14 juillet 1789: "C'est une révolte non Sire c'est une Révolution"
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yann sinclair
Nombre de messages : 26302 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: 14 juillet 1789: "C'est une révolte non Sire c'est une Révolution" Lun 15 Juil - 12:20
"C'est une révolte non Sire c'est une Révolution"
Au soir du 14 juillet 1789, la Bastille est aux mains des insurgés Parisiens.
Le Duc de Liancourt vient en informer le Roi Louis XVI.
Le grand maître de la garde-robe s’est permis de se manifester dans la nuit, pour informer le roi que la Bastille est prise et le gouverneur assassiné.
Mieux que son maître, il a compris l’importance symbolique du fait.
Et ce bref dialogue résume bien la situation.
Rappelons aussi le 14, rien. (mais carnet de chasse)
Lors de l'insurrection populaire du 14 juillet, le duc de Liancourt, « craignant pour les jours du roi et pour sa couronne », va éveiller ce prince dans la nuit de ce même jour au 15, lui fait part des événements de Paris et de la prise de la Bastille.
Son mot au roi est bien connu:
« — Mais c'est donc une révolte ? s'écriait Louis XVI effrayé de l'agitation du peuple. — Non, sire, fit gravement le duc;c'est une révolution ! » Guy Chaussinand-Nogaret, La Bastille est Prise, Paris, Éditions Complexe, 1988, p. 102
Et, après lui avoir dépeint le caractère menaçant de cette fatale insurrection, il conjure S. M. de se rendre à l'assemblée nationale, d'accorder le rappel de M. Necker, l'« idole du jour », au principal ministère, enfin d'ordonner le départ des troupes étrangères cantonnées aux environs de Versailles et de Paris. On peut lire dans Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, tome VIII, p. 64-66:
« Ce conseil, dont les suites étaient au-dessus de toutes prévisions, fut adopté par le roi. L'enthousiasme que la présence de ce prince infortuné excita dans la capitale, acquit au duc de Liancourt une popularité à laquelle il était loin d'aspirer, et qui nécessairement devait motiver l'éloignement de ceux des conseillers du prince qui s'étaient opposés à ce voyage. Désormais désigné dans l'opinion comme l'un des appuis des prétentions populaires, le duc de Liancourt, dont le zèle et l'attachement pour le roi ne s'étaient jamais démentis, donna l'exemple d'un rare dévouement en servant la monarchie dans les rangs de ceux mêmes qui se proposaient de la renverser »
(François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld) (François XII de La Rochefoucauld)
Devenu chef de nom et d'armes de la maison, il fut créé duc à brevet de Liancourt en 1765.
En 1792, il devint duc de La Rochefoucauld et d'Estissac. 7ème duc de La Rochefoucauld (depuis le 4 septembre 1792 au 27 mars 1827), 2ème duc d'Estissac (du 28 mai 1783 au 27 mars 1827), 1er duc de Liancourt (en 1765 au 4 septembre 1792)
Il fut créé duc et pair le 31 août 1817, avec confirmation du 25 juillet 1822.
Membre de l'Institut de France (Académie des Sciences, membre libre 24 septembre 1821 [Correspondant 20 février 1804])
Homme politique (opposition libérale sous la Restauration), économiste, créateur de l'École des Arts et Métiers, propagateur de la vaccine en France. Député aux États Généraux de 1789 Membre et président de l'Assemblée constituante (1789). Pendant la nuit du 4 août, il demanda un "adoucissement" de la condition des esclaves noirs (Note de J.-M. Thiébaud).
Né le 11 janvier 1747 au château de La Roche-Guyon (Val-d'Oise) Décédé le 27 mars 1827 à Paris à l'âge de 80 ans À ses obsèques les jeunes gens de son école furent empêchés de porter le cerceuil qui tomba dans la boue.
Parents
Louis de La Rochefoucauld, duc d'Estissac 1695-1783 Marie de La Rochefoucauld, dame d'Aubijoux 1718-1789
Marié le 14 septembre 1764 avec Felicité de Lannion 1745-1830
dont François 1765-1848 Alexandre-François 1767-1841 Aglaé 1774-1789 Gaétan 1779-1863
Ses funérailles sont marquées par de pénibles incidents. Les élèves de l'École des Arts et Métiers s'étant rendus en foule à l'église et ayant voulu porter son cercueil sur leurs épaules, sont chargés dans la rue Saint-Honoré par la gendarmerie; le cercueil tombe dans la boue, et les insignes de la pairie qui le décoraient sont foulés aux pieds. On réclame vainement une enquête: l'affaire est étouffée par le ministère. Suivant ses dernières volontés, le duc de La Rochefoucauld est enterré à Liancourt. Aujourd'hui, son premier monument funéraire a été remonté dans la ferme de Liancourt, propriété de le Fondation Arts et Métiers et son corps transféré dans un monument funéraire familial au cimetière de Liancourt. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_XII_de_La_Rochefoucauld
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Noche de Varennes
Nombre de messages : 284 Date d'inscription : 25/09/2018
Sujet: Re: 14 juillet 1789: "C'est une révolte non Sire c'est une Révolution" Sam 18 Juin - 13:41
Et pourquoi préparer le 14 juillet en juin ?
On explique.
Un évènement historique est parfois difficile à définir. On n’est parfois même pas sûr de la date. Pourtant, le 14 juillet est un moment connu de tous les Français. Qu’est-ce qui se cache derrière ce jour historique ?
Un livre pour une journée
Les historiens continuent à débattre sur le 14 juillet, un moment de bascule de la monarchie française. Comment en est-on arrivé là ? Pour y répondre le scénariste Hervé Pauvert et la dessinatrice et coloriste Cécile Chicault proposent un voyage dans le passé. Ce voyage commence dès la couverture qui copie la typographie et la mise en page des anciens manuscrits. Le lecteur rentre même dans la prison de la Bastille par une domestique au service d’un prisonnier. Hervé Pauvert choisit peu de moments attendus mis à part l’attaque de la Bastille et le serment du jeu de paume et encore l’image du serment n’est pas présente. On sent monter la colère d’un peuple subissant l’inégalité sociale et la crise économique.
Des faits de 14 juillet peuvent surprendre le contemporain. Paris serait aujourd’hui vu comme un gros bourg. La Bastille n’est pas un lieu lugubre, mais une prison de luxe : le comte de Solages vit dans une cellule digne d’un palace avec ses meubles où il est enfermé, car sa famille veut s’en débarrasser. Le livre est parfois très pédagogique. On cite le moment de la mort de Voltaire pour montrer l’influence des Lumières. Jeannette évoque ses frères et sœurs pour montrer la forte natalité. Le gouverneur de la Bastille tient son poste de son père, mais il n’a aucun intérêt pour cette fonction. On verse parfois dans l’anecdotique : Camille Desmoulins est bègue.
Le scénariste met en avant des opinions tranchées. Marie-Antoinette, reine en deuil et conservatrice, influence un roi velléitaire. La violence se déclenche, car le roi est une girouette. Le scénario revisite aussi l’histoire en fonction des questions du présent : Camille cite Olympe de Gouges, femme politique pourtant massivement inconnue à l’époque. La Prise de la Bastille est remise à sa place dans un continuum des jours précédents et dans le peu de prisonniers présents. L’épilogue montre ensuite le choc mondial de cette nouvelle.
Un récit choral
Au XVIIIe siècle, cette journée a été très diversement perçue par les individus. Il est évident qu’un noble n’a pas ressenti les mêmes impressions qu’un artisan Parisien. Cependant, 14 juillet, Destins d’une révolution rend cette opposition bien plus complexe par huit personnages socialement très différents. En dehors de personnages historiques célèbres (Marie-Antoinette, Camille Desmoulins, le marquis de Sade), on croise des anonymes. Jean-Baptiste Jacquet est un ouvrier au chômage. Sans ressource et père de famille, il est affamé et en colère, colère renforcée par la maladie de son jeune fils. Jeannette Langlois, symbole du peuple rural, arrive dans la grande ville pour servir le roi… enfin selon les promesses d’un noble.
Pierre est un soldat venu du peuple mais fidèle au roi. Tous ces anonymes se croisent et de liens entre eux apparaissent. Ces nombreux personnages permettent également de voir les différences de perceptions. Une paysanne de province ne connaît presque rien de la politique ou à la société au-delà de son village. Cependant, ce sont plus des figures unilatérales que des personnages complexes. Camille Desmoulins représente la bourgeoisie révolutionnaire. On peut penser que le dessin peu expressif explique en partie cette fadeur.
Avec 14 juillet édité par Delcourt, Hervé Pauvert à Cécile Chicault nous fait sortir des lieux communs. Si on rencontre des personnages importants, le livre suit souvent des anonymes pour montrer comment le peuple français est entré dans l’Histoire.