Le révolutionnaire Bernard de Saintes

Ouh !

Des milliers et des milliers de lettres commencent à arriver à la Convention . Elles émanent de gens qui commencent à se plaindre du conventionnel Bernard de Saintes et ces lettres s'accumulent pour en arriver à former un véritable dossier. Tant est si bien que Bernard de Saintes est rappelé à Paris en avril 1794.

Il est sommé de s'expliquer devant la Convention . Une commission d'enquête présidée par le député Gouly est nommée. Mais le témoignage qui fera tomber Barnard de Saintes est celui de la maîtresse de Bonbon Robespierre.
Bernard de Saintes est emprisonné à la prison des Quatre Nations .

A la prison des Quatre Nations, il partage sa cellule avec le peintre David qui fera son portrait. Aujourd'hui, ce portrait se trouve au Musée Paul Guetty de Miami.



Portrait de Bernard de Saintes

Il s'interroge sur les raisons de sa présence en cet endroit et veut en savoir plus. Du coup, il " bombarde" la Convention de lettres pour avoir quelques explications.
Et lorsqu'il sait ce qui lui est reproché , il minimise un maximum ses actions. Mais il ne convaincra pas la Convention et devra rester en prison.

Lui qui aimait tant mettre en prison les gens et les tuer, le fait de se retrouver en prison, cela affecta beaucoup sa santé. Il ne dormait plus , ne mangeait plus , se tourmentait beaucoup. Comme l'on dit, le personnage avait perdu de sa superbe et avait beaucoup dégonflé ...Bref, il finit par tomber malade . Voici ce que dit mon livre : " Le médecin qui l'examine constate une obstruction au foie et à la rate et juge son état suffisamment inquiétant pour le faire soigner hors de la prison. Bernard de Saintes comprend alors que par ce moyen , il pourrait sortir de prison. Il demande alors au médecin chef de lui établir des certificats médicaux qu'il fait envoyer à la Convention et aux différents Comités.
Pas de réponse. Il attendra encore deux mois avant de réitérer sa demande, personne n'a répondu à ses missives . Il sait que d'autres représentants ont été libérés , dont certains , qui avaient commis des erreurs plus importantes que lui. L'injustice le gagne et désemparé , il écrit une nouvelle fois à la Convention Nationale. A la suite de ce courrier, il reçoit la visite des députés Mariette et Bailli qui constatent l'état de santé de leur collègue. "

Le Comité lui offre le choix d'aller dans une maison , c'est à dire un hôpital ou bien de rester en prison. Fin septembre 1795, le Comité décide sa translation dans son domicile. La condition Sine Qua None de sa libération : Il ne doit plus faire de la Politique !

Le simple fait d'être libéré de prison et la perspective de retrouver les siens le rendirent à la vie ! De plus, il bénéficiait d'une loi d'amnistie votée par la Convention et concernant les faits relatifs à la révolution . C'est donc le coeur en joie qu'il s'installe à Saintes et qu'il reprend son ancien métier d'avocat ! Très vite, il retrouve son succès d'antant et peut même agrandir son étude.
Mais le virus de la politique et toujours là et c'est ainsi qu'il se réengage en politique. En 1796, il accepte un poste au sein de l'administration municipale du canton. Mais en février 1800, il en est destitué.
Qu'à cela ne tienne, en juin 1800 , il est nommé membre du Conseil Général de Charente inférieure , poste qu'il occupera jusqu'en 1804.

Mais Louis XVIII est sans pitié pour les Régicides. En 1816, il fait voter une loi qui les conduit à l'exil.
Bernard de Saintes n'a pas le choix et doit partir . De Bordeaux, il s'embarque pour un navire à destination de l'Amérique . Mais hélas, les conditions de voyage sont terribles. Le navire fait naufrage, B. de Saintes perd tout ce qu'il a mais est recueilli avec plusieurs compagnons d'infortune par un navire.
Quelque temps après , il écrit à sa fille restée en France : " Elle invoquera sa maladie, son repentir , le manque d'affection des siens , elle se déplacera plusieurs fois à Paris pour essayer de fléchir les Royalistes mais en vain.
A leur tour, ils font de l'épuration une priorité . toutes les démarches de Mélanie resteront vaines. Pourtant, le Roi dans son discours de Cambrai le 28 juin 1816 , avait promis une large amnistie.

Devant ce constat d'échec , Bernard de Saintes se désespère et décide d'écrire au ministre de la police, à Louis XVIII...
Pas de réponses...
Au fil du temps , il se résignera et n'écrira plus qu'à sa fille Mélanie qu'il ne reverra jamais.
Il terminera sa vie sans revoir la France qu'il avait quan même contribué à agrandir en y rattachant la principauté de Montbéliard.
Il décédera à Funchal le 19 octobre 1819. Sa dépouille sera jetée à la mer car d'après les autorités écclésiastiques de l'île , il n'a jamais donné aucune démonstration de sa religion. "

Ainsi se vérifie le vieil adage : de la mesure dont tu uses pour les autres, on mesurera pour toi !

Funchal

http://fr.wikipedia.org/wiki/Funchal

C’est un personnage qui s’est brûlé les ailes à l’exercice du pouvoir. Il souffrait sans doute d’un sentiment d’infériorité : petite taille , pas d’une grande beauté alors il compensait autrement. La guillotine fut son instrument de pouvoir.
Son anticléricalisme s’explique par son enfance et par son mariage. IL a dû pour se marier batailler dur contre le clergé parce qu’il épousait une demoiselle mineure mais émancipée , ce que le clergé n’approuvait pas.

On peut dire de lui que c’est un voleur puisqu’il a pillé sans vergogne dans le patrimoine de la principauté de Montbéliard.
Mais c’est sans conteste Besançon qui a payé le plus lourd tribut puisque là-bas, la guillotine n’a pas chômé et aussi surtout le département de la Haute Saône qui fut le seul à avoir été placé sous les feux de la terreur.

On peut dire de lui que c’est un homme politique controversé prêt à tourner casaque et à se transformer en girouette selon l’époque politique du moment .
Bref, pour tout dire : c’est un bien triste personnage !

Le côté positif de ce livre est de découvrir la vie d'un conventionnel peu connu ...
Ce conventionnel a quand même joué un rôle non négligeable ; il a rattaché Montbéliard à la France mais surtout il a été un des acteurs de la Terreur . Il a trempé ses mains dans le sang , d'abord dans celui de Louis XVI puis dans celui des Français . Par là-même , il était condamné pour le restant de sa vie . Ne le fut-il pas par les lois politiques ?

Le côté négatif est de lire la vie d'un beau salaud, d'un type fou de pouvoir , d'amour et de gloire et qui en profite à pleines mains !

En tout cas, j'ai une grande envie maintenant de lire la vie de Bonbon Robespierre.

Avis aux modérateurs : Ne peut-on créer une rubrique que l'on intitulerait Les Régicides et où on rangerait ce fil sur Bernard de Saintes ?

La Nuit La Neige , j'ai plein d'autres Régicides sous le coude !

Madame de Chimay a écrit:

Funchal

http://fr.wikipedia.org/wiki/Funchal

C’est un très bel endroit, où l’on peut visiter de magnifiques jardins.
Dont celui-ci, dit de Monte Palace, à l’ambiance tropicalo-japonisante...
Luxuriant !!!

Madame de Chimay a écrit:

Avis aux modérateurs : Ne peut-on créer une rubrique que l'on intitulerait Les Régicides et où on rangerait ce fil sur Bernard de Saintes ?

Il y en a tant !
Je préfère encore laisser ce fil ouvert tel quel, puisque vous l’avez bien documenté (merci ).

Une petite promenade rétro dans la principauté de Montbéliard rattachée à la France par Bernard de Saintes

https://www.youtube.com/watch?v=ZernCAIrfIo

C'est le 10 octobre 1793 que Bernard de Saintes, membre de la Convention nationale, arrive à Montbéliard à la tête d'un bataillon de première réquisition du district de la ville de Dole, et de quelque cavalerie qui escortait des pièces de canon.

Il supprime le conseil de régence, toutes les administrations inférieures ainsi que le magistrat de Montbéliard, et établit dans la ville et la principauté les lois et les institutions de la république. Tout le ressort forme dès lors un nouveau district qui rattaché au département de la Haute-Saône. Les propriétés du domaine sont confisquées et plus tard mises aux enchères. Une société populaire, formée dès les premiers jours, vient tenir ses séances dans le temple du château ; les monuments et les tombeaux des princes qu'il renfermait sont brisés et jetés à la voirie. On dépouille la plupart des églises de leurs vases sacrés en argent et en vermeil ainsi que leurs cloches ; on fait payer une contribution de 250.000 francs en numéraire à ceux des habitants de la ville que l'on estime être le plus dans l'aisance ; enfin une guillotine est dressée en face de l'hôtel de ville, afin, sans doute, d'attacher plus promptement et plus étroitement la population aux "douceurs" du régime républicain de cette époque...


Saluons ici la courageuse réponse qui fut donnée à Bernard de Saintes par Jacques-Frédéric Ferrand, alors maître-bourgeois en chef, au moment où, à la tête d'une députation des trois-corps, il lui présentait les clefs de la ville de Montbéliard :

- Je vous apporte la liberté, avait dit candidement le conventionnel aux membres du magistrat.
- Vous vous trompez, reprit vivement le chef de cette compagnie, nous la connaissons de plus longue date, et aussi complète qu'il est possible, elle a été un des bienfaits de nos princes, nous n'avons d'expression pour les bénir.

A ces paroles inattendues, Bernard, décontenancé, ne trouva rien d'autre à opposer que la menace :

- Pas un mot de plus, monsieur ! ... J'ai des canons tout près d'ici.

Et il congédia brusquement la députation.