10 juin 1719: La bataille de Glen Shiel

10 juin, en 1719, qu'eut lieu la bataille de Glen Shiel. Cette bataille est une victoire de l'armée britannique sur les jacobites écossais et l'armée espagnole pendant le soulèvement jacobite de 1715, qui constitue un conflit annexe de la guerre de la Quadruple-Alliance.

==== CONTEXTE ====
La France ayant signé la paix avec les Anglais, les jacobites trouvent un nouvel allié avec le cardinal Giulio Alberoni, ministre du roi d'Espagne. Le cardinal Dubois avait en effet orienté la politique extérieure de la Régence de Philippe d'Orléans vers une entente pacifique avec la Grande Bretagne.

Le soulèvement de 1719 était ainsi une tentative soutenue par l’Espagne de détourner des ressources britanniques de la Méditerranée; il était prévu que 7 000 soldats espagnols atterrissent dans le sud-ouest de l'Angleterre, marchent sur Londres et restaurent James Stuart. Un soulèvement simultané en Écosse capturerait Inverness, permettant ainsi à une force expéditionnaire suédoise de débarquer; cela était dû au conflit entre la Suède et Hanovre et à un exemple de la complexité créée par le fait que son souverain, George I, était monarque britannique. En l'occurrence, seuls George Keith et 300 soldats espagnols ont atteint Stornoway, dans l'île de Lewis, à bord de deux frégates espagnoles. Ils ont été rejoints par un groupe d'exilés français, parmi lesquels le comte de Seaforth, James Keith, le marquis de Tullibardine, Lord George Murray et Cameron de Lochiel.

Le 13 avril, ils apprennent l'échec du débarquement ; en tant que commandant des forces terrestres jacobites, Tullibardine recommande la retraite, mais en tant que commandant des deux frégates, Keith l'en empêche en leur ordonnant de retourner en Espagne. Sans autre option, la force principale d'environ 1 000 Highlanders ainsi que les troupes espagnoles se préparent à marcher sur Inverness, laissant leurs réserves matérielles à Eilean Donan, alors gardé par seulement 40 Espagnols.

Le 10 mai, un escadron de la marine britannique s'empare du château, bloquant toute fuite par voie navale. La force de Joseph Wightman, composée d'environ 1 000 hommes et de quatre mortiers de Coehorn, s'avance alors vers Glen Shiel. Le 9 juin, ils ont atteint le Loch Cluanie, à moins de 13 km du camp jacobite.

==== LA BATAILLE ====
John Henry Bastide, un sous-officier du régiment de Montague qui mena une longue carrière d'ingénieur militaire, dessina un plan détaillé du champ de bataille et des mouvements des forces adverses peu après la bataille. La section détaillant la bataille elle-même est manquante, mais il est possible de reconstruire les principaux éléments.

Tullibardine a préparé une position forte près des collines des Cinq Sœurs, avec les Espagnols au centre et les Highlanders sur les flancs derrière une série de tranchées et de barricades. Les forces de Wightman sont arrivées vers 16 heures le 10 juin et ont commencé l'attaque une heure plus tard en tirant au mortier sur les positions flanquantes jacobites. Cela a fait peu de victimes, mais les Ecossais n'avaient jamais rencontré de mortier auparavant, permettant à quatre pelotons de Clayton et de Munro d'avancer sur la colline, puis d'utiliser des grenades pour les bombarder de leurs positions. Une fois la droite jacobite délogée, Harrison et Montague attaquèrent la gauche jacobite que commandait Lord Seaforth. Il était bien protégé derrière un groupe de rochers sur la colline, mais l'utilisation habile des mortiers força les hommes de Seaforth à céder le passage alors qu'il était lui-même gravement blessé. Les Espagnols au centre ont résisté, mais ont dû se retirer alors que leurs flancs cédaient.

La bataille a duré jusqu'à 21 heures; plusieurs comptes-rendus affirment que la bruyère a pris feu et que la fumée combinée à une lumière baissante a permis à la majorité des Écossais de disparaître dans la nuit. Les Espagnols se sont rendus le lendemain matin et ont ramené leurs troupes en Espagne. Lord George Murray, Seaforth et Tullibardine ont été blessés, mais les dirigeants jacobites ont également réussi à s'échapper.

Une analyse de l'historien Peter Simpson attribue la victoire de Wightman à une utilisation habile des mortiers, à la puissance de feu supérieure de ses grenadiers et à l'agressivité manifeste de son infanterie, notamment la Munro Independent Company.

==== CONSÉQUENCES ====
Le nombre de victimes jacobites était difficiles à estimer car il ne restait que peu de corps sur le terrain et les blessés avaient réussi à s'échapper, y compris Seaforth et Lord George Murray; Wightman compta 21 morts et 120 blessés. Lord Carpenter, commandant en Écosse, a informé Londres que poursuivre les rebelles n'était pas simple et qu'il était préférable de les laisser partir, arguant que le soulèvement avait tout simplement nui à la cause jacobite.

Tullibardine était d'accord. Le gouvernement suivit les conseils de Carpenter et pour de nombreux jacobites, c'était la fin; Même des exilés chevronnés comme Bolingbroke, Seaforth et Lord Murray sont rentrés chez eux, tandis que George et James Keith ont tous deux repris leur carrière militaire en Europe et finirent leurs jours en tant que généraux prussiens.

Le prétendant Stuart Jacques-Edouard, conseillé par le duc d'Ormond abandonna la partie et repartit sur le continent. Il y vécut à Rome jusqu'à son décès et ne tenta plus d'expédition en vue de sa restauration.Jacques-Edouard ne parvient pas à obtenir les soutiens des puissances continentales à la hauteur des enjeux. Il nomma par la suite son fils aîné, Charles-Edouard, régent d'Ecosse. Celui-ci organisera la dernière "rébellion "jacobite en 1745 qui se terminera par la défaite de Culloden, malgré une assistance militaire de la France.

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