Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Maudite Révolution

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globule
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MessageSujet: Maudite Révolution   Maudite Révolution Icon_minitimeDim 30 Juin - 9:10

Maudite Révolution, une pièce d’Olivier Tonneau Maudite Révolution 914132

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  • Synopsis

    Pourquoi Nedjma, 15 ans, se passionne-t-elle pour Robespierre ? Pourquoi la révolution est-elle, dans toute l’histoire de France, la seule chose qui la concerne ? Un homme cherche à comprendre. Il découvre comment la révolution est devenue le mythe fondateur de la république coloniale mais aussi comment elle a survécu dans les paroles et les actes de ceux-là mêmes que la France opprimait. A la recherche de Nedjma, il rencontre Robespierre, Saint-Just, Toussaint Louverture, Jules Vallès, Aimé Césaire, Yacine Kateb ou encore Thomas Sankara : le désir d’une rencontre ravive l’aspiration révolutionnaire.

    Maudite révolution ! est le fruit d’un travail de recherche sur la présence de la révolution française dans les écrits anticolonialistes. Ce travail était originellement un documentaire théâtral dans le cadre d’un événement sur la révolution auquel participèrent Sophie Wahnich, Leslie Kaplan, Sylvie Camet et Denis Lachaud au Théâtre de la Manufacture de Nancy. Il a ensuite été présenté à l’Université de Cambridge et enfin, en février dernier, au Théâtre El Duende d’Evry. Chaque représentation a été l’occasion de retravailler le texte qui a trouvé sa forme théâtrale, présentée pour la première fois en septembre, à Paris.




  • C’est un vrai cours d’histoire critique que nous livre Olivier Tonneau. On revisite un certain nombre de personnages connus de l’histoire de France, sous le regard particulièrement critique d’une jeune héroïne tout droit sortie d’un livre de Kateb Yacine, vivant son adolescence lors des années ayant suivi la deuxième guerre mondiale. A l’époque, la France avait fait un certain nombre de promesses, après que des dizaines de milliers de soldats issus des colonies aient combattu pour libérer la France du joug nazi. Le livre de Kateb Yacine, que nous allons nous empresser de lire, rend compte du désenchantement qui suivit. Promesses non tenues. La France refuse l’indépendance, au profit de quelques réformes, et s’oppose aux militants indépendantistes souvent dans le sang.

    L’auteur imagine Nedjma à notre époque, et part de ce que l’on connait aujourd’hui, encore trop peu bien malheureusement, des réalités de la colonisations. Elle se confronte à l’histoire de France tel qu’on l’enseigne, à un certain nombre de ses auteurs portés aux nues, à ce qu’ils écrivaient, leurs œuvres étant étudiés très largement dans les cours de Français. Elle n’est pas dupe et revisite ces textes avec sa sensibilité de fille de colonisé, particulièrement sensible à ce qu’a vécu la génération de ses parents. Le commentateur est là pour en extirper la véritable signification.

    Pour beaucoup d’entre nous, ce sera une découverte. On pense ici en particulier au discours de Victor Hugo qui affirme que l’Afrique n’a pas d’histoire, qu’elle s’offre aux français et qu’il faut y envoyer tous ceux qui sont en lutte contre les injustices de la société française de l’époque. Au discours de Robespierre qui déclare “périssent les colonies si les colons veulent, par des menaces, nous forcer à décréter ce qui convient le plus à leurs intérêts“. A celui de Clémenceau qui se range aux côté des révolutionnaires, “la vérité, c’est que cette admirable Révolution par qui nous sommes, n’est pas finie“, l’auteur précisant qu’arrivé au pouvoir le même Clémenceau fera tirer sur les marocains et les ouvriers à quelques mois d’intervalle. Et il y a d’autres pépites dans le texte. Mais surtout de nombreux extraits de discours de Jules Vallès, Saint Just, Toussaint Louverture, Lamartine, Aimé Césaire, et d’autres moins connus mais tout aussi intéressants pour appuyer le propos de l’auteur.

    Olivier Tonneau n’est pas (encore ?) un homme de théâtre. Peu importe. Il n’y a pas d’intrigue par exemple. On penserait plutôt à un cours discours théatralisé. Mais sa grande culture littéraire et historique, renforcée par son récent engagement politique, en fait un condensé d’histoire et de littérature dont on se délecte. Par le choix très pertinents et diversifiés des extraits de citations d’auteurs littéraires ou d’hommes politiques de différentes époques, qui composent l’essentiel du texte de la pièce. Mais aussi par l’apport d’un personnage qui les commente pour nous, qu’on imagine être l’auteur transformé en professeur d’histoire, ce qu’il est en partie dans la vie. Aussi le manque d’intrigue, ou sa réduction au strict minimum, est largement remplacé par le plaisir que l’on ressent devant cet entremêlement des textes et de commentaires de l’auteur si pertinent que l’on ne s’ennuie jamais. En tout cas si on épouse les thèses que défend l’auteur avec une belle intelligence, il faut le souligner.


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De gauche à droite, Sabrina Manach, Yves Coméliau et Sophie Tonneau (photo Olivier Mejanes)


  • La mise est scène est dépouillée, avec quelques trouvailles scéniques comme un drap transparent entre celui qui parle et celle qui réagit derrière le drap éclairé par un projecteur afin que nous voyions son visage. S’agit du manque de moyen de la production ou d’un choix délibéré? Le résultat en est que l’attention se porte au maximum sur le texte, mis en valeur par les acteurs qui peuvent révéler tout de même leur art déclamatoire.

    Mais on retient surtout la qualité de l’analyse politique, la vision critique de l’enseignement de l’histoire, et cette démonstration en trois époques de cette thèse qui reste la leçon essentielle de la pièce : à chaque période cruciale de l’histoire des mouvements sociaux ou de l’exacerbation de la lutte de classes (le terme ,ne figure pas dans la pièce mais c’est bien de ça qu’il s’agit), au moment où il fallait choisit entre la République et la Révolution, les dirigeants politiques choisissaient toujours la “République”, tels qu’il l’entendaient et finissaient toujours réprimer les ouvriers, c’est-à-dire celles des bourgeois au détriment du peuple. Au moment d’exacerbation de la lutte des classes, il leur fallait trouver une sortie. L’auteur emprunte alors cette phrase au film Le Guépard “IL faut que tout change pour que rien ne change“. Des leçons politiques très actuelles.

    Mais pourquoi donc consacrer un article sur cette pièce de théâtre dans notre site consacré à Thomas Sankara? Parce que tout simplement, cerise sur le gâteau, la pièce se termine par une juxtaposition des discours de Robespierre et de Sankara! Un hommage posthume à ce grand révolutionnaire que l’on commence à découvrir en France alors que l’Afrique toute entière ou presque, avec sincérité ou de façon hypocrite, se réclame de ce grand révolutionnaire. Sankara n’est pas uniquement un révolutionnaire africain, mais un révolutionnaire tout court, dont la pensée et l’action a bien une portée universelle. Le mettre au même niveau que Robespierre, c’est bien sûr la place qu’il mérite dans le panthéon des révolutionnaires du monde. C’est la 4 août 1983 que Thomas Sankara et ses camarades révolutionnaires ont pris le pouvoir alors que le 4 août 1789, l’assemblée nationale abolissait les privilèges ! Nulle doute que Thomas Sankara, dont la culture politique était grande, connaissait la révolution, d’ailleurs il cite Saint Just dans un de ses discours.

    L’auteur-commentateur reconnait qu’il ne connaissait pas Sankara en 1989, année du bicentenaires de le Révolution, s’insurgeant au passage contre l’image que l’on donnait alors de Robespierre.

    Sans doute ne savait-il pas non plus qu’il aurait pu oser la comparaison entre Nedjma et Thomas Sankara. Ce dernier n’a certes pas connu des massacres comme ceux de Sétif le 8 mai 1945. Une date oubliée par l’écrasante majorité de nos concitoyens puisqu’on fête ce jour-là la victoire sur les nazis. Mais il a découvert les injustices de la colonisation dès l’école. Et comme Nedjma, au collège, il s’est pris d’amour pour les livres et la littérature, gardant toujours un grand intérêt pour la langue française par laquelle il a pu s’éveiller à une culture lui permettant de s’évader au-delà des frontières de son pays. Resté francophile, cela ne l’a d’ailleurs pas empêché d’être sans doute un des Présidents africains qui a le plus fait pour valoriser la culture de son pays, et s’opposer à la politique extérieure de la France, particulièrement envers l’Afrique.

    Comme on aimerait que cette pièce soit présentée dans des salles plus grandes que le théâtre pixel, c’est là que je l’ai vue qui ne compte que 40 places. Du gâchis même s’il faut remercier le programmateur de l’avoir programmé.

    L’auteur souhaite visiblement attirer l’attention des lycéens en mettant en avant Nedjma. Nous n’imaginons pas l’actuel ministre de l’éducation nationale inviter les enseignants à étudier cette pièce dans les cours et pourquoi pas à la monter, tant pour les dirigeants actuels elle peut paraître subversive. Mais des professeurs éclairés seraient bien inspirés de l’introduire d’une façon ou d’une autre dans l’enseignement. Outre la découverte de tous ces textes méconnus, ils auraient là une excellente introduction à une réflexion collective sur le sens de l’histoire, la Révolution, l’esclavage, la République et la colonisation!

    Bruno Jaffré

http://www.thomassankara.net/


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