Le Roi Louis XIV adresse un appel à la nation française
A la mort du roi d'Espagne, Charles II, le 1er novembre 1700, ce dernier, sans descendance, désigne le petit fils de Louis XIV comme successeur. Le Roi de France peut effectivement doublement hériter du trône. Seulement l'Europe en général et les Habsbourg en particulier, qui eux aussi prétendent au trône, ne veulent pas des Bourbons en Espagne. France et Espagne sont les deux plus puissants pays d'Europe.
Tous ces royaumes d'Europe se coalisent donc contre la France et l'Espagne. C'est une véritable guerre mondiale. Longtemps indécis le conflit semble tourner en défaveur des hispano-français et en décembre 1708 Louis XIV demande la paix. Les Alliés posent des conditions inacceptables : Philippe V devait se retirer d'Espagne sans aucune compensation, la France rendrait la majeure partie de l'Alsace, ainsi que Lille et Dunkerque, elle ne pourrait plus commercer avec l'Amérique espagnole…
Sachant la nation épuisée et lasse, le Roi s'adresse a elle de façon inédite. L'appel qui suit est lu dans les 39.000 paroisses du royaume et impressionne les peuples de France. Cet appel au soutien de la politique royale et à l'unité nationale trouve un écho extraordinaire. Le Roi demande avant tout un effort spirituel au Français. L'année 1709 est celle du retournement du rapport de force: bataille de Malplaquet, où l'armée française sous le commandement de Villars, bien que vaincue, inflige de telles pertes aux Anglo-Prussiens que ceux-ci doivent se retirer et renoncer à envahir la France.
En 1710, à la bataille de Brihuega et à la bataille de Villaviciosa, en Espagne, les forces britanniques et autrichiennes sont écrasées; en 1711 à Denain, le maréchal de Villars remporte contre les forces impériales une victoire qui permet à Louis XIV de repasser à l'offensive dès 1713, lorsque les armées françaises, menées par Villars, repassent le Rhin et prennent Fribourg-en-Brisgau.
« L'espérance d'une paix prochaine était si généralement répandue dans mon royaume que je crois devoir à la fidélité que mes peuples m'ont témoignée pendant le cours de mon règne, la consolation de les informer des raisons qui empêchent encore qu'ils ne jouissent du repos que j'avais dessein de leur procurer.
J'avais accepté, pour le rétablir, des conditions bien opposées à la sûreté de mes provinces frontières; mais, plus j'ai témoigné de facilité et d'envie de dissiper les ombrages que mes ennemis affectent de conserver de ma puissance et de mes desseins, plus ils ont multiplié leurs prétentions ; en sorte que, ajoutant par degrés de nouvelles demandes aux premières et se servant, ou du nom du duc de Savoie, ou du prétexte de l'intérêt des princes de l'Empire, ils m'ont également fait voir que leur intention était seulement d'accroître aux dépens de ma couronne les États voisins de la France et de s'ouvrir des voies faciles pour pénétrer dans l'intérieur du royaume toutes les fois qu'il conviendrait à leurs intérêts de commencer une nouvelle guerre […].
Je passe sous silence les insinuations qu'ils ont faites de joindre mes forces à celles de La Ligue, et de contraindre le roi, mon petit-fils, à descendre du trône, s'il ne consentait pas volontairement à vivre désormais sans États, à se réduire à la condition d'un simple particulier. Il est contre l'humanité de croire qu'ils aient seulement eu la pensée de m'engager à former avec eux une pareille alliance. Mais, quoique ma tendresse pour mes peuples ne soit pas moins vive que celle que j'ai pour mes propres enfants; quoique je partage tous les maux que la guerre fait souffrir à des sujets aussi fidèles, et que j'aie fait voir à toute l'Europe que je désirais sincèrement de les faire jouir de la paix, je suis persuadé qu'ils s'opposeraient eux-mêmes à la recevoir à des conditions également contraires à la justice et à l'honneur du nom FRANCAIS.
[…] J'écris aux archevêques et évêques de mon royaume d'exciter encore la ferveur des prières dans leurs diocèses ; et je veux en même temps que mes peuples, dans l'étendue de votre gouvernement, sachent de vous qu'ils jouiraient de la paix, s'il eût dépendu seulement de ma volonté de leur procurer un bien qu'ils désirent avec raison, mais qu'il faut acquérir par de nouveaux efforts, puisque les conditions immenses que j'aurais accordées sont inutiles pour le rétablissement de la tranquillité publique… »
Louis XIV