Les bâtards de Louis XV

Chère Marie-Antoinette ,

Je viens de recevoir ce matin ce livre :

Les bâtards de Louis XV et leur descendance de
Joseph Valynseele et Christophe Brun
Perrin,1991, 312 p

Connaissez-vous ce livre ?

Vu la table des matières , c'est extrêment intéressant , voire surprenant ! C'est à tomber à la renverse !

Vous nous direz tout, n'est-ce pas ?

Mais oui ! Cela a l'air d'un livre extrêmement palpitant ...

Dans ce livre , on parle de cet abbé d'Adonville que nous avons déjà cotoyé , celui qui est mort sur l'échafaud et qui se vantait d'être le fils du dauphin et donc d'être le demi-frère du roi ...
Je n'ai pas encore eu le temps de lire ce livre ...

En ce qui concerne l'abbé d'Adonville, deux thèses s'affrontent et ces deux thèses se réfèrent aux deux pièces figurant au procès devant le tribunal révolutionnaire. Les premiers prennent ces pièces au pied de la lettre, les seconds procèdent par déduction.
On sait que l'abbé avait été dénoncé par un certain Jean-Baptiste Dorival, commissaire au Châtelet , personnage avec lequel l'abbé avait frayé et auquel il avait fait certaines confidences, comme par exemples le fait de se vanter de sa ressemblance physique avec Louis XVI, d'avoir la même démarche que lui, le même problème physique sexuel que lui...
L'abbé lui aurait confié qu'il avait été l'un de ses pages de son père le dauphin et qu'il avait occupé un emploi à la cour de Louis XVI.
C'est dire le côté naïf de cet abbé qui accordait bien mal sa confiance .

Il me semble que j'avais mis en ligne cette lettre de dénonciation mais je ne me rappelle plus où. Notre amie Marie-Antoinette avait fait quelques recherches sur lui...

Dorival avait su mettre en confiance cet abbé et il avait fait venir un témoin , un certain Lullier un vieil ami à lui devant qui on pouvait parler. Ce qui est certain , c'est ce côté vantard de notre abbé. Il avait raconté aux deux compères qu'il avait assisté à la prise de possession de M. L'abbé de Bourbon à Notre Dame de Paris en qualité d'abbé d'honneur, qu'il rencontrait fréquemment le défunt Capet , que celui-ci avait même songé à le prendre avec lui lors de la fuite de Varennes , mais qu'à la réflexion , il le trouva trop étourdi .
Marque suprême de confiance , l'abbé finit par avouer qu'il était aux Tuileries le 10 août et avait tiré sur le peuple . Il s'était rendu au château à la demande du Roi , déguisé en mendiant.

Devant de telles confidences, il est évident qu'il ne pouvait que s'attirer une dénonciation et Dieu sait si certains ont été condamnés pour moins que cela...

Cet abbé aurait eu une passion pour une demoiselle Franconi , une fille du célèbre écuyer dont la réputation commençait à se répandre.
Pour les auteurs , point de doute . Cet abbé est bien le fils de son père. Les d'Adonville appartiennent à la classe des gentilshommes campagnards qui, jusqu'à la révolution , constituèrent l'essentiel de la noblesse française . Leur condition dépassait de peu celle des paysans aisés.
Comment devant une telle conditions , le roi ou son fils auraient pu fricoter avec Madame d'Adonville ?

Nous savons que Louis XV ne rechignait pas à recruter ses maîtresses dans le petit peuple. Et à en faire des favorites installées pour certaines ! Après tout, c'est une qualité de sa part. Une amorce de démocratie !

Mais je trouve cet abbé passablement ridicule. Qui oserait dire durant la Terreur qu'il est le demi-frère du Tyran ? Qu'il aurait dû le suivre lors de son départ de Paris ? Qu'il a été aux Tuileries le 10 août et tiré sur le peuple ?

Si c'est vrai Louis XVI avait de sérieuses raisons de le penser étourdi !

Il y a beaucoup de vantadise chez cet abbé mais peut-être le fait de se vanter, de parler de sa bâtardise était une forme de reconnaissance pour lui. C'est ce que je crois en tout cas.

Chers modérateurs

N'y a t-il pas moyen de couper à d'Adonville et d'intituler le fil les bâtards royaux de Louis XV ?
Merci !

Madame de Chimay a écrit:

N'y a t-il pas moyen de couper à d'Adonville et d'intituler le fil les bâtards royaux de Louis XV ?
Merci !

Voilà qui est fait

Bien à vous.

Merci Majesté !

Lors de son interrogatoire, il a reconnu avoir reçu deux fois , de 1778 à 1779 , une somme de 100 écus.
Voici les renseignements que les auteurs du livre donnent de ce personnage :


« L’acte de baptême d’Auguste d’Adonville fut dressé sur les registres de Roinvilliers ( aujourd’hui minuscule commune de l’Essonne ) : l’an 1758 , le 2 octobre , Auguste , fils de messire François Dadonville , chevalier , Seigneur du Grand Tourneville , et de cette paroisse en partie , et de dame Marie-Anne Françoise de Vidal, sa légitime épouse , m’a été présenté à l’église pour recevoir les cérémonies accoutumées dans le baptême après avoir été , par moy-même le 6 septembre jour de sa naissance , par précaution , les parrain et marraine n’étant pas sur les lieux ; il a été nommé dans les cérémonies du baptême par Messire François Frédéric Dadonville et par Demoiselle Nicole Aimée Adélaïde de Bizemont de Prunelé qui ont signé avec nous . Suivent les signatures : Bizemont de Prunelé, Dadonville , Chevalier , desservant de Roinvilliers.

Le père d’Auguste d’Adonville , messire François d’Adonville , chevalier seigneur de Grand Tourville et de Praville en Parisis , avait été lieutenant dans le régiment de Royal Infanterie , avant de prendre la succession la succession de son propre père à la tête du domaine familial . Il mourut le 15 janvier 1792 , âgé de 70 ans environ , à Roinvilliers où il fut inhumé.
La mère de l’abbé d’Adonville , née Marie-Anne Françoise de Vidal , était la cousine de son mari . De Beauce, eux aussi , les Vidal étaient du même rang que les d’Adonville. La grand-mère de Marie-Anne Françoise était une Vigny de la famille du poète.

Le premier renseignement qu’on ait sur Auguste d’Adonville , après son acte de baptême, date de 1776. Cette année-là, âgé de 18 ans , il signe plusieurs documents conservés aux Archives de l’Essonne en faisant suivre son nom de la mention : clerc minoré.
Un peu plus tard, son nom figure au nombre des élèves de Louis Le Grand.

On trouve ensuite quelques indications dans l’ouvrage de Mgr Hautcoeur , Histoire de l’église collégiale et du chapitre Saint Pierre de Lille ( 1899 ) et dans les registres du même chapitre , détenus par les Archives du Nord.
En avril 1780 , un protecteur obtint pour Auguste d’Adonville un canonicat dans ce chapitre.
Le jeune abbé est fort tenté par la prébende , mais il voudrait aussi terminer sa seconde année de philosophie à Louis le Grand. Son frère , François-Frédéric , écrit à Lille. La résidence est-elle bien obligatoire ? Elle l’est, répond le doyen du chapitre.
On ne fait exception que pour les étudiants en théologie et en droit canonique.

Auguste d’Adonville ne se rendit à Lille qu’en 1781. Fut-ce l’effet du climat ou de la monotonie provinciale ? Dès juin 1782 , il résignait son canonicat en faveur de son frère Léon, clerc tonsuré , puis prêtre ( 1786 ) du diocèse de Sens . Celui-ci le garda jusqu’à la suppression du chapitre en 1790, résidant à Lille de façon quasi permanente.

Lorsqu’il abandonne son canonicat , Auguste d’Adonville a 24 ans. L’année suivante, il entre comme soldat au régiment de Neustrie , puis passe à celui des colonies où il restera jusqu’en 1790. Il devient alors sergent major de la garde nationale , commandant du bataillon de Roinvilliers.


Le 7 germinal, an II de la République , il adresse aux administrateurs du district dont dépendait Roinvilliers une lettre conservée aux Archives de l’Essonne : « La liberté ou la mort.
Le 7 germinal l’an deux de la République une.
Frères et amis , vous connaissez mon patriotisme , ma véracité , je n’ai rien de plus à cœur que l’exécution de la loi . Je désire qu’elle frappe sur toutes les têtes coupables , mais aussi il faut que les innocens trouvent en vous un appui. Ma cousine Angélique Bizemont , épouse du citoyen se trouve par erreur en état d’arrestation dans sa maison. Cette famille est très connue par sa bienfaisance et je crois que vous pouvé écrire en sa faveur à la commission chargée de juger les ci-devant nobles .
Je vous réponds sur ma tête de son innocence ainsi que celle de son époux .
Salut et fraternité . Auguste Dadonville. »

Et puis, c’est le procès devant le tribunal révolutionnaire . En vain, l’abbé nia avoir eu des rapports avec Louis XVI depuis le début de la révolution , rejeta toute participation aux événements du 10 août et proclama qu’il avait dûment prêté serment à la République. On l’envoya à la Guillotine !

D’Adonville figure au nombre des 34 victimes de la fournée du 24 juin 1794 ( 6 messidor an II ). Parmi ses compagnons d’infortune se trouvaient notamment quatre jeunes filles , âgées de 17 , 18, 19 et 23 ans. Le Journal de Paris résumait ainsi les forfaits qui avaient entraîné ces 34 verdicts de mort : « Convaincus de s’être rendus les ennemis du peuple , en participant aux crimes du dernier tyran , à la rébellion de Lyon , en recélant les frères Rabaut et l’ex-ministre Lebrun , et leur donnant asile , lorsqu’ils étaient décrétés d’accusation , en entretenant des intelligences avec les ennemis , en s’associant au parti des fédéralistes , en participant au complot des nobles et prêtres et autres brigands de la Vendée. «

Tous périrent dès le lendemain 25 juin. Le même Journal de Paris , qui publiait quotidiennement les noms et qualités des guillotinés de la veille , consacre le 8 messidor ou 26 juin cette mention à notre abbé : A. D’Adonville , âgé de 35 ans , ex-page , et se disant frère adultérin du tyran , ex-chanoine de Lille.

Henri Wallon signale , dans son Histoire Du Tribunal Révolutionnaire , que Dorival n’eut pas à se féliciter de sa mauvaise action. Elle ne fit qu’a ttirer l’attention sur lui. Moins de 15 jours après la condamnation de sa victime , il comparaissait à son tour devant le terrible tribunal parmi les accusés de la première fournée de la conspiration du Luxembourg . Il fut exécuté le 22 messidor an II , à l’âge de 66 ans.

Roinvilliers était tout à côté de Méréville , qui appartenait aux La Tour du Pin. On a vu que Mans-Jean-René de La Tour du Pin , époux d’Agathe –Louise de Saint Anthoine de Saint André , authentique fille de Louis XV , y fut inhumé. Peut-être cette circonstance donna t-elle à Auguste d’Adonville l’idée de prétendre à une ascendance royale ?

On ne sait si les amours de D’Adonville avec Mlle Franconi ou quelque autre beauté portèrent fruit. Le nom de d’Adonville semble aujourd’hui éteint . »


Ce livre se compose d’une multitude de petits chapitres portant sur tel ou tel bâtard royal.
Je ne l’ai pas commencé au tout début . Il m’a semblé logique de commencer par cet abbé que l’on dit être fils du dauphin ou de Louis XV . C’est selon .

On peut dire que c'était le petit cousin d'Alfred de Vigny !


Alfred de Vigny


Trouvez-vous une ressemblance ?

Autre image d'Alfred de Vigny

Prochain chapitre que j'étudierais : Jules Barbey D'Aurevilly était-il l'arrière petit -fils de Louis XV ?

C'est renversant ! Est-ce à dire que la descendance illégitime de nos rois n'a produit que des écrivains ou des abbés ?
Que l'on songe à la famille de Vigny , celle de Barbey d'Aurevilly ou celle de Georges Sand !

Barbey d'Aurevilly

Y voyez-vous une ressemblance avec Louis XV ?

Heu là ,comme ça, ce n'est pas évident...

Louis XV


Alfred de Vigny


Le père de Louis XVI


Barbey d'Aurevilly

Alors qu'en pensez-vous ?

Chère MADAME DE CHIMAY - je suis toujours sur cette affaire, et je dois me rendre à ROINVILLIERS qui est sur la route de PITHVIIERS à ETAMPES prochainement pour rencontrer Madame le MAIRE et consulter les livres d'état civil qui ont été heureusement conservés par la commune alors que je m'attendais à faire un voyage aux ARCHIVES sise dans un chateau au dessus d'ETAMPES !!!!!

il fallait que j'attende le mois de septembre, d'une part à cause des vacances et d'autre part la période des moissons et autres récoltes..........

je dois faire un dossier à la Société Historique de MEREVILLE qui s'intéresse aussi à ce personnage !!!!!!

Amicalement MARIE ANTOINETTE

L'abbé d'Adonville serait né en 1758 ! Mais c'est juste entre Charles Philippe et Clothide ! Comment imaginer ce prince si pieux aller fricoter avec une femme du milieu d'où était sotie la Pompadour, alors qu'il connait encore sa femme, et qu'il lui montre de tendres sentiments ?! Cela ne laisse pas de me rendre perplexe.

Louis XIV et Louis XV étaient très pieux. L'un n'empêche pas l'autre !

Et si justement il avait voulu espacer les grossesses à répétition de son épouse ? Quelque part, c'est gentil.

olivia a écrit:

Louis XIV et Louis XV étaient très pieux. L'un n'empêche pas l'autre !

Je voulais dire que le dauphin menait une vie qui se voulait irréprochable, et opposée, sur ce chapitre en particulier, à celle de son père.

[/quote] Et si justement il avait voulu espacer les grossesses à répétition de son épouse ? Quelque part, c'est gentil. [/quote]

Cela n'eut alors que peu d'effet ! Charles Philippe ; 9 octobre 1757, Clothilde ; 23 septembre 1759.

Oui mais Elisabeth 1764 !

olivia a écrit:

Oui mais Elisabeth 1764 !

Dans ce cas, pour valider votre hypothèse, l'abbé aurait dû naître après 1759 !

Barbey d’Aurevilly

Sa famille est issue d’une vieille famille normande de robe et descendrait du célèbre Jean Ango ou Angot. Ce personnage mort en 1551 , est l’une des étonnantes figures du XVIe siècle. C’était un armateur de Dieppe extrêmement riche.

Ce n’était pas assez. Certains auteurs ont donné à Barbey d’Aurevilly une ascendance bien plus brillante.
Voici ce que disent les auteurs : « Son grand-père , Louis-Hector Ango , né le 14 novembre 1739 , ne serait pas comme l’atteste l’état-civil , fils de Pierre-Jacques Ango , directeur des biens des religionnaires au département de Provence et de son épouse Marie Dalleron.
Il aurait dû le jour aux complaisances de cette dernière , lingère de la reine Marie Leczinska , pour Louis XV . Les parents de Louis-Hector s’étaient mariés le 22 août 1737 en la paroisse Notre Dame de Versailles.

Les auteurs s’appuient sur une lettre de Barbey d’Aurevilly à son ami Trébutien , en date du 26 février 1855 : Mon grand-père Ango … avait été tenu sur les fonts du baptême , par le comte de Maurepas et Mme de Châteauroux et son parrain avait été le roi Louis XV.
Louis-Hector Ango fut nommé à 19 ans grand bailli à robe rouge. C’était faveur insigne, prétendent-ils. Barbey d’Aurevilly avait le type bourbonien. Dans une conférence prononcée en 1908 , Paul Bourget , qui adoucit de son dévouement les dernières années de Barbey d’Aurevilly , assura que le duc d’Aumale était persuadé de l’ascendance royale du célèbre écrivain . Il le tenait , dit-il, du prince lui-même. La Varende s’en est fait l’écho dans un de ses livres.

Cette prétendue ascendance royale a toutes les chances de n’être qu’une légende : les faits allégués ou bien sont inexacts ou bien n’ont pas la signification qu’on leur attribue et, en outre, un fait n’est guère compatible avec pareille thèse.
François Laurentie , dans un de ses livres établit que l’enfant fut baptisé le lendemain de sa naissance . Au lieu du roi, le parrain fut le comte de Maurepas et la marraine La duchesse de Mazarin . Ni l’un ni l’autre n’étaient présents à la cérémonie . Ce furent le concierge de l’hôtel de la Vallière et sa femme qui tinrent leur place.
Quant à la charge de grand bailli, c’était la situation naturelle d’un membre de famille notable dans une contrée.




Tout de même , je trouve qu'il y a une certaine ressemblance , pas vous ?