22 heures 55
Jean-Baptiste Drouet et Jean-Chrisosthome Guillaume arrivent à Varennes, passent devant la berline arrêtée et avertissent le procureur-syndic, l’épicier Jean-Baptiste Sauce, que les voitures de la famille royale en fuite sont arrêtées en haut de la ville.
Jean-Baptiste Sauce
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Sauce
Né le 04 mars 1755 à Varennes-en-Argonne (Meuse)
Décédé le 24 octobre 1825 à Saint-Mihiel (Meuse) à l'âge de 70 ans
Inhumé au cimetière de Saint-Mihel (Meuse)
Épicier chandelier, procureur-syndic de Varennes-en-Argonne, greffier de la cour de justice criminelle du département de la Meuse
Il était, quoique peu instruit, estimé de ses compatriotes qui l’avaient nommé procureur-syndic de sa commune.
En l’absence du maire, Robert-François George, député à l’Assemblée nationale, il était le premier magistrat de la commune qui comptait près de 1 300 habitants.
(Daniel HOCHEDEZ, « Robert François George (1741-1803) , Député et maire de Varennes », Terres d'Argonne, avril 2017, p. 23 à 82 (ISSN 2103-3625, lire en ligne [https://terresdargonne.wordpress.com/]))
Ils décident de barricader le pont de l’Aire, par lequel doit passer la berline royale.
La garde nationale de Varennes se mobilise et son commandant, le futur général Radet, fait mettre deux canons en batterie près du pont.
Étienne, baron Radet
Baron de l'Empire
Commandeur de la Légion d’honneur
Lieutenant général de la gendarmerie
Général de division
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Radet
Né le 18 décembre 1762 à Stenay (Meuse)
Décédé le 27 septembre 1825 à Varennes (Meuse) à l'âge de 62 ans
Lors de l'arrestation de Louis XVI dans cette ville, il se conduit de manière à favoriser l'arrivée de ce prince à Montmédy.
Promotion
Major le 09 août 1791, chef de bataillon du canton de Varennes le 16 mars 1792, et adjudant-général de légion le 25 juin, il remplit le 15 juin suivant les fonctions d’aide-de-camp provisoire des généraux Dillon et Dubois.
Jugement au tribunal révolutionnaire
Il est dénoncé à l'opinion publique le 12 juillet 1791, pour son rôle ambigu lors de l'arrestation du Roi. Une nouvelle fois arrêté en 1792, arrêté et traduit au tribunal révolutionnaire comme prévenu de correspondance avec les émigrés et les ennemis de la France, et d’avoir été un des complices de la fuite de Louis XVI.
Il est cependant acquitté par le tribunal de Saint-Mihiel, et renvoyé auprès du général Dubois.
général français de la Révolution et de l’Empire
région naturelle de la France, s'étendant sur les départements de la Marne, les Ardennes et la Meuse, à l'est du bassin parisien. L'Argonne est une région de forêt et d'étangs. La principale localité de l'Argonne est Sainte-Menehould.Dans l'histoire de France, la région de l'Argonne s'est forgée une réputation grâce surtout à trois événements:
- l'arrestation à Varennes de Louis XVI en 1791
- la bataille de Valmy en 1792
- la Grande Guerre de 1914-18, notamment lors des batailles de Revigny en 1914, de Champagne en 1914-1915, de Vauquois de 1914 à 1918, de Verdun en 1916-1917 et lors de l'offensive Meuse-Argonne en 1918.
Dans ce fief du Pays d'Argonne, possession du prince de Condé,
prince du sang, la journée du 21 juin 1791 a été marquée par des mouvements de troupes des hussards de Lauzun qui intriguent les villageois.
Sabre de cavalerie légère, modèle de l’an IXLe
régiment de Lauzun hussards est un régiment de hussards du Royaume de France, de la République française et du Premier Empire, créé en 1783.
- 1er janvier 1791: renommé 6e régiment de hussards
cavalier du 6e régiment de hussards en 1791Vers 23h00 Alors que le soir tombe, des villageois, prévenus par le maître de poste de Sainte Menehould Jean-Baptiste Drouet et son ami Jean-Chrysostome Guillaume, arrêtent de force la berline soupçonnée de transporter la famille royale.
C'est en sa qualité de procureur-syndic, pour protéger les voyageurs de la vindicte des patriotes en attendant les ordres officiels que le citoyen Sauce accueille à son domicile la baronne de Korff et sa suite
(en fait Louis XVI, sa famille et quelques fidèles) (épisode de la révolution que l'histoire retiendra sous le titre de "fuite à Varennes") Il traite ses hôtes avec le respect dû à des voyageurs de passage mais face à l'incertitude de leur identité sans leur accorder les égards dus communément aux personnes de sang royal.
Jean-Baptiste Sauce vérifie les passeports qui sont en règle
(il s'agit de "vrais faux passeports") et s'apprête à laisser repartir la berline mais Jean-Baptiste Drouet l'en empêche.
Le juge Jacques Destez qui a vécu à Versailles, entre et ployant le genou, ému, s'écrie
"
Ah, Sire!"
Le roi révèle alors son identité:
" Eh bien oui, je suis le roi, voilà la reine et la famille royale. Je viens vivre parmi vous, dans le sein de mes enfants que je n'abandonne pas." Les présents sont émus, la grand-mère du procureur-syndic baise les mains du petit Dauphin et de Madame Royale avant de se retirer en pleurs dans sa chambre.
Tandis que sonne le tocsin, la foule est plus curieuse
qu’agressive. Les troupes en contact avec la population et abandonné par leurs officiers fraternisent avec les villageois.
Vers minuit et demiLe duc de Choiseul entre dans le village et fait stationner ses hommes devant la maison Sauce.
Une certaine anarchie commence à s'installer d'autant plus que les villageois des communes avoisinantes se sont précipités à
Varennes et assiègent la maison du procureur-syndic.
Le roi souhaite repartir, ce qui lui est accordé mais la route étant dangereuse, il lui est suggéré d'attendre le petit matin ce que le roi accepte.
À trois heuresLa reine, à bout de nerfs, demande à faire arrêter le tocsin.
On s'empresse de la satisfaire.
Vers 5 heures et demie du matin, deux envoyés de l'assemblée nationale arrivent à
Varennes, présentant les larmes aux yeux l'ordre d'arrêter la famille royale et de la reconduire à Paris.
Le roi, posant la missive sur le lit où dorment ses enfants, dit à la reine:
"Il n'y a plus de roi en France"La reine, d'un geste rageur, reprend le papier s'écriant
"
Je ne veux pas qu'il souille mes enfants"
Un murmure réprobateur s'élève de la foule.
Certains fidèles de la monarchie proposent au roi de l'aider à fuir mais Louis XVI préfère attendre les troupes du marquis de Bouillé qui stationnent à Stenay.
À la reine qui espérait obtenir le soutien de madame Sauce, l'épicière répondit:
"
Madame, vous vous souciez des intérêts de votre mari; souffrez que je me soucie des intérêts du mien"
Madame Elisabeth s'entend répondre par un ancien soldat habitant le village:
"
Je suis citoyen avant d'être sujet"
À 7 heuresLes patriotes de Varenne incitent les envoyés de l'assemblée à ramener les fugitifs à Paris.
Pour gagner du temps; le roi prend un copieux petit-déjeuner, espérant encore mais en vain l'arrivée des troupes de Bouillé.
À 8h00Ce 22 juin 1791, tandis que les officiers royalistes sont conduits à Verdun pour y être incarcérés, les voyageurs pénètrent dans la berline qui prend la route de Paris
Epilogue
Jean-Baptiste Sauce perd sa charge quand on apprend que Louis XVI lui a envoyé 20 000 livres en témoignage de reconnaissance pour le comportement respectueux envers la famille royale lors de cet épisode. Il quitte Varennes pour Saint-Mihiel. Il est en mission à Gondrecourt-le-Château quand les troupes prussiennes (dont font partie certains émigrés exaltés) pénètrent dans la ville.
Les Prussiens souhaitent laver l'affront fait à la famille royale à Varennes en arrêtant Jean-Baptiste Sauce (Manifeste de Brunswick). Désirant avant tout protéger ses cinq enfants, madame Sauce s'enfuit mais tombe dans un puits. On l'en sort mais ses jambes sont fracturées. Elle meurt de ses blessures quelques jours plus tard.
Jean-Baptiste Sauce termine sa vie comme greffier en chef du tribunal de Saint-Mihiel puis comme greffier de la cour de justice criminelle du département de la Meuse.
La maison de Varennes où Jean-Baptiste Saulce accueillit la famille royale a été détruite lors de la guerre de 14-18.
Sur le seul mur subsistant a été placée une plaque qui rappelle cet évènement.