Il n'est que trop vrai que la mort de leur mère mettait César, Henriette et Alexandre sous la cendre, les privant en droit de la succession de celle-ci, les excluant en tout cas, à tout jamais, de la prétention à la couronne
Pourtant, malgré les apparences d'un destin si contraire que devait aggraver bien vite le prochain remariage du Roi et de la naissance du dauphin, les Vendôme allaient surnager et, même, en 1610, accéder à un rang inconnu et inimaginable jusqu'alors, qui devait les placer entre les princes du sang royal et le reste des mortels
Le Roi de retour à Fontainebleau, était allé rejoindre César qui jouait avec sa gouvernante, au jardin des Pins:
La Belle Gabrielle
marquise de Monceaux (juin 1594)
dame de Verneuil (1595)
duchesse de Beaufort (juillet 1597), duchesse d’Étampes (04 janvier 1599)
Née entre 1571 et 1573 au Château de Cœuvres ou de la Bourdaisière
Décédée dans la nuit du 09 au 10 avril 1599 (à environ 26 ans) à Paris
Inhumée dans le chœur de l'église de l'Abbaye de Maubuisson, dirigée par sa sœur Angélique d’Estrées. Après sa mort, Henri IV racheta le domaine à ses héritiers et l'offrit à Marie de Médicis à l'occasion de la naissance de Louis XIII.
ParentsAntoine d'Estrées, marquis de Cœuvres 1529-1609
Françoise Babou de La Bourdaisière 1542-1592
Elle était la fille d'Antoine d'Estrées, Baron de Boulonnois, Vicomte de Soissons et Bersy, Marquis de Coeuvres, gouverneur de l'Île-de-France (Grand-maître de l'artillerie sur une très courte période) et de Françoise Babou de La Bourdaisière.
Relation en 1590 avec Roger de Saint-Lary, duc de Bellegarde 1562-1646
Mariée en avril 1592 avec Nicolas d'Amerval, seigneur de Liancourt (annulation du mariage pour 'non consommation' de celui-ci)
séparésGabrielle d'Estrées est devenue la maîtresse et favorite d’Henri IV en 1591Relation le 20 janvier 1591 avec Henri IV de Bourbon, roi de France 1553-1610,
dont
- César (7 juin 1594 à Coucy – 1665), duc de Vendôme, marié en 1609 à Françoise de Lorraine-Mercœur
- Catherine Henriette (11 novembre 1596 à Rouen – 1663), dite « Mademoiselle de Vendôme », mariée à Charles II de Lorraine, duc d'Elbeuf et comte d'Harcourt
- Alexandre (19 avril 1598 à Nantes – 1629), dit le « Chevalier de Vendôme »
- ? 1599-1599
Fils possible : Henri d'Escoubleau 1594-1645
Filleul: Gabriel, marquis de Goulaine 1598-1666
Gabrielle d’Estrées, la « presque reine », « blonde, dorée, d’une taille admirable, d’un teint d’une blancheur éclatante » (Mademoiselle de Guise), « blonde aux yeux bleus, aux sourcils admirablement dessinés, avenante et potelée » (François Bluche), « belle mignonne un peu fade et sans trop d’esprit » (Jean-Pierre Babelon), a, du fait même de son destin tragique dans lequel certains ont voulu voir un empoisonnement, voire la main du démon, fasciné tant ses contemporains que la postérité.
Ainsi Agrippa d’Aubigné, pourtant généralement avare de compliments, salua en elle celle qui poussa le roi à rédiger et signer l’édit de Nantes:
« C’est une merveille, comment cette femme de laquelle l’extrême beauté ne sentait rien de lascif, a pu vivre en reine plutôt qu’en concubine tant d’années et avec si peu d’ennemis. Les nécessités de l’État furent ses seules ennemies.
Marie de Lorraine, princesse de Guise la décrit ainsi:
...avec cela, elle avait les yeux couleur céleste, les deux sourcils élégamment recourbés, d'une noirceur aimable, le nez un peu aquilin, la bouche de la couleur des rubis, la gorge plus blanche que n'est l'ivoire le plus beau et le plus poli, et les mains dont le teint n'égalait celui des roses et les lis mêlés ensemble, d'une proportion si admirable qu'on les prenait pour un chef d'œuvre de la nature ...
Jules Michelet, qui avait examiné son portrait au crayon par Daniel Dumonstier la décrivit ainsi: « Elle est étonnement blanche et délicate, imperceptiblement rosée. L’œil a une indécision, une "vaghezza" qui dut ravir et qui pourtant ne rassure pas.»
Le 18 juin 1590, le siège de Paris s'étirant en longueur, Roger de Saint-Lary, sieur de Bellegarde, grand écuyer de France, veut présenter sa maîtresse Gabrielle d'Estrées au roi, ils partent tous deux au château de Cœuvres qu'habitait Gabrielle (son père, Antoine d'Estrées, était marquis de Cœuvres), Henri IV conçoit pour elle une vive passion.
Gabrielle lui résiste plus de six mois, mais finit par lui céder le 20 janvier 1591 au siège de Chartres. Il la marie par souci des conventions (à Nicolas Damerval de Liancourt), puis demande à ce que le couple divorce pour la rendre libre, l'appelle à la cour, crée pour elle le duché de Beaufort et comble d'honneurs tous ses parents.
Elle reçoit de Henri IV les titres de marquise de Montceaux, puis de duchesse de Beaufort. Au château de Montceaux, à Montceaux-lès-Meaux (Seine-et-Marne), elle construit de nouveaux bâtiments, notamment les quatre pavillons d'angle. Le projet de mariage qu'entretenait Gabrielle d'Estrées avec Henri IV, était empêché par le Pape Clément VIII plutôt hostile à la répudiation de Marguerite de Valois, épouse du roi depuis 1572.
Cette dernière s'y opposait également, même si elle était séparée du roi de longue date. Sachant que cette décision entraînerait le mariage d'Henri IV avec la belle Gabrielle, au passé sulfureux, et dont la liaison adultère avait déjà produit trois enfants, le Saint-Siège s'inquiétait des possibles problèmes de succession qui pourraient se présenter entre la descendance adultérine, que le Pape aurait dû légitimer sans trop savoir comment, et celle issue du futur mariage du roi.
La morale de l'Église se voyait aussi sérieusement mise à mal dans cette affaire. La mort surprenante de la favorite du roi mit un terme au problème. Enceinte de quatre mois du quatrième enfant d'Henri IV, elle fut prise de terribles convulsions dans la nuit du 9 au 10 avril 1599, après avoir copieusement dîné chez le financier Sébastien Zamet
(il est parfois fait allusion à une citronnade bue par Gabrielle).
On soupçonna qu'elle fut empoisonnée. Mais l'hypothèse la plus probable est qu'elle eût été victime d'apoplexie foudroyante ou d'éclampsie puerpérale.
Contre toute vraisemblance, certains affirmèrent qu'elle avait été étranglée par le Diable tant son agonie fut terrible et son apparence physique épouvantable. Les témoins racontent que son visage révulsé noircit pour la rendre totalement méconnaissable.
Son aspect était tel que l'on arrêta le roi à Villejuif alors qu'il accourait pour la voir de Fontainebleau, où il séjournait, afin de lui éviter un spectacle si horrible. Ses obsèques furent célébrées dans l'Église Saint-Germain-l'Auxerrois avec les honneurs liés à son rang.
À noter que selon le même auteur elle serait née vers 1571 au château de la Bourdaisière en Indre-et-Loire ?
Naissance: le lieu, ni la date de sa naissance, et a fortiori, son âge, ne sont connus avec certitude. Une naissance au château de La Bourdaisière pourrait être un hypothèse, de même qu'une naissance au château de Cœuvres (commune actuelle de Cœuvres-et-Valsery, Aisne).
Au lendemain de sa mort, Henri IV écrivit: « Mon affliction est aussi incomparable que l'était le sujet qui me la donne. Les regrets et les plaintes m'accompagneront jusqu'au tombeau. La racine de mon cœur est morte et ne rejettera plus... »
Un mois plus tard, il rencontrait et tombait amoureux de sa nouvelle maîtresse, Henriette Catherine de Balzac.