Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
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 06 août 1715: Marly

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yann sinclair

yann sinclair


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MessageSujet: 06 août 1715: Marly   06 août 1715: Marly Icon_minitimeMer 7 Aoû - 10:21

Mardi 6, à Marly


Le roi tint le conseil de finances et travailla ensuite avec M. Desmaretz, et aussitôt après son dîner il donna audience dans son cabinet à madame la princesse des Ursins, qui prit congé de lui.


Elle derftéiira trois quarts d'heure avec le roi et puis passa chez rriaddnie de Maintenon, où elle fut beaucoup plus longtemps*


Après l'audience de madame des Ursins, le roi tint le conseil de dépèches, et puis alla faire un tour dans ses jardins avant que d'entrer chez madame de Maintenon, oi\ il travailla avec M. le chancelier.


Le fils déi'M. le maréchal Rosen ** arriva d'Alsace ; il apporta lai lïotivelle de la mort de M. son père, qui avoit quatrevingt-huit ans.


Il étoit chevalier de l'ordre du Saint Esprit et grand'croix de l'ordre de Saint-Louis.
I'Ii:'i Ht ii , -I ii' --'. .. . .
i* Jjadame des Ursins, bien avertie de l'état du roi, se hâta de sortir de France avec,une précipitation peu décente et qui montra toute la frayeur bjù'eue eût de se trouver en la puissance de M. le duc d'Orléans, qu'elle avoit si cruellement offensé ; elle le mesuroit à son aune et se trompoit entièrement. Jusqu'alors peu décidée sur le lieu de sa retraite, amusée gar un,,reste d'amis et de cpnnoissances et par ceux de.sbni frère, chez qui elle logeoit, et qui en avoit beaucoup ; occupée à retirer ses effets d'Espagne et à s'arranger dans ses affaires pour un si grhnd changement d'état, elle avoit coulé le temps dans l'incertitude ;mais la frayeur de perdre le roi, ou plutôt de se trouver entre les mains de M. le duc d'Orléans, ne lui laissa plus un instant à perdre. Elle fut encore si frappée du changement du roi à ce congé, depuis qu'elle l'avoit vu en arrivant d'Espagne, qu'elle se crut perdue, et hâta la rapidité de son départ et de sa course en poste jusqu'à Lyon, et si près des frontières elle prit haleine et se reposa, incertaine encore du lieu de sa retraite. Elle avoit abandonné le projet de la Hollande; la liberté lui en avoit donné la pensée ; l'égalité et l'unisson d'une république l'en dégoûta. Elle ne pouvoit se résoudre de retourner à Rome ; elle y avoit trop régné autrefois pour y retourner sans aucune ligure, avec un visage fané, et dans la crainte encore d'y être mal reçue après cequis'étoit passé en Espagne de la nonciature fermée et d'autres démêlés entre les deux cours, la perte de mille gens de ses amis ou de sa connoissance, ou le déplaisir de trouver tout renouvelé depuis quinze ans d'absence, et y revenir en asile et en proscrite après avoir régné avec tant d'éclat. Turin n'étoit pas un théâtre digne d'elle; le roi de Sardaigne n'en avoit pas toujours été content, et de plus ils en savoieut trop tous deux l'un pour l'autre. Elle coula ainsi le temps ayee le pied à 1'étrier, et se tenant aux écoutes de la maladie du roi ; mais dès qu'elle en apprit l'extrémité, elle s'enfuit de nouveau avec la même précipitation et la même vitesse, et se jeta dans Chambéry comme au plus siîr et au plus près pour ce moment, où elle arriva comme hors d'haleine. Cet asile fut sa première station, où elle se donna tout le temps de se choisir une demeure llxe et de s'arranger pour s'y établir. Tout bien consulte elle se lixa à Gênes ; la liberté lui en plut ; le commerce d'une riche et nombreuse noblesse, la beauté du lieu et du climat, une espèce de milieu entre Paris, Madrid et Rome : tout cela la détermina. Elle avoit toujours ses commerces dans ces trois capitales ; clle étoit affamée de tout ce qui passoit, et le renversement de tant de réalités si grandes et de tant de desseins plus grands encore, n'avoit pu venir à bout de ses espérances ni beaucoup moins de ses désirs. Elle passa donc enfin à Gênes, où elle fut fort bien reçue, et espéra d'y fixer ses tabernacles; elle y passa quelques années; mais l'ennui enfin la gagna, et peut-être encore plus le dépit de n'y être pas asseu comptée. ÊHe ne pouvoit vivre sans se mêler, et de quoi à la longue se mêler à Gênes, quand on est femme et vieille ? Elle tourna donc enfin toutes ses pensées vers Rome ; elle se réchauffa avec effort pour son frère le cardinal de la Trémoille; elle sonda la cour romaine; elle renoua d'anciens commerces, elle tata le pavé partout; surtout elle fut attentive à s'assurer du traitement de tout ce qui tenoit à ld France et à l'Espagne, et à la fin elle quitta Gênes et retourna dans son nid. Elle n'y firt pas longtemps sans s'attacher au roi et à la reine d'Angleterre, et ne s'y attacha pas longtemps sans les gouverner et bientôt à découvert.
Quelle triste rcs
source I Mais enfin c'étoit une idée de cour et un tumet d'affaires pour qui ne pouvoit plus s'en passer. Elle passa ainsi le reste de sa vie dans une grande santé et dans uno prodigieuse opulence qui n'étoit pas inutile aussi à cette déplorable petite cour. Du reste médiocrement considérée et nullement comptée à Rome, désertée de ce qui sentoit l'Espagne, médiocrement visitée de ce qui étoit françois, mais sans rien essuyer de la part du régent, bien payée de France et d'Espagne, et toujours occupée du monde, de ce qu'elle avoit été et de ce qu'elle n'étoit plus, mais sans bassesse et avec courage et grandeur. Le cardinal, son frère, qu'elle perdit en janvier 1720, ne laissa pas, sans amitié de part ni d'autre, de lui faire un vide. Elle le survécut trois ans, conserva toute sa santé, sa force et son esprit jusqu'à sa mort, et fut emportée à plus de quatre-vingts ans d'uue fort courte maladie le h décembre 1722. La petite cour d'Angleterre la regretta fort, et d'ailleurs cette perte, qui auroit retenti quelques années auparavant sur toute l'Europe et qui auroit causé de si grands mouvements, ne lit pas alors le moindre bruit dans le monde. Elle y en a tant fait et en tant de façons, et y a été un personnage si singulier, si considérable, si unique toute sa vie , on a eu occasion de parler d'elle en tant d'occasions sur ces Mémoires, enfin elle est si parfaitement connue, qu'il seroit inutile de s'y étendre davantage. On ajoutera seulement qu'elle eut le plaisir, avant sa mort, de jouir de la disgrâce de ses deux ennemis, et de les voir arriver à Rome, tous deux chassés d'Espagne, les cardinaux del Gindice et Albéroni, et précipités, surtout le dernier, du faîte de la grandeur et de la puissance. . - - - »




** On a fait connaître Rose lors de sa promotion à l'office de maréchal de France. II ne commanda jamais d'armée en chef, mais des ailes, mais la cavalerie, mais quelques gros corps détachés pour peu de temps. H s'en acquittoit avec capacité, mais elle n'alloit pas au delà, et il étoit sujet à s'emporter et à perdre la tramontane dans le commandement,e» pour cela même évité des officiers généraux qui servoient sous - lui ; du reste, galant homme et bou homme, généreux au possible. Il reprochoit à son fils de trop bien parler françois, et lui-même se gardoit bien de tomber dans cette faute. Le roi se plaisoit à avoir des étrangers à ! son» service et à les avancer; Rose vouloit que toutes ses paroles fissent -souvenip^ju'il. l'étoit. Il finit sa vie d'une manière également utile et honorable; il se retira après la paix de Ryswick dans une de ses terres en Alsace, dont le château et les jardins étoient beaux, et qu'il avoit fort accommodés. Il étoit veuf et avoit marié son (Ils à une Gramont de,Franche-Comté, qui se trouva une femme entendue, d'esprit, de , yertnet d'un vrai mérite qui .suppléa à celui de son mari, qui devint pourtant lieutenant général. Le maréchal aimoil. fort sa belle-fille, qui gouvernoitila maison et qui y avoit toujours bonne compagnie. Il avoitmarié sa fille à Rottembourg, dont le fils mourut en 1735 portant l'ordre du Saint-Esprit depuis deux ans, dont sa santé ne lui permit pas de recevoir le collier, et dont la capacité dans les négociations du Nord et dans ses ambassades en Espagne devint une perte considérable pour l'État. Le maréchal vivoit dans sa famille, à qui il avoit tout abandonné ; sa belle-fille le mit peu à peu dans le bien. Il trouva que son âge ne convenoit guère à la vie qu'il menoit dans ce château, où sa considération et l'accueil de sa belle-fille attiroient beaucoup de monde. Il se bâtit un pavillon au bout du parc; il s'y retira avec un trèscourt nécessaire pour l'y servir, et venoit quelquefois au château en visite. Là, il ne s'occupa plus que de son salut sans y recevoir personne, et venoit une fois l'an passer huit ou douze jours à Paris ou à la cour, où le roi le traitoit toujours avec bonté et distinction, et on s'empressoit de lui témoigner de l'estime. Jamais ses voyages n'étoient plus longs. Il passa ainsi quelques années dans une santé parfaite de corps et d'esprit, se préparant soigneusement à une meilleure vie où il entra par une courte maladie, content de sa vie, de sa fortune, de sa retraite, de sa famille, de sa considération jusqu'au bout, et ayant grand sujet de l'être.

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06 août 1715: Marly C_icgp11
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