé, celui de Dunkeniue rétabli, et la France ainsi délivrée de cette dépendance où des guerres malheureuses l'avaient réduite. « Vos cœurs se sont attendris, messieurs, au récit de la sage économie de Sa Majesté, et des sacrifices généreux dont elle a donné tant d'exemples récents, ensuppriniant,poursoulagerson peuple, desdépenses que ses ancêtres avaient toujours cru nécessaires à l'éclat et à la dignité du premier trône de l'univers. « Quelle jouissance vos âmes doivent éprouver en la présence d'un roi juste et vertueux! Nos aïeux ont regrettésansdoute de n'avoir pu contempIerHenri IV au milieu de la nation assemblée. Les sujets de Louis XII avaient été plus heureux, et ce fut dans cette réunion solennelle qu'il reçut le titre de Père rfu peuple. C'est le plus cher, c'est le premier des titres pour les bons rois, s'il n'en restait un à décerner au fondateur de la liberté publique. «Si les Etats-Généraux ne furent point assemblés sous Henri IV, ne l'attribuez qu'aux justes craintes que les discordes civiles devaient inspirer à un prince qui plaçait avant tout la paix et le bonheur de ses penples. Il voulut suppléer à cette convocation générale par une assemblée de notables; il y demanda des subsides extraordinaires, et sembla lui transmettre ainsi les droits des véritables représentants de la nation. « Dans une position moins difficile, le roi n'appela autour de lui l'élite des citoyens, ou du moins une Eortion de cette élite, que pour préparer avec eux le ienfait qu'il destinait à la France. • Une première assemblée de notables n'avait eu d'autre motif que de soumettre à leurs lumières un plan vaste de finance et d'économie, et de les consultersurl'établissement patriotiquedes administrations provinciales, établissement qui signalera ce règne, puisqu'il a pour objet que l'impôt soit désormais mieux réparti, les charges plus également supportées, l'arbitraire banni, les besoins des villes et des provinces mieux connus. « Cependant le long espace écoulé depuis les derniers Etats-Généraux, les troubles auxquels ils furent livrés, les discussions si souvent frivoles qui les prolongèrent, éveillèrent la sagesse royale, et l'avertissaient de se prémunir contre de tels inconvénients. « En songeant à vous réunir, messieurs, elle a dû se tracer un plan combiné qui ne pouvait admettre cette précipitation tumultueuse dont l'impatience irréfléchie ne prévoit pas tout le danger. Elle a dû faire entrer dans ce plan les mesures anticipées qui préparent le calme des décisions, et ces formes antiques qui les rendent légales. « Le vœu national ne se manifestait point encore; Sa Majesté l'avait prévenu dans sa sagesse. A peine ce vœu a-t-il éclaté, qu'elle s'empresse de le remplir, et les lenteurs que la prudence lui suggère, ne sont plus que des précautions de sa bienfaisance toujours active, mais toujours prévoyante sur les véritables intérêts de ses peuples. « Le roi a désiré connaître séparément leurs besoins et leurs droits. Les municipalités, les bailliages, les hommes instruits dans tous les états, ont été invités à concourir par leurs lumières au grand ouvrage de la restauration projetée. Les archives des villes et celles des tribunaux, tous les monuments de
que vous n'imaginerez pas un projet utile, que vous n'aurez pas une idée tendant au bonheur général que Sa Majesté n'ait déjà conçu, ou dont elle ne désire fermement l'exécution. « Depuis que les Etats-Généraux sont déterminés, le roi n'a jamais pensé sans attendrissement à cette réunion d'un bon père et de ses enfants chéris, qui deviendra le gage de la félicité commune. « Au nombre des objets qui doivent principalement fixer votre attention et qui déjà avaient mérité celle de Sa Majesté, sont les mesures à prendre pour la liberté de la presse ; les précautions à adopter pour maintenir la sûreté publique, et conserver l'honneur des familles; les changements utiles que peut exiger la législation criminelle, pour mieux proportionner les peines aux délits, et trouver dans la honte du coupable un frein plus sûr, plus décisif que le châtiment. « Des magistrats dignes de la confiance du monarque et de la nation étudient les moyens d'opérer cette grande réforme ; l'importance de l'objet est l'unique mesure de leur zèle et de leur activité. » Leurs travaux doivent embrasser aussi la procédure civile qu'il faut simplifier. En effet, il importe à la société entière de rendre l'administration de la justice plus facile, d'en corriger les abus, d'en restreindre les frais, de tarir surtout la source de ces discussions interminables qui trop souvent ruinent les familles, éternisent les procès, et font dépendre le sort des plaideurs du plus ou du moins d'astuce, d'éloquence et de subtilité des défenseurs ou de leurs adversaires. Il n'importe pas moins au public de mettre les justiciables à portée d'obtenir un prompt jugement; mais tous les efforts du génie et toutes les lumières de la science ne feraient qu'ébaucher cette heureuse révolution, si l'on ne surveillait avec le plus grand soin l'éducation de la jeunesse. Une attention exacte sur les études, l'exécution des réglements anciens, et les modifications nécessaires dont ils sont susceptibles, peuvent seuls former des hommes vertueux, des nommes précieux à l'Etat, des hommes faits pour rappeler les mœurs à leur ancienne pureté, des citoyens, en un mot, capables d'inspirer la confiance dans toutes les places que la Providence leur destine. • Sa Majesté recevra avec intérêt, elle examinera avec l'attention la plus sérieuse, tout ce qui pourra concerner la tranquillité intérieure du royaume, la gloire du monarque et le bonheur de ses sujets. • Jamais la bonté du roi ne s'est démentie dans ces moments d'exaltation où une effervescence qu'il pouvait réprimer a produit dans quelques provinces des prétentions ou des réclamations exagérées. H a tout écouté avec bienveillance, les demandes justes ont été accordées; il ne s'est point arrêté aux murmures indiscrets, il a daigné les couvrir de son indulgence; il a pardonné jusqu'à l'expression de ces maximes fausses et outrées, à la faveur desquelles on voudrait substituer des chimères pernicieuses aux principes inaltérables de la monarchie. • Vous rejeterez, messieurs, avec indignation, ces innovations dangereuses que les ennemis du bien public voudraient confondre avec ces changements heureux et nécessaires qui doivent amener cette régénération, le premier vœu de Sa Majesté. « L'histoire ne nous a que trop instruits des malheurs qui ont affligé le royaume dans les temps d'insubordination et de soulèvement contre l'autorité légitime. Elle n'est pas moins fidèle à vous transmettre dans ses fastes les prospérités de vos pères sous un gouvernement paisible et respecté. Si la France est une des plus anciennes monarchies de l'univers, la seule, après quatorze siècles, dont la constitution n'ait pas éprouvé les revers qui ont déchiré et chancéla face de tous les empires forme's, comme elle, des débris de l'empire romain, c'est dans l'union et l'amour mutuel du monarque et des sujets qu'il faut chercher la principale cause de tant de vie, de force et de grandeur. « La troisième race de nos rois a surtout des droits à la reconnaissance de tout bon Français. Ce fut elle qui affermit l'ordre de la succession a la couronne; elle abolit toute distinction humiliante entre ces représentants si fiers et si barbares des premiers conquérants des Gaules, et l'humble postérité des vaincus qu'on tint si longtemps et si honteusement asservis. Par elle, la hiérarchie des tribunaux fut créée, ordre salutaire qui rend partout le souverain présent; tous les habitants des cités furent appelés à leur administration; la liberté de tous les citoyens fut consacrée, et le peuple reprit les droits imprescriptibles de la nature. « Mais si les intérêts de la nation se confondent essentiellement avec ceux du monarque, n'en seraitil pas de même des intérêts de chaque classe de citoyens en particulier? et pourquoi voudrait-on établir entre les différents membres d'une société politique, au lieu d'un rang qui les distingue, des barrières qui les séparent! « Les vices et l'inutilité méritent seuls le mépris des hommes, et toutes les professions utiles sont honorables, soit qu'on remplisse les fonctions sacrées du ministère des autels, soit qu'on se voue à la défense de la pairie dans la carrière périlleuse des combats et de la gloire , soit que vengeurs des crimes et protecteurs de l'innocence on pèse la destinée des tons et des méchants dans les balances redoutables de la justice; soit que par des écrits, fruit du talent qu'enflamme l'amour véritable de la patrie, on bâte les progrès des connaissances, qu'on procure à son siècle et qu'on transmette à la postérité plus de lumières, de sagesse et de bonheur; soit qu'on soumette à son crédit et aux spéculations d'un génie actif, prévoyant et calculateur, les richesses et l'industrie des divers peuples de la terre; soit qu'en exerçant cette profession, mise enfin à sa place dans l'opinion des vrais sages, on féconde les champs par la culture, ce premier des arts auquel tient l'existence de l'espèce humaine; tous les citoyens du royaume, quelle que soit leur condition, ne sont-ils pas les membres de la même famille! « Si l'amour de l'ordre et la nécessité assignèrent des rangs qu'il est indispensable de maintenir dans une monarchie, l'estime et la reconnaissance n'admettent pas ces distinctions, et ne séparent point des professions que la nature réunit par les besoins mutuels des hommes. _ «Loin de briser les liens qu'a mis entre nous la société, il faudrait, s'il était possible, nous en donner de nouveaux, ou du moins resserrer plus étroitement ceux qui devraient nous unir. « Un grand général disait, en parlant des Gaulois, qu'ils seraient le premier peuple de l'univers, si la concorde régnait parmi eux. Ces paroles de César peuvent s'appliquer au moment actuel : que les querelles s'apaisent, que les inimitiés s'éteignent, que les haines s'anéantissent, que le désir du bonheur commun les remplace, et nous serons encore le premier peuple du monde. « Ne perdez jamais de vue, messieurs,que la discorde renverse les empires, et que la concorde les soutient. La rivalité entre les citoyens fut la source de tous les maux qui ont affligé les nations les plus célèbres. Les guerres intestines des Romains furent le germe de l'ambition de leurs oppresseurs, et commencèrent la décadence de la patrie , dont la ruine fut bientôt consommée. Sans les troubles qui la déchirèrent, la Grèce aurait vu se perpétuer longtemps sa puis sance et sa gloire. La France a couru des dangers; si elle fut quelquefois malheureuse, faible et languissante, c'est quand elle devint le foyer ou le théâtre de ces tristes rivalités. Couvertes du voile toujours imposant de la religion , elles jetèrent ces longues semences de haines dont le règne entier de Henri IV put à peine étouffer les restes, mais sans en réparer tous les désastres. La concorde rassemble tous les biens autour d'elle; tous les maux sont à la suite de la discorde. Ne sacrifions pas, messieurs, à des près tiges funestes les avantages que nous avons reçus de la nature. Eh! quel peuple en obtint plus de bienfaits! Deux mers baignent une partie de nos provinces , et en nous assurant ainsi la situation la plus heureuse pour le commerce, semblent nous avoir destinés à commander sur l'Océan et sur la Méditerranée. « Toutes les productions de la terre croissent ou peuvent croître au sein delaFrance, et la culture plus perfectionnée nous apprend encore à féconder par de nouveaux moyens ses terrains les moins fertiles. « L'activité, les prodiges des arts et du talent, des chefs-d'œuvre de tous les genres; la perfection des sciences et des lettres, la gloire de tant d'hommes célèbres dans l'église, dans la magistrature et dans les armées, tout se réunit pour lui garantir une prospérité immuable et la première place dans les annales du monde. « Encore une fois, messieurs, ne perdons pas en ce moment, par de cruelles dissensions, les fruits précieux que tant de siècles nous ont acquis, et dont nous sommes redevables aux efforts et à l'amour paternel de nos souverains. Ah! s'il pouvait rester des traces de division dans vos cœurs, s'il y germait encore des semences mal étouffées de cette rivalité malheureuse dont les différents ordres de l'Etat furent tourmentés, que tout s'anéantisse et s'efface en présence de votre roi, dans ce lieu auguste qu'on peut appeler le temple de la patrie. ■ Représentants de la nati' n,jurcz tous aux pieds du frône, entre les mains de votre souverain , que l'amour du bien public échauffera seul vos âmes patriotiques; abjurez solennellement, déposez ces haines si vives qui depuis plusieurs mois ont alarmé la France et menacé la tranquillité publique. Que l'ambition de subjuguer les opinions et les sentiments par les élans d'une éloquence impérieuse, ne vous entraîne pas au-delà des bornes que doit poser l'amour, sacre du roi et de la nation. • Hommes de tous les âges, citoyens de tons les ordres, unissez vos esprits et vos cœurs, et qu'un engagement solennel vous lie de tous les nœuds de la fraternité. m Enfants de la patrie que vous représentez, écartez loin de vous toute affection, toutes maximes étrangères aux intérêts de cette mère commune; que la paix, l'union et l'amour du bien public président à toutes vos délibérations; mais si quelque nuage venait altérer le calme de vos séances ; s'il était possible que la discorde y soufflât ses poisons, c'est à vous, ministres des autels, qu'il appartient de conjurer l'orage: vos fonctions saintes, vos titres sacrés, vos vert us et vos lumières impriment dans les cœurs ce respect religieux d'où naît l'ascendant qui maîtrise et dirige les passions humaines. Eh! comment refuser aux interprètes d'une religion pure et sublime cette vénération, ces hommages, cet empire moral que des hommes enveloppés de ténèbres et livrés à d'extravagantes superstitions ont toujours accordés aux ministres de leurs fausses divinités! C'est donc sur vous que la nation se repose en particulier du soin de ramener la paix dans cette assemblée, s'il était possible qu'elle s en bannît un instant. Mais pourquoi n'occuper du retour de la concorde, quand vous en