Nouvelle saignée.
L'état du malade semble désespéré.
Toujours fiévreux, pris de douleurs intenses à la poitrine et à la tête, il ne se contrôle plus, laissant « écouler, involontairement, dans le lit, ses urines et ses excréments ».
On peut s'imaginer le martyre physique mais aussi moral vécu alors par Louis XIV.
En effet, en tant que monarque, il se doit d'être en constante représentation afin de légitimer son pouvoir.
Sa vie est un théâtre quotidien et les moindres péripéties de son existence doivent théoriquement être rendues publiques.
Rassemblant toutes ses forces, le roi ne se plaint pas et reste autant que faire se peut impassible face aux souffrances qu'il endure.
Mais il avoue à Mazarin qu'il sent sa fin proche et s'y prépare.Devant Dunkerque, Le Roi contracta une grave maladie qu'il dissimula tant qu'il pû On le transporta à Calais où son mal empira Dans la nuit du 6 au 7 juillet, il reçu bravement la communion "Vous êtes homme de résolution et le meilleur ami que j'ai , c'est pourquoi je vous prie de m'avertir que je serais à l'extrémité" Dit le Roi au Cardinal Il en réchappa A 16 ans, le Roi fut admis au Conseil et à des jours réglés et on commença à exposer devant lui les affaires les plus faciles avec touirconstances de temps, de lieu et de personnes Peu à peu, les séances devinrent quotidiennes et il s'y ajoutaient les entretiens particuliers avec les ministres Bien entendu, la médecine du Grand Siècle ignore tout de la typhoïde, la maladie infectieuse que le roi vient en fait de contracter dans le cloaque de Mardyck.
Cette pathologie, rendue tristement célèbre lors de la Première Guerre mondiale, est très répandue dans les lieux de promiscuité, les poux et les puces pullulant sur des corps rarement lavés.
Quand le roi est malade, c’est toute la cour qui défaille.
Nous sommes en 1658, la Fronde n’est pas très loin et le gouvernement bicéphale Mazarin-Anne d’Autriche est loin de faire l’unanimité.
Chacun attend son heure, un accident, un empoisonnement ou une autre circonstance imprévue pouvant rebattre les cartes d’un jeu jamais terminé.
Précisément, cette maladie va faire le jeu de certains factieux qui vont profiter de l’absence du roi et surtout de son état désespéré pour tenter sinon un véritable coup d’État tout au moins une nouvelle insurrection anti-Mazarin.
Et rien n’est simple dans cette affaire puisque, même du côté des médecins, une trahison est possible.
Guy Patin, célèbre doyen de la faculté et épistolier hors pair, s’était opposé au médecin du frère du roi qui préconise, en toute impunité, un remède tenu alors pour hautement toxique: le vin émétique.
En somme, il serait facile d’empoisonner le monarque, de tenir la maladie pour responsable et d’organiser un nouveau sacre en faveur de Philippe V…
Toutefois, Patin omet de dire que si l’émétique est officiellement un poison, les médecins attitrés du roi rechignent à employer une substance aussi dangereuse: ils tremblent autant pour la vie de leur illustre patient que pour leur charge prestigieuse à la cour!
En fait, la solution trouvée va satisfaire tout le monde: un obscur médecin d’Abbeville va se charger de donner le vin émétique au souverain, c’est donc lui qui servira de paratonnerre en cas d’échec.
Ainsi, après le feu vert de Mazarin, on prépare le mélange de vin, de plantes variées et de limaille d’antimoine, un métal proche du plomb qu’on va laisser infuser plusieurs heures.
Le résultat obtenu est un puissant purgatif dont l’amertume et la saveur métallique provoquent des vomissements violents.
La logique médicale est respectée, il faut débarrasser le corps de ce qui le gêne.