Allocution du Pape Pie VI au sujet de l'assassinat de sa Majesté Très Chrétienne Louis XVI, Roi de France.
En voici des extraits:« Le Roi très-chrétien Louis XVI a été condamné au dernier supplice par une conjuration impie; et ce jugement s'est exécuté.
Nous vous rappellerons en peu de mots les dispositions et les motifs de cette sentence. La convention nationale n'avait ni droit ni autorité pour la prononcer. En effet, après avoir abrogé la monarchie, le meilleur des gouvernements (1), elle avait transporté toute la puissance publique au peuple qui ne se conduit ni par raison ni par conseil, ne se forme sur aucun point des idées justes, apprécie peu de choses par la vérité, et en évalue un grand nombre d'après l'opinion ; qui est toujours inconstant, facile à être trompé et entraîné à tous les excès […] »
(page 5)
Bossuet« Eh! Qui pourra jamais douter que ce monarque n'ait été principalement immolé en haine de la foi et par un esprit de fureur contre les dogmes catholiques? Déjà depuis longtemps les Calvinistes avaient commencé à conjurer en France la ruine de la religion catholique. Mais pour y parvenir il fallait auparavant préparer les esprits et abreuver les peuples de ces principes impies que les Novateurs n'ont ensuite cessé de répandre dans des livres qui ne respiraient que la perfidie et la sédition.[…]»
(Pages 15-16)
On s'est efforcé, il est vrai, de charger ce prince de plusieurs délits d'ordre purement politique; mais le principal reproche qu'on ait élevé contre lui, portait sur l'inaltérable fermeté avec laquelle il refusa d'approuver et de sanctionner le décret de déportation des prêtres, et sur la lettre qu'il écrivit à l'évêque de Clermont pour lui annoncer qu'il était bien résolu de rétablir en France, dès qu'il le pourrait, le culte catholique. Tout cela ne suffit-il pas pour qu'on puisse croire et soutenir sans témérité que Louis fut un martyr ? […] »
(Pages 27-29)
Et le Saint Père termine en s'adressant à la France avec des accents qui ressemblent à ceux du pape Jean Paul II au Bourget en 1980:
« Ah France ! Ah France ! Toi que nos prédécesseurs appelaient le miroir de toute la chrétienté et l'inébranlable appui de la foi ; toi qui par ton zèle pour la croyance chrétienne et par ta piété filiale envers le Siège apostolique, ne marche pas à la suite des autres nations, mais les précède toutes, que tu nous es contraire aujourd'hui ! De quel esprit d'hostilité tu parais animée contre la véritable religion ! Combien la fureur que tu lui témoignes surpasse déjà les excès de tous ceux qui se sont montrés jusqu'à présent les persécuteurs les plus implacables ! Et cependant, tu ne peux pas ignorer, quand même tu le voudrais, que la religion est la gardienne la plus sûre, et le plus solide fondement des empires, puisqu'elle réprime également, et les abus dans les princes qui gouvernent et les écarts de la licence dans les sujets qui obéissent. Eh ! C'est pour cela même que tous les factieux adversaires des prérogatives royales cherchent à les anéantir, en s'efforçant de renverser d'abord la foi catholique.
Ah ! Encore une fois France ! Tu demandais toi-même auparavant un Roi catholique; tu disais que les lois fondamentales du Royaume ne permettaient point de reconnaître un Roi qui ne fût catholique. Et voilà maintenant que tu l'avais ce Roi catholique; et c'est précisément parce qu'il était catholique que tu viens de l'assassiner.
Ta rage contre ce monarque s'est montrée telle, que son supplice même n'a pu l'assouvir, ni l'apaiser. Tu as voulu la signaler encore après la mort sur ses tristes dépouilles; car tu as ordonné que son cadavre fût transporté et inhumé, sans aucun appareil d'une honorable sépulture. Ah ! Du moins on respecta encore la majesté royale dans Marie Stuart après la mort. Son corps fut embaumé, rapporté dans la citadelle et placé dans un dépôt pour le recevoir. On donna l'ordre à ses officiers et à ses domestiques de rester auprès du cercueil, aves toutes les marques de leurs dignités, jusqu'à ce qu'on eût destiné à cette princesse une sépulture convenable. Qu'as-tu gagné en te livrant à une animosité que tu n'as pu satisfaire, si ce n'est de t'attirer plus de honte, plus d'infamie, et de provoquer le ressentiment et l'indignation générale des souverains, beaucoup plus irrités contre toi qu'ils ne le furent jamais contre Elisabeth d'Angleterre.
Oh jour de Triomphe pour Louis XVI, à qui Dieu a donné la patience dans les tribulations, et la victoire au milieu de son supplice…
(Pages 33-37)