DynastieMaison de Valois-AngoulêmeMarguerite de France
ou Marguerite de Valois
surnommée Margotprincesse de la branche dite de
Valois-Angoulême de la dynastie capétienne
Fille de France
Duchesse de Lauragais
née le 14 mai 1553
au château de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines)
Baptisée le 25 juin 1553 en la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye
nourrice: Guillette de Corbie
morte le 27 mars 1615 à l'âge de 61 ans à Paris
Inhumée à Nécropole de Saint-Denis
Elle était fille du roi Henri II et de Catherine de Médicis et la sœur des rois François II, Charles IX et Henri III
En 1557 à quatre ansMarguerite (vers 1559) à six ansMarguerite (vers 1560) à sept ans par François Clouet
Marguerite (vers 1569).
Portrait attribué à François Clouet, Paris, BnF, département des estampes
en 1561 à huit ans
En 1568 à quinze ans
en 1570 à dix-sept ans
en 1572 à dix-neuf ansHenri et Marguerite, roi et reine de Navarre (vers 1572)Miniature du livre d'heures de Catherine de MédicisPar son mariage avec le roi Henri de Navarre, elle devient reine de Navarre en 1572, puis reine de France en 1589 lorsque son époux accède au trône de France sous le titre de Henri IV.
en 1573 à vingt ans Les noces vermeilles
À la fin des années 1560, Catherine de Médicis propose sa fille en mariage au fils de Philippe II d'Espagne, l'infant Charles, mais le mariage ne se fait pas.
De sérieuses négociations ont aussi lieu pour marier Marguerite au roi de Portugal Sébastien I
er, mais elles sont aussi abandonnées.
Resurgit donc l’idée, déjà évoquée par Henri II, d’une union avec le jeune chef du parti protestant, le jeune roi Henri de Navarre. Héritier présomptif de la couronne de France après les fils de France — mais la perspective d'une accession au trône de France est alors très lointaine —, Henri est aussi l’héritier de vastes possessions dans le Sud-Ouest. Cette union a surtout pour objectif la réconciliation entre catholiques et protestants à la suite de la troisième guerre de religion.
Des négociations s'engagent entre Catherine de Médicis et la mère d'Henri, la très huguenote reine de Navarre Jeanne d'Albret. Les discussions sont longues et difficiles. Jeanne d’Albret se méfie de la reine mère, et exige au préalable la conversion de Marguerite au protestantisme. Mais elle doit céder face à l’entêtement de la princesse à conserver sa religion et finit, sous la pression du parti protestant, par donner son consentement, non sans avoir obtenu pour sa future belle-fille une dot considérable. Elle meurt peu après, Henri devenant roi de Navarre. Quant à Marguerite, c'est non sans réticences qu'elle consent à épouser le souverain hérétique d’un résidu de royaume
4.
Sans attendre la dispense pontificale requise en raison de la différence de religion et du cousinage des futurs époux — tous deux sont les arrière-petits-enfants de Charles d’Angoulême —, l’« union exécrable » — selon les termes du général des jésuites — est célébrée le 18 août 1572. Le déroulement des noces a été réglé de façon à satisfaire les protestants, venus nombreux assister au mariage de leur chef: la bénédiction nuptiale a lieu devant le parvis de Notre-Dame de Paris, leur évitant ainsi d’assister à la messe; et elle est donnée par le cardinal de Bourbon en qualité d’oncle d’Henri et non de prêtre. Les noces sont suivies de trois jours de fêtes somptueuses.
L’entente entre catholiques et réformés dure peu. Quelques jours seulement après les noces a lieu l’attentat manqué contre l’amiral de Coligny, l’un des chefs du parti huguenot qui s'efforce d'entraîner la France dans une guerre contre l'Espagne. Le surlendemain, 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, les protestants sont massacrés jusqu'à l'intérieur du Louvre — un gentilhomme gravement blessé trouve même refuge dans la chambre de Marguerite. La proximité du massacre a valu au mariage le surnom de « noces vermeilles ». Il n’est alors plus question de conciliation et la dissolution du mariage pourrait être prononcée, mais Marguerite choisit de faire preuve de loyauté envers son mari et refuse l'offre que sa mère lui aurait faite de la démarier.
Sur demande de ce dernier et avec l'accord du Pape, elle se démarie (annulation pour stérilité, 1599)
divorcés le 17 décembre 1599
Son mariage, qui devait célébrer la réconciliation des catholiques et des protestants en 1572, fut terni par le massacre de la Saint-Barthélemy et la reprise des troubles religieux qui suivirent.
La Saint-Barthélemy vue par Marguerite« Pour moy, l'on ne me disa rien de tout cecy [les préparatifs du massacre]
. Je voyois tout le monde en action; les huguenots desesperez de cette blessure [référence à l'attentat manqué contre l'amiral de Coligny]
; messieurs de Guise craignans qu'on n'en voulust faire justice, et se suchetans tous à l'oreille. Les huguenots me tenoient suspecte parce que j'estois catholique, et les catholiques parce que j'avois espousé le roy de Navarre, qui estoit huguenot. De sorte que personne ne m'en disoit rien, jusques au soir qu'estant au coucher de la Royne ma mere, assise sur un coffre auprès de ma sœur de Lorraine, que je voyois fort triste, la Roine ma mere parlant à quelques-uns m'apperceust, et me dist que je m'en allasse coucher. Comme je lui faisois la reverence, ma sœur me prend par le bras et m'arreste, et se prenant fort à pleurer me dit:« Mon Dieu, ma sœur, n'y allez pas. »Ce qui m'effraya extremement. La Roine ma mere s'en apperceut, et appellant ma sœur se courrouça fort à elle et luy deffendit de me rien dire. Ma sœur luy dit qu'il n'y avoit point d'apparence de m'envoyer sacrifier comme cela, et que sans doute s'ils descouvroient quelque chose, ils se vengeroient sur moy. La Roine ma mere respond, que s'il plaisoit à Dieu, je n'aurois point de mal; mais quoy que ce fut, il falloit que j'allasse, de peur de leur faire soupçonner quelque chose qui empeschast l'effet.Je voyois bien qu'ils se contestoient et n'entendois pas leurs parolles. Elle me commanda encore rudement que je m'en allasse coucher. Ma sœur fondant en larmes me dist bon-soir, sans m'oser dire autre chose; et moy je m'en allay toute transsie et esperdue, sans me pouvoir imaginer ce que j'avois à craindre. Soudain que je fus en mon cabinet, je me meits à prier Dieu qu'il luy plust me prendre en sa protection, et qu'il me gardast, sans sçavoir de quoy ny de qui. Sur cela le Roy mon mary qui s'estoit mis au lit me manda que je m'en allasse coucher; ce que je feis, et trouvay mon lit entourné de trente ou quarante huguenots que je ne cognoissois point encore, car il y avoit fort peu de temps que j'estois mariée. Toute la nuict ils ne firent que parler de l'accident qui estoit advenu à monsieur l'admiral, se resolvants, des qu'il seroit jour, de demander justice au Roy de monsieur de Guise, et que si on ne la leur faisoit, il se la feroient eux-mesmes. Moy j'avois toujours dans le cœur les larmes de ma sœur, et ne pouvois dormir pour l'apprehension en laquelle elle m'avoit mise sans sçavoir de quoy. La nuict se passa de cette façon sans fermer l'œil. Au point du jour, le Roy mon mari dit qu'il vouloit aller jouer à la paume attendant que le roy Charles fust esveillé, se resolvant soudain de luy demander justice. Il sort de ma chambre, et tous ses gentils-hommes aussy. Moy voyant qu'il estoit jour, estimant que le danger que ma sœur m'avoit dit fust passé, vaincue du sommeil, je dis à ma nourrice qu'elle fermast la porte pour pouvoir dormir à mon aise.Une heure aprez, comme j'estois le plus endormie, voicy un homme frappant des pieds et des mains à la port et criant: « Navarre ! Navarre ! » Ma nourrice pensant que ce fust le Roy mon mary, court vistement à la porte. Ce fust un gentil-homme nommé monsieur de Leran, qui avoit un coup d'espée dans le coude et un coup de hallebarde dans le bras, et estoit encores poursuivy de quatre archers, qui entrerent tous aprez luy en ma chambre. Luy se voulant garantir se jetta dessus mon lit. Moy sentant ces hommes qui me tenoient, je me jette à la ruelle, et luy aprez moy, me tenant toujours à travers du corps. Je ne cognoissois point cet homme, et sçavait s'il venoit là pour m'offenser, ou si les archers en vouloient à luy ou à moy. Nous crions tous deux, et estions aussi effrayez l'un que l'autre. En fin Dieu voulust que monsieur de Nançay, capitaine des gardes, y vinst, qui me trouvant en cet estat-là, encore qu'il y eust de la compassion, ne pust tenir de rire; et se courrouça fort aux archers de cette indiscretion, les fit sortir, et me donna la vie de ce pauvre homme qui me tenoit, lequel je feis coucher et penser dans mon cabinet jusques à tant qu'il fust du tout guery. Et, changeant de chemise, parce qu'il m'avoit toute couverte de sang, monsieur de Nançay me conta ce qui se passoit, et m'asseura que le Roy mon mari estoit dans la chambre du Roy, et qu'il n'auroit nul mal. Et me faisant jeter un manteau de nuict sur moy, il m'emmena dans la chambre de ma sœur madame de Lorraine, où j'arrivay plus morte que vive, et entrant dans l'antichambre, de laquelle les portes estoient toutes ouvertes, un gentil-homme nommée Bourse, se sauvant des archers qui le poursuivoient, fust percé d'un coup de hallebarde à trois pas de moy. Je tombai de l'autre costé presque esvanouie entre les bras de monsieur de Nançay, et pensois que ce coup nous eust percez tous deux. Et estant quelque peu remise, j'entray en la petite chambre où couchoit ma sœur
»Mémoires de Marguerite de ValoisRéagissant aux écrits de Brantôme, Marguerite écrit des
Mémoires.
L'épisode où un gentilhomme protestant vient trouver refuge dans la chambre de Marguerite a été repris par Alexandre Dumas dans son roman
La Reine Margot. Mais le protagoniste en est La Mole et non Leran.
- Relation en 1574 avec Joseph Boniface de La Mole, seigneur de La Mole 1530-1574
- Relation en 1580 avec Jacques de Harlay, seigneur de Champvallon 1552-1630
- Relation en 1585 avec Jean de Lart et de Galard ca 1556-1586
- Relation en 1595 avec Claude François, seigneur de Grèze ca 1570-/1633
- Relation en 1603 avec Gabriel de Dat, seigneur de Saint Julien ca 1586-1606
- Relation en 1606 avec Hector Renaud de Durfort, seigneur de Bajamiont ca 1575-1612
Portrait de Marguerite de France,
Paris, BnF, département des estampes, vers 1574
- Marraine: Marguerite d'Angoulême, duchesse de Savoie 1523-1574
- Filleul: Henri Alamanni 1566
- Filleule: Henriette Gonzaga 1571-1601
- Filleul: Henry d'Olmières 1573
- Filleul: Charles de Mars, seigneur de Beaumont 1589
- Filleul: Gaston d'Orléans, duc d'Orléans 1608-1660
- 1573: Témoin au mariage de Nicolas de Grimouville, seigneur de Larchant 1542-1592 et de Diane de Vivonne, dame d'Ardelay 1546-1592
gouvernante: Charlotte de Vienne, dame de Curton
-
1ère dame: Madeleine d'Espinchal.
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dame d'atour: Marie Renault, dame de Vouilhac
-
dames d'honneur: Madeleine de Bourdeilles, Melle de Bourdeilles; Marguerite de Gramont, dame de Duras; Claude de la Tour d'Auvergne, dame de Tournon; Suzanne de Villeneuve des Arcs, baronne de Bormes; Marie Renault, dame de Vouilhac; Jeanne Espiard, dame de Tharoiseau
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filles d'honneur: Anne de Carnazet, dame de Crèvecoeur; Rachel de Rivière, Melle de Vaux; Cléophile de Béthune, Melle de Béthune; Françoise de Montmorency Fosseuse, Melle de Fosseuse; Jeanne de Monceau de Tignonville, Melle de Tignonville; Marie Touchet dame de Belleville; Marguerite de Rebours, Mademoiselle de Rebours; Melchiore de Thorigny, Melle de Thorigny; Marguerite de Ferrières; Catherine de Vivonne Melle de Bougouin; Françoise de Chastel Melle de Chateauneuf
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femmes de chambre: Jacqueline Burgense, Jehanne Chausson
Henri, roi de Navarre (vers 1575)
Huile sur toile, château de Pau La jeunesse d'une princesse
Née au château de Saint-Germain-en-Laye, elle est le septième enfant de Henri II et de Catherine de Médicis. Elle est baptisée dans la religion catholique et reçoit pour marraine sa tante paternelle, la princesse Marguerite de France, future duchesse de Savoie (d'où le choix de son prénom) et pour parrain le prince de Ferrare Alphonse II d'Este. Trois de ses frères sont devenus rois de France : François II, Charles IX et Henri III. L'une de ses sœurs, Élisabeth de France, fut la troisième épouse du roi Philippe II d'Espagne; l'autre, Claude de France, fut mariée au duc Charles III de Lorraine.
Elle a peu l'occasion de connaître son père, mortellement blessé lors d'un tournoi en 1559. Avec sa mère, elle entretient des rapports distants, éprouvant pour elle un mélange d’admiration et de crainte. Elle est principalement élevée avec ses frères Alexandre, duc d'Anjou (le futur Henri III) et le dernier-né Hercule (ensuite renommé François), duc d'Alençon puisque ses sœurs partent également en 1559 se marier à l’étranger. Lorsque Charles IX monte sur le trône à la mort de François II en 1560, elle vit à la cour de France au côté de ses deux frères aînés, ainsi que du jeune Henri de Navarre. Elle est présente aux États généraux de 1560 au côté de Renée de France, duchesse de Ferrare, fille du roi Louis XII. Elle accompagne également le roi durant son grand tour de France de 1564 à 1566. C'est à cette occasion que Catherine de Médicis fait organiser de petits spectacles mettant en scène ses enfants, notamment une bergerie de Ronsard dans laquelle Henri d'Orléans tient le rôle d'Orléantin, François d'Anjou celui d'Angelot et Marguerite celui de Margot, si bien que Charles IX prend l'habitude d'appeler sa sœur Margot
1.
Elle entretient d'abord d'excellents rapports avec ses frères (à tel point que des rumeurs feront par la suite état de relations incestueuses avec Henri et François — voire Charles). C'est ainsi que lorsque Henri part en 1568 prendre le commandement des armées royales, il confie à sa sœur âgée de 15 ans la défense de ses intérêts auprès de leur mère. Ravie de cette mission, elle s’en acquitte consciencieusement mais, à son retour, il ne lui en témoigne aucune gratitude. C'est du moins ce qu'elle raconte dans ses mémoires qu'elle rédige à partir de 1594
2.
Entre-temps, une idylle est née entre la princesse et Henri de Lorraine, duc de Guise, l'ambitieux chef de file des catholiques intransigeants. Les Guise étant partisans d’une monarchie placée sous la tutelle des Grands et préconisant des mesures radicales contre les protestants (soit l’opposé de ce que souhaitent les Valois), une union est absolument inenvisageable. La réaction de la famille royale est donc très violente, d’autant que des négociations matrimoniales sont en cours. Cet épisode est peut-être à l'origine de la « haine fraternelle durable »
3 qui s’établit entre Marguerite et son frère Henri, ainsi que du refroidissement, non moins durable, des relations avec sa mère.
Le duc de Guise est le premier d’une longue série d'amants prêtés à Marguerite. La princesse a reçu une éducation soignée et possède toutes les qualités pour briller à la cour, à commencer par son éclatante beauté (
« S’il y en eust jamais une au monde parfaicte en beauté, c’est la royne de Navarre », écrira Brantôme). Toutefois, il est difficile de faire la part de vérité et de la rumeur parmi les liaisons qu’on lui prête. Comme pour les autres membres de sa famille (notamment sa mère et son frère Henri), les ragots circulant sur son compte pendant cette période troublée ont été particulièrement nombreux. Parmi ces prétendues aventures, certaines, telles les relations incestueuses avec ses frères, sont sans fondement, d'autres simplement platoniques.
La conjuration des Malcontents et le début des intrigues
En 1573, la santé du roi Charles IX commence à sérieusement décliner, mais l'héritier naturel, son frère Henri, favorable à une politique de fermeté contre les protestants, a été élu roi de Pologne. De grands seigneurs catholiques modérés soutiennent alors le projet de faire monter sur le trône de France, en cas de vacance, le frère cadet, François d’Alençon, réputé favorable à un compromis confessionnel dans les affaires religieuses.
En 1574, alors que Charles IX se meurt, ceux qu'on surnomme désormais les Malcontents, alliés aux protestants, mettent en œuvre plusieurs complots, le plus célèbre étant la conjuration des Malcontents, pour s’emparer du pouvoir. Par inclination pour ses deux frères aînés Charles et Henri, Marguerite dénonce dans un premier temps cette fronde dans laquelle son mari est partie prenante, mais elle finit par changer d'alliance dans l'espoir peut-être d'améliorer la situation inconfortable où l'avait mise la Saint-Barthélemy. Depuis le massacre, elle était tenue en suspicion à la fois par son mari et par la couronne. L'avènement de François au trône aurait pu lui permettre de retrouver la confiance des deux camps
5.
Mais la conspiration est déjouée, les chefs du complot sont arrêtés et décapités, malgré la demande de leur grâce par le duc d'Alençon et Marguerite auprès de Charles IX. L'un est Joseph Boniface de La Môle, prétendu amant de Marguerite — et héros du roman
La Reine Margot d'Alexandre Dumas – l'autre est Annibal de Coconas. Après l’échec de la conjuration, François d'Alençon et Henri de Navarre sont retenus prisonniers au château de Vincennes. Marguerite de France rédige une plaidoirie, le
Mémoire justificatif pour Henri de Bourbon pour qu’il se défende devant le roi
6. À l'avènement d'Henri III, ils sont laissés en liberté sous surveillance à la cour, mais le nouveau roi ne pardonne pas à sa sœur de l'avoir trahi.
Marguerite et François d'Alençon à droite (tapisserie)Les rapports du couple de Navarre se détériorent, Marguerite n'arrive toujours pas à être enceinte – car, s'il n'a jamais été question d'amour entre les époux, Henri continue à remplir assidument son devoir conjugal. Mais il a de nombreuses maîtresses et trompe ouvertement Marguerite avec la belle Charlotte de Sauve. Dame de compagnie de Catherine de Médicis, celle-ci provoque également une brouille entre Alençon et Navarre, tous deux ses amants, que Marguerite s’employait à allier. Cet épisode relativise l’image d’un couple multipliant certes les infidélités mais à l’alliance politique solide. En réalité, Henri ne se rapproche de sa femme que lorsque cela sert ses intérêts, mais n’hésite pas à la délaisser dans le cas contraire. De son côté, Marguerite aurait peut-être profité de l'absence de jalousie de son époux pour prendre un amant en la personne du fameux Bussy d'Amboise.
Alençon et Navarre parviennent finalement à s'enfuir, l'un en septembre 1575 et l'autre en 1576. Henri n’avertit même pas sa femme de son départ. Marguerite se retrouve recluse au Louvre, des gardes aux portes de sa chambre, car Henri III la tient pour complice. Mais Alençon, qui s’est allié aux huguenots, a pris les armes et refuse de négocier tant que sa sœur sera captive. Elle est donc libérée et assiste avec sa mère aux pourparlers de paix. Ils aboutissent à un texte extrêmement avantageux pour les protestants et pour Alençon : l’édit de Beaulieu.
Henri de Navarre, qui s'est à nouveau converti à la réforme, cherche à obtenir que Marguerite le rejoigne dans son royaume de Navarre. Durant ce conflit, ils se sont réconciliés au point qu'elle lui rapporte fidèlement ce qu’elle apprend à la cour. Mais Catherine de Médicis et Henri III refusent un temps de la laisser partir, Marguerite étant susceptible de devenir un otage aux mains des huguenots ou de renforcer l’alliance entre Navarre et Alençon. Catherine est alors persuadée qu'Henri de Navarre est "récupérable" pour le parti catholique et utilise sa fille comme un appât pour l'attirer à Paris
Dans le conflit qui opposa le roi Henri III aux Malcontents, elle prit parti pour François d'Alençon, son frère cadet.
L'aventureuse expédition aux Pays-Bas
En 1577, alors que la guerre civile reprend, Marguerite fait valoir qu’elle est partagée entre la loyauté due à son mari et à son frère aîné (même si, s’agissant de ce dernier, elle est toute relative) et réclame l’autorisation de partir en mission dans le sud des Pays-Bas (Nord de la France et Belgique actuels) pour le compte de son frère cadet. Les Flamands, qui se sont soulevés en 1576 contre la domination espagnole, semblent disposés à offrir un trône à un prince français tolérant et susceptible de leur apporter l’appui diplomatique et militaire nécessaire à la conquête de leur indépendance. Henri III accepte finalement l’expédition de sa sœur, y voyant l’occasion de se débarrasser de ce frère gênant
Prenant prétexte d’une cure aux eaux de Spa, Marguerite part donc à l’été, en grand équipage. Elle consacre deux mois à sa mission. À chacune des étapes de son voyage, elle s’entretient, à l’occasion de rencontres fastueuses, avec des gentilshommes hostiles à l’Espagne et, leur vantant les mérites de son frère, tente de les persuader de l’intérêt qu’ils auraient à se rallier à lui. Elle fait aussi la connaissance du gouverneur des Pays-Bas, Don Juan d'Autriche, le vainqueur de Lépante, avec qui elle a un entretien cordial. Mais pour Marguerite, que les réceptions intéressent davantage que les réalités politiques locales, le retour en France est mouvementé, à travers un pays en pleine insurrection, alors que, de surcroît, elle craint que les troupes espagnoles ne tentent de s'emparer d'elle.
Finalement, si elle noua quelques contacts utiles, le duc d'Alençon ne put ni ne sut en tirer parti.
François, duc d'Alençon.
Miniature de Nicholas Hilliard, Londres, Victoria and Albert Museum, vers 1577Sa participation à la conjuration des Malcontents lui valut l'aversion profonde de son frère Henri III.
La reine Marguerite en 1577Portrait miniature par Nicholas Hilliard
Henri IIRoi de France
31 mars 1547 – 10 juillet 1559
(12 ans, 3 mois et 9 jours)