Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique

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pepe12547
Therese Belivet
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Therese Belivet

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MessageSujet: L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique   L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Icon_minitimeMer 19 Juin - 21:49

Chers Boudoiriens, je vous ai déjà parlé de ce très bon blog.
http://sifodierisinvenies.overblog.com/2019/06/la-liberte-maconnique-aux-pays-bas-autrichiens-face-a-marie-therese.html

Je vous ai promis une biographie de Marie-Thérèse, maman de Marie-Antoinette. La voici, extraite de ce blog.

L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Ob_98810
par Meytens, peintre de la Cour, 1744


Adorant jouer la comédie dans sa jeunesse, l'Impératrice-Reine Marie-Thérèse aimait aussi danser et faire la fête avec son mari bien-aimé (ils font d’ailleurs chambre commune, une exception à cette époque) ; elle était capable de donner le change. Durant la guerre de succession, alors que la guerre faisait rage, que ses troupes étaient particulièrement malmenées, que la plupart des hauts personnages de la Cour de son père Charles VI avaient fui vers l’Italie, elle fit face avec une ténacité hors norme ; et pour redonner le moral et montrer sa détermination à la population et à Frédéric II, elle organisa fêtes sur fêtes à Vienne.

Il ne faut donc pas se tromper sur la signification de ce très beau tableau. D’ailleurs Frédéric II, qui avait appris à la craindre, aura ce mot devenu célèbre : « Elle pleurait alors même qu’elle volait, et plus elle pleurait, plus elle volait ». Et en effet, déclarant à tout va que le (premier) partage de la Pologne en 1772 était contraire à la morale (catholique), était inacceptable, que Dieu n’en voulait pas, elle signa la convention et lorsque ses troupes envahirent la portion de Pologne dévolue aux États héréditaires habsbourgeois, ils allèrent bien plus loin. Frédéric II et Catherine II eurent toutes les difficultés pour les remettre dans les limites acceptées !

Elle refusa d’être Impératrice auprès de son mari, estimant que ses titres de Reines avaient bien plus de poids, assista cependant avec plaisir au sacre de celui-ci en 1745 et accepta qu’on l’appelât l’Impératrice-Reine(s). Cependant le qualificatif de Reine(s) lui importait vraiment et Louis XV en fera les frais pour l’avoir oublié.

Elle aimait s’amuser, et bien s’amuser, certes, mais avec moralité et elle instituera une « police de la chasteté » qui sévira parfois durement sur tous, nobles ou manants.

Elle ne donnait que difficilement son amitié et sa confiance, mais elle était très fidèle une fois donnée. [Bled, 2011 ; Badinter, 2016, etc.]

C’était cependant une monarque absolutiste, qui se représentait elle-même comme la « mère » de ses peuples (elle s’appuyait sur ce concept). Il était dangereux de l’oublier : elle avait toujours le dernier mot, la décision finale.

L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Ob_3ef10
circulaire officielle de l’Impératrice-Reine, dont l’en-tête reprend les États héréditaires habsbourgeois


Il n’empêche, son ‘empire’ n’était pas homogène, ni sur le plan administratif, ou culturel, ou simplement dans l’emploi des langues : sa tâche de fédérer cet ensemble était singulière : « Au XVIIIe siècle, pluralisme et internationalisme sont des « topoï » du discours sur Vienne. Cette diversité ethnique propre à la population viennoise a plus frappé les étrangers qui venaient à Vienne et faisaient des comparaisons avec leurs yeux d'Européens que les habitants de la Monarchie elle-même. Ainsi le Bavarois Johann Pezzl, auteur du roman joséphiniste à succès Faustin ou le siècle philosophique, relate en 1787 dans son guide commenté Esquisses viennoises : « En ce qui concerne la spécificité intrinsèque des Viennois, elle s'efface de plus en plus ; aucune famille n'est établie depuis plus de trois générations. Hongrois, Tchèques, Moraves, Transsylvaniens, Styriens, Tyroliens, Hollandais, Italiens, Français, Bavarois, Souabes, Saxons, Silésiens, Rhénans, Suisses, Westphaliens, Lorrains, etc. immigrent à Vienne sans relâche, ils y cherchent fortune, en partie avec succès et se naturalisent. Les Viennois d'origine ont disparu. Ce mélange de nationalités si diverses engendre ici ce babélisme sans rivage qui distingue Vienne de toutes les autres places européennes ». Le pluralisme ethnique, linguistique et culturel des territoires et villes de la Monarchie ne constitue donc pas seulement un argument artistique, méthodologique de la reconstruction historique. Ce pluralisme est bien plutôt un facteur réel dont les habitants de l'Empire des Habsbourg étaient tout à fait conscients au XVIIIe et au début du XIXe siècle ». [Csaky, 1988]

L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Ob_77a10
par Meytens, 1755


Femme moderne pour son époque par bien des aspects. Elle se levait tôt, à 4h le matin, travaillait jusqu'à 13 heures, l'après midi étant plutôt réservé aux audiences et visites, elle était assez accessible. Sa chancellerie commençait le travail à 7 heures.  Et pour le reste elle vivait bourgeoisement avec son mari, se disait heureuse en couple, et s’occupait de son « poulailler » (comme elle appelait ses 16 enfants), ainsi que le montre cette belle gouache intimiste faite par une de ses filles aînées Marie-Christine (qui sera gouvernante des Pays-Bas autrichiens au temps de Joseph II). Et par exemple, elle fera inoculer ceux-ci (contre la variole), une pratique dangereuse : 10 d’entre eux atteindront l’âge adulte, score remarquable pour l’époque !

[Villermont, 1895] rapporte une anecdote suspecte, qui, même si elle ressemble trop à d'autres du même type, tend à montrer un couple complice et qui se parlait. Se promenant dans les environs de Vienne par une belle et chaude journée de fin d'été, Marie-Thérèse se délecta d'une savoureuse grappe de raisin qui jaillissait d'un coteau. François se précipita, grimpa le coteau et rapporta le larcin à sa belle. Coups de cors et bientôt apparurent des garde-vignes qui les rudoyèrent, exigèrent une compensation financière pour le chapardage (que n'avait pas François sur lui) et les emmenèrent à la justice du village. Le "juge", qui était dans son champ, dut interrompre son travail et de méchante humeur, fit enfermer les tourtereaux qui s'amusaient de l'aventure. Et bien sûr, le dénouement heureux est connu à l'avance!

Que François Ier eut des aventures galantes, c'est dans la normalité de l'époque, mais on ne lui connaît pas de liaison réellement soutenue.

L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Ob_0f910
gouache intimiste réalisée par Marie-Christine


Ce n’était pas une femme des Lumières au sens français ou allemand (aufklärung), encore moins des Lumières radicales ; bien que bigote et l’Europe s’en moquait, avec un vrai fond philo-janséniste, elle était cependant intéressée par la théologie-philosophie optimiste d’un Ludovico Muratori [Solé, 1972 ; Reb, 1995 ; Boutier, 2005], qui pratiquait une sorte d’ « ascétisme utilitaire » dans ses relations avec les autres. Il fit une distinction nette entre dogme et discipline ecclésiastique, la seconde étant soumise à la critique et aux vicissitudes du temps, invitant donc le catholique à s’adapter selon ses besoins. Notons que Muratori fit partie de la « Royal Society » de Londres à l’initiative de Newton avec qui il partagea son opposition à Leibnitz. Muratori entretint également une correspondance avec le pape Benoît XIV qui, tout en avouant avoir été heurté par nombre de ses réflexions, voulait éviter une condamnation qui ferait plus de tort que de bien. D’ailleurs il empêcha que les œuvres de son ami Muratori soient mis à l’index.

En ce sens, on peut penser que Marie-Thérèse était proche de ce courant qu’on a appelé dans le centre de l’Europe, les « Lumières catholiques » (un mot un peu valise où l’on retrouve le Portugal de Pombal, la Toscane du Grand-duc Léopold, Mayence du prince-archevêque-électeur Breidbach zu Bürresheim, Salzbourg du prince-archevêque Colloredo, Breslau du prince-archevêque Zinzendorf et son successeur franc-maçon Schaffgotsch, ou même Liège du prince-évèque franc-maçon Velbrük, etc.) ; l’expression « Aufklärung catholique » serait peut-être plus appropriée et ce sont les termes qui seront employés ici. D’ailleurs si son chancellier Wenzel Kaunitz était véritablement un homme des Lumières, son médecin officiel, qui lui était très proche, Gotfried Van Swieten, également membre de la Royal Society, était un savant et médecin janséniste d’origine hollandaise, élève de Boerhaave, de même que son médecin ordinaire Anton De Haen qui était membre de l’église d’Utrecht « vieille-catholique ». Van Swieten va réformer en profondeur les relations de l’État habsbourgeois avec la sphère ecclésiastique (Université, théologie, censure, etc.). Après s’être séparé de son confesseur jésuite en 1767, elle prendra le prêtre Ignaz Müller, un des jansénistes les plus en vue de Vienne. Et elle n’hésitera pas à rencontrer Gabriel Dupac de Bellegarde (l’auteur des « Nouvelles Ecclésiastiques ») lors de son séjour viennois en 1774. C’est dire ! [Reb, 1995]

Notons que l’accès à l’enseignement l’intéressait et elle favorisa celui-ci dans ses États. L’alphabétisation doublera aux Pays-Bas autrichiens, où environ 60 % des hommes et 40 % des femmes signaient de leur nom en cette fin d’ancien régime, plus dans les villes que dans les campagnes, ce qui est une belle performance pour cette époque. Une sécularisation de l’enseignement, même dans un cadre privé (comme on peut le voir avec l’affaire Zyben -voir plus loin-) devient progressivement visible à côté de celui des Jésuites ou des Augustins. [Ruwet, 1978]

Sa politique suit des lignes de force constantes : Elle favorisera systématiquement le gallicanisme contre l’ultramontanisme (curialisme), et le régalisme contre le gallicanisme. [Bosch, 1969] Bref l’intérêt de l’État devait toujours passer devant (celui-ci doit se comprendre comme un ensemble de moyens visant la recherche du bonheur de ses peuples -selon les idées de l'époque-). Ceci n’était pas sans incidence sur une franc-maçonnerie tolérée, mais pas plus, comme on le verra par la suite.

D’un pragmatisme prononcé, elle dirigea ses États héréditaires de façon mercantiliste. L’utilitarisme est un maître mot de sa politique. Dans cette optique, François, son mari, s’était révélé un chef d’entreprise avant la lettre, de grande ampleur, mettant à profit les découvertes techniques de son époque. Il fera une fortune, à ce point imposante, qu’elle profite encore aujourd’hui aux membres de la famille Habsbourg-Lorraine. Et d'ailleurs Marie-Thérèse prennait volontiers conseil auprès de son mari.

L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Ob_4fb10
Couronne des Pays-Bas autrichiens (Brabant, Flandre), 1765.
Au centre, une croix de Bourgogne, que l'on retrouve tant chez les Habsbourg Espagnols qu'Autrichiens,
symbole mythique des ducs de Bourgogne dont ils descendent.


Et c’est bien cette politique-là qui fut menée aux Pays-Bas autrichiens. Son double beau-frère, Charles-Alexandre de Lorraine, qui avait épousé son unique sœur chérie, Marie-Anne, était le frère de son mari adoré (!) ; il sera le gouverneur des Pays-Bas autrichien durant son règne : cela coïncide quasi parfaitement. Il avait été à bonne école, puisque son père Léopold de Lorraine instrumentalisa systématiquement le jansénisme lorrain, très important, pour contrer l’influence française dans ses États. [Taveneau, 1960]

Il y aura véritablement des liens de confiance entre l’administration entièrement belge des Pays-Bas autrichiens de cette époque avec l’administration de Vienne et Marie-Thérèse [Lefèvre, 1928] ; cela fut un élément important (déterminant même si l’on voit la catastrophe causée par Joseph II qui n’eut que mépris pour cette administration ‘locale’), lequel permit le relèvement du pays après un XVIIe siècle funeste et une première moitié du XVIIIe bloquée.

Marie-Thérèse, peu avant sa mort, à son fils Joseph II qui préparait son voyage aux Pays-Bas : « Je ne crois pas que nous ayons besoin de changer en quoi que ce soit la Constitution et les principes de l'administration de ce pays. C'est notre seul État heureux, qui paie beaucoup d'impôt et auquel nous devons notre position prépondérante en Europe ... Vous savez combien les peuples de ces provinces tiennent à leurs préjugés traditionnels -peut-être ridicules ; mais puisqu'ils sont obéissants et fidèles et qu'ils paient plus d'impôts que nos provinces allemandes épuisées et mécontentes, que pouvons-nous leur demander de plus ? » [Bled, 2011].

Cela ne veut pas dire que le pays ne connut pas de réformes, bien au contraire : « Le régime autrichien, surtout le règne de Marie-Thérèse, compte parmi ces moments favorables. L’impératrice a considérablement étendu l’emprise du gouvernement central en matière administrative, ecclésiastique, économique, mais sans heurts ni éclats, la main de fer dans le gant de velours » [Douxchamps-Lefèvre, 1961].


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MessageSujet: Re: L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique   L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Icon_minitimeJeu 20 Juin - 21:05

Super, merci L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique 914132
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Absalom

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MessageSujet: Re: L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique   L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Icon_minitimeVen 3 Sep - 9:50

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MessageSujet: Re: L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique   L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Icon_minitimeMar 8 Mar - 8:59

Petite bio de cette femme extraordinaire :

  • Marie-Thérèse d'Autriche : la femme la plus puissante d'Europe

    Une première fille, l’année suivant le décès de l’archiduc Léopold à l’âge de 6 mois. Et après elle, deux autres. Encore. Toujours. Hélas, depuis ce 13 mai 1717 où la petite Marie-Thérèse a vu le jour, son père, l’empereur Charles VI, aura beau espérer : cet héritier mâle, tant voulu, ne lui succédera jamais. Son épouse est « stérile ». Qui héritera de la lourde charge de régner sur les possessions des Habsbourg ? Un territoire immense, qui réunit alors l’Autriche, les pays de la couronne de Bohême, ceux de la couronne de saint Etienne (la Hongrie) et la Valachie occidentale. Mais aussi un tiers de l’Italie et les Pays-Bas, avec Ostende.

    Le « roi » sera donc une fille

    Charles VI refuse de voir cet empire échoir à la lignée de son frère et ennemi, Joseph. Alors, il a pris les devants. En 1713, en secret, il a modifié la loi de succession : la pragmatique sanction permet désormais qu’une femme puisse hériter des terres de la maison des Habsbourg. A sa mort, et en l’absence de descendant mâle, son aînée pourra régner. Le « roi » sera donc une fille.

    Quand Charles VI rend l’âme le 20 octobre 1740, Marie-Thérèse a 23 ans : « Je suis dépourvue de l’expérience et des connaissances nécessaires pour gouverner un empire aussi considérable et divers parce que mon père n’a jamais eu envie de m’initier ou de m’informer dans la conduite des affaires intérieures ou étrangères », avoue-t-elle.

    Une femme esclave d’un mari ingrat

    Jolie et gracieuse, les yeux acier, elle est amoureuse. Folle amoureuse ! Elle porte la troisième fille – encore une – de son époux et cousin, le duc François-Etienne de Lorraine. Depuis ses 6 ans, elle l’adore. Il a beau la tromper, être un « piètre guerrier », un « incapable », un « faux », persifle-t-on… Elle lui envoie des mots doux : « Je vous suis infiniment obligée pour votre attention de m’écrire de vos nouvelles, car j’étais en peine comme une pauvre chienne […]. Adieu ma petite souris, je vous embrasse de tout mon cœur », écrit-elle deux jours avant son mariage. Et dire que c’est une femme esclave d’un mari ingrat qui prend la tête du plus puissant empire d’Europe !

    Dès sa prise de fonction, Marie-Thérèse passe pour une « reine d’hiver qui finira avec le printemps ». Preuve de sa « faiblesse féminine », elle nomme son mari corégent. L’Europe entière entre en ébullition et, moins d’une semaine après son accession au trône, Marie-Thérèse vit sa première trahison. Pour signifier son opposition à la pragmatique sanction, son « meilleur ami », le roi Frédéric II de Prusse, envahit son Etat le plus riche, la Silésie : « L’empereur est mort […] c’est le moment du changement total de l’ancien système politique », écrit-il le 26 octobre 1740 au philosophe Voltaire.

    Son arme la plus redoutable : sa féminité

    « Grosse » et sans armée, Marie-Thérèse n’a pas de quoi résister. Les coups bas pleuvent. Son cousin par alliance, Charles-Albert, électeur de Bavière, réclame sa place d’empereur. Il est soutenu par la France de Louis XV, qui envoie ses troupes en Bohême… Cette guerre de la Succession d’Autriche va durer huit ans. Prague tombe. Vienne est menacée. La « reine nue » est moquée dans toute l’Europe à travers des caricatures licencieuses qui l’invitent à « laisser aller, s’il le faut, chemise et jupon »…

    Marie-Thérèse ne baisse pas les bras. Elle va d’ailleurs dégainer son arme la plus redoutable : sa féminité. En pleurs ou à cheval, elle séduit à tout-va. « Quoique femme, le courage ne me manque pas », écrit-elle lorsqu’elle tente de ramener la France à sa loyauté envers son empire. Son objectif ? Reconquérir son peuple. En Autriche, elle arpente à pied les rues de Vienne. Dans son palais, elle brise l’étiquette. Auprès de ses sujets hongrois, Marie-Thérèse joue d’abord la carte… de la virilité ! Le 25 juin 1741, jour de son couronnement en tant que « roi » de Hongrie, elle accomplit avec brio le rituel d’intronisation – atteindre le sommet du mont Royal au galop, puis brandir une lourde épée en direction des quatre points cardinaux.

    Elle enfante pas moins de seize enfants

    Deux mois plus tard, abandonnée de tous, elle apparaît devant la diète (l’Assemblée nationale de Hongrie) en habit de deuil, la couronne de saint Etienne sur la tête, suppliant à chaudes larmes de la protéger, elle, ses « enfants » et son « sceptre ». Touchée, la noblesse hongroise donnera « vie et sang pour [sa] reine ». Ses armées perdent des batailles, elle enfante : pas moins de seize enfants, dont cinq fils. Cette « mère du peuple » ne se contente pas de subir ses accouchements, elle élève sa progéniture, l’emmène au spectacle. Lorsqu’elle organise des bals masqués, tous les enfants sont déguisés, même les petits derniers, comme Marie- Antoinette, costumée de fleurs à seulement 2 mois. Une mère attentionnée, comme le montre la trentaine de tableaux de famille. A chaque maladie, c’est l’angoisse. La petite vérole fait des ravages. Elle perdra quatre enfants.

    Elle peut compter sur la solidarité féminine

    En 1745, Marie-Thérèse devient monarque absolue. Elle signe des paix séparées avec la Prusse et la France. Et gouverne seule sur les conseils d’hommes qu’elle sélectionne pour leur compétence, leur honnêteté et leur fidélité. L’urgence du moment, c’est l’apaisement des tensions avec la Bavière. La souveraine peut compter sur la solidarité féminine, avec ses émissaires chargées de prêcher auprès des épouses des puissants d’Europe le bien-fondé de sa politique. Cette année-là, mademoiselle de Klenck reçoit la secrète mission de pervertir l’alliance entre la Bavière et la France… De Klenck entretient avec Antonia de Bavière, épouse de l’héritier de Saxe, une correspondance secrète et codée : du parfait espionnage ! Bien renseignée, Marie-Thérèse parvient ainsi à renverser les coalitions. Après la Bavière, elle ralliera les Français au parti autrichien. Un vent de girl power soufflerait-il en Europe ? A la tsarine Elisabeth Ire, avec laquelle elle finit par tisser des liens solides, Marie-Thérèse d’Autriche parle de « siècle des femmes ».

    En 1765, François-Etienne meurt. Celle qui aura partagé son lit jusqu’au bout, contre l’usage, est hébétée. On croit qu’elle va abdiquer pour laisser la place à son fils, Joseph. Mais jusqu’à son dernier souffle, en 1780, à l’âge de 63 ans, elle ne cédera pas le pouvoir. Marie-Thérèse préfère une nouvelle corégence. Mais Joseph II est misogyne, peu religieux, et il admire la figure martiale de Frédéric II, l’ennemi. Les entrailles sont injustes. Pas la postérité. Cette femme puissante reste, selon le mot du comte Emanuel Silva-Tarouca, son fidèle confident, l’« homme du siècle ».

    Elle place ses enfants dans les cours d’Europe

    Non contente d’avoir enfanté 16 petits archiducs et archiduchesses, Marie-Thérèse a fait prospérer la maison des Habsbourg-Lorraine. En 1760, l’héritier impérial, Joseph, s’unit à Isabelle de Bourbon-Parme, petite-fille de Louis XV de France et de Philippe V d’Espagne. En 1765, Léopold ravit l’infante d’Espagne, Marie-Louise de Bourbon. En 1768, Marie-Caroline, 15ans, devient l’épouse de Ferdinand IV, roi de Naples et de Sicile. L’année suivante, Marie-Amélie rejoint le cercle prestigieux de son frère Joseph, en s’unissant au duc Ferdinand Ier de Parme. Pour Marie-Christine, sa « Mimi » chérie, Marie-Thérèse aurait rêvé d’un époux plus puissant qu’Albert de Saxe… La consécration viendra avec sa benjamine, Marie-Antoinette promise à l’héritier de France (le futur ) dès ses 13ans.

    L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Tzolzo11
    Marie-Thérèse par Meytens

    Article
    https://www.caminteresse.fr/histoire/marie-therese-dautriche-la-femme-la-plus-puissante-deurope-175257/


Hommage à une grande femme pour le 8 mars. L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique 405462

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S Mills Blake

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MessageSujet: Re: L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique   L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Icon_minitimeMar 28 Fév - 16:28

Marie-Thérèse enfant

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(miniature conservée à la bibliothèque nationale de Vienne)
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MessageSujet: Re: L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique   L'Impératrice-Reine Marie-Thérèse, une femme pragmatique Icon_minitimeMar 28 Fév - 16:31

Cette famille avait des yeux extraordinairement bleus. Ou bien c'est le miniaturiste qui était sous coke.

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