Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
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 08 juin 1795: 20H

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yann sinclair

yann sinclair


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MessageSujet: 08 juin 1795: 20H    08 juin 1795: 20H  Icon_minitimeSam 8 Juin - 12:23

20H


A huit heures du soir, on avait, comme de coutume, préparé le souper du petit Capet

Caron l'avait apporté, et Gomin feignit de le monter lui-même.
 
Mais il monta sans le souper, seul en proie à la plus profonde affliction.

Cette affliction, contenue pendant cinq heures devant le public, se fit jour enfin par des larmes quand il se trouva seul en présence du corps inanimé de Louis XVII.

Jamais ce spectacle ne s'effaça de sa mémoire


Il y vivait encore quand je connus ce bon vieillard dans les dernières années de sa vie.

Il me disait à quatre-vingts ans:
« J'ai eu le courage de remonter l'escalier et de rentrer dans la chambre. Après avoir refermé la porte derrière moi et m'être assuré que j'étais seul, j'ai soulevé le linceul: je l'ai contemplé, et mon cœur s'est rempli de pensées tendres et douloureuses.Vous n'eussiez pas cru qu'il était mort. Les plis que la douleur avait formés à son front et à ses joues avaient disparu, les belles lignes de sa bouche avaient repris leur suave repos. Ses paupières, que fermait à demi la souffrance, s'étaient ouvertes et rayonnaient pures comme l'azur du ciel. On eût dit que son dernier regard avait rencontré une figure aimée. Sa magnifique chevelure blonde qui depuis deux mois n'avait point été coupée, encadrait son visage que je n'avais jamais vu aussi calme: il avait l'air de sourire, il avait repris le caractère qu'il devait avoir eu dans ses beaux jours d'autrefois. Depuis que les hommes ne pouvaient plus rien contre lui, on eût dit que la sérénité de ses traits était revenue comme d'elle-même, et que la candeur et la grâce morale lui montaient du cœur du visage. Le voilà donc tranquille et muet au terme de sa courte vie t de ses longues misères ! Pourquoi n'ai-je point passé avec lui plus d'heures dans sa prison ? Il me semble en ce moment que j'ai eu tort de n'avoir pas eu plus de courage. Il est mort et pour lui je ne puis rien réparer; voilà son pauvre cadavre qui a tant souffert; où est sa jeune âme qui a souffert encore plus ? O mon Dieu, si vous êtes juste, quelle récompense vous avez donnée à tant de patience, quelle couronne à tant de tortures ! Une heure s'écoula pendant laquelle, haletant, les yeux fixes, sans voix, je demeurai près de ses dépouilles. Cette heure solennelle devait avoir une grande influence sur toute ma vie. Une voix avait parlé en mon cœur, à laquelle j'avais promis d'être honnête homme. Hélas ! Je ne suis pas tombé à genoux, je n'ai pas joint ses petites mains, je ne les ai pas serrées à l'entour du crucifix ! Aucun signe chrétien n'ont abordé la couche funèbre du dernier descendant des Rois très chrétiens. La terre n'a eu pour lui que des outrages et pourtant, en ce moment, ses yeux entr'ouverts semblaient regarder la terre avec tant d'amour, qu'on eût pu croire le pauvre enfant dans une douce contemplation. Je suffoquais, je me retirai. Je songeai à monter sur la plate-forme pour respirer. Je voulus franchir deux à deux les degrés de l'escalier, je ne pus. Je n'avais cependant plus à mon bras le malade que j'y traînais les jours précédents mais mes forces étaient brisées. Que cette terrasse me parut large ce soir-là ! La soirée était belle et sereine, j'approchai du petit bassin; l'eau était tarie et les oiseaux étaient envolés. Je ne sais comment et pourquoi les souvenirs du sacre des rois me passèrent alors pas la tête ou plutôt par le cœur. Je me rappelai malgré moi, à cette heure de deuil, les oiseaux qu'à l'heure joyeuse de l'intronisation d'un Prince, on laisse s'envoler dans  la basilique de Reims et tout à coup dans la fièvre de ma douleur quelque chose sembla m'annoncer que c'étaient là aussi les oiseaux d'un sacre, et que l'enfant venait d'être couronné !"

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08 juin 1795: 20H  C_icgp11
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