La Garde suisse pontificale
CREATIONJules II, surnommé « le terrible » est l’un des plus fortes personnalités de la Renaissance. Il connaît bien les Confédérés, ayant été évêque de Lausanne en 1473, il a vécu également à la cour du roi de France et accompagné Charles VIII lors de la campagne de Naples, au courant de laquelle il a pu apprécier la valeur militaire des Suisses.
Cette valeur militaire est connue depuis longtemps, le grand historien latin Tacite, de nombreux sièges plus tôt, n’avait-il pas dit : « Les Helvétiques sont un peuple de guerriers, célèbre pour la valeur de ses soldats » ?
Lorsque devenu pape, Jules se demande à qui accorder sa confiance pour sa protection. Il se tourne vers les Suisses et fait appeler l’archidiacre de la cathédrale de Sion, Peter von Herstenstein, à qui il confie un message.
Datée du 21 juin 1505, cette lettre adressée aux cantons confédérés d’alors (500 000 habitants) est empreinte de grand respect. Le pape demande la mise à disposition de 200 fantassins pour protéger le Palais apostolique et par là également sa propre personne.
La Diète promet une réponse rapide, mais tergiverse et répugne à autoriser des engagements pouvant conduire à des luttes fratricides. Cependant, les cantons vont dénonce la « lettre de pension » leur interdisant d’accepter des pensions et autres espèces sonnantes et trébuchantes sans l’accord des autorités.
Dès lors, l’envoyé du pape lève lui-même des troupes, mais en peu engager que 150 hommes, en raison probablement de la concurrence avec le service français plus attrayant.
L’UNIFORMELes gardes disposent en réalité de deux uniformes. Un bleu pour l’exercice et le service normal, et celui que nous connaissons tous pour les grandes occasions, à rayures avec des manches et des pantalons bouffants, il est jaune, rouge et bleu, couleurs traditionnelles de la famille Médicis.
C’est au commandant Jules Repond (1910-1921) qui avait un goût remarquable pour les formes et les couleurs, que l’on doit la forme actuelle de celui-ci.
Après de longues études et s’inspirant des fresques de Raphaël, il fit disparaître toute sorte de chapeau, qui fut remplacé par le béret basque actuel. Il introduit le collet blanc au lieu des fraises, plus ou moins plissées. Il s’occupa également de la cuirasse et la fit modifier selon l’exemple des estampes anciennes.
Seul l’uniforme de gala prévoit une grande fraise, des gants blancs et un morion en métal clair, avec un panache blanc en plumes d’autruche pour le commandant et le sergent-major, violet sombre pour les officiers, rouge sur un morion noir pour les hallebardiers et mixte, jaune et noir sur un morion noir pour les tambours.
Sur les côtés du morion, l’on trouve une représentation en relief du chêne des Della Rovere.
On fait généralement remonter la paternité de cet uniforme à Michel-Ange, mais il semble qu’il ne s’en soit jamais occupé. En revanche, celui qui a eu la plus grande influence dans le développement de cet uniforme est sans doute Raphaël, qui a influencé et diffusé par ses peintures le goût de la Renaissance italienne.
EVENEMENT TRAGIQUE DANS LA VIE DE LA GARDELe sac de Rome d’après Martin van Heemskerck (1555)
Le matin du 6 mai 1527, le connétable de Bourbon (qui perdra la vie ce jour-là) et ses troupes commencent les assauts, qui deviennent rapidement d’une extrême violence. La garde et quelques troupes romaines luttent désespérément, mais en vain.
Le pape put s’enfuir à la dernière minute par le couloir secret entre le Vatican et le château Saint-Ange. Seuls les 42 Suisses qui l’accompagnaient purent échapper au massacre, où périrent leurs 147 compagnons.
Les lansquenets et les Espagnols se ruèrent sur la ville et pendant huit jours, ils donnèrent libre cours à tous abus, vols, sacrilège et massacres ; même les tombes des papes furent violées, y compris celle de Jules II. Les morts furent environ douze mille et le butin d’environ dix millions de ducats. Un mois après le sac de Rome, Clément VII est contraint de dissoudre la garde : une nouvelle garde n’entrera à nouveau en fonction qu’en 1548.
LE 6 MAI: LE SERMENT DES RECRUES Ce jour, qui fut un deuil, est aujourd'hui un jour de vie, puisque chaque année à cette date les nouvelles recrues prêtent solennellement serment. C'est une cérémonie qui est rendue suggestive par l'endroit où elle a lieu, la cour Saint-Damase, par les personnalités religieuses du Vatican qui la président et par le vaste public qui y assiste, des centaines de personnes dont des représentants politiques et militaires de la Confédération helvétique, des membres des familles, des amis et des sympathisants. La Garde est en uniforme de grand gala, du commandant au dernier hallebardier, et attire les regards de tout le monde: la fanfare, avec ses tambours reçoit de longs applaudissements.
Le chapelain de la Garde lit dans son entier le texte du serment:
«
Je jure de servir fidèlement, loyalement, et de bonne foi le Souverain Pontife régnant Benoît XVI et ses légitimes successeurs, de me dévouer pour eux de toutes mes forces, sacrifiant si nécessaire ma vie pour leur défense. J'assume les mêmes devoirs vis-à-vis du Sacré Collège des cardinaux durant la vacance du Siège Apostolique.
Je promets, en outre, au commandant et aux autres supérieurs respect, fidélité et obéissance. Je jure d'observer tout ce que l'honneur exige de mon état.».
Ensuite les nouvelles recrues, appelées par leur nom, avancent et chacune, avec la main gauche sur le drapeau de la Garde et la droite levée avec les trois doigts étendus, qui symbolisent la trinité, confirme et jure:
«Je ...jure d'observer, loyalement et de bonne foi, tout ce qui vient de m'être lu aussi vrai que Dieu et ses Saints m'assistent.»
Il faut rappeler que parmi ces saints, l'on sous-entend de façon particulière les patrons de la Garde suisse, c'est-à-dire saint Martin (11 novembre), saint Sébastien (20 janvier) et saint Niklaus von Flüe, «Defensor pacis et pater patriae» (25 septembre).
Cordialement
Sources
Photos : www.vatican.va
Texte : Suisse Magazine n° 199-200