Bah oui, tout le monde connaît.
Ommortalisée, la coiffure !
Aujourd'hui la coupe catogan est unisexe. Cette queue de cheval accessoirisée a été pendant longtemps la panache des hommes. Elle est l'une des seules coiffures pour cheveux longs à être typiquement masculine, au même titre que le chignon des samouraïs.
Le catogan n'a pas été créé pour le style mais pour des raisons plus pragmatiques, une question de vie ou de mort. Pour comprendre l'importance de cette coupe et son nom, il faut faire la connaissance d'un grand chef britannique du début du XVIIIe siècle, William Cadogan.
À la tête d'un régiment de chevaliers, les cavaliers de Cadogan, durant la campagne de 1701, il est élevé au grade de colonel dès le début de la guerre de Succession d'Espagne. Il est de toutes les campagnes dans les Provinces-Unies. Aux mains des Espagnols, il se retrouve plusieurs fois blessé.
Cadogan est non-seulement remarqué pour ses qualités militaires mais aussi pour la façon spéciale qu'il a de nouer ses cheveux. Afin de ne pas être gêné au combat, il ramasse sa longue chevelure en un chignon bas sur la nuque, qu'il agrémente d'un foulard. En plus d'être élégante et pratique, cette chevelure aurait un avantage non-négligeable, celui de le protéger en cas de coup d'épée sur la nuque.
Ses soldats adoptent vite la coupe de leur chef. Mais cette coiffure, qui est loin d'être une coquetterie, ne prémunit pas Cadogan contre les coups bas. Écarté par la reine Anne d'Angleterre, pour des raisons politiques, il rentre en disgrâce en 1711. Il perd tous ses titres, grades et pensions. Il devra attendre que Georges Ier monte sur le trône pour retrouver sa place et entamer une carrière diplomatique, qui le fait connaître de toute l'Europe.
William Cadogan meurt en 1726. Souvenu comme un chef bon avec ses hommes, ses derniers reprennent et diffusent sa coupe de cheveux. Elle sera plus tard récupérée par les nobles. En perdition lors du siècle dernier, le catogan, popularisé notamment par Karl Lagerfeld, fait son retour sur les podiums et les magazines.
Stéphane Bern
édité par Nicolas Barreiro
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