Louis Armand de L'Abadie de Sautoir
Capitaine de cavalerie
Capitaine au Régiment de Normandie combat dans une des attaques de Salces en Roussillon
- Marié le 15 décembre 1679 avec Marie Françoise de Choiseul, marquise de Praslin marquise de Praslin: Parents: François de Choiseul, marquis de Praslin 1612-1690 & Charlotte d'Hautefort 1610-1712
(sans postérité)
- Elle est remariée en juillet 1683 avec Jean de Choiseul, comte d'Hostel 1659-1706
- Mariée en 3ème noces en 1711 avec Nicolas Martial de Choiseul, marquis de Praslin +1760
Se laisse enlever par son premier mari, qui mourra sans lui laisser d'enfants.
Au coeur de la bataille. Salces, 1639
La bataille de Leucate, en 1637 (deux ans avant cet épisode)
Salces se situe une vingtaine de kilomètres au sud de Leucate.
En Roussillon (1639), l’armée Française du prince de Condé défend salces face aux Espagnols.
Henri Campion nous livre cette expérience terrifiante, alors qu’il est lieutenant au sein d ‘une compagnie du régiment de Normandie.
« Notre bataillon était de huit cents bons soldats et de trente-cinq officiers, desquels on commanda les deux capitaines, lieutenants et enseignes de tour pour la garde de fatigue de se tenir à la queue de la troupe pour empêcher que nul soldat se débandât. L’on détacha deux capitaines, deux lieutenants et deux enseignes, pour donner à notre gauche et à notre droite un peu avant nous, avec chacun cent hommes. En cet ordre nous descendîmes la montagne, et les autres régiments à peu-près de même. Lorsque nous fûmes près du bas de la hauteur, à la portée du mousquet des retranchements, le maréchal de Schomberg et le duc de Saint-Simon s’arrêtèrent au coin d’un coteau, à la tête d’un escadron de volontaires, près duquel il y avait encore un escadron de cavalerie. Le vicomte d’Arpajon et le sieur d’Argencourt firent la même chose du côté de l’étang, et le sieur de Lecques de celui de la montagne de Salces. Le prince de Condé, avec le reste de l’armée, était demeuré en haut, d’où il voyait comme d’un théâtre tout ce qui se passait dans la plaine, et par un fort beau jour. Sitôt que nous fûmes au bas de la montagne, les Espagnols commencèrent à tirer et nous à marcher droit à eux, dans un terrain uni comme une salle. Ils nous tuèrent quelques soldats pendant cette marche, que nous exécutâmes, ainsi que le virent et le dirent après le Prince et toute l’armée, avec le même calme que s’il eût été question de faire l’exercice, observant les distances des rangs des files, enfin d’une manière qui marquait la résolution de tout le corps, quoiqu’il tombât toujours du monde. Quand nous fûmes au milieu de la plaine, quasi à la portée du pistolet, les ennemis tirèrent tous leurs canons chargés à balles, et firent en même temps une salve du premier rang de leurs mousquetaires. Un de leurs boulets donna dans le milieu de notre bataillon, et le coup, joint aux mousquetades, nous emporta six files ou trente-six hommes (les files font donc ici 6 hommes). Les autres régiments reçurent aussi un grand échec, et prirent tellement l’épouvante, qu’ils firent demi-tour à droite, et regagnèrent la montagne, malgré les efforts des officiers, dont la plupart de ceux qui combattaient près de notre régiment se vinrent mettre avec nous. Ce désordre ne nous empêcha point d’aller résolument à la tenaille. En abordant le fossé, l’on nous fit une décharge de toutes les lignes, qui n’étaient plus occupées que de nous. De cette salve, du Tuc, Piolens et Jourdon, capitaines, furent étendus morts sur le bord du fossé, de même que du Parc, major, un lieutenant et deux enseignes, Orgemont et Eperville, capitaines, hors de combat, avec trois lieutenants ; et moi j’eus dans le côté un coup de mousquet, dont la balle ayant emporté une grosse pièce du bois de ma pique, que je portais traînante le fer en avant, ce bois me donna dans le flanc avec tant de violence qu’il me fit une grande contusion et me renversa évanoui. Le reste des officiers et des soldats se jetèrent dans le fossé, où ils furent un peu plus à couvert du feu des espagnols. Ils essayèrent de monter sur le retranchement. Toulongeon, lieutenant, s’y jeta, et fut renversé dans le fossé à coups de pique. La poudre, comme on le sut depuis, avait manqué aux ennemis, ce qui sauva le reste de notre régiment. De Breuil, mon capitaine, reçut deux coups de pique à la gorge, qui quoique dangereux, ne se trouvèrent point mortels. Espanelle, le chevalier de Sévigné, Soion et quantité d’autres furent blessés à coups de pierres, sans que cela empêchât les officiers et les soldats de faire leurs efforts pour gagner le haut du retranchement, jusqu’à ce que le maréchal Schomberg, ayant pitié de voir des hommes si résolus se perdre inutilement, envoya au galop un aide de camp pour commander que l’on se retirât. Espanelle rallia le mieux qu’il put ce qui restait de sain, et fit emporter quelques-uns des officiers morts et tous les blessés. Je le fus par quatre soldats de la compagnie où j’étais lieutenant. »