Ferdinand VI d'Espagne par Louis-Michel van LooFerdinand VI, dit le Sage
(ou Fernando Vl en espagnol)
Don Fernando, par la grâce de Dieu, roi de Castille, de Léon, d'Aragon, des deux Siciles, de Jérusalem, de Navarre, Grenade, Tolède, Valence, de Galice, Majorque, Séville, Sardaigne, de Cordoue, de Corse, de Murcie, Jaen, Seigneur de Biscaye et de Molina
Titles of European hereditary rulers: Colección de documentos inéditos para la historia de España; tome CVII (1893); p.450-451 [archive]né le 23 septembre 1713 à Madrid
mort le 10 août 1759 à Madrid à l'âge de 45 ans
Mausoleo del rey Fernando VI (Convento de las Salesas Reales, en Madrid)roi d'Espagne et des Indes (1746–1759)
9 juillet 1746 – 10 août 1759
(13 ans, 1 mois et 1 jour)
Fils de Philippe V d'Espagne et de Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, arrière-petit-fils de Louis XIV, il succéda à son père en 1746
L'infant Ferdinand, par Jean RancJeunesse et mariageNé à l'Alcazar Royal de Madrid, l'adolescence de Ferdinand est assez déprimante.
Élisabeth Farnèse, la seconde épouse de son père, est une femme autoritaire qui n'a d'affection que pour ses propres enfants, et qui regarde son beau-fils comme un obstacle à leur fortune.
L'hypocondrie de Philippe V laisse Élisabeth maîtresse du palais.
Ferdinand est d'un tempérament mélancolique, timide, méfiant et renfermé.
Il répugne à prendre des décisions, sans pour autant être incapable d'agir fermement, comme en 1754, quand il s'agira de couper court aux intrigues de son ministre Ensenada, en le faisant arrêter.
En 1729, il épouse Marie-Barbara de Portugal, fille de Jean V de Portugal et de Marie-Anne d'Autriche.
Marie-Barbara de Bragance, par Jacopo Amigoni, 1758Il forme avec elle un couple harmonieux, mais la santé de la reine étant mauvaise, ils n'eurent pas de postérité.
Après la fin de l'asiento, cédé pour 30 ans à la Couronne d'Angleterre, survient en 1739 la guerre de l'oreille de Jenkins qui se prolonge l'année suivante à travers la guerre de Succession d'Autriche.
RègnePhilippe V meurt le 9 juillet 1746, alors que l'armée espagnole est vaincue à Plaisance (16 juin 1746)
Les Autrichiens s'emparent de Gênes et pénètrent en Provence.
Un escudo à l'effigie de Ferdinand VI, 1752Au milieu de cette guerre, Ferdinand, âgé de trente-quatre ans, succède à son père sur le trône d'Espagne.
Le nouveau roi commence par rappeler ses troupes.
Les Français, alliés de l'Espagne sont obligés de se retirer sur le Var.
Pendant ce temps, 30 000 soldats russes arrivent en renfort de l'Autriche.
La guerre a déjà coûté fort cher aux belligérants.
La France a perdu 500 000 hommes, sa marine est anéantie, ses finances ruinées.
On songe donc à la paix.
Les préliminaires sont signés à Aix-la-Chapelle le 30 avril 1748.
Le traité définitif signé le 18 octobre rétablit le statu quo ante dans les empires espagnols et anglais et donne à Don Philippe, demi-frère de Ferdinand mais aussi gendre de Louis XV, les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla.
Bien maigre compensation pour le prix de tant de sacrifices.
Afin de consolider la paix, Ferdinand marie sa sœur Marie-Antoinette avec Victor-Amédée héritier du royaume de Sardaigne (31 mai 1750).
Lorsque le 15 mai 1756, l'Angleterre déclare la guerre à la France et que toute l'Europe s'enflamme à nouveau (Guerre de Sept Ans), Ferdinand prend bien soin de ne pas prendre part au conflit.
José de Carvajal remplace Villarias au poste de ministre des affaires étrangères.
Le premier ministre Ensenada (premier ministre de 1743 à 1754), jugé trop favorable aux Français, est remplacé par Richard Wall (premier ministre de 1754 à 1763), qui pousse à maintenir l'équilibre entre la France et la Grande-Bretagne.
Ensenada est même convaincu de trahison et ne doit son salut qu'à l'intervention de son ami Farinelli5
À la mort de son épouse, le 27 août 1758, Ferdinand tombe dans un état de prostration.
S'enfermant dans son château de Villaviciosa, il refuse de s'occuper des affaires du gouvernement6.
Il décède un an plus tard, le 10 août 1759.
Il est inhumé en l'église de Santa Bárbera, au couvent de Salesas Reales.
Le mardi 15 janvier 1760 est célébrée à la Cathédrale Notre-Dame de Paris une cérémonie religieuse à la mémoire des deux époux dont l'Oraison funèbre est prononcée par Monseigneur Gabriel François Moreau, évêque de Vence.
↑ A Notre-Dame de Paris le mardi 15 janvier 1760: Oraison funèbre de Ferdinand VI et Marie de Portugal par Gabriel François Moreau évêque de Vence [archive]
Bilan du règneCe prince atteint de neurasthénie profonde tout comme son père, était parfois en proie à des scrupules torturants.
Il se passionnait pour la chasse et la musique.
Il pensionna le castrat Farinelli qu'il nomma directeur de l'opéra de Madrid et qu'il fit chevalier de l'Ordre de Calatrava, la plus haute dignité espagnole.
Son demi-frère Charles, roi de Naples et de Sicile lui succéda.
Ferdinand VI fit mener à bien des réformes financières et militaires.
Il ranima le commerce, établit des manufactures, fit creuser des canaux, rétablit la marine, favorisa les études, créa plusieurs universités et fonda l'Académie royale des beaux-arts de San Fernando.
Malgré ces dépenses, les coffres de l'Espagne sont pleins.